- Il y a 50 ans, victoire décisive sur le fascisme
La bataille de Stalingrad

-Solidaire n°4 -Hebdomadaire du Parti du Travail de Belgique- (823) 27 janvier 1993- p.1 et 18-19

Hitler est arrivé au pouvoir le 30 Janvier 1933 par le jeu "démocratique" des élections et du parlement bourgeois. Les fascistes ne furent chassés du pouvoir qu'avec beaucoup de violence et de victimes.

Le 30 janvier 1943, les nazis entendaient célébrer avec faste le dixième anniversaire de leur succès. Ce sera un fiasco. La plupart des manifestations seront annulées.

Car à Stalingrad une victoire décisive était remportée par l'armée rouge et tout le peuple soviétique, sous la direction des bolcheviques et de Joseph Staline. Le 31 janvier, le général Paulus se rend avec tout l'état-major de la sixième armée allemande (photo). Le 2 février 1943, Stalingrad est définitivement libérée et le drapeau rouge soviétique y flotte à nouveau.

 

- Il y a 50 ans, victoire décisive sur le fascisme
La bataille de Stalingrad -Solidaire n°4 (823) 27 janvier 1993- p.18-19

 

Le 31 décembre 1937, le ministère nazi de la Propagande diffuse la directive suivante: "La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande. La tâche principale la propagande national-socialiste est de l'expliquer. Pendant les années qui ont suivi l'effondrement en 1918 jusqu'à la prise du pouvoir par le national-socialisme, le communisme dirigé par les juifs était l'ennemi déterminé du mouvement national-socialiste et de la renaissance du peuple allemand. Dans un lutte impitoyable, le national-socialisme a vaincu et écrasé définitivement cet ennemi en Allemagne. Après la prise du pouvoir, le bolchevisme est devenu au niveau mondial l'ennemi mortel du Peuple Allemand. Le combat contre le communisme que nous avons mené en Allemagne jusqu'en 1933, nous devons le mener après 1933 contre le bolchevisme mondial. A la propagande incombe la tâche de montrer au Peuple Allemand que le bolchevisme est son ennemi mortel et de montrer au monde qu'il est l'ennemi de tous les peuples et de toutes les nations et qu'il est dès lors l'ennemi mondial. Heil Hitler !" (1) Signé: Goebbels, chef de propagande national du NSDAP. L'offensive finale contre l'ennemi mortel du nazisme a commencé en 1941 par l'opération Barbarossa. Mais deux années plus tard - il y a 50 ans aujourd'hui - l'Armée Rouge et les partisans obtiennent à Stalingrad une victoire décisive contre les nazis. Ce fut le tournant de la deuxième guerre mondiale.

Le 3 mars 1941, dans le cadre de l'Opération Barbarossa (nom codé de l'attaque contre l'Union soviétique préparée pour le 22 juin 1941), Hitler décrète l'ordre suivant : " le caractère que représente notre guerre contre la Russie est tel qu'il doit exclure les formes chevaleresques. Il s'agit d'une lutte entre deux idéologies, entre deux conceptions raciales. Il importe donc de la mener avec une rigueur sans précédent et implacable. Tous, vous allez devoir vous libérer de vos scrupules périmés. L'idéologie soviétique est aux antipodes de celle qui régit le national-socialisme. Par conséquent, les Soviets doivent être liquidés. Les soldats allemands coupables de contrevenir aux lois internationales de la guerre seront innocentés.» (2)
Le 22 juin 1941, l'orsque les troupes allemandes pénètrent en Union soviétique avec leurs alliés, c'est en effet le début d'une guerre d'extermination sans précédent contre le bolchevisme, contre les peuples slaves et les cinq millions de juifs qui y vivent et contre le nouvel Etat soviétique construit avec d'immenses efforts. La guerre en Europe de l'Est visait à anéantir complèment le "judéo-bolchevisme" et à "vider " ces régions de leurs habitants et de leur culture. Plus de quatre millions de juifs de Pologne et de Russie -porteurs du virus communiste selon les nazis- ont été assassinés. En dehors des combats proprements dits, encore sept à huit millions de personnes ont été assassinées pour des raisons racistes et anticommunistes.


Des ouvriers de l'usine Octobre Rouge partent en patrouille à Stalingrad. Les fascistes occupaient presque toute la ville, à l'exception de trois grandes usines sur les rives de la Volga. Les soldats, les ouvriers et la population avaient constitué de petites unités, de manière à ne laisser aucune trêve aux fascistes dans la ville occupée. C'est ainsi qu'une large offensive a pu être préparée, qui a débuté le 19 novembre 1942.

Le prix de la victoire

Après quelques mois épouvantables de défaites soviétiques, les troupes fascistes sont arrêtées devant Leningrad et Moscou. C'est la première fois dans l'histoire que l'assaut des fascistes nazis est arrêté. A partir de décembre 1941, l'armée soviétique est en mesure de passer à la contre-attaque. Au printemps de 1943, l'Armée Rouge et les partisans obtiennent des victoires décisives près de Stalingrad, dans le Caucase et près de Koersk. Les fascistes sont repoussés jusqu'à Berlin et Vienne et sont écrasés.
Du 22 juin 1941 et le 9 mai 1945 -soit près de quatre années ou 1.418 jours- en moyenne 17.000soldats et civils soviétiques sont mort chaque jour: 25,3 millions au total.. 27% de la population active d'Union soviétique a péri dans cette guerre.
80% des pertes allemandes sont le fait de l'Armée Rouge. Rappelons les pertes subies par les alliés occidentaux: 187.000 Américains, 400.000 Britanniques et 650.000 Français (chaque fois soldats et civils) sont morts pendant la deuxième guerre mondiale. Sept à huit millions de soldats soviétiques sont morts, dont plus d'un million hors de Russie, en Europe de l'Est et en Europe centrale, dans les combats de l'Armée Rouge pour libérer ces pays des hordes nazies: 600.000 en Pologne, 69.000 en Roumanie, 8.000 pour aider à libérer la Yougoslavie, plus de 140.000 pour libérer la Tchécoslovaquie, 26.000 pour vaincre les fascistes en Autriche et 102.000 dans la seule bataille de Berlin.(3)
Les forces engagées, la nature, le lieu, et l'envergure des affrontements démontrent que la deuxième guerre mondiale était en premier lieu une guerre d'extermination menée par le fascisme capitaliste contre le communisme et l'Union soviétique. Et que c'est le peuple soviétique, sous la direction des bolcheviks et de Joseph Staline, qui a assumé l'immense majorité de l'effort et du sacrifice pour la libération de l'Europe.

Stalingrad

Fin juillet 1942, le front soviétique près de Stalingrad comptait 187.000 soldats, 360 chars, 337 avions et 7.900 canons et mortiers, en face de ce front, l'ennemi avait concentré 250.000 hommes, environ 740 chars, 1.200 avions et 7.500 canons et mortiers (4).
Dans l'été de 1942, les hordes nazies -soutenues par des divisions roumaines, hongroises et italiennes -lancent une deuxième offensive de grande envergure dans le Caucase et dans la vallée de la Volga, en direction de Stalingrad. A partir du mois d'août, les combats sont impitoyables. On se bat pour chaque rue, chaque maison, chaque étage, ou même pour chaque chambre, car les batteries anti-aériennes, les batteries anti-char, les lance-missiles et les armes automatiques sont répandues dans toute la ville. La gare, par exemple, change treize fois d'occupant. La population et les soldats mènent une guérilla urbaine massive. Les Soviétiques avaient appris et élaboré cette tactique pendant la guerre civile en Espagne. Ainsi par exemple, les débris des bombardements sont évacués ou non de manière à empêcher l'entrée des chars et des armes lourdes de l'ennemi tout en laissant l'accès aux lignes d'approvisionnement de la ville. Partout, on se réfugie dans les caves, les égouts, les grottes et les galeries souterraines, où on aménage également magasins et entrepôts. On se bat en petits groupes éparpillés s'approchant le plus près possible des troupes fascistes, de sorte que les Allemands n'osent plus bombarder de crainte de toucher leurs propres soldats. La grande majorité de la population de Stalingrad reste sur place et participe aux combats, continue à travailler dans les usines et les ateliers dévastés, s'occupe des lignes d'approvisionnement... En septembre, les fascistes atteignent tout de même la Volga et parviennent à conquérir toute la ville, mais ils n'arrivent pas à conquérir les grandes usines situées le long de la rivière. Ces usines portent des noms mémorables et historiques: Traktor, où l'on répare les chars la nuit, Barrikade, Oktober. Elles seront de véritables bastions et des tête-de-pont importants pour l'Armée Rouge qui a du se replier derrière la Volga.

Plans

Le 12 septembre, les premiers plans d'une contre-offensive soviétique sont élaborés dans le quartier général à Moscou. Sont présents: Joseph Staline, commandant en chef de l'Armée Rouge, le général Joukov, adjoint militaire de Staline, et le général Vasilevsky. Les deux derniers sont envoyés sur place pour examiner en détail tous les aspects, sans toutefois révéler quoi que ce soit des plans en élaboration. Fin septembre, Ils se réunissent à nouveau. Staline envoie une deuxième fois Joukov et Vasilevsky au front avec la mission suivante: "Sans dévoiler l'intention de notre plan, il faut demander l'opinion des commandants de Front en ce qui concerne leurs opérations ultérieures."(5) En 1956, Khrouchtchev a lancé le mensonge grotesque, repris aujourd'hui dans les livres d'histoire tant à l'Est qu'à l'Ouest, que Staline dirigeait les opérations militaires... en regardant un globe terrestre dans son bureau. Dans ses mémoires, Joukov raconte que Staline s'informait très minutieusement, jour après jour, qu'il connaissait personnellement les commandants, leurs points forts et leurs points faibles, qu'il suivait de près la situation des différents fronts. Il explique comment Staline développait la démocratie dans les prises de décision, ce qui n'est pas évident dans une telle situation de guerre !


Des fascistes sont faits prisonniers à Stalingrad. Le 23 novembre 1942, les Soviétiques encerclent la 6ème Armée. Plus de 300.000 soldats sont pris au piège. Le 8 janvier 1943, les Soviétiques proposent au général Paulus de se rendre. Il refuse. Trois semaines et quelques centaines de milliers de morts plus tard, il finit quand même par se rendre, avec les 90.000 hommes qui lui restent.

Offensive d'hiver

En octobre et novembre 1942, les Soviétiques attirent le plus possible de troupes allemandes vers d'autres fronts en lançant systématiquement des offensives d'envergure plus réduite. Entre-temps, les troupes nazies sont harcelées sans cesse en ne leur laissant aucun repos et aucune occasion de se regrouper. La grande contre-offensive est préparée avec le plus grand soin et gardée secrète. Entre le 1er et le 19 novembre, 160.000 soldats, 10.000 chevaux, 430 chars, 600 canons, 14.000 camions et quelque 7.000 tonnes de munition sont acheminés vers le front près de Stalingrad.
1.300 wagons de trains arrivent par jour. 27.000 camions font la navette. Attention, novembre, sur la Volga, c'est la boue, le brouillard, la neige, la tempête. Après la guerre, Jodl, le commandant allemand a bien dû le reconnaître: "Nous n'avions absolument aucune idée de la force des Russes dans cette région. Antérieurement, il n'y avait rien ici et, soudain, fut lancée une attaque de grande puissance, qui eut une importance décisive. "(6) Le travail de préparation politique, lui aussi, est abordé avec soin e t en profondeur. Manoeïlski, le président du Komintern, est sur place depuis octobre et dirige directement ce travail, au nom du Comité Central. L'unité, la force de frappe et la volonté inflexible - à tous les échelons de l'armée Rouge, parmi la population et dans les unités de partisans - de donner un coup décisif au fascisme, est la principale explication de la victoire soviétique. Le 19 novembre, l'offensive soviétique débute. Les troupes roumaines qui, du côté des nazis, doivent encaisser le premier choc ne résistent pas, elles sont encerclées et se rendent. Le 23 novembre, les troupes soviétiques du nord-ouest et celles du sud-ouest se rejoignent et prennent en tenaille les troupes allemandes. Début décembre, l'encerclement est solidement bouclé: plus de 300.000 soldats sont pris au piège. 50.000 d'entre eux parviennent encore à s'échapper mais le reste est de plus en plus coupé du gros de l'armée allemande, contrainte de se retirer vers l'ouest. Le 8 janvier 1943, les Soviétiques proposent au général Paulus de se rendre. Celui-ci refuse. Trois semaines et quelques centaines de milliers de morts plus lard, le 31 janvier, Paulus finit par se rendre. Le 2 février, le drapeau rouge soviétique flotte à nouveau sur Stalingrad.

LIEVEN SOETE

(1) Reinhard Rürup (red.), Dcr Krieg gegen die Sowjetunion, 1941-1945, Berlin,1991,p.29; (2)W.L.Shirer, Le Troisième Reich, des origines à la chute, Tome 2. Paris. 1961. p. 291-292; (3) Sources: Atlas zurGeschichte, Band 2, Gotha (DDR), 1981 /V.KOULIKOV, l'Aide internalionaliste accordée aux peuples d'Europe, Histoire de l'U.R.S.S.: Nouvelles Recherches, N° 4, Moscou, 1985;

(4) G. Joukov. Mémoires, Tome 2, Paris, 1970, p. 22-23;

(5) G. Joukov, op. cil., p. 44;

(6) G. Joukov, op. cit., p. 58.


Une réunion d'une cellule du parti dans l'Armée Rouge, à Stalingrad. La règle "Les communistes doivent aller en première ligne" a été appliquée à la lettre. La confiance dans le parti s'est ainsi énormément développée. En 1943, 2,7 millions de membres du parti étaient dans l'Armée Rouge et presqu'autant de membres du Komsomol, l'organisation de jeunes du Parti.

La victoire, grâce
au système soviétique
et au PC

Le facteur matériel déterminant de la victoire des Soviétiques sur les fascistes a été la force de mobilisation et d'endurance économique. Les mesures stratégiques prises avant la guerre en ont jeté la base nécessaire, décisive: l'industrialisation et ses plans quinquennaux, que seule la collectivisation accélérée de l'agriculture a rendue possible. Le démantèlement et le déplacement massif et rapide de la production vers des zones sûres, à partir de 1941, ainsi que l'énorme production d'armement - accompagnée d'innovations déterminantes dans l'aéronautique, la construction de tanks et de lance-fusées - auraient été impossibles sans les infrastructures nécessaires, les formations et les apports de capitaux, des mesures prises de nombreuses années avant la guerre.
Les prestations incroyables de l'ensemble du peuple soviétique, jusque dans les recoins les plus reculés du pays, ont permis la victoire sur le fascisme. Les allies occidentaux (Etats-Unis et Grande-Bretagne) tardant à ouvrir le "Deuxième Front" promis en Europe de l'Ouest, les Soviétiques se sont bien vite emparés de ce vocable pour désigner leur propre front industriel.
La motivation et l'encadrement idéologique et politique par le parti bolchevique ont joué un rôle déterminant. Avant la guerre, des mesures sévères mais nécessaires avaient été prises à temps afin de purifier le parti, l'armée et tous les postes à responsabilité de tous les agents et complices des fascistes. Parallèlement, un travail d'éducation intense avait été réalisé pour accroître la vigilance face à toutes les formes de capitulation et de défaitisme. Depuis le début de la guerre, le mot d'ordre "les communistes doivent être en première ligne" avait été appliqué littéralement. En juin 1943, par exemple, chaque comité provincial du parti a dû mettre à la disposition de l'armée, dans les trois jours, de 500 à 3.000 communistes. En quelques jours, 95.000 membres du parti ont ainsi été mobilisés. 58.000 d'entre eux ont été envoyés au front. Le prestige du parti s'est énormément accru pendant la guerre. En 1943, 2,7 millions de membres du parti et presque autant de membres du Komsomol (l'organisation des jeunes du parti) étaient actifs dans les forces armées.

Le 9 février 1946, Staline s'adresse à ses électeurs à Moscou: "La guerre a fait subir une sorte d'examen à notre régime soviétique, à notre Etat, à notre gouvernement, à notre parti communiste; elle a fait le bilan de leur activité. Notre victoire signifie avant tout que c'est notre régime social soviétique qui a triomphé; que le régime social soviétique a subi avec succès l'épreuve du feu de la guerre et a prouvé sa parfaite vitalité. La guerre a montré que le régime social soviétique est un régime véritablement populaire, issu des profondeurs du peuple et bénéficiant de son appui; que le régime social soviétique est une forme d'organisation sociale absolument viable et bien assise. Maintenant, il est question de ceci, que le régime soviétique s'est révélé plus viable et plus solidement assis que le régime social non soviétique; qu'il est une forme d'organisation sociale meilleure que tout autre régime social non soviétique." (J. Staline, Oeuvres, Tome XVI, Paris, 1975, p. 190-197). 

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