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Les forces politiques face
à la guerre
1) LES RADICAUX: Mendès-France
. . LES SOCIALISTES: Mitterrand (UDSR)
......................................Guy Mollet (SFIO)
Quand les premiers coups de feu éclatent en
Algérie le 1er novembre 1954, Mendès-France
est président du Conseil: à sa seule
réplique "L'Algérie c'est la France",
Mitterrand, son ministre de l'intérieur fait
écho: "La seule négociation, c'est la
guerre".
Quand Guy Mollet arrive au pouvoir (Début 56), lui
non plus ne fait pas preuve d'originalité:
"L'Algérie est et restera indissolublement
liée à la France métropolitaine".
Rien d'étonnant à cela: radicaux et
socialistes sont à la tête d'un Etat
colonialiste, à la tête d'un empire
colonialiste encore pratiquement intact: il font la
politique qu'exige cet Etat, une politique coloniale
conséquente: répressive quand il le faut,
réformiste à la hâte, quand il
commencent à prendre la mesure de la révolte
populaire.
Toute la fin de la IVe République sera marquée
par cette intransigeance, cette absolue bonne foi dans la
justesse de la domination coloniale: il n'y a pas de
différence entre la droite et la gauche.
Sauf que la gauche se paie le luxe d'une image de marque
plus libérale:
* D'abord parce qu'elle fait croire qu'elle veut la
paix:
-Mendès-France "l'homme-de-la-paix-en-Indochine",
à Genève, en 1954 (après combien
d'années de lutte du peuple vietnamien ? et en
négociant pas à pas la division du Vietnam en
deux...)
-Guy Mollet au Maroc (le nationalisme des féodaux et
du sultan n'est pas une menace pour les
intérêts français) au point que ce
dernier sucite une grosse désillusion au lendemain de
son élection: après avoir fait campagne
"contre une guerre imbécile et sans issue", une fois
élu, il déclare qu'il va la continuer !!
* Ensuite parce que le peuple a été
habitué à juger des partis et de leur
politique uniquement par rapport à la France:
par rapport aux questions sociales et jamais par rapport
à l'existence d'autres peuples: nul doute
qu'à cette époque, pour un grand nombre de
Français, Guy Mollet était avant tout l'homme
qui venait d'accorder la 3ème semaine de
congés payés... Pas celui de l'intervention
coloniale brutale... et c'est seulement parce que le peuple
algérien résiste, les armes à la main,
entraînant un engagement militaire français
plus grand et de plus en plus insupportable pour le peuple
en France que celui-ci va commencer à manifester son
mécontentement.
Non, Guy Mollet, Mendès-France,
Mitterrand... ne sont pas de belles personnalités
généreuses du panthéon français:
moderniste ou à l'ancienne, réformistes ou
intransigeants, ce sont avant tout de fervents
défenseurs du colonialisme français, des
figures exemplaires de l'oppression des
peuples.
2) LE PCF
. . a- Discours et réalité
Souvent critiqué sur sa "politique coloniale" depuis
déjà longtemps, le PCF a mis au point une
tactique qui lui permet de polémiquer à
l'aise, avec ses détracteurs: (ainsi encore
récemment dans le Monde) : tronquant ses
discours, y découpant les grandes
déclarations de principes anti-colonialistes, mais
oubliant curieusement ses positions concrètes prises
lors même des événements et peu
avouables de nos jours (ex: au lendemain du 1er novembre
1954, le PCF affirme-t-il "qu'il ne saurait approuver le
recours à des actes individuels suceptibles de faire
le jeu des pires colonialistes"
(1) ; de même les militants
du PPA, lors de l'insurrection de Sétif en 1945, se
voyaient traiter "d'éléments troubles
d'inspiration hitlérienne".
(2)
En fait, tout en réaffirmant
régulièrement des principes qui ne lui
coûtent rien, le PCF sur la question de
l'Algérie, évoluera pesamment de la notion
"d'Union française" à celle de "nation
algérienne en formation" pour aboutir, à
partir de Février 57 à celle de "nation
constituée !"
Il était temps ! Et le FLN fut certainement heureux
de l'apprendre... ; nation dans laquelle il incluait
d'ailleurs généreusement "un million
d'Algériens d'origine française et
européenne dont l'immense majorité n'a rien
à voir avec le colonialisme" ! (Huma 2 mars 57).
. . b- Révisionnisme
* La Partie et le tout
C'est à la même époque qu'il
développe sa théorie de la partie et du tout:
le socialisme en France d'abord quant à
l'Algérie... une France socialiste saurait
généreusement lui trouver "une solution
démocratique" qui ne lèserait pas "les
intérêts de la France".
(3)
Ce qui veut tout dire: c'est l'éternelle questions
des diverses forces politiques qui se succèdent au
gouvernement depuis le début du conflit:
-faire la paix, oui, mais quelle paix ? (un "paix
honorable", de compromis, comme le propose De Gaulle et
comme le refuse le F.L.N. ?)
-l'indépendance: il faudra bien en arriver là,
mais quelle indépendance ?
(1) : Cahiers du communisme, n°11-12,
nov.-déc. 1954
(2) : L'Humanité, 11 Mai 1945
(3) : Selon la déclaration du Bureau Politique du PC
algérien repris dans l'Humanité du 11 Mai
1954.
Car le PCF, effectivement depuis le début est pour
la paix, comme beaucoup de monde en France d'ailleurs, mais
le plus court chemin pour y parvenir n'est-il pas :
. . . - celui du soutien au F.L.N., organisation nationale
authentique du peuple algérien ?
. . . - celui de l'organisation du peuple en France contre
la guerre ?
- Sur le premier point: Jamais "soutien au FLN" ne
fut un mot d'ordre du PCF, mot d'ordre qui trace les camps;
car si on n'est pas avec le F.L.N., avec qui est-on ?
- Sur le deuxième point: être contre la
guerre coloniale n'entraîne-t-elle pas de se donner
les moyens politiques de refuser de la faire ?
S'appuyant sur un décalque mécanique de la
guerre 14 et des discours de Lénine, le PCF envoie la
jeunesse à la guerre, pour y mener campagne contre la
guerre ! Pas question de déserter !
Ceux qui le feront auront d'abord droit au silence, puis
à une condamnation sans réserve, parfois
à un humanisme apitoyé, le PCF faisant de ses
propres militants déserteurs, un cas humainement
triste mais pas du tout un exemple politique à
suivre...
* Autre trait propre au révisionnisme: son
chauvinisme
Dans la première partie de la guerre, le PCF se
montre plus préoccupé à mener campagne
"contre le réarmement de l'Allemagne" qu'à
soutenir le peuple algérien: à tel point que
le "Mouvement de la paix" dont il est membre dirigeant fait
de ce mot d'ordre son principal objectif de lutte, en pleine
guerre d'Algérie !!!
Le PCF est aussi soucieux, déjà à
l'époque, de préserver l'espace
impérialiste soviètique: au début,
jugeant préférable que les colonies restent
sous le joug français plutôt que de risquer de
tomber dans la sphère américaine.
. . c- Colonialiste et impérialiste
Comme les autres partis politiques, le PCF part avant tout
du point de vue de l'intérêt de l'Etat
français, il a l'avantage sur les autres qu'il
n'est pas au pouvoir et qu'il peut se permettre des discours
qui ne l'engagent à rien !
Son refus de soutenir le F.L.N. et d'organiser la
désertion vient de là:
- des intérêts d'un Etat colonialiste: pas la
peine de risquer de se faire interdire pour le bien d'un
peuple dont on attend encore des profits !
- des intérêts de la France de
l'intérieur: au début, quand il est encore
à "l'Union française" et vote les pouvoirs
spéciaux à Guy Mollet en 1956: après
1958, lors de l'arrivée au pouvoir de De Gaulle,
quand il crie au fascisme et qu'il recherche activement
l'alliance avec la SFIO contre De Gaulle (en vain, celle-ci
préférant s'allier à De Gaulle).
Le danger du "fascisme" n'est pas tellement dans son
existence réelle que dans la crainte qu'a le PC de se
voir interdire en tant que Parti.
Aussi, si jusqu'en 1958, le PCF s'est surtout fait remarquer
par sa passivité et son refus d'organiser la
résistance du peuple, après 1958, il s'active
mais cette fois, autour du mot d'ordre "anti-fasciste" et
pour "la défense de la République"
(française bien sûr: car c'est tout juste si,
de son point de vue, la lutte de libération du peuple
algérien existe encore sinon en filigrane
derrière le mot "paix").
Vision impérialiste française on ne peut plus
classique.
3) LADROITE
Elle se divise selon les intérêts qu'elle
représente dans la société:
- ceux des colons d'Algérie ou épiciers de
France (mouvement poujadiste), farouchement attachés
à leurs privilèges, bourgeoisie à la
Debré défendant l'Algérie
française par nationalisme
- ceux de la bourgeoisie d'affaires que la guerre
d'Algérie et ses retombée populaires en
France, gêne de plus en plus dans sa grande entreprise
de modernisation capitaliste.
Elle trouve en De Gaulle, l'homme du moment, habile
politicien, qui, n'ayant pas cessé d'intervenir dans
la vie politique française, saura exploiter la crise
du 13 mai 1958:
* S'appuyer sur l'armée, user d'un double langage,
duper les colons divisés et mal organisés,
* profiter du consensus plus ou moins avoué des
partis de gauche
* de l'inertie du peuple peu enclin à se mobiliser
pour sauver la IVe, alors qu'aucun parti ne l'a aidé
à s'organiser jusque là contre la guerre
* et installer un Etat fort (la Ve) qui lui permettra de
terminer la guerre en Algérie, et par la même
occasion de brimer le peuple pour assurer le
redéploiement économique à
l'intérieur
En fait de grandeur, De Gaulle: le champion du
redéploiement de l'impérialisme
français.
Ceci ne se fera pas sans tâtonnements et sans
tergiversations: essentiellement dans le rapport avec le
F.L.N.:
- Il est d'abord hautainement nié: De Gaulle
cherche la "3ème force musulmane" qui lui permettrait
encore une "Algérie associée ou
fédérée à la France", mais en
vain: l'Algérie n'est pas le Maroc ou la Tunisie...
-Puis il est reconnu par la force des choses: tout le
problème sera alors de négocier au plus fort !
(exactement le rôle de Mendès-France à
la conférence de Genève pour règler le
conflit indochinois...): quelle indépendance pour
l'Algérie, quel rapport futur avec la France: comment
préserver les intérêts français
en Algérie après l'indépendance
(politique qui a tellement bien réussi en Afrique
noire à la même époque !).
Rien d'étonnant alors que l'affrontement se fasse
plus dur et la répression plus féroce pendant
les 6 derniers mois de la guerre, et qu'il ait fallu encore
4 ans après le 13 mai 58, pour y mettre fin !
Et ceci, au milieu des clameurs de
4) L'EXTREME-DROITE
* Politiquement, elle n'est pas représentée
que par quelques résidus du régime de Vichy,
certains quittant même la France pour organiser
l'insurrection en Algérie, et instaurer le
"contre-terrorisme, se donnant sous la couleur du mouvement
intégriste catholique, des anciens combattants, du
nationalisme étroit et de l'anti-communisme
primaire.
* L'extrême-droite puisera ses forces:
- parmi les colons: les gros ralliant et organisant la
grande majorité des petits,
- et dans l'armée française bien entendu, peu
habile au jeu politique, jouant l'armée coloniale de
grand papa quand ses chefs politiques commençaient
à entrevoir l'ère glorieuse de l'arme atomique
et de l'impérialisme nucléaire...
Elle trouvera appui au sein même de l'Assemblée
nationale et du gouvernement (Soustelle)... surtout quand
elle réalisera que De Gaulle l'abandonne: ce sont les
soubresauts des années 60 et les attentats de l'OAS,
qui ont donné à cette période une
atmosphère de "guerre
civile".
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I -- Le peuple
désarmé face à la guerre
1) LES RAPPELÉS: LA QUESTION DE LA
DÉSERTION
A la suite de la décision gouvernementale
d'envoyer en Algérie non pas seulement l'armée
de métier mais aussi les soldats du contingent (en
commençant par les "appelés", c'est à
dire ceux qui avaient déjà accompli leur
service militaire), les premières manifestations
populaires sont précisément celles des
"rappelés", en 1955-56:
A Grenoble, Rouen, Lyon, Lézignan et beaucoup
d'autres villes de province: cela commence souvent par une
révolte plus ou moins spontanée des soldats:
dans les casernes, dans les gares, ils refusent de grimper
dans les camions ou dans les trains; en soutien, de
nombreuses manifestations ont lieu: on se couche sur les
voies pour empêcher les trains de partir, parfois on
s'affronte les flics.
A l'origine de ces manifs de soutien: telle union locale
CGT, telle section PCF, des chrétiens, des gens de la
"Nouvelle Gauche".
Certes le PCF fait de la propagande autour de ces
révoltes, mais il ne fait guère que
protester: à aucun moment, il ne lance le mot
d'ordre d'insoumission collective, de désertion et il
n'organise rien en ce sens.
Au contraire, il recommande à ses propres militants
de partir à la guerre, d'y faire de la propagande
anti-impérialiste: alors que les premiers
témoignages de soldats montreront à
l'évidence que c'est un mot d'ordre abstrait,
impossible à réaliser sur le terrain.
D'abord, tous les "meneurs" repérés au cours
de ces journées de révolte, sont
envoyés sciemment en première ligne: et
là, pas le choix: tu tires le premier ou tu te fais
descendre et la plupart des soldats français seront
petit à petit pris dans cet engrenage, jusqu'à
pratiquer même la torture, eux qui étaient
partis pleins d'humanisme, le coeur à gauche,
pacifiques et anti-militaristes !
Cette guerre coloniale, il faut refuser de la faire,
voilà la seule voie juste, celle que
spontanément, les rappelés en s'insurgeant,
avait montrée: mais livrés à
eux-mêmes, accompanés seulement par les pleurs
et les protestations, en quelque sorte trahis, ils
n'ont plus qu'à se soumettre, entrer dans le raang,
jouer le sale rôle qu'on leur demande de jouer:
d'où souvent cette amertume, cette aigreur
rentrée, une fois de retour, et souvent, le comble,
l'envers exact de ce qui était le point de
départ de leur révolte: une haine de
l'"arabe", un racisme exacerbé: voilà en
partie sur quoi repose la conscience du peuple
aujourd'hui.
Le problème de désertion se posera avec de
plus en plus de force tout au long de la guerre: nous
verrons dans la 3ème partie quel début de
réponse organisée il y sera
donné.
2) LA TORTURE: QUEL MOUVEMENT DÉMOCRATIQUE
?
Dès le début, les témoignages
affluent. Dès le début, des intellectuels se
sensibilisent au problème, des comités
fleurissent qui le posent sur la place publique: la torture
ne se réduit pas, comme le prétend le
gouvernement, à quelques bavures: c'est, surtout
à partir de 1956, (après le vote des pouvoirs
spéciaux qui suspend ce qui restait de vie
"démocratique" en Algérie, et laisse libre
champ à la police et à l'armée
d'intervenir), qu'elle devient pratique
systématique.
Car, comme l'expliquent "naïvement" les militaires,
comment lutter efficacement contre la guérilla
urbaine, sans employer la torture ? Les militants du F.L.N.
profitent du soutien du peuple, il faut donc extorquer les
renseignements au peuple, lui faire avouer où se
cachent les militants: ici, pas de tanks ni de chars, par
contre la torture qui, à leurs yeux, n'est pas plus
"sale" qu'une bombe.
Ces militaires ont une certaine logique implacable, plus
sans doute que bien des intellectuels: les mêmes qui
dénonceront la torture dans des journaux comme
"France-Observateur", "le Monde"... dénonceront aussi
les déserteurs comme "traîtres à la
patrie" ! Quelle solution envisagent-ils donc ? une guerre
"propre" ?
Cette impasse du mouvement démocratique est du
même type que celle du PCF: être contre la
guerre ou contre la torture mais sans aller jusqu'au bout,
sans aller jusqu'au refus de la guerre impérialiste,
jusqu'au soutien de la lutte anti-impérialiste : la
question, isolée en tant que telle, non reliée
à une politique populaire sur la question de la
guerre, n'organisera personne dans le camp du peuple,
ne sortira pas des comités d'intellectuels ou
d'enseignants.
Elle ne soulève pas une indignation de masse dans les
rangs de la classe ouvrière : elle est comme le reste
de la guerre : elle demande un débat et un engagement
politiques autres.
Elle demande surtout qu'on se détache du contexte
national français : qu'on quitte ses lunettes
paternalistes, fussent-elles de gauche ! Le peuple
algérien ne demande pas la bienveillance et la
pitié, mais seulement qu'on le reconnaisse, ce
qui implique, à l'époque, une profonde
scission à l'intérieur même de la
conscience intellectuelle: c'est l'intrusion dans la
pensée occidentale, de la révolte du Tier
monde.
Voilà deux faits qui, dès le début
de la guerre méritent d'être
réfléchis:
- Une écrasante majorité de soldats qui ne
veut pas faire la guerre et la fera quand même.
- Une opinion démocratique qui ne se transformera pas
en force.
Mais, dès le début aussi, on peut
repérer le nouveau:
- d'abord les désertions individuelles
- mais surtout ceux qui s'engagent de plus en plus dans le
soutien au F.L.N.
3) LE SOUTIEN AU F.L.N. OU LA PAIX ?
a) Quest-ce qui amène les Français
à soutenir le F.L.N. ?
Les premiers à soutenir le F.L.N. sont
naturellement,
- ceux qui désertent : car la désertion en soi
n'est pas complètement un choix : le
déserteur, condamné à se cacher, prend
conscience rapidement que sa condamnation de la guerre
colonialiste le fait nécessairement passer dans
l'autre camp : si on n'est pas pour l'armée
coloniale, on est pour ceux qui se battent contre elle.
- ceux qui militent contre la torture : c'est le cas de
nombreux prêtres de la Mission de France : ils
prennent conscience de la dérision qu'il y a à
s'époumonner, à crier dans l'oreille d'un
sourd; il n'est pas pire sourd qui ne veut entendre : pas la
peine de faire la morale à l'armée et au
gouvernement: leur choix politique implique la
torture dès lors, il n'est d'autre choix pour
combattre la torture que de combattre la politique
qui l'a amenée : et donc de rejoindre ceux qui se
battent depuis le début de la guerre: le F.L.N.
- ceux qui, bien avant la guerre d'Algérie,
étaient sensibilisés à la question du
Tiers monde: comme Colette et Francis Jeanson par exemple;
ceux qui s'étaient déjà en partie
arrachés au cadre étroit de la nation
française et qui ont témoigné de leur
amitié pour les peuples du Tiers monde jusqu'au bout:
jusqu'au soutien de leur lutte, contre "leur" propre Etat
français.
Car telle était bien le fond du problème:
cet Etat français, cette République
française (la IV ou la Ve, peu importe)
appartiennent-ils bien à tous les Français ?
Les "intérêts de la France", comme dit l'Huma,
en Algérie, sont-ils ceux de tous les
Français ?
La paix, tout le monde la désire, mais quelle
paix ?
"Paix en Algérie" n'implique aucun engagement, ne
trace pas les camps. On l'a vu, tout le monde veut la paix :
même Mendès, même Mollet, même De
Gaulle, le peuple en France veut aussi la paix; et qui ne
souhaite plus ardemment la paix que le peuple
algérien et le F.L.N. endurant dans leur chair,
depuis le début de la guerre, les pires souffrances
?
Le problème est plutôt : quelle paix pour
quelle indépendance ?
Ainsi, le FLN a-t-il toujours refusé d'engager des
négociations et de cesser le feu tant que le
gouvernement français se refusait lui-même
à des négociations pour
l'indépendance : pas question de déposer
les armes et de se faire acheter, à mi-chemin de la
victoire : le peuple n'avait pas versé son sang, pour
s'entendre pardonner par ses oppresseurs et se voir accorder
quelques réformes... Le temps des réformes
était passé. c'était celui de la
levée des peuples du Tiers monde, de leur lutte de
libération nationale qui était là : le
reconnaître jusqu'au bout, au-delà des
discours, c'était s'engager pratiquement du
côté de cette lutte, du côté des
organisateurs de cette lutte : le F.L.N.
Cela impliquait:
- .soutien au FLN.
- .Organisation du peuple en France, contre la guerre, pour
le peuple algérien.
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II -- Les germes d'une
résistance
Le début de la rupture avec la
gauche
1) LE RÉSEAU JEANSON
L'Histoire de cette "résistance française
à la guerre d'Algérie" est retracée de
façon vivante dans un livre récent: "LES
PORTEURS DE VALISES -LA RÉSISTANCE FRANCAISE A LA
GUERRE D'ALGÉRIE de Hervé Hamon, Patrick
Rotman -Albin Michel- 1979 )".
Ce réseau s'organise autour de Francis Jeanson,
intellectuel, proche de Sartre, gérant des "Temps
modernes".
Il recrute au départ par affinités, par
connaissances plus ou moins proches, et donc regroupe dans
sa grande majorité : des intellectuels, des artistes,
mais aussi des chrétiens, des prêtres, des
femmes, des socialistes de la "Nouvelle Gauche" et
même des "dissidents" du PCF qui finirent d'ailleurs
par s'en faire exclure...
a)- Un mot d'ordre clair
Ils ne sont pas très nombreux : car ne sont pas
nombreux à l'époque les gens qui
désignent clairement l'Etat impérialiste
français comme le seul ennemi et le F.L.N. comme
l'organisation du peuple algérien en lutte, qu'il
faut soutenir.
Voilà une démarcation nette de toutes les
tergiversations honteuses de la gauche : pas de paix sans
soutien organisé au FLN.
Et Francis Jeanson envoie au diable ceux qui espèrent
s'en tirer sans choisir leur camp, tous les humanistes et
hommes de gauche au grand coeur, qui osent le qualifier de
"traître à la patrie" (Ce sont les mêmes
qui sont contre la torture, et bien sûr contre la
guerre...) : "Et faut-il que nous éprouvions des
scrupules à nous dresser, aux côté
des Algériens, contre ceux qui leur infligent
cela -ou qui se contentent de déplorer que d'autres
leur infligent ?- Quand les choses en sont parvenues
à ce point, il n'y a plus de place pour un 3e camp :
on est avec les uns ou avec les autres". (Lettre à
J.-P. Sartre, 21 avril 1960).
b)- Avant-garde
Peu nombreux, mais regroupés sur des positions
justes, Francis Jeanson et son réseau vont à
contre-courant de leur époque : ils fonctionnent
comme une avant-garde, qui trace la voie, car "la
politique doit-elle se réduire à l'art de
coller aux masses en suivant leurs inclinations ?"
(Réf. id.)
Ils montrent le chemin, conscients que "ceux qui s'y
risquent se font traiter d'aventuristes, d'activistes et de
gauchistes" (Réf. id.) (cf. le PCF bien sûr,
qui ne se risquera pas, lui, sur la voie de la
clandestinité : ainsi opposa-t'il arbitrairement la
légalité, l'action de masse, comme seul moyen
de lutte authentiquement communiste... à la
l'illégalité, caractérisée comme
l'aventure gauchiste... : certes, le contexte d'une guerre
impérialiste n'est pas la même que celui d'une
paix "démocratique" : il impliquait
nécessairement une grande part de
clandestinité, ce que fit à juste titre, le
réseau Jeanson.)
c)- Société impérialiste
C'est aussi le début d'une analyse de la
société impérialiste
française dont les bénéfices
qu'elle tire de l'exploitation des peuples colonisés
profitent à tous, même à des
ouvriers (bénéfices finançant les
augmentations de salaires, par ex...).
On comprend alors le développement d'une
contradiction entre l'intérêt immédiat
d'une partie de la classe ouvrière et le soutien
politique à la révolte des peuples du Tiers
monde ; contradiction d'autant plus aigüe que l'action
politique anti-colonialiste vivante avait été,
de longue date, abandonnée par le PCF et les
syndicats.
Francis Jeanson dénonce la gauche, PCF en tête
qui n'a cessé d'entretenir ce silence, de participer
au consensus autour de l'Etat français, en y
embrigadant le peuple, et ce, depuis longtemps (1945:
Sétif ; 1947: Madagascar...)
Comme le dit M. Péju dans les "temps modernes", oct.
60, distinguer l'identification du socialisme en Europe et
les rapports avec le Tiers monde, "c'est donner le pas
à l'aménagement de l'héritage colonial
sur la libération des pays
sous-développés", et le socialisme, alors,
même pour la France, n'est qu'un mot creux.
Et Françis Jeanson voit loin: le "coût
politique" que ce honteux compromis entraînera pour la
classe ouvrière toute entière : il se bat
autant pour le soutien au peuple algérien en lutte
que pour le peuple français de demain.
d)- Organisation
Et avec une grande honnêteté intellectuelle, il
organise le soutien pratique : car aucune
idée, fût-elle juste, ne vaut quoi que ce soit,
si elle n'est pas organisée, si elle ne se
traduit pas par un engagement concret et quotidien.
Quelles sont les tâches de ce réseau ?
- "porter les valises" pleines de l'argent collecté
auprès des Algériens vivant en France, cacher
les dirigeants du F.L.N., leur faire passer les
frontières.
- mais aussi faire de la propagande anti-colonialiste qui
s'efforce de déborder les marges de la
clandestinité, avec le journal "Vérités
Pour", avec des publications : sur la désertion, des
témoignages de soldats de retour d'Algérie,
avec le livre de F. Jeanson "Notre guerre", et même,
par une conférence de presse que celui-ci tient au
coeur de Paris, alors qu'il est activement recherché
par la police...
Mais il est vrai que la meilleure publicité sera
celle que leur feront involontairement les médias au
moment des premières arrestations et donc des
premiers procès, début 60 : certes, les
militants arrêtés y sont pour beaucoup, qui ont
transformé ces procès en tribunes
politiques... Et l'on peut dire que c'est seulement à
ce moment-là que furent posés les
véritables termes du débat pour l'ensemble
de la France : paix ou soutien au FLN, insoumission ou
pas ?
e)- Importance et limites
Le rôle historique du Réseau Jeanson
dépasse donc largement son importance
numérique... : peu nombreux, mais parce qu'ils
voyaient juste et loin, ses militants ont contribué
à faire avancer l'histoire de leur époque, et,
pour ceux qui les ont suivis (Mai 68) et pour nous
aujourd'hui, ils sont les premiers à avoir
opéré la rupture au sein du consensus
impérialiste; ils sont les premiers maillons de
la Résistance populaire à l'Etat
impérialiste français.
Leur limite essentielle est d'être restée
une avant-garde, ayant certes un écho de masse, mais
impuissante à organiser un véritable
mouvement du peuple et pour cause : cette tâche
gigantesque ne pouvait être le fait que d'une
organisation politique de type parti : participant
lui-même au consensus, le PCF ne se risque pas
à organiser le peuple dans le combat
anti-impérialiste : son engagement n'exède pas
la protestation : ainsi les rappelés livrés
à eux-mêmes, ainsi les familles de soldats
(pensons à ce que firent par contre les femmes
portugaises contre la guerre en Angola), ainsi les
travailleurs immigrés algériens, ainsi la
jeunesse (Dans les lycées, elle en fut
réduite, dans un premier temps, à s'opposer
à l'extrême-droite, en s'appuyant sur le
mendèsisme !!! Après la création du
Réseau Jeanson, elle fut souvent fort à
l'écoute de leur politique, parfois jusqu'à
s'y engager).
2) JEUNE RÉSISTANCE
C'est le réseau mis en place par les
premiers déserteurs de la guerre d'Algérie,
dénommé "officiellement" "Jeune
Résistance" à partir de mai 1959.
Ils ont des liens avec le réseau Jeanson, tout en
étant autonomes.
- Peu nombreux eux aussi, mais très
déterminés : car il faut de la
détermination à l'époque pour quitter
l'armée et l'Algérie où certains
d'entre eux, communistes, sont allés en toute bonne
foi, prêcher la bonne parole
anti-impérialiste... Et c'est aussi parce qu'ils ne
veulent pas croupir en prison, comme tant d'autres jeunes
militants communistes qu'ils désertent : ils veulent
agir.
Mais l'action n'est pas facile à mener en exil : en
Suisse d'abord où ils se réfugient, puis en
Allemagne, après leur expulsion. Aussi
consacreront-ils tous leurs efforts à éviter
la solitude aux déserteurs : les regrouper d'abord,
puis leur donner les moyens d'agir contre la guerre.
- Ils se réclament de la révolte des
rappelés de 55-56 et leur démarcation
politique est claire comme en témoigne la plaquette
"Jeune Résistance s'explique" qu'il publie
début 60 : "La titmidité des responsables
politiques plus encore que la torpeur des masses a engourdi
la gauche française. Les jeunes, eux, parce qu'ils
font la guerre parce qu'ils ont à subir
concrètement le fascisme dans l'armée
d'Algérie, parce qu'il sentent l'avenir du pays
bouché, ont déjà eu l'énergie
nécessaire pour promouvoir un mouvement
révolutionnaire de Refus. S'ils savent s'organiser,
s'ils peuvent convaincre leurs aînés, ils
passeront du Refus à la Résistance active et
pourront provoquer le réveil du peuple
français."
Dans la réalité, l'efficacité du
réseau ne portera pas le chiffre des
déserteurs à plus de 3000, selon les
estimations les plus optimistes.
Mais leur importance historique, comme pour le Réseau
Jeanson, dépasse leur faiblesse numérique
:
* Parce que certains participent au soutien du F.L.N.
* Parce que beaucoup d'entre eux rentrent fin 1960 en
France, et, clandestinement, font leur "tour de France"
universitaire : ils constituent ainsi un foyer d'agitation
actif contre la guerre, parmi le jeunesse.
* Les premières arrestations leur fourniront à
eux aussi une publicité gratuite... A tel point que
le sigle "J.R" fut repris plus ou moins spontanément
dans divers facs, et des comités de base furent
crées, des brochures diffusées, sans
forcément avoir de liens avec l'organisation Jeune
Résistance; certains groupes furent même
résolument autonomes.
Ainsi, Jeune Résistance et le Réseau
Jeanson, organisation d'avant-garde sur la question
coloniale, par l'écho provoqué chez les
intellectuels, amorcèrent un début de division
du mouvement de masse, dont les manifestations furent : le
Manifeste des 121, et le remou au sein du mouvement
étudiant.
3) RENOUVEAU DU MOUVEMENT DE MASSE ET SA
DIVISION
a)- Manifeste des 121 et plus
A la suite des procès des membres du Réseau
Janson et des débats qu'ils sucitèrent, des
intellectuels prennent clairement position et s'engagent
à les soutenir autour de deux points :
- soutien à la lutte de libération nationale
du peuple algérien
- soutien aux déserteurs
C'est le Manifeste des 121 dont voici un extrait :
" - Nous respectons et jugeons justifié le refus de
prendre les armes contre le peuple algérien.
- Nous respectons et jugeons justifiée la conduite
des Français qui estiment de leur devoir d'apporter
aide et protection aux Algériens opprimés au
nom du peuple français.
- La cause du peuple algérien, qui contribue de
façon décisive à ruiner le
système colonial, est la cause de tous les hommes
libres."
Ce manifeste n'est pas une pétition de "principe",
une liste de signatures apposées à la
légère, puisque s'ensuivront des pertes
d'emploi pour nombre des signataires et des arrestations
pour certains.
Il est vrai que le texte tranche avec les discours habituels
à la gauche, qu'il s'en démarque
vigoureusement : on peut dire que c'est le tout début
"pré-Mai 68" d'un mouvement autonome du peuple.
D'ailleurs la gauche (FEN - SNI - SNES - UNEF) ne s'y trompe
pas, qui suscite immédiatement un contre-manifeste
récupérateur et torpilleur du premier sur le
thème:
- "pour une paix négociée en Algérie" :
c'est le vieux mot d'ordre du PCF depuis le début de
la guerre : celui, sous couvert de pacifisme et de bons
sentiments, d'une force impérialiste qui ne s'incline
pas et esssaie de s'en tirer au mieux.
- "pour une négociation sans exclusive" : car
nombreux sont les gens de gauche à l'époque
qui trouvent le FLN et ses refus de négocier par trop
intransigeants ! (Le FLN refuse des négociations qui
ne seraient pas des négociations en vue de
l'indépendance).
Cette division du mouvement de masse se poursuit mais
cette fois beaucoup moins clairement
parmi
b)- Les étudiants
Le président de l'UNEF, Pierre Gaudez est
poussé, comme il le reconnaît lui-même,
par les étudiants, directement concernés par
la guerre : "partir ou ne pas partir", telle est la question
qu'ils posent: de plus en plus nombreuses sont les
désertions.
L'UNEF, alors de mouvance chrétienne, ne peut laisser
se débrouiller seuls ses propres militants, ses
sympathisants : car le problème est moins la justesse
ou non de la désertion (l'UNEF laisse la question de
la "trahison de la patrie" aux chauvins de tout bord) mais
que faire des déserteurs ?
Déserter, c'est l'exil, déserter sans
être organisé, c'est se confronter à des
problèmes personnels monstrueux, à la
solitude, à l'inaction. (C'était bien le but
de "J.R." de pallier à ces problèmes).
Pour Pierre Gaudez, "nous sommes condamnés ou
à mener une action massive ou à entrer dans la
clandestinité".
C'est la première voie qui est choisie. Et l'UNEF
appelle à une manifestation le 27 octobre 1960 qui
est interdite : elle la transforme en meeting ; elle a le
soutien de la CFTC et de la FEN. Ce meeting, résultat
de compromis, se fait encore autour de l'unique mot d'ordre
"Paix en Algérie" : et pourtant ni le PCF ni la CGT
n'ont appelé à y participer ; pour eux, ce
meeting se fait "en collusion avec le gouvernement", c'est
une "provocation"...
Le meeting opère d'ailleurs le début de la
scission de l'U.E.C. 15 000 personnes sont venues : c'est le
premier grand rassemblement de masse depuis les manifs de
rappelés des années 55/56. Il n'y a pas que
des étudiants qui participent ; beaucoup d'autres
personnes sont venues spontanément, en dépit
des syndicats : ce meeting fonctionne comme un pôle
d'opposition réelle. Le gouvernement ne s'y trompe
pas qui y envoie ses flics intervenir brutalement
Mais plus qu'une ligne de démarcation très
nette, ce meeting est le reflet des tensions et des
divisions de l'époque.
4) LE RESEAU F.L.N.
Ce sont les militants, algériens principalement
qui collectent l'argent, font de la propagande auprès
des immigrés algériens en France : leur
intervention directe dans la vie politique française
sera quasi-nulle,
- hormis une brève période d'attentats en août
58 (dont celui, raté contre Soustelle)
- hormis les manifestations regroupant uniquement les
algériens,
Faiblesse et isolationisme dangereux, puisque la manif des
algériens du 17 octobre 1961, rassemblant 30 000
personnes, fera plusieurs centaines de morts et près
de 12 000 arrestations !
C'est la "fameuse" manifestation où les flics tirent
dans la foule, balancent des manifestants dans la Seine,
où des milliers d'Algériens sont
parqués et tabassés dans le Parc des Expos...
"Fameuse" manif où les Parisiens le lendemain
pouvaient voir les corps flotter au fil de l'eau, pendus aux
arbres, sans compter ceux retrouvés
étranglés ou noyés dans les
caves...
Pour retrouver une telle ampleur dans la répression
dans l'histoire de France, il faudrait sans doute remonter
à la rafle des Juifs du Vel d'hiv, sous
Pétain... ou à la Commune de Paris...
ET POURTANT, QUI SE SOUVIENT DE CETTE DATE ?
ET QUELLES FURENT LES RÉACTIONS EN FRANCE, AU
LENDEMAIN DE CETTE SANGLANTE JOURNÉE ?
Des protestations plus ou moins éplorées dans
les journaux... Des mouvements de mobilisation populaire ?
Des grèves, des manifestations ? Point. Un soutien
quelconque aux familles algériennes
éprouvées ? Zéro.
Citons "Les Porteurs de Valises", p.373.: "Pour l'honneur,
à la veille du 1er novembre, 4 professeurs de
faculté : Alfred Kastler, Laurent Schwartz, Jean
Dresch et Robert Ricatte lisent une déclaration dans
leurs amphithéâtres : "Si les Français
acceptent l'institution légale du racisme en France,
ils porteront dans l'avenir la même
responsabilité que les Allemands qui n'ont pas
réagi devant les atrocités du nazisme."
Lourde sentence ! Et, de fait, la division du mouvement
de masse que nous avions vu s'amorcer parmi les
intellectuels, ne se prolonge pas dans le peuple ; certes,
il y a bien un renouveau du mouvement de masse :
manifestations pendant les deux dernières
années de la guerre, d'autant plus nombreuses
qu'augmentent les attentats de l'O.A.S. Mais ce mouvement
s'articule uniquement autour de mots d'ordre anti-fascistes,
derrière les organisations politiques et
syndicales.
S'il précipite l'échéance de la paix,
ce mouvement évacue simultanément et
définitivement tout rapport entre la classe
ouvrière française et le peuple
algérien.
De solidarité. Point ; d'internationalisme, non plus.
Simplement les Français en ont marre de cette sale
guerre. Il faut la terminer au plus vite !
Le "Front de soutien à la révolution
algérienne" de Francis Jeanson, n'aura pas le temps
de vivre. Les accords d'Evian sont signés en mars
62.
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