LE QUOTIDIEN DU PEUPLE n°130 -mardi 9 mars 1976-
Journal Communiste Révolutionnaire pour la construction du Parti de Type Nouveau -

Cet article a également été publié dans Front Rouge mensuel n°5 (nouvelle série) de Mars 1976-

QUOTIDIEN DU PEUPLE n°130 -mardi 9 mars 1976- dans la rubrique Politique page 7 :

Lettre ouverte à Edmond Maire
et à la Commission exécutive de la CFDT
du comité central du PCRml
 
A propos de quelques faits inquiétants
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Depuis novembre 1975, dans de nombreuses localités, des faits graves et inquiétants se sont produits au sein de la CFDT. Ils remettent en cause, à terme, la possibilité même d'une vie démocratique de la Confédération. Les camarades de notre Parti, militants à la CFDT, ont été tout particulièrement visés par ces pratiques anti-démocratiques…
 
Nous n'en donnerons ici, pour être bref, que quelques exemples significatifs. Nous tenons à votre disposition une liste détaillée et beaucoup plus longue de ce genre de faits.
 
A l'usine SMN de Caen, un responsable du Bureau Syndical déclare à trois de nos camarades, représentant jusqu'alors dans le Syndicat, les secteurs parmi les plus combatifs de l'entreprise : " On a oublié de te mettre sur la liste du Conseil Syndical ". Cependant des responsables de la section utilisent leurs heures pour faire le tour des services et demander de rayer de la liste les noms de nos camarades. Les mêmes " oublieront " encore de fournir en bulletins de vote, précisément le secteur où nos camarades se sont acquis la confiance des travailleurs par leur activité syndicale et politique.
 
A Paris, l'Union Départementale de la Seine a décidé de soumettre à une censure préalable tous les tracts, toutes les affiches des Unions Locales Parisiennes. Ce qui revient à les placer sous tutelle.
 
A Nancy, le Bureau de Syndicat Santé a chassé une camarade qui en faisait partie et qui avait joué un rôle actif lors de la grève dans les hôpitaux de 1975. Motif : cette camarade serait " anti-syndicale ", étant donné que l'organisation locale de notre Parti, dont elle est membre, avait exprimé publiquement des critiques sur certains aspects de l'activité de la Confédération.
 
A Orléans, des responsables de l'Union de Secteur font rayer des listes du Conseil 10 membres (dont plusieurs de nos camarades), délégués de St Gobain, Quelle, Orlane, des Educateurs, du BRGM… bref, des entreprises qui avaient mené des luttes exemplaires…
 
Démocratie pour qui ?
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Au lendemain de mai 1968, la CFDT semblait ouvrir à ses militants la possibilité de définir, avec les travailleurs, les revendications, d'engager des formes de luttes renouvelées, de développer leur initiative dans tous les domaines. Les acquis de ce syndicalisme de lutte de classe s'appellent encore pour les travailleurs, le Joint Français, Cerisay, Lip…
 
Les Congrès récents de la CFDT et les déclarations confédérales officielles proclament : " le respect des opinions philosophiques et religieuses " et donnent " à tous les travailleurs leur place dans la CFDT ". Ils n'interdisent nullement aux syndicalistes de mener par ailleurs, une activité politique.
 
Mais ces pratiques, que nous dénonçons, sous couvert des principes de " l'indépendance syndicale " visent, en fait, à réprimer par tous les moyens, l'expression du point de vue marxiste-léniniste, et à exclure des responsabilités syndicales, du syndicat lui-même, par des manœuvres sournoises, les communistes révolutionnaires. Un texte préparatoire au Congrès Régional de Lorraine a formulé, cyniquement la motivation politique profonde de ces pratiques : " On ne peut à la fois adhérer à la CFDT et en même temps propager des écrits tels que les tracts édités par le PCR(ml) ". On ne peut être plus clair dans le refus de la démocratie syndicale et dans l'anticommunisme. Si une telle attitude parvenait à s'imposer, la Confédération n'aurait plus de démocratique que le nom.
 
Qui a peur de la démocratie syndicale ?
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Si le syndicat est effectivement l'instrument large d'organisation que se donnent les travailleurs, pour lutter contre l'exploitation capitaliste, pour défendre leurs intérêts de classe à court terme, il ne peut qu'être le lieu d'une bataille d'idées constantes sur les revendications à avancer, sur les luttes à mener, les initiatives à prendre, et, y compris, les positions politiques à définir.
 
C'est la masse des syndiqués et, dans les luttes, la masse des travailleurs qui, en définitive, sont à même de reconnaître les orientations qui répondent à leurs intérêts et à leurs aspirations de classe.
 
Ceux qui cherchent à exclure du mouvement syndical les communistes, à interdire l'expression de leurs positions, que craignent-ils ? Ils redoutent que les travailleurs sur la base de leur propre expérience, adhérent de plus en plus fermement au projet révolutionnaire et transforment, en ce sens, leur activité syndicale.
 
Faut-il être partisan de l'Union de la Gauche pour militer à la CFDT ?
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Regardons les choses en face : qui a intérêt à étouffer de la sorte, dans la CFDT, les positions révolutionnaires ?
En 1974, un certain nombre de responsables importants de la CFDT se sont engagés publiquement dans l'appel pour un " parti socialiste ouvrier de masse " et dans l'opération des " Assises pour le socialisme ", lancée par le PS principalement avec d'autres groupements sociaux-démocrates ou trotskisants. C'était, qu'on le veuille ou non, une vaste manœuvre, à peine déguisée, pour tenter d'assujettir la Confédération à la social-démocratie. De très nombreux cédétistes ont alors dénoncé cette tentative et s'y sont opposés.
 
Après ce demi échec, la social-démocratie n'a pas, pour autant, renoncé à son projet. La Confédération ne se trouve-t-elle pas, depuis, toujours plus étroitement soumise aux pressions des partis de gauche ? D'une part, le PS cherche, dans sa concurrence avec le P" C "F, à rattraper un handicap majeur, à s'assurer un point d'appui qui lui fait défaut dans le mouvement ouvrier et syndical en tentant de coloniser la CFDT.
 
D'autres part le P" C "F réplique en monnayant sans cesse l'unité d'action de la CGT, avec la CFDT, contre des gages de soumission de la Confédération aux objectifs du Programme Commun. A l'intérieur même de la CFDT, ce que l'on a appelé " la 4e composante des Assises ", membres ou peu s'en faut de la tendance CERES du PS, servent de relais, aujourd'hui, aux pressions du P" C "F, et essaient d'engager la Confédération à la remorque du Programme Commun. Ces forces rivalisent entre elles, pour s'assurer, par tous les moyens, le contrôle de la CFDT. Ce faisant, elles transplantent dans le syndicat, les querelles de l'Union de la Gauche et s'y entredéchirent. Mais en même temps, elles se coalisent pour étouffer, interdire tout ce qui représente une position de classe conséquente, une orientation révolutionnaire opposée à leurs projets réformistes, et en premier chef, contre notre Parti.
 
On a bien vu cette convergence, lors des attaques sans précédent de Chirac contre la CFDT et le mouvement syndical, sous prétexte, sous prétexte de démoralisation de l'armée : le P" C "F et la CGT ont exercé un chantage à l'isolement pour que la CFDT " fasse le ménage " chez elle et se débarrasse de ses militants révolutionnaires. Dans le même temps, à l'intérieur même de la Confédération, les sociaux-démocrates organisaient une véritable campagne contre les syndicalistes révolutionnaires, prétendant qu'ils étaient responsables de la répression contre la CFDT !
 
Les travailleurs attendent de vous des explications
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" Nouvelle CFDT " du 27 novembre 1975 (publication de la Commission exécutive destinée aux responsables) déclare dans une " fiche " que " négligeant l'organisation syndicale en elle-même, l'utilisant à leur profit pour entrer en contact avec les travailleurs " les militants du PCR (ml) s'en serviraient " en quelque sorte comme paravent ".
 
Qui peut prétendre que nous " négligeons l'organisation syndicale " ? Nous sommes des communistes. Nous menons la lutte de classe, ouvertement, en tant que communistes, avec tous ceux qui fondent leur action sur les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière. Renforcer l'organisation syndicale des travailleurs, sa capacité à mener jusqu'au bout le combat de classe, est une des tâches importantes que se fixe notre Parti.
La gravité des calomnies ainsi colportées contre nous, la multiplication des attaques sournoises contre nos camarades militants dans la CFDT, parce qu'elles sont inspirées et encouragées au plus haut niveau, exigent des explications. C'est pourquoi, nous vous demandons une entrevue.
Où va la CFDT ? Va-t-elle se transformer en un appendice de la social-démocratie, en un simple enjeu des rivalités entre partis de gauche et, pour cela, liquider les acquis de la dernière période, vider de tout contenu la démocratie syndicale en réprimant les communistes ? Ces questions pèsent lourd. Elles intéressent au plus haut point les travailleurs, la masse des militants qui veulent faire de leurs syndicats une arme puissante, unie, de lutte de classe, pour affronter les grands combats qui se préparent.

 

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