DANS LA MARINE: LE
RÉVISIONNISME CONTRE L'INTERNATIONALISME
Au moment
où les travailleurs de tous les pays
impérialistes subissent la crise, les bourgeoisies
recourent au racisme, au chauvinisme, pour les diviser. Les
révisionnistes font exactement la même
chose.
Il y a six mois, les
révisionnistes du P"C"F et de la C.G.T.
s'étaient saisis de la lutte des marins du " France "
pour lui coller des mots d'ordre ultra-chauvins. Au bout
d'un certain temps ils ont abandonné les marins, car
ils furent satisfaits de l'annonce du plan de
développement de la marine marchande, demandé
aussi par Vieljeux, PDG de Delmas-Vieljeux. Ce qu'ils
voulaient, comme le demandait " l'Humanité "
(13/9/74), c'était " la consolidation de notre
monnaie, le redressement de notre balance des paiements,
l'expansion de notre commerce extérieur ".
Aujourd'hui on comprend mieux
encore l'unité qui existe entre cette défense
des PDG de la marine marchande française et le
développement du venin du racisme et du chauvinisme.
Gruenais. du syndicat C.G.T. des marins déclare "les
équipages doivent rester français "
(Humanité, 5/5/75), ce qui équivaut à
désigner comme responsables des difficultés
dans la marine, les marins étrangers !
Opposant ainsi les
intérêts des marins de différentes
nationalités, les révisionnistes se
démasquent pour ce qu'ils sont, des diviseurs au
service de la bourgeoisie.
L'enjeu de
la
lutte
à
Unimel
( Besancon
)
Mardi 6, à la tête d'un
commando de cadres et d'anti-grévistes, le
patron a attaqué le piquet de grève
et a pénétré dans l'usine,
frappant femmes et enfants. Il croyait, parce que
la veille une dispute avait éclaté
entre les travailleurs et les permanents FO et CFDT
qui présentaient les maigres
résultats des négociations comme un
pas en avant, que la masse des travailleurs voulait
reprendre le travail ! L'usine,
délaissée par les assaillants, a
été réoccupée peu
après par les travailleurs.
Mener le combat contre le défaitisme
répandu et entretenu par les
révisionnistes et les réformistes,
montrer que la lutte est possible si les
travailleurs la prennent en mains, cette double
tâche ne peut être remplie que si, dans
le cours de la lutte, se construit et se renforce
la cellule communiste de l'entreprise, celle d'un
parti qui, à travers toutes les luttes (Lip,
PTT, Liévin...) offre une autre perspective,
celle du socialisme. Un premier pas dans cette voie
s'est manifesté par l'organisation d'une
vente de pain d'épice en ville et dans un
quartier populaire, après une
représentation théâtrale sur la
lutte des mineurs, par des étudiants qui ont
ainsi concrètement illustré le
principe " servir le peuple ".
Cellule
UNIMEL du PCR (ml) le 11/5/75
10.000
licenciements
prévus
à la
Thomson
Dans la concurrence toujours âpre qui
l'oppose aux trusts américains de
l'informatique, la direction de la Thomson
prévoit la liquidation du secteur "
composants ", technique devancée par celle
des " circuits intégrés ", et le
licenciement de 10.000 travailleurs. La riposte
s'organise dans les différentes usines du
groupe :
- à Dijon (Bourgogne-Electronique),
les ouvrières ont décidé de ne
plus remplir leurs feuilles journalières de
production tant que la direction ne paierait pas
intégralement les heures et jours
chômés.
- sous l'impulsion de la section CFDT de
Grenoble, un journal destiné à
mobiliser les travailleurs de l'ensemble du groupe,
à populariser les actions qui s'engagent,
est diffusé.
A Catlin (Angers) :
120
travailleurs
licenciés
occupent leur
usine
Après avoir vainement attendu la
suite des promesses du préfet qui cherche un
acheteur disposant de 600 millions (!) les
travailleurs de cette fabrique de menuiserie de
laboratoire, professionnels pour la plupart, ont
décidé l'occupation contre la
fermeture et les licenciements.
Correspondant
Angers
Grève au foyer
Sonacotra (St Denis)
" Depuis le 27 janvier, nous sommes en
grève pour :
- le contrôle de la gestion par les
locataires, la liberté d'expression, de
réunion...
- Le retour à l'ancien loyer (on veut
nous imposer 250 F. pour une petite chambre de 6
m2)
- la démission immédiate du
gérant raciste et provocateur. Le tract
diffusé par le Comité de Locataires
poursuit :
" Les patrons disent toujours : " vous, les
immigrés, vous êtes venus ici pour
travailler pas pour faire la grève ou faire
de la politique ". Nous, nous répondons
: ... si les
patrons n'avaient pas besoin de nous, nous ne
serions pas ici à être
exploités comme des esclaves. Mais
aujourd'hui, nous sommes devenus des ouvriers comme
les ouvriers français ; alors, nous
demandons (...) les mêmes droits pour tous
les ouvriers... La Sonacotra nous attaque, le
gérant monte des provocations contre nous...
Mais nous sommes décidés à
continuer la lutte jusqu'à la victoire
totale. "
Occifeux (Aubervilliers)
grève contre les licenciements
Les travailleurs, surtout immigrés
sont en grève :
- contre les licenciements
- pour une augmentation de salaire
- pour la réduction des horaires
à 40 H (payées
43)
Rogers Color
(Nancy)
12e jour de
grève
contre les
contrats
de
travail
à
durée limitée
Mercredi 7 mai, après une semaine de
grève, les grévistes et leur section
CFDT décident d'occuper la salle de
développement des photocopies pour
empêcher la production, jusque là
assurée par les cadres. Le soir, la
direction fait chasser les grévistes par la
police. Dès le vendredi, après une
intervention du PCR devant l'usine, avec des
syndicalistes, l'occupation reprend et la direction
est obligée de faire quelques concessions :
(1.420 F à l'embauche) mais rien n'est
cédé sur les contrats. Au contraire
des grévistes sous contrat sont
menacés de licenciement. La popularisation
continue : 3 H durant, les grévistes sont
intervenus avec tracts et collecte en plein centre
de Nancy devant un commerce de photos,
propriété du patron, malgré
l'intervention de la police appelée par le
patron.
La création d'un comité de
soutien est envisagée. Les justes
revendications mises en avant par les travailleurs
de Rogers Color, les formes d'action offensives
qu'ils ont choisies font de leur lutte un exemple
pour tous les travailleurs. C'est pourquoi la
section du Parti de Nancy participe activement au
soutien de la lutte.
Corres. Nancy - 11/5/75
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A PROPOS DU DERNIER LIVRE DE
SÉGUY "LUTTER"
Au moment où les
révisionnistes du P"C"F " durcissent " leur ligne et
font semblant d'être les meilleurs défenseurs
des ouvriers pour se distinguer du PS. Séguy sort un
livre au titre combatif : " Lutter ". On va voir ce qu'il en
est de cette " combativité ".
LE PERSONNAGE SÉGUY : DU JEUNE
RESISTANT AU BUREAUCRATE BOURGEOIS
Bien
qu'il s'en défende, Séguy consacre toute la
première partie de son livre à des
considérations complaisantes sur sa personne,
à la manière de tous les hommes politiques
bourgeois.
Nous
le voyons d'abord utiliser son passé de très
jeune résistant et militant du P"C"F du temps
où celui-ci était encore
révolutionnaire. A la différence de Marchais,
qui travaillait volontairement pour les nazis, Séguy,
en déportation à Matthausen, sabote la
production militaire à laquelle on le fait travailler
et participe à l'organisation de la
résistance.
Mais
que reste-t-il aujourd'hui de ce jeune courageux qui a
parcouru toutes les étapes du renoncement ? Un
bourgeois, un bureaucrate révisionniste à la
solde de la bourgeoisie, comme Jouhau en d'autres
temps.
On
le voit se livrer à des considérations
bourgeoises telles que " la tolérance est l'une des
qualités premières de l'homme ", on le voit se
plaindre de ce que son fils ne peut devenir officier de
l'armée bourgeoise pendant son service ; il plaint
Pompidou en assurant qu'il n'a "jamais souhaité la
mort d'un adversaire ". Quand le journaliste qui l'interroge
lui demande s'il a bien déclaré " La nature du
patronat est de mordre et il faudra un jour ou l'autre
l'abattre ", il s'excuse, " c'est une image, dit-il, pas une
thèse " et il faut selon lui " vivre les uns avec les
autres ", et " rechercher les solutions les meilleures,
conformes à l'intérêt collectif ", comme
s'il y avait un intérêt " collectif " entre les
patrons et les exploités !
UN DEFENSEUR ENTHOUSIASTE DU
RÉVISIONNISME
Pour
faire plaisir à la bourgeoisie, Séguy fait
mine de nier, comme toujours, que la direction de la C.G.T.
est inféodée à la ligne
révisionniste du P"C"F, mais en
réalité, tout ce qu'il dit prouve le
contraire. Il défend le Programme commun comme un "
événement considérable " et dont le "
contenu est malgré tout extrêmement
avancé " et prétend que "
l'intérêt des travailleurs est de rassembler
toutes leurs forces pour que ce programme puisse triompher
". Il parle de la puissance " magique " des nationalisations
sous le capitalisme : prenant Renault en exemple, il ne le
montre pas comme trust à la pointe de l'exploitation
mais comme une " entreprise qui répond aux besoins
économiques contemporains à l'échelle
internationale et aux intérêts du pays
où elle se trouve ". Les travailleurs de la
Régie, les 17 licenciés en particulier,
apprécieront de quels intérêts il s'agit
!
Séguy s'étend d'ailleurs sur la future
" démocratie avancée " que promet la " gauche
". Il avait déjà promis, pendant
l'élection présidentielle, qu'il saurait " en
syndicaliste responsable, tenir compte des
réalités économiques ",
c'est-à-dire faire payer la crise aux travailleurs.
Il développe maintenant : alors que les patrons
seront toujours au pouvoir, il promet qu'on n'aura plus "
besoin de recourir à l'action syndicale telle qu'elle
est conçue actuellement : les manifestations, les
grèves, les arrêts de travail, la lutte " et
qu'on " évitera sinon totalement, du moins dans de
nombreux cas, les conflits ". Il promet que les syndicats,
après la victoire de Mitterrand, " auront un
rôle constructif dans la gestion et dans le
contrôle de tous les aspects de la vie
économique ", ce qui est exactement ce que Giscard et
Mitterrand veulent instaurer pour la paix des
classes.
UN SYNDICAT SOUMIS A LA
BOURGEOISIE
La
conception du rôle du syndicat
développée par Séguy va tout à
fait dans le sens de celle des patrons "
éclairés ". Il a beau faire semblant de
critiquer Chaban-Delmas et dire que la C.G.T. n'a jamais
signé de contrat de " progrès " avec son
gouvernement, il ne peut faire oublier la signature des
accords sur le chômage, sur la formation
professionnelle, sur le travail intérimaire par
exemple, qui sont tous des " contrats " signés contre
les travailleurs.
Comme Bidegain, du CNPF, il assure que le
syndicalisme est " d'utilité publique et qu 'il est
normal qu'une partie de ses besoins soient pris en charge
par la collectivité nationale ", ce qui revient, sous
couvert d'une " défense " du syndicalisme, à
s'entendre avec les patrons pour faire des syndicats des
administrations achetées, des organes de gestion "
constructifs " de collaboration de classes.
Séguy est d'ailleurs d'accord avec Delors, du
PS, ancien collaborateur de Chaban, pour affirmer que " le
rôle du syndicat n'est pas seulement revendicatif,
mais aussi d'élaboration économique et sociale
". Tout en le niant et en couvrant Bergeron d'injures,
Séguy est en fait, au fond, un chaud partisan de la
politique " contractuelle " d'entente syndicats-patrons pour
éliminer les " tensions sociales " au nom de "
l'intérêt collectif " dont il se déclare
si soucieux.
Cette théorie générale du
rôle du syndicat, Séguy la formule en disant
que la C.G.T. est " l'organisation la plus
réformatrice de France " puisque d'ailleurs, dit-il "
la réforme, c'est toute la philosophie de base du
Programme commun de la gauche ", il rejoint là
parfaitement Caillavet, radical " de gauche " qui
définit le Programme commun comme un programme de "
collaboration de classes ".
Dans
cette logique, Séguy critique donc les comités
de grève à cause des " éléments
extérieurs ", il déclare que " la
séquestration ne peut être une formule valable
". Pour ne pas s'opposer de front aux occupations d'usine,
il louvoie : " Dans l'intérêt même des
installations, il est préférable que les
travailleurs demeurent dans l'usine, pas seulement pour
l'occuper, mais pour veiller à la
sécurité, à l'outil de travail
".
DES ATTAQUES ORDURIÈRES CONTRE LA
CHINE SOCIALISTE
Quand on en vient à l'internationalisme,
Séguy montre aussi son visage d'adversaire du
socialisme ; relatant son passage (involontaire) en Chine en
67, il décrit, dans le meilleur style
réactionnaire, " l'atmosphère irrespirable des
rues de Pékin " à cause des gardes rouges "
circulant en bandes, faisant un tapage infernal, y compris
pendant la nuit ". Exhalant sa haine de la Grande
Révolution Culturelle, il dit : " Très vite
nous avons senti de la part des animateurs de l'agitation
entretenue en permanence, une vive hostilité qui ne
pouvait s'expliquer que par la couleur de notre peau " ; il
prétend qu'il s'agissait " d'une réaction de
caractère raciste ", et il nous décrit " avec
quel soupir de soulagement " il " s'est embarqué pour
Moscou, au terme d'une assez longue attente ".
CONTRE LA LIGNE RÉVISIONNISTE DANS
LES SYNDICATS
Le
livre de Séguy, c'est donc une opération
publicitaire des révisionnistes pour faire passer
leur idéologie de renoncement, de compromis dans les
luttes sur le dos des ouvriers. Les travailleurs s'y
opposent de plus en plus et se saisissent de toutes les
formes de lutte exécrées par Séguy,
comme à Lip, à Renault-Le Mans, à
Everwear, etc... " Lutter " proclame le titre de
Séguy, mais pour lutter, il faut rompre radicalement
avec les dirigeants traîtres des syndicats !
Paul LEFORT
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