30e ANNIVERSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

Le Quotidien du Peuple -supplément au n°967 -lundi 8 octobre 1979- (pages 8 à 9)
Organe central du Parti Communiste Révolutionnaire marxiste-léniniste

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Suite du n° spécial è

 

La révolution chinoise
depuis 1949

    En 30 années, depuis l'avènement de la République populaire, la Chine a connu des changements considérables. Malgré les épreuves, les vicissitudes, le peuple chinois a, sous la direction de son Parti communiste, obtenu, dans cette période -très courte -des progrès sans précédent. Par rapport à la période d'avant 1949, avant la libération, la physionomie de la Chine s'est profondément modifiée les conditions d'existence du peuple se sont beaucoup améliorées. Ces réalisations qui concernent près du quart de la population du globe et constituent une grande contribution à l'émancipation de l'humanité, ont démontré avec force la supériorité du système socialiste.
    Dans le cours même de ce processus, des luttes politiques complexes et aiguës se sont déroulées au sein de la société chinoise, y compris au sein du Parti communiste; à certains moments, comme cela a été le cas avec Lin Biao et les Quatre, la poursuite et l'essor de la construction du socialisme en Chine se sont trouvés gravement menacés.
    Au total, l'histoire de ces 30 dernières années en Chine constitue donc un processus très complexe. Sur nombre d'événements qui ont jalonné cette période, sur nombre de questions qu'elle a ouverte, le Parti communiste chinois lui-même n'a pas encore porté un jugement définitif.
    Aussi, en évoquant ici l'histoire de la République populaire de Chine, la lutte menée par le Parti communiste et le peuple chinois au cours des trois dernières décennies, nous entendons seulement rappeler certains traits marquants de cette période, fournir certains points de repère.

 POINTS DE REPERE CHRONOLOGIQUES

    Lorsque le 1er octobre 1949, sur la place. Tien An Men, à Beijing, Mao Zedong proclame la naissance de la République populaire de Chine, et affirme "le peuple chinois est débout", la guerre de libération s'achève seulement. La Chine est marquée par des siècles de féodalisme, des décennies d'oppression impérialiste, plus de vingt années de guerre ininterrompue. En cette année 1949, la physionomie de la Chine c'est notamment une agriculture très arriérée, une industrie faible et dépendante, une économie désorganisée.
   
Dans les conditions spécifiques de la Chine de 1949, jusque-là pays semi-colonial et semi-féodal, l'objectif fixé par le Parti communiste chinois est alors l'achèvement des tâches de la révolution de démocratie nouvelle et le passage de cette révolution à la révolution socialiste. Concrètement, ce n'est qu'en 1956, près de sept ans après la fondation de la République populaire, que la transformation socialiste en Chine sera considérée comme "accomplie pour l'essentiel". La phase de transition qui va ainsi de 1949 à 1956 représente à plus d'un titre une très grande victoire pour la révolution chinoise et les tâches accomplies dans cette phase, sous la direction du Parti communiste chinois et. du camarade Mao Zedong, sont un apport historique dans l'histoire du socialisme mondial.
   
Grâce à la direction qu'ils exercent sur le pays à partir d'octobre 1949, la classe ouvrière et le Parti communiste -qui avaient précédemment dirigé la lutte de libération nationale -vont en effet conduire victorieusement le processus qui mène la Chine semi-coloniale et semi-féodale au socialisme, évitant la domination de la société chinoise par le capitalisme et la dictature bourgeoise, tout en prenant en compte l'état économique et social arriéré d'où part la Chine nouvelle. C'est la concrétisation de la thèse formulée par Mao Zedong dans "La démocratie nouvelle" sur la révolution ininterrompue par étapes. Comment ce processus s'est-il concrétisé ?


1er octobre, place Tien-An-Men :
"Le peuple chinois est debout !"

    De 1949 à 1953 : C'est l'achèvement de la révolution démocratique qui reste une révolution démocratique bourgeoise sur le plan de l'économie. Ainsi, parmi les mesures prises il y a redistribution des terres: réunis en assemblées populaires, les paysans se partagent les terres des propriétaires fonciers. Près de la moitié des terres cultivées sont ainsi réparties, près de 300 millions de paysans sont concernés par cette gigantesque révolution sociale.
   
Dans le même temps, une série de lois devant régir la nouvelle société sont promulguées : lois sur le mariage et le divorce, affirmant l'égalité de l'homme et de la femme, lois autorisant l'organisation des syndicats, etc.. Une lutte de longue haleine s'engage pour faire passer dans la vie ces réformes démocratiques.

    C'est en pleine période de reconstruction que le peuple chinois, au prix de grands sacrifices, va apporter une aide très importante à la Corée agressée par l'impérialisme américain, notamment en envoyant des volontaires.

    1953 : le prolétariat qui détient le pouvoir politique depuis 1949, impose la transformation progressive et pacifique de l'économie capitaliste en économie socialiste. A ce moment, coexistent en Chine, dans l'industrie et le commerce, plusieurs secteurs: le secteur d'Etat, composé d'entreprises confisquées aux bourgeois compradores ; le secteur capitaliste d'Etat dans lequel les bourgeois nationaux ont des actions ; le secteur privé appartenant aux bourgeois nationaux. La politique menée va consister notamment à essayer de régler pacifiquement les contradictions avec la bourgeoisie nationale qui avait elle-même souffert de l'oppression impérialiste et féodale, et de la rallier à l'effort de reconstruction nationale. C'est Mao Zedong qui, partant des conditions concrètes de la Chine, définit la politique d'utilisation, de limitation et de transformation de l'industrie et du commerce capitalistes, une politique souple qui prévoit la limitation et l'intégration progressive au secteur d'Etat des activités capitalistes, notamment par la pratique du "rachat" à leurs propriétaires, l'indemnisation s'étalant sur plusieurs années.
   
La même année, c'est le début du grand mouvement de coopération agricole qui va transformer le visage de la Chine. Pour des centaines de millions de paysans chinois, c'est un apprentissage progressif de la collectivisation, à travers une série d'étapes qui seront franchies de manière décentralisée, du simple groupe d'entraide à la coopérative de type supérieur, où la terre et les moyens de production sont collectivisés, la rétribution se faisant alors selon le travail fourni. Le processus est fondé sur un principe essentiel : celui du libre consentement des masses paysannes qui avaient déjà expérimenté, sous la direction du PCC, des formes de coopération agricole dans les zones libérées, avant 1949, et qui se convainquent progressivement, sur la base des premières expériences positives, de la nécessité du mode de production collective pour s'arracher à la misère. Dans cette lutte complexe, le PCC, sous la direction de Mao Zedong, doit combattre à la fois les tentatives des paysans riches de saboter la collectivisation et les tendances gauchistes visant à "brûler les étapes". L'expérience menée ainsi en Chine va permettre notamment de résoudre pour l'essentiel le grave problème de la faim dans ce pays, et devenir un exemple de très grande portée, notamment dans le Tiers-Monde.
   
Cette collectivisation réussie de l'agriculture, et presque complètement achevée dès 1956, fournit une base matérielle solide au développement de l'économie chinoise.

    Dans le même temps, dans les villes, l'artisanat et le petit commerce suivent également la voie du regroupement en coopératives, là aussi de façon progressive, selon la politique du PCC.

    1954 : Première session de la première assemblée populaire nationale. Mao Zedong, alors président de la République, déclare notamment dans l'allocution d'ouverture: "Luttons pour édifier un grand Etat socialiste... afin d'être à même en quelques quinquennats de transformer notre pays, aujourd'hui économiquement et culturellement arriéré, en un grand pays industrialisé, doté d'une culture moderne hautement développé".

    1955 : La Chine participe activement à la conférence afro-asiatique de Bandoeng, en Indonésie, qui réunit un grand nombre de pays nouvellement indépendants. Zhou En Laï est présent aux côtés de Nasser, Nehru et d'autres chefs d'Etat ou de gouvernement pour une réunion qui fera date dans l'effort de regroupement politique du Tiers-monde.

    1956 : Grâce à la politique du "rachat", et à la collectivisation de l'agriculture, le passage de la "démocratie nouvelle" à la révolution socialiste s'est accompli.

    Le PCC convoque son 8e Congrès, sous la présidence de Mao Zedong. Le Congrès estime notamment qu'en Chine, "l'histoire plusieurs fois millénaire du système d'exploitation de classes a pratiquement pris fin". Il fixe pour tâche essentielle au peuple chinois, dans la période à venir, le développement des forces de production.

    Certaines positions adoptées par ce Congrès ont été violemment attaquées par la suite, durant la Révolution culturelle. Dans le rapport adopté au 10e Congrès du PCC, en août 1973, on évoque par exemple "La thèse absurde, révisionniste, que Lui Shaoqui et Tchen Po-Ta avaient glissée dans la résolution du 8e Congrès et selon laquelle la contradiction principale à l'intérieur du pays, ce n'est pas le contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie, mais celle "entre le système socialiste avancé et les forces de production sociales arriérées".

    D'autres appréciations ont été portées, telle celle exprimée par Ye Jianying, vice-président du CC du PCC et président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale, dans un discours prononcé le 29 septembre dernier pour le 30e anniversaire de la République populaire de Chine. Il estime notamment: "Le 8e congrès de notre parti a eu raison (...) de prescrire, pour la période à venir, la tâche essentielle de développer vigoureusement les forces sociales de production".
   
Respectivement avant et après le 8e Congrès, Mao Zedong a publié deux textes importants : "Sur les dix grands rapports", puis "De la juste solution des contradictions au sein du peuple",

Discours de Mao :
"Sur les dix grands rapports".

   
Dans "Sur les dix grands rapports" (avril 1956), Mao établit un bilan systématique de l'expérience acquise dans l'édification économique de la Chine depuis sept ans, et définit les principes fondamentaux pour l'édification socialiste dans les conditions spécifiques de la Chine, non seulement dans le domaine économique mais aussi dans une série d'autres domaines, au coeur de ce discours prononcé devant le bureau politique du PCC, se trouvent les leçons de l'expérience soviétique, avec "les insuffisances et les erreurs", dit Mao, "apparues au cours de l'édification socialiste de l'Union soviétique, et qui ont été mises au jour récemment". Parmi ces insuffisances et ces erreurs, Mao relève notamment: "L'URSS et certains pays de l'Europe orientale ont mis l'accent unilatéralement sur l'industrie lourde aux dépens de l'agriculture et de l'industrie légère...". "En Union Soviétique, on pressure les paysans à l'excès... de graves erreurs ont été commises à ce sujet..." "Nous ne devons pas, comme l'URSS, concentrer tout entre les mains de l'autorité centrale et exercer un contrôle trop rigide sur les administrations locales, sans laisser aucune marge à leur initiative", "En URSS, le rapport entre la nationalité russe et les minorités est très anormal, cela doit nous servir de leçons". Dans ce texte, Mao, traitant du rapport entre la Chine et les autres pays, souligne: "Notre politique consiste à nous inspirer des points forts de tous les pays et nations, à apprendre tout ce qu'ils ont de vraiment bon dans les domaines politique, économique, scientifique, technique, littéraire et artistique. Mais, il faut procéder de manière analytique et critique, et non pas apprendre aveuglément ni à tout copier pour l'appliquer mécaniquement (...) C'est également une telle attitude que nous devons adopter à l'égard de l'expérience de l'Union soviétique et des autres pays socialistes" Or, faute d'idée claire là- dessus, certains d'entre nous allaient jusqu'à imiter leurs points faibles". Face aux erreurs commises en URSS, Mao affirme la nécessité. d'une voie spécifique adaptée à la Chine pour l'édification du socialisme.

    Refusant le verdict de Khrouchtchev qui condamne Staline, Mao critique les erreurs de celui- ci, en estimant que ses mérites et ses erreurs "sont dans le rapport de sept à trois".

"De la juste solution
des contradictions
au sein du peuple".

1957 : Lorsqu'en février, Mao Zedong prononce son discours sur "la juste solution des contradictions au sein du peuple", les mois précédents ont connu en Chine quelques troubles restreints. Des ouvriers et des étudiants, en nombre limité, se sont mis en grève dans certains endroits: le phénomène est analysé par le Parti communiste chinois comme résultant à la fois d'erreurs bureaucratiques qui ont empêché la satisfaction de revendications qui auraient pu l'être, et de l'insuffisante éducation idéologique et politique d'ouvriers et d'étudiants qui exigeaient plus que ce que l'état de la Chine pouvait alors permettre.
   
Mais la Chine est épargnée par la crise qui secoue dans la même période, en relation avec le processus de restauration du capitalisme et de "déstalinisation" en URSS (1956 : 20e Congrès du PCUS), nombre de pays de l'Europe de l'Est.

    Constatant "notre pays est aujourd'hui plus uni que jamais" Mao se livre sur la base de l'expérience des années précédentes à une analyse de la situation politique et économique. Distinguant "les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple", il inclut parmi ces dernières celles entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale, estimant que si ces contradictions sont de nature antagoniste puisque entre exploiteurs et exploités, elles peuvent cependant, dans les conditions concrètes de la Chine nouvelle, être résolues pacifiquement. Pour résoudre les contradictions au sein du peuple, souligne Mao, il faut veiller à recourir aux méthodes démocratiques: " Toute question d'ordre idéologique, toute controverse au sein du peuple ne peut être résolue que par des méthodes démocratiques, par la discussion, la critique, la persuasion et l'éducation; on ne peut la résoudre par des méthodes coercitives et répressives".
   
"II faut, dit Mao, partir du désir d'unité pour arriver à une unité supérieure, tirer la leçon des erreurs passées pour en éviter le retour et guérir la maladie pour sauver l'homme". Ceci est rendu possible du fait que "les contradictions de la société socialiste diffèrent radicalement de celles des anciennes sociétés" qui "se manifestent par des antagonismes et des conflits aigus, par une lutte de classe acharnée". Mao estime que dans la société socialiste, les contradictions pouvant éviter de prendre l'acuité qu'elles ont dans la société capitaliste, les contradictions au sein du peuple ne sont pas condamnées à devenir antagonistes si elles sont traitées correctement ; mais cela n'implique nullement, souligne Mao, l'extinction de la lutte de classes. A ce sujet, il déclare: "En Chine, la transformation socialiste, en tant qu'elle concerne la propriété, est pratiquement achevée; les vastes et tempétueuses luttes de classes, menées par les masses en période révolutionnaire, sont pour l'essentiel terminées. Néanmoins, il subsiste des vestiges des classes renversées des propriétaires fonciers et des compradores, la bourgeoisie existe encore, et la transformation de la petite bourgeoisie ne fait que commencer. La lutte de classes n'est nullement arrivée à son terme. La lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre les diverses forces politiques et entre les idéologies prolétarienne et bourgeoise sera encore longue et sujette à des vicissitudes, et par moments, elle pourra même devenir très aigue. Le prolétariat cherche à transformer le monde selon sa propre conception du monde, et la bourgeoisie, selon la sienne. A cet égard, la question de savoir qui l'emportera, du socialisme ou du capitalisme, n'est pas encore véritablement résolue".
   
Une double préoccupation est ainsi exprimée: ne pas sous-estimer le poids que peut avoir encore la bourgeoisie, idéologiquement et politiquement, au sein de la société chinoise, et par ailleurs préserver l'unité la plus large possible du peuple, afin d'édifier le socialisme. Dans le même ordre d'idées, s'agissant des millions d'intellectuels qui servaient l'ancienne société, Mao souligne que la Chine socialiste a besoin d'eux et qu'il faut les traiter en conséquence pour les amener à servir le régime socialiste. "Nombre de nos camarades, note-t-il, ne savent pas rallier à eux les intellectuels, ils se montrent rigides à leur égard, ils ne respectent pas leur travail et, dans le domaine scientifique et culturel, ils se permettent une ingérence déplacée dans les affaires dont ils n'ont pas à se mêler. Nous devons en finir avec tous ces défauts".

Les "Cent Fleurs"
   
Dans " De la juste solution des contradictions au sein du peuple". Mao rappelle la signification du mot d'ordre "Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent" qui a été lancé quelques temps, auparavant par le Parti communiste chinois. Ce mot d'ordre a été lancé, dit Mao, "sur la base de la reconnaissance des différentes contradictions qui existent toujours dans la société socialiste et en raison du besoin urgent du pays d'accélérer son développement économique et culturel. La politique "Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent" vise à stimuler le développement de l'art et le progrès de la science, ainsi que l'épanouissement de la culture socialiste dans notre pays. Dans les arts, formes différentes et styles différents devraient se développer librement, et dans les sciences, les écoles différentes s'affronter librement. Il serait, à notre avis, préjudiciable au développement de l'art et de la science de recourir aux mesures administratives pour imposer tel style ou telle école et interdire telle autre école. Le vrai et le faux en art et en science est une question qui doit être résolue par la libre discussion dans les milieux artistiques et scientifiques, par la pratique de l'art et de la science, et non par des méthodes simplistes pour déterminer ce qui est juste et ce qui est erroné, l'épreuve du temps est souvent nécessaire (...) C'est pourquoi il faut se garder de tirer des conclusions hâtives".

    Mao Zedong ajoute: "Pris au pied de la lettre, les deux mots d'ordre "Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent" n'ont pas un caractère de classe: ils peuvent être utilisés par le prolétariat aussi bien que par la bourgeoisie et d'autres gens. Chaque classe, chaque couche sociale et chaque groupe social a sa notion propre des fleurs odorantes et des fleurs vénéneuses". Mao formule alors des critères qui, selon lui, doivent permettre au prolétariat d'utiliser ces mots d'ordre; parmi les critères, il indique notamment: ce qui favorise la voie socialiste et le rôle dirigeant du Parti.

"Campagne contre les droitiers"
   
Dans cette période, des intellectuels mettent à profit le mot d'ordre des "Cent fleurs", pour se livrer à une attaque en règle contre le socialisme. Le PCC réagit en déclenchant la "campagne contre les droitiers". Certains jugements portés aujourd'hui estiment que cette campagne a eu une ampleur exagérée. Ainsi, dans son discours du 29 septembre dernier, Ye Jianying a déclaré: "En 1957, quoiqu'une riposte de notre part contre l'attaque déclenchée par un nombre infime de droitiers bourgeois s'avérait nécessaire, nous avons commis l'erreur de donner à cette lutte une ampleur exagérée".


30 juin 1950: le décret sur la réforme agraire est promulgué.

    Au même moment, commencent un mouvement de départ dans les campagnes pour les cadres et les intellectuels, ainsi qu'un mouvement d'éducation contre les tendances capitalistes de paysans enrichis.

Le "grand bond" : l'enjeu et le bilan

1958 : Sur la base de la transformation socialiste déjà effectuée dans le pays, et en se fondant largement sur les principes énoncés par Mao dans " Sur les dix grands rapports", le PCC lance un vaste mouvement de mobilisation des masses pour accélérer l'édification du socialisme. Ce "grand bond en avant" est un choix politique fondamental: s'appuyant sur la mobilisation populaire, il doit permettre de changer de fond en comble la campagne chinoise où vit l'immense majorité de la population. Il doit permettre de mettre pleinement en valeur le principe de "compter sur ses propres forces", à un moment notamment où les dirigeants chinois sont de plus en plus préoccupés par les conséquences de la ligne révisionniste de Khrouchtchev, par la restauration du capitalisme en URSS, alors même que la réalisation de nombre d'objectifs de l'économie chinoise reste assez largement dépendante de la collaboration avec l'URSS. La politique du "Grand bond en avant" met l'accent sur la recherche de solutions originales et nationales pour le développement du pays. Dans le cadre de la planification socialiste, elle vise aussi à une importante décentralisation, devant favoriser les initiatives, limiter la bureaucratie.

Le passage aux communes populaires
   
La création de milliers d'entreprises est impulsée: usines, ateliers de toutes sortes dans l'ensemble du pays. La mesure la plus importante est la création des communes populaires, prolongement du mouvement de coopération agricole. La commune populaire est la synthèse d'une unité économique (regroupement de plusieurs coopératives) et d'une unité politique et administrative. La commune prend en mains l'éducation, la santé, la création d'unités industrielles, l'organisation des grands travaux indispensables à la modernisation, notamment les travaux d'infrastructure hydraulique. On s'inspire des principes qui ont été ceux du mouvement de coopération agricole: appliquer scrupuleusement le principe du libre consentement, ne pas procéder à des collectivisations forcées, procéder par étapes, en s'appuyant sur les exemples avancés.

1959 : Mao Zedong ne prolongeant pas son mandat, Liu Shaoqi est élu président de la République par l'assemblée populaire nationale.

    En août, un plénum du Comité central du PCC examine les premiers résultats du "Grand bond en avant". Les difficultés rencontrées sont attribuées alors surtout aux calamités naturelles et à l'inexpérience. L'objectif de développer la production d'acier à partir de petits bas-fourneaux dans les campagnes est rejeté. Cependant, le Parti maintient l'essentiel des objectifs du "Grand bond", en particulier les communes populaires. Peng Dehuai, vétéran de la lutte de libération du peuple chinois, ancien commandant du corps des volontaires chinois en Corée, contre l'impérialisme américain, est alors en désaccord avec la politique du "Grand bond" et est démis de ses fonctions de ministre de la défense, il est remplacé par Lin Biao.

1960 : A la conférence de Moscou dite des "81 partis communistes et ouvriers", le PCC livre une très grande bataille de principes pour la défense du marxisme-léninisme au sein du mouvement communiste international. Il s'oppose notamment au parti de l'Union soviétique qui fortement engagé dans la dégénérescence révisionniste, et la politique de restauration du capitalisme en URSS, cherche à isoler le Parti communiste chinois, à le contraindre à s'aligner sur lui.
   
Alors que les divergences entre le PCC et le PCUS deviennent de plus en plus ouvertes, le gouvernement soviétique retire brutalement de Chine tous ses techniciens, certains partant avec les plans d'usines en construction. Ce sabotage délibéré porte gravement atteinte à l'économie chinoise, d'autant que dans la même période des calamités naturelles touchent près de la moitié des terres cultivées.

1960 : Mao Zedong soutient la charte du travail de l'aciérie d'Anshan qui, en mettant en avant "la politique aux poste de commande" (produire pour qui ?) la direction du parti dans l'entreprise, la participation des ouvriers à la gestion et des cadres au travail productif, etc., prend le contre-pied des méthodes de gestion du "modèle soviétique" (charte de Magnitogorsk).

1961 : Dans le domaine agricole, des mesures de réajustement sont prises: on réintroduit le lopin de terre individuel, le marché libre, on restreint les normes de rendement.
   
Des attaques contre Mao apparaissent dans les milieux intellectuels, littéraires et artistiques. La pièce: "La destitution de Hai Rui" apparaît comme un plaidoyer en faveur de Peng Dehuai, contre sa mise à l'écart des instances dirigeantes.

1962 : A l'occasion de mesures de réajustement, certains dirigeants dont Liu Shaoqi critiquent la ligne du "Grand bond" et la création des communes populaires.
   
Au 10° plénum du Comité central du PCC, Mao, faisant référence aux enseignements tirés du processus de restauration du capitalisme en URSS, lance l'appel: "N'oubliez jamais la lutte de classes". Le Parti communiste adopte le mot d'ordre "Prendre l'agriculture comme base et l'industrie comme facteur dirigeant". Il lance le "Mouvement d'éducation socialiste" dont le but indiqué est de "briser l'encerclement par les tendances spontanées au capitalisme".

 

    La suite de cette chronologie sera publiée dans les numéros datés de mardi 9 octobre, du Quotidien du Peuple et de L'Humanité Rouge.

Article commun
au Quotidien du Peuple
et à L'Humanité Rouge  

Chronologie de 1949 à 1962 - de 1962 à 1967 - de 1968 à 1976 - de 1977 à 1979 -

 

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Suite du n° spécial è

(article commun au Quotidien du Peuple supplément au n°967 et à l'Humanité Rouge n°1141, la suite de cette chronologie sera publiée dans les n°968 -9 octobre 1979-, n°969 -10 octobre 1979, n°970 -11 octobre 1979- du QdP et HR n°1142 -9 octobre 1979- et n°1143 -10 octobre 1979- n°1144 -11 octobre 1979 ) Dans les n°970 du QDP et HR n°1144 en dates du 11 octobre 1979 un article commun sera également publié sous le titre : 30e ANNIVERSAIRE DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE : La Chine pays "en voie de développement"

è suite dans le n°968 du QDP

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