POUR UN PARTI
MARXISTE-LENINISTE UNIQUE EN FRANCE

Et s'il n'y avait plus qu'une seule organisation, un seul parti se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsetoung ?

Certains militants n'y croient pas. D'autres l'espèrent, mais ils ne discernent pas le processus concret susceptible de conduire à cette réalité historique. De nombreux lecteurs nous écrivent pour en souhaiter la réalisation.

Mais quelle est la situation actuelle ?

LA SITUATION ACTUELLE

Par delà des divergences souvent considérées comme " fondamentales ", différentes formations et nous-mêmes présentons la caractéristique commune de nous réclamer du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsetoung. Et chaque militant, comme chaque formation, d'être profondément convaincu que seuls ils sont détenteurs de la vérité, seuls ils agissent conformément aux principes, seuls ils associent correctement leur pratique à la théorie du socialisme scientifique, dans le cadre des conditions spécifiques de la France. Et d'expliquer, avec une superbe assurance, en quoi le voisin se fourvoie, jusqu'à lancer contre lui la suprême excommunication " agent de l'ennemi ! ". L'un proclame " Agent des dirigeants du PCF … ou du KGB " et l'autre riposte "Agent des flics ou flic tout court ! ". Quelques violences s'en suivent… provoquant des sentiments et ressentiments que l'on suppose insurmontables et donc définitifs.

Y a-t-il des " flics " révisionnistes ou des " flics " de la bourgeoisie dans toutes formations politiques marxistes-léninistes ? Assurément. Il y en a d'abord dans nos propres rangs. Il y en aussi dans les rangs des autres paris et groupes. Leur rôle, leur fonction consiste justement à tout faire pour diviser les marxistes-léninistes, pour les empêcher de réaliser leur unification politique et organisationnelle.

Est-ce à dire que tout militant qui critique et conteste la ligne d'autrui est un " agent " provocateur de l'ennemi ? Absolument pas.

Est-ce à dire que tout militant ou toute formation qui ont lancé les suprêmes accusations sont directement manipulés par l'ennemi ? Absolument pas.

Mais l'ennemi, le vrai " flic " (la plupart du temps celui que l'on ne soupçonne pas) profite de toutes les erreurs commises et s'efforce d'en accentuer les méfaits.

Alors ?

Le processus de création, unification et édification d'un parti marxiste-léniniste est une œuvre historique d'assez longue durée, qui se développe sous le feu de l'ennemi, dans le cadre de la lutte des classes.

" La ligne idéologique et politique est déterminante en tout " enseigne Mao Tsé-toung. Mais le président du Parti communiste chinois ne nie pas, n'a jamais nié l'éventualité, la possibilité, la réalité d'erreurs. Au contraire, il a toujours insisté pour que les erreurs soient discernées à temps et corrigées.

Pour parvenir à une ligne de jour en jour plus juste, il faut pratiquer " la lutte idéologique active ". C'est là, non point " la lutte entre les deux lignes " (comme nous-mêmes avons pu le croire en certaines occasions), mais une lutte d'idées au sein du peuple entre militants. C'est là une saine lutte sans laquelle le parti ne réaliserait aucun progrès, perdrait sa raison d'être, dégénèrerait.

" UNITÉ-CRITIQUE-UNITÉ "

Au sujet de la façon de mener cette lutte, Mao Tsé-toung fournit encore nombre d'indications pratiques : Il ne faut lancer ni invectives, ni accusations personnelles, il ne faut pas user avec excès de l'accusation " d'opportunisme " ou de quelques autre défaut en " isme ".

Il faut avant tout s'efforce de parvenir à la connaissance exacte d'une réalité, et non point s'accommoder à la légère d'hypothèses et autres interprétations subjectivistes. Il faut s'en tenir au matérialisme dialectique et rejeter l'idéalisme métaphysique.

" Unité-critique-unité " telle est la méthode qu'a longuement expérimentée le président Mao et que préconise le Parti communiste chinois. En partant du désir sincère d'unité. Par la juste pratique de cette méthode, nos camarades chinois ont gagné des milliers et des centaines de milliers de militants à leur juste cause en les recrutant dans des groupes de prétendus bandits, ou parmi les soldats du Kuomintang, qui venaient de leur tirer dessus. Pendant la Grande Révolution culturelle prolétarienne, des groupes de gardes rouges qui s'étaient entredéchirés au point d'être séparés par le sang versé de leurs militants respectifs, ont pu se réconcilier et se réunifier par la juste pratique de cette méthode.

Dans la question de l'unification des marxistes-léninistes, depuis 1963, nous avons accumulé une riche expérience. Quand nous avons commis des erreurs, nous n'avons débouché que sur des résultats négatifs, sur la division. Mais nous avons aussi remporté des succès, quand nous avons appliqué correctement la juste méthode de Mao Tsé-toung.

Caractéristique de cette époque, le sectarisme et le dogmatisme ont souvent dominé les groupes se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung. Il en a été ainsi dans nos rangs comme chez les autres. Ce phénomène a manifesté le contenu de classe encore trop petit-bourgeois des premières formations marxistes-léninistes.

Cependant, en persévérant dans la correction de nos erreurs, en parvenant à faire prévaloir une ligne idéologique, politique et organisationnelle de plus en plus juste (nous ne disons pas, volontairement, " entièrement juste "), nous avons édifié une formation aujourd'hui entrée dans son adolescence.

LA TENDANCE A L'UNIFICATION
DES MARXISTES-LENINISTES

Au cours des années, un grand nombre de groupes ont disparu tandis que, pratiquant sincèrement certaines autocritiques, nous avons progressé en dépit des attaques effectives de l'ennemi. Pour mémoire, voici une liste incomplète de groupes qui se sont dispersés après avoir eu quelque audience nationale ou locale : Union des jeunesses communistes (marxiste-léniniste) -UJC(ml)-, Centre marxiste-léniniste de France -CMLF-, Voix populaire, Voix prolétarienne, Ligne rouge (première formule), Ligne rouge -Le prolétaire (seconde formule), Gauche prolétarienne -Cause du peuple (plusieurs formules successives), Vive la révolution (VLR), Groupe Dimitrov, etc.

Or, depuis 1973 est apparue une tendance nouvelle dans le mouvement se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung : la tendance à l'unification. Elle s'est manifestée et développée concrètement dès après la publication dans notre journal d'une série d'articles publiés sous le titre " A propos de l'unification des marxistes-léninistes " (voir HR n°185, 186, 188, d'avril-mai 1973). Depuis lors les ricanements trotskistes de 1970-71 sont devenus des grimaces et " Rouge " ne dissimule plus actuellement son inquiétude.

La quasi unanimité des militants du groupe " Le Travailleur ", non sans discussions préalables largement démocratiques et approfondies, a réintégré nos rangs (voir à ce sujet HR n°191 du 7 juin 1973 pour Rennes, HR n°192 du 21 juin 1973 pour le Mans, HR n°205 du 15 novembre 1973 pour Chambéry, HR n°210 du 20 décembre 1973 pour Rouen, HR n°215 du 31 janvier 1974 pour Grenoble).

Au cours de l'année 1974, la quasi unanimité des militants de la " Gauche révolutionnaire (marxiste-léniniste)" ont réalisé leur unification avec nous, à l'issue, comme les précédents, d'un débat fondamental et démocratique. L'HR n°236 du 27 juin 1974 a relaté la tenue du IIème Congrès de cette formation qui décida son ralliement à HR par 92% des suffrages des délégués et 8% d'abstentions. Les camarades qui s'étaient abstenus ont à leur tour décidé de rejoindre nos rangs, les uns à la fin de 1974 (voir HR n°247 du 7 novembre 1974 pour Aix-en-Provence), les autres globalement début 1975 (voir HR n°253 du 6 février 1975).

Simultanément des groupes locaux ont aussi participé au processus d'unification en cours (voir HR n°232 du 30 mai 1974 et n°236 du 27 juin 1974 pour Bayonne - voir HR n°238 du 25 juillet 1974 pour Lille - voir HR n°240 du 12 septembre 1974 pour le " Regroupement communiste révolutionnaire marxiste-léniniste " de Pierre-Bénite et quelques autres militants de Lyon -voir HR n°244 du 10 octobre 1974 pour les JCML de " Servir le Peuple " de la vallée de la Fensch - voir HR n°254 du 20 février 1975 et n°294 du 26 juin 1975 pour les " Jeunesses progressistes de Bretagne ".

Que le PCMLF d'une part, l'Humanité-Rouge d'autre part soient les seules formations à entretenir des relations officielles avec le Parti communiste chinois et le Parti du travail d'Albanie a sans nul doute influencé légitimement un certain nombre de militants et nous nous en félicitons. Mais sans la mise en œuvre de la juste méthode du président Mao pour la résolution des contradictions " au sein du peuple ", cette réalité historique n'aurait pas suffi pour convaincre nombre de nos interlocuteurs qui considèrent, à juste titre, que l'unification se réalise d'abord en France et nulle part ailleurs.

L'élaboration de notre ligne idéologique et politique, la pratique d'un centralisme démocratique suivant les principes léninistes ont aussi à coup sûr largement pesé dans le sens favorable à ce processus d'unification.

Quelle satisfaction profonde, quelle joie partagée animent nos camarades issus du Travailleur, de la GR, d'autres groupes ou ceux ayant toujours milité à HR, lorsqu'ensemble ils effectuent une visite en Chine populaire ou en Albanie socialiste !!

Mais cet enthousiasme n'appartient pas qu'aux marxistes-léninistes de France.

Il y a eu en Belgique pendant une certaine période deux formations qui se proclamaient " Parti marxiste-léniniste ", l'une éditant le journal " Clarté ", l'autre le journal " L'Exploité ". Un congrès commun, 3ème congrès pour le Parti de " Clarté " et 2ème congrès pour le Parti de " L'Exploité ", décida leur unification et, bientôt après, une délégation du Parti réunifié, groupant des dirigeants des deux anciens partis, fut invitée par le Comité central du Parti communiste chinois. Quel ne fut pas le juste enthousiasme de tous ces camarades belges !

LA NÉCESSITÉ DE L'UNIFICATION
DES MARXISTES-LÉNINISTES

Aujourd'hui en France, nous devons tous réfléchir sérieusement aux vertus de l'unification. Remettons-nous bien tous en mémoire cette réflexion de Lénine : " Nier la nécessité du Parti et la discipline du parti, cela équivaut à désarmer entièrement le prolétariat au profit de la bourgeoisie. " Mais y-a-t-il un seul camarade se réclamant du marxisme-léninisme qui en doute encore ?

Certainement pas.

L'unification des marxistes-léninistes, basée sur les principes marxistes-léninistes, dans une seule organisation est une condition historique de l'édification et de l'essor d'un Parti marxiste-léniniste. Elle réalise les meilleurs conditions possibles pour l'élaboration d'une juste ligne idéologique et politique. Elle permet la concentration des efforts, par exemple, comme l'ont réalisé nos camarades belges, pour l'édition de leur journal unifié " Clarté-L'exploité ".

Voilà pourquoi, aujourd'hui en France, nous accordons tant d'importance à ce que tenons pour la dernière étape historique de l'unification dans notre pays.

Voilà pourquoi nous avons pris l'initiative de discussions simultanées et bilatérales avec les trois dernières formations nationales se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung, qui poursuivent encore des activités indépendantes.

Même s'il y a encore de nombreuses questions à discuter et à régler avec ces camarades, même si nous savons que l'ennemi (et particulièrement les dirigeants révisionnistes sans ignorer les services de la bourgeoisie monopoliste) fera tout pour entraver le processus ainsi ouvert, nous pouvons d'ores et déjà nous réjouir des premiers résultats constatés.

Tout en pratiquant notre autocritique sincère et les rectifications conséquentes à propos de toutes les erreurs que nous pouvons discerner tant sur le plan idéologique que politique, tout en persévérant dans l'application active de tout ce qui est fondamentalement juste dans notre ligne idéologique et politique, nous devons nous éduquer constamment en vue de mettre en application concrète les enseignements de Mao Tsé-toung auxquels nous adhérons sans réserve :

" Appliquer le marxisme-léninisme et non le révisionnisme, " Travailler à l'unité et non à la scission "

" Agir avec franchise et droiture, ne pas faire de complots ni d'intriques. "

Que les aspirations des masses nous guident, Amis et Camarades ! Il faut en France un Parti marxiste-léniniste unique !

 

Jacques JURQUET

Le 24 juillet 1975

Supplément à l'Humanité rouge n°313

 

-Retour Page Documents d'histoire sur les ML-

 


HOMEPAGE