FRONT ROUGE n°152 -17 avril 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)

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Après l'accident des aciéries de Pompey

SUIVONS L'EXEMPLE DE LIÉVIN !

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Après l'accident des aciéries de Pompey

SUIVONS L'EXEMPLE DE LIÉVIN !

      Le dimanche 23 mars à 1 h 15, un accident mortel s'est produit au service aciérie de l'usine : un ouvrier algérien de 32 ans est écrasé par un engin de chantier servant au transport des lingots d'acier.

      Les camarades du Parti ont pris en main l'enquête pour faire la vérité sur cet accident. Par la discussion avec les ouvriers du chantier, ceux qui connaissaient la victime, nous avons pu montrer que cet accident n'est qu'un nouveau crime du capital.

      Un tract a été diffusé dans l'usine avec les premiers résultats de l'enquête. Bien accueilli, mais avec une réaction de surprise de certains : " Tiens, c'est vous qui faites le tract, alors qu'on n'a rien vu des syndicats... ".

      Dans ce tract, on dénonce plusieurs causes de l'accident :

      1) Aucune sécurité sur ce chantier.

Alors qu'il y a un va-et-vient continuel pour le transport des lingots (un engin passe toutes les 10 minutes environ), les    ouvriers sont obligés de traverser ou de travailler sur le passage des camions. Il n'y a aucune protection : les engins n'ont pas de rétroviseurs, pas de freins, il n'y a personne pour guider les chauffeurs.
Le chauffeur qui recule ne peut rien voir. Celui qui conduisait au moment de l'accident s'en est aperçu en voyant l'ouvrier écrasé sous ses roues avant. Personne ne peut rien entendre tellement il y a de vacarme : ni le chauffeur, ni la victime, n'ont entendu le pontonnier qui criait et klaxonnait en voyant ce qui allait se produire.

      2) Les entreprises extérieures multiplient les risques d'accident.

C'est une entreprise extérieure - Méhut - qui loue les engins et les chauffeurs d'une manière permanente à l'usine.
Les ouvriers de Méhut, comme ceux d'un autre marchand d'homme, Milandri, ne bénéficient d'aucun des avantages arrachés par la lutte des ouvriers de Pompey et ils sont soumis à une répression féroce : il y a quelques années, Méhut n'a pas hésité à licencier tous les ouvriers qui voulaient créer une section syndicale.

      3) La fatigue cause des accidents.

Le camarade écrasé terminait son sixième poste de 8 heures dans sa semaine de nuit. Tous les ouvriers le disent : quand on arrive le dimanche matin, on est crevé, ça ne va pas. Et on s'aperçoit aussi que beaucoup d'accidents arrivent le samedi soir ou le dimanche matin. Avant, ce poste de nuit du samedi n'était pas travaillé à l'aciérie. Mais les capitalistes ont décidé de mettre progressivement l'aciérie en feu continu, pour passer la production de 450000 tonnes à 600000 tonnes... Alors, maintenant, on travaille le samedi soir.

      A la suite de ce tract, plusieurs ouvriers de l'usine, de l'aciérie ou amis de la victime, ou accidentés eux-même, se sont réunis à l'appel du Parti.

      On a discuté longuement pour reconstituer l'accident dans tous les détails.

      Les camarades ont dénoncé les manœuvres démagogiques de la direction : on fait prendre certaines mesures aux conducteurs d'engin - on parle de différents systèmes de sécurité, dont un système de feux rouges, qui ne servirait à rien, mais qui fait bien rire tout le monde - les chefs passent dans l'atelier, discutent avec les ouvriers...

      Comme dit un camarade : " Après un accident, c'est toujours comme ça, ils s'activent un peu pendant 15 jours, et puis ça recommence... ". Et un autre ajoute : " De toute façon, même s'il y a des mesures de sécurité, on ne les applique pas : on se ferait engueuler qu'on traîne ! ".

      Surtout, ont été dénoncés les mensonges des capitalistes pour cacher leurs responsabilités : le plan de l'accident est incomplet et faux, pouvant laisser croire que la victime est en tort - une reconstitution a eu lieu deux jours après, mais dans une équipe qui n'est pas celle de l'accident - et surtout, le pontonnier, seul témoin direct, n'était pas convoqué, pas plus que le chauffeur de l'engin.

      Les capitalistes veulent maquiller leur assassinat !

      Les camarades ont décidé de se mobiliser pour exiger une réelle reconstitution, mettant en évidence ce crime du capital.

      L'attitude des directions syndicales est simple : pas un tract sorti sur l'accident, aucun débrayage proposé, aucune information aux deux autres postes de l'aciérie... Au CHS, aucun délégué ne s'est élevé contre la reconstitution-bidon.

      Après l'intervention du Parti, un seul tract a parlé de l'accident : celui des révisionnistes du P "C" F... Mais ces messieurs se contentent de généralités sur l'accident - n'ayant même pas cherché à savoir ce qui s'est passé précisément - ... pour en arriver à la nécessité du programme commun.

      Et ils glissent :

      " Oui, le programme commun éviterait tous ces abus, aussi ceux qui le dénigrent, mis à part ceux qui ont à le craindre, ne font que le jeu de la bourgeoisie. Ou bien ce sont des rêveurs, ou bien des inconscients, voir parfois les deux, mais ils vont à l'encontre des intérêts des travailleurs ".

      Non messieurs du P "C" F et du soi-disant PS, la bourgeoisie n'a rien à craindre de votre programme commun, elle vous connaît. Elle vous voit à l'œuvre dans les syndicats CGT et CFDT dont vous voulez faire des instruments de collaboration de classes conduisant la classe ouvrière d'échec en échec, de capitulation en capitulation.

      De nombreux ouvriers rompent avec les propositions des réformistes et des révisionnistes. Comme en témoigne l'écho de notre presse: 15 FR vendus à des ouvriers de l'usine à notre dernière intervention. Comme en témoignent ces anciens du P " C " F, qui hésitent encore à rompre totalement avec le parti révisionniste, mais qui encouragent l'intervention du Parti.

      Arrachons nos syndicats CGT et CFDT aux révisionnistes et réformistes, pour développer le syndicalisme révolutionnaire !

      Suivons l'exemple des mineurs de Liévin. Engageons la lutte pour la sécurité.

      Dans nos syndicats, imposons nos véritables revendications - en particulier :

      l suppression de l'équipe de nuit du samedi.

      l diminution du temps de travail,

      l embauche définitive des ouvriers des entreprises extérieures.

      Construisons solidement le Parti dans l'usine !

Correspondant Pompey (54 Nancy)

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