| INTRODUCTION ..... LA GREVE DES FOYERS
         SONACOTRA. ..... Pendant 5 ans, du
         début 75 à la fin 79, l'affrontement entre
         plusieurs milliers (jusqu'à 35 000) d'ouvriers
         immigrés des foyers et de ceux qui les soutiennent
         face à la Sonacotra, l'État avec ses flics et
         ses juges, le P.C.F., la C.G.T........ Affrontement
         prolongé avec de nombreuses victoires face à
         un ennemi qui ne réussira pas pendant très
         longtemps
 à briser ce mouvement.
 ..... Une véritable
         lutte des classes, forgeant son unité autour d'une
         plate-forme commune et se dotant d'une direction
         authentique, indépendante des partis politiques
         bourgeois et des syndicats, le Comité de
         Coordination, mais aussi traversée de courants
         contradictoires.---..... Une formidable
         détermination des grévistes avec des dizaines
         et dizaines de manifestations nationales ou locales, des
         sacrifices importants (saisie-arrêts sur salaires,
         journées de travail perdues pour aller à un
         procès...), des refus de céder face aux flics
         (campement de Garges sous des tentes, pendant plus de 2 mois
         après l'expulsion du foyer...).
 ..... Quelle est l'importance
         dans la situation d'aujourd'hui de ce mouvement ? Quelles
         leçons, quel bilan en tirer ?
 A-t-il été une défaite qu'il faut vite
         oublier, une victoire qu'il faudrait "recopier" ?
 C'est vrai, la situation actuelle est différente
         de celle des années passées. La situation a
         changé.  A) LA QUESTION DE L'UNITÉ
         FRANÇAIS-IMMIGRÉS EST DEVENUE UNE QUESTION
         POLITIQUE CENTRALE..... ** POUR LES
         DIFFÉRENTES FORCES BOURGEOISES qui font toutes de
         la division entre français et immigrés un
         point essentiel de leur politique de répression, de
         division et d'embrigadement du peuple en France.
 ..... -l'ÉTAT de
         Giscard-Barre-Stoléru avait justement
         commencé, pour encercler et détruire le
         mouvement des foyers, à développer une
         politique d'ensemble raciste. Elle continue aujourd'hui avec
         les lois racistes comme celle votée de Bonnet ou
         celles en projet de Stoléru, d'Ornano, les
         décrets comme le décret Imbert.
 ..... .avec la protection des
         pratiques et attentats racistes de la police (de Marseille
         à Valenton...), avec les contrôles incessants
         et les rafles d'immigrés (Lyon...), avec les
         expulsions de sans-papiers ou de jeunes
         immigrés...
 ..... .avec sa tolérance
         des pires attentats fascistes et racistes, de Copernic
         à Bondy, en passant par Vitry, aucun agresseur
         fasciste organisé n'a été jamais
         arrêté, aucune agression d'un raciste
         isolé mais meurtrier réellement
         condamnée...
 ..... -Le P.C.F. par ses
         odieuses campagnes pour exclure les immigrés de "ses"
         municipalités, par ses actions de commandos racistes
         (Vitry), par ses pratiques de délation (Montigny...),
         par sa volonté de limiter et exclure les enfants
         d'immigrés des écoles et des colonies de
         vacances, par ses appels à une répression plus
         forte des jeunes immigrés assimilés à
         des "délinquants"... a fait du racisme, de
         l'exclusion des immigrés SON AXE POLITIQUE
         PRINCIPAL AUJOURD'HUI. Il tente aujourd'hui d'être
         le meilleur organisateur d'un camp raciste en France.
 ..... Tous ces bourgeois font
         du racisme un élément central de leur
         politique. Parce qu'il y a la crise et qu'ils essayent de
         diviser le peuple, de le mettre lui-même en crise.
         Mais aussi parce qu'ils ont senti la force du mouvement des
         foyers, et ils tentent par tous les moyens d'empêcher
         que se développe une force unie français et
         immigrés.
 ..... **POUR TOUS CEUX QUI
         SONT DÉTERMINÉS A S'OPPOSER A TOUTES SES
         POLITIQUES BOURGEOISES DE TEMPS DE CRISE ET A CONSTRUIRE UNE
         FORCE FACE A ELLES. Cette question de l'unité
         français-immigrés est aussi une question
         décisive, centrale. Et cela est vrai:
 ..... . Pour la CLASSE
         OUVRIERE. Dans les usines pour organiser la
         résistance aux attaques patronales actuelles qui ont
         pour objectif de morceler la classe ouvrière, chacun
         défendant son "privilège" particulier, afin
         d'imposer les plans de restructuration. Dans la situation
         politique d'ensemble, pour être une classe
         ouvrière qui puisse jouer un rôle politique,
         l'unité entre ouvriers français et
         immigrés est une condition indispensable pour que la
         classe ouvrière EXISTE.
 ..... . Pour le PEUPLE,
         dans les cités, dans les quartiers. Face aux attaques
         contre les jeunes immigrés, les tentatives du P.C.F.
         d'exclure des familles immigrées entières,
         face aux divisions dans les écoles et le logement...
         le début de constitution d'une unité politique
         du peuple passe par l'unité entre familles
         françaises et immigrées, jeunes
         immigrés et le reste du peuple...
 ..... . Pour la
         JEUNESSE, dans les lycées et les facultés.
         S'engager dans le combat antiraciste est aujourd'hui le
         principal combat qui marque l'engagement de ces forces dans
         la révolte contre cette société qui ne
         leur offre aucun avenir, qui permette le lien entre la
         jeunesse, les démocrates et l' ensemble du peuple...
   B) LA SITUATION ACTUELLE A AUSSI CHANGÉ, PARCE
         QUE DE NOUVELLES FORCES SE SONT ENGAGÉES dans le
         combat anti-raciste, pour l'égalité des droits
         français-immigrés:-------------..... -les jeunes
         immigrés, ripostant à tel ou tel moment
         à des attentats fascistes ou policiers, soutenus dans
         certains cas par tous les gens de cités
         entières (Créteil, Lyon…).
 ..... -les étudiants se
         levant en masse contre le décret Imbert,
         décret voulant interdire pratiquement l'accès
         à la faculté de nombreux étudiants
         étrangers.
 ..... -les lycéens, se
         mobilisant au moment d'attentats, particulièrement
         après Copernic.
 En même temps, ces révoltes ont encore du mal
         à avoir un souffle prolongé. Il est de plus en
         plus clair qu'aujourd'hui, face à des politiques
         racistes, on ne peut se contenter de la révolte seule
         ou de l'indignation. Il faut faire une politique
         prolongée, remporter des batailles.
 ..... Nous, maoïstes, y
         travaillons parce que cette question de l'unité
         français-immigrés est une des
         caractéristiques essentielles d'édification
         d'un Parti communiste de type nouveau,
         révolutionnaire dans la société
         impérialiste où nous sommes en France. Cette
         unité est au coeur de la nature de classe,
         c'est-à-dire antagonique à toutes les
         politiques bourgeoises, d'un processus d'édification
         d'un Parti Communiste: il y a un lien étroit entre
         l'avancée vers la construction de ce Parti et celle
         de l'unité politique organisée
         français-immigrés. Le Parti Communiste de type
         nouveau sera un parti de la classe ouvrière
         internationale de France où il n'existera pas.
 Nous y travaillons:
 ..... -dans la classe
         ouvrière, en édifiant des noyaux communistes
         ouvriers, organisations des ouvriers français et
         immigrés s'emparant des tâches pour constituer
         la classe ouvrière en classe politique et dirigeant
         la résistance ouvrière dans les usines.
 ..... -dans le peuple, en
         développant les C.P.A.C., organisations de
         l'unité politique du peuple contre toutes les
         politiques de divisions et d'embrigadement de l'État
         et du P.C.F.
 Nous soutenons par ailleurs le développement des
         Permanences Anti-Expulsion, authentique organisation
         anti-raciste sur des positions de classe et travaillant
         à l'unité français-immigrés.
         Issues d'un premier bilan du mouvement Sonacotra,
         crées dès 1977, les P.A.E. sont elles aussi
         une organisation indépendante de tous partis
         bourgeois et syndicats, et se fixent pour tâches
         d'organiser tous ceux qui veulent édifier un camp et
         un courant d'unité français-immigrés
         anti-racistes: par la riposte à tous les actes
         racistes (attentats, expulsions, contrôles,
         décrets et lois racistes, politique de
         répartition du P.C.F.), par une propagande pour l'
         unité français-immigrés contre toutes
         les campagnes racistes (de l'État, du P.C.F… et des
         racistes isolés)
 ..... Dans cette situation
         nouvelle, pourquoi connaître et discuter l'histoire du
         mouvement des foyers Sonacotra ?---------
         
         
         Les 3 périodes du
         mouvement..... Il est vrai tout d'abord
         qu'à l'époque de ce grand mouvement, la
         situation n'était pas exactement la même. Mais
         c'est justement dans cette période et en grande
         partie grâce à ce mouvement que cette question
         de l'unité français-immigrés, de
         l'égalité des droits est devenue une question
         centrale en France. C'est dans cette période que les
         politiques bourgeoises ont commencé à se
         développer, que le P.C.F. a montré clairement
         son visage raciste (faut-il rappeler que ses
         premières affiches sur le " seuil de tolérance
         " date déjà de ce moment). C'est dans ce
         mouvement des foyers que se sont développées
         les grandes questions qui sont débattues
         aujourd'hui:
 ..... . " Est-il juste de se
         battre pour l'égalité complète des
         droits, y compris politiques, entre français et
         immigrés. Et quel est le contenu réel de ce
         mot d'ordre ? "
 ..... . " Les ouvriers
         immigrés peuvent-ils et doivent-ils faire de la
         politique, au même titre que les français ?
         ".
 ..... . " L'unité
         français-immigrés est-elle une
         nécessité, qui doit se traduire par une
         organisation en commun ? Ou peut-on se suffire d'une simple
         solidarité ? "
 ..... ...autant de questions et
         bien d'autres débattues et auxquelles le
         déroulement du mouvement apporte des premières
         réponses décisives.
 ..... C'est pourquoi il est
         essentiel pour tous:
 ..... / DE CONNAITRE
         L'HISTOIRE RÉELLE DE CE GRAND MOUVEMENT de masse,
         porteur du combat pour l'égalité des droits.
         Il doit faire partie de la mémoire de toute la classe
         ouvrière et du peuple en France. Face à tous
         ceux qui veulent faire oublier le rôle historique des
         ouvriers immigrés dans la lutte de classe ces
         dernières années en France dans ces
         dernières années, face à tous ceux qui
         veulent masquer leur rôle d'ennemis farouches,
         racistes, de cette fraction de la classe ouvrière, de
         ce combat et de l'unité
         français-immigrés, comme le P.C.F.
 ..... Connaître
         l'histoire réelle de ce mouvement, c'est en
         connaître les différents courants qui l'ont
         traversé, dans sa direction le C.C., chez les
         résidents, chez ceux qui le soutenaient. Et
         comprendre que l'affrontement entre ces courants venaient de
         l'existence d'idées ou de politiques bourgeoises
         à l'intérieur même du mouvement, mais
         aussi de l'opposition entre points de vue anciens (comme
         ceux hérités par exemple de l'organisation des
         immigrés pendant la guerre d'Algérie) et
         points de vue nouveaux sur les formes d'organisation, sur
         l'unité entre grévistes et soutien, entre
         ouvriers immigrés et français. Connaître
         l'histoire réelle, ses victoires comme ses
         échecs, c'est comprendre le rôle des
         différentes politiques dans un mouvement.
 ..... Tous ces points sont
         largement repris dans la première partie,
         I'HISTOIRE DU MOUVEMENT .
 ..... / de tirer, à
         travers la question du soutien à ce mouvement les
         leçons sur QUELLE EST LA VOIE JUSTE POUR
         ÉDIFIER UNE UNITÉ
         FRANÇAIS-IMMIGRÉS SOLIDE .
 Et en quoi certaines conceptions présentes dans le
         mouvement d'organisations séparées,
         immigrés d'un côté, français de
         l'autre ont affaibli le mouvement. Et comment les
         maoïstes sont intervenus dans cette question, les
         leçons pour aujourd'hui. Points
         développés dans la partie du texte SUR LA
         QUESTION DU SOUTIEN.
 ..... / DE DÉBATTRE
         ENFIN, et cela est particulièrement important
         pour les camarades des foyers qui se posent aujourd'hui la
         question de leur rôle et place politique en France,
         comme pour tous ceux travaillant à organiser avec
         nous l'unité politique
         français-immigrés dans un Parti de type
         nouveau, DU BILAN POLITIQUE D'ENSEMBLE DE CE
         MOUVEMENT. En quoi peut-on réduire le bilan de ce
         mouvement aux seuls résultats des négociations
         qui furent en retrait par rapport aux objectifs initiaux, ce
         qui alimente aujourd'hui le courant des " défaitistes
         ", de ceux partisans du repli sur soi, par
         nationalités, ou au contraire comme un mouvement
         portant la question du rôle politique des ouvriers
         immigrés aujourd'hui en France. Quel fut le
         rôle politique de ce point de vue du C.C. Quelles a
         été le travail des maoïstes de
         l'U.C.F.M.L., ses forces et ses insuffisances. Points
         traités dans les deux premières parties et
         re-développés dans la troisième de
         conclusion.
 INTRODUCTION ..... Les grands mouvements
         de grève d'O.S. principalement immigrés qui
         s'étaient développées dans les usines
         de 1971 à 1975 à Renault, à Pennaroya,
         à Girosteel... contre I l'organisation capitaliste du
         travail, les cadences, les conditions de travail et de
         sécurité, le mouvement ouvrier et populaire
         contre la circulaire Marcellin-Fontanet et les attentats
         racistes, avec pour centre de gravité les
         grèves de la faim pour obtenir " les papiers ", ont
         marqué historiquement en France l'apparition des
         immigrés comme force sociale et politique.LES TROIS GRANDES
         ÉTAPES DU MOUVEMENT DES FOYERS SONACOTRA..... Cette participation
         massive des ouvriers immigrés à la lutte de
         classes est vite entrée en contradiction avec les
         projets et les pratiques d'embrigadement et d'isolement de
         ces camarades immigrés dans des foyers-prisons. En
         effet, depuis quelques années déjà,
         l'État avec l'appui des révisionnistes du
         P.C.F., avait fait construire par l'intermédiaire de
         sociétés gestionnaires (Sonacotra, ADEF,
         AFRP...) de très nombreux foyers. Ils comptaient
         ainsi résorber les bidon-villes, qui
         échappaient à leur contrôle, et
         étendre en pleine période d'expansion l'espace
         capitaliste d'exploitation des ouvriers en matière de
         logement.
 ..... 71-75 est une
         période qui correspond aux premières
         tentatives de grèves des loyers, d'organisation des
         résidents pour briser l'encerclement politique et
         social qui imposait le système des foyers-prisons.
         C'est la période des premières révoltes
         contre les gérants racistes, souvent d'anciens colons
         ou sous-officiers de l'armée coloniale, cherchant
         contre les résidents une revanche de leur
         défaite historique en Indochine et en
         Algérie.
 ..... C'est la période
         où se forgeait la volonté des résidents
         de briser les règlements intérieurs,
         véritablement despotiques qui permettaient au
         gérant d'expulser qui il voulait, de
         pénétrer dans les chambres à l'aide
         d'un passe-partout à n'importe quelle heure de la
         journée et de la nuit. Règlement qui
         interdisait aux résidents de recevoir librement, de
         se réunir, d'afficher, d'utiliser les pièces
         collectives pour les animations culturelles et politiques de
         leur choix.
 ..... Les deux faits les plus
         marquants de cette période dans les foyers de la
         région parisienne furent d'un côté l'
         épisode tragique de Villejuif, ultime aboutissement
         de la politique de la Sonacotra, et d'autre part la
         grève d'avant-garde qu'ont mené les
         résidents du foyer des Grésillons en 1974.
 ..... Après une
         grève en 72, le gérant du foyer de Villejuif
         amené une politique systématique de division
         entre ouvrier algériens et maliens; division par
         étages et escaliers, division par des ragots, par des
         privilèges accordés à certains et pas
         à d'autres... Cette politique, dans une situation
         où les conditions de logement étaient
         difficiles (foyer très bruyant aux murs "
         épais comme du papier à cigarettes ", hausse
         constante des loyers) a abouti à une violente bagarre
         entre résidents: un mort et deux blessés.
 ..... A l'opposé, les
         résidents du foyer des Grésillons à
         Gennevilliers, organisés avec les maoistes de
         l'U.C.F.M.L., déclenchent la première
         grève de foyer qui sera porteuse du futur programme
         du mouvement, la future plate-forme du Comité de
         Coordination. 4 mois de grève et de combats parfois
         violents contre la Sonacotra, son gérant
         (certainement l'un des plus racistes et fascistes), des
         descentes de flics, des expulsions de logements, mais aussi
         des succès comme les journées "portes-ouvertes
         ", de grandes assemblées générales, une
         grande unité entre résidents de plusieurs
         nationalités. Le tout accompagné
         d'épisodes épiques, comme les "planques " des
         "français " dans certaines chambres pour
         échapper au gérant et aux flics,
         l'alimentation électrique lors de portes ouvertes
         venant des cités d'à côté (le
         gérant avait coupé
         l'électricité...).
 ..... Grande période de
         lutte de classes où la plupart des questions
         politiques qui vont apparaître dans le mouvement
         lui-même, se posent dès ce moment-là:
         comment organiser l'unité des résidents de
         plusieurs nationalités ? Comment faire face au
         gérant et à ses manoeuvres ? Les flics et les
         expulsions de foyer ? L'isolement du foyer par rapport au
         reste de la ville ? Comment diriger les négociations
         contre la Sonacotra ? Quelle politique contre le P.C.F., la
         C.G.T. et les amicales ? Quels rapports politiques
         d'unité et de différence avec les
         maoïstes de l'U.C.F.M.L. ?
 ..... C'est aussi la
         période où l'U.C.F.M.L. se lie aux
         révoltes et combats politiques de classes, en
         particulier à ceux menés par la fraction
         immigrée de la classe ouvrière. Ce travail
         politique prolongé se concrétise en outre par
         le soutien au mouvement de masse qui s'affronte tant
         à l'État qu'au P.C.F., par
         l'élaboration du mot d'ordre: " Français-
         immigrés, égalité des droits ", la
         grande directive de l'unité du prolétariat
         international de France et de la construction de son Parti
         communiste de type nouveau, dont l'étape est celle
         des noyaux ouvriers.
 ..... Travail de
         systématisation du contenu de classe des
         révoltes populaires et ouvrières, travail
         d'organisation des résidents face aux deux
         bourgeoisies, travail de propagande, travail
         d'édification du Parti, ont permis d'être des
         arrières politiques essentiels pour que prennent
         corps, au-delà de la simple révolte, un
         puissant mouvement de masse contre les foyers-prisons, pour
         l'égalité des droits, et l'unité de la
         classe ouvrière.
 ..... Le mouvement des
         foyers dirigé par les premiers comités de
         résidents qui vont former par la suite le
         Comité de Coordination (C.C.) va commencer, le 27
         Janvier 75 au foyer Romain Rolland à Saint-Denis
         (93)...... Le mouvement va
         connaître trois grandes étapes:
 - LA PREMIERE, DE JANVIER 75 AU MOIS D'AOUT 76 est
         caractérisée par une très grande
         offensivité de classe tant contre la Sonacotra,
         l'Etat, que contre la C.G.T. et le P.C.F. Elle butera sur
         l'épineux problème des négociations
         avec la Sonacotra, de la force pour imposer la
         plate-forme.
 - LA SECONDE D'AOUT 76 A DECEMBRE 78 sera
         caractérisée par une relative stabilisation de
         la grève, par un repli sur soi, sur les foyers, par
         une certaine volonté de s'isoler du reste de la lutte
         de classes. Cette période sera centrée sur les
         difficultés de s'opposer aux saisies-arrêts sur
         salaires.
 - LA TROISIEME ÉTAPE DE JANVIER 79 A DECEMBRE 79
         sera caractérisée par la difficulté
         de résister à une offensive sans
         précédent de l'Etat: les expulsions de foyer.
         Cette offensive sera préparée par un vaste
         projet d'encerclement et d'isolement politique du mouvement:
         les mesures Stoléru, puis les projets de lois
         Barre-Bonnet, ce qui permettra à l' Etat d'attaquer
         brutalement les résidents: les expulsions massives
         des foyers.
 
            - I -
         
         
         Le développement
         de la grève et la formation du Comité de
         Coordination
               | PREMIERE PERIODE: UNE GRANDE
                  OFFENSIVITE DE CLASSE
                  
                  (Janvier 75 - Août 76) |  ..... * Après de
         très nombreux épisodes de luttes contre un
         gérant particulièrement raciste, et
         après une nouvelle augmentation des loyers, la
         grève est organisée le 27 Janvier 1975 au
         foyer Romain Rolland. Immédiatement, les
         résidents donnent un sens politique à leur
         mouvement en inscrivant leur combat dans celui pour " les
         mêmes droits pour tous les ouvriers" , en refusant le
         système des foyers- prisons.- II -
         
         
         Contre-offensive de
         l'État et du P.C.F .: expulsion de France de 18
         délégués,..... Une première
         série de revendications est formulée sur les
         droits (liberté dans le foyer, droit de visite, de
         réunion..) le retour à l'ancien loyer, des
         améliorations dans le foyer, le renvoi du
         gérant raciste (voir le tract du Comité des
         locataires du foyer de St-Denis, d'Avril, reprenant ces
         revendications -document No
         1 ).
 ..... * A vrai dire au
         même moment se déroulaient d'autres
         grèves de loyer, en particulier au foyer Sonacotra
         Allende à St-Denis. Cette grève s'était
         déclenchée avant R. Rolland, en Septembre
         1974, mais sur une toute autre base politique: " Nos
         revendications sont simples et faciles à accorder:
         mais la direction ne veut rien accorder. Pourquoi ? Les
         rideaux, les frigidaires, les draps, la
         télévision coûtent cher. C'est pourquoi
         la Sonacotra ne veut rien faire " (tract du Comité de
         Résidents d'Allende appelant à l' A.G. de
         dimanche 9 février 1975).
 La direction de la grève était en fait au main
         de la C.G.T. et du P.C.F. Le Comité de
         Résidents était élu à bulletin
         secret en liaison avec la Sonacotra et la CNL
         (Confédération Nationale du Logement).
 ..... Ainsi, dès ce
         moment, deux voies politiques s'offrent aux
         résidents: une orientation soutenue par l'U.C.F.M.L.
         qui s'affronte au système même des
         foyers-prisons, qui le refuse comme système
         d'exploitation et d'oppression et qui organise les
         résidents sur leurs propres forces en s'appuyant sur
         leur détermination; une autre voie organisée
         par la C.G.T. qui cherche à négocier des
         aménagements des foyers, une simple limitation des
         augmentations des loyers, par l'intermédiaire de la
         CNL.
 ..... Cette première
         lutte entre deux voies ne faisait que commencer. Elle ira en
         s'amplifiant et sera tranchée une première
         fois aux yeux des masses et de l'opinion publique au meeting
         du 21 Février 1976 à la Mutualité.
 ..... * La grève va
         s'étendre d'abord relativement lentement à
         d'autres foyers pour connaître un large
         développement en Septembre 75. En effet, la nouvelle
         augmentation de loyer décidée par la Sonacotra
         au mois de Septembre 75 qui se cumule avec celle de Janvier
         et de Mars 75, va être le détonateur. On pourra
         compter jusqu'à 23 foyers en grève. Mais un
         problème se posait. Sur quelle base était
         organisée le mouvement ? Qui représentait les
         milliers de résidents et pourrait négocier
         avec la Sonacotra ? Des premières formes de
         coordination se formaient comme celle des foyers nord de la
         région parisienne avec Bezons, Colombes,
         Nanterre-maisons, Argenteuil rue Montigny, Butte blanche,
         avenue du Parc, Quai St-Denis, Sannois, Franconville,
         basée sur UNE revendication principale: la baisse des
         loyers de 100 F. D'autres se regroupaient autour du foyer
         Allende et de la CGT, mais fort peu déjà.
         D'autres encore rédigeaient des tracts en commun et
         établissaient des contacts. Romain Rolland, Montreuil
         et Bagnolet (13 Sept 75 ), puis Clichy, Nanterre-ville et
         Paris 13ème. C'était une grand période
         de débat, d'assemblée générale,
         d'"effervescence".
 ..... Le C.P.A.C. et
         l'U.C.F.M.L. de Gennevilliers ont au mois de Juillet 75
         rédigé un " projet de programme des foyers"
         pour unifier les résidents sur une base politique
         radicalement opposée au système des
         foyers-prisons et empêcher les manoeuvres de la
         Sonacotra, des gérants ou de la C.G.T. de diviser le
         mouvement naissant. Ce programme comportait une analyse de
         conjoncture et 8 points particuliers:
 ....-1) Le prix du loyer doit
         être fixe
 ....-2) Suppression du
         règlement intérieur
 ....-3) Reconnaissance du
         statut de locataire
 ....-4) Liberté totale
         de réunion, d'affichage
 ....-5) Droit de visite
         intégral pour chacun
 ....-6) Renvoi des
         gérants provocateurs et racistes, remplacement par
         des concierges
 ....-7) Amélioration des
         conditions d'hygiène et de sécurité
 ....-8) Enfin, beaucoup de
         camarades immigrés habitent dans des foyers parce
         qu'on les y oblige. Nous voulons des logements FI, F2,
         studio... pour tous ceux qui veulent faire venir leur
         famille...
 ..... Ce programme sera
         très largement discuté en particulier avec les
         camarades de Saint-Denis (Romain Rolland). Il constituera en
         fait la base à partir de laquelle la plate-forme du
         C.C. sera rédigée.
 ..... Le Dimanche 5 Octobre
         1975 à 19 heures se déroulera la
         première réunion du C.C. regroupant Bagnolet,
         Clichy, Nanterre-ville, Paris 13eme et St-Denis R. Rolland.
         C'est cette réunion qui formulera la plate-forme du
         C.C. en tant que telle (Voir annexe).
 ..... C'est à partir de
         cette date que la grande question des négociations
         avec la Sonacotra est devenue un des problèmes
         politiques centraux. C'est à partir de cette date que
         les affrontements politiques avec la C.G.T. et le P.C.F.
         vont être très violents.
 ..... Le Vendredi 12
         Décembre 75, la Sonacotra convoque le C.C. à
         une réunion. 70 camarades sont venus, bien
         décidés à entrer en masse et à
         forcer la Sonacotra à reconnaître leur
         volonté. Mais la Sonacotra a refusé de les
         reconnaître comme une organisation. Elle leur a
         demandé d'accepter un prétendu "accord"
         signé avec "d'autres instances" (en fait signé
         avec la CGT).
 ..... La proposition fut
         rejetée et la manoeuvre de la CGT et de la Sonacotra
         dénoncée dans tous les foyers.
 ..... * La CGT et le P.C.F.
         avaient, en fait, créé un Comité de
         Coordination pour le département de la
         Seine-St-Denis, un comité bidon regroupant seulement
         2 foyers - celui de la Courneuve et le foyer Allende de
         St-Denis où la grève avait été
         cassée en Novembre 75 après ces fameuses
         "négociations". A vrai dire les révisionnistes
         cherchaient à utiliser le mouvement, non pour se
         battre contre le système des foyers-prisons, mais
         pour avancer leur propre projet politique en matière
         de logement des immigrés: des foyers qui garderaient
         leur règlement intérieur, où les loyers
         augmenteraient toujours, mais où le gérant
         serait remplacé par un comité de
         résident à leur solde. En fait, la C.G.T.
         voulait faire du comité de résident une forme
         de comité d'entreprise élu au scrutin secret
         avec le concours de la Sonacotra qui lui permettrait de
         pénétrer dans les problèmes de la
         gestion des foyers, de pénétrer dans les
         sociétés gestionnaires elles-mêmes.
 ..... Tous différents
         étaient les projets de la masse des résidents
         en colère et en révolte. C'est pour cela que
         CGT et P.C.F. furent rejetés et
         dénoncés comme ennemis.
 ..... En Novembre, le
         comité des résidents de R. Rolland sortait un
         tract en disant: "maintenant tout est clair, on voit bien
         qui est avec nous, qui est contre nous"..."nous, il nous
         faut une conscience politique ouvrière; il faut qu'on
         discute tous ensemble, qu'on se mette d'accord. On a besoin
         que tous les camarades concernés prennent leurs
         responsabilités et s'organisent.
 ..... * L'U.C.F.M.L. va dans
         cette période déployer son travail dans trois
         directions:
 .....,. Expliquer partout la
         politique du P.C.F , et de la C.G.T. Expliquer pourquoi ils
         agissent ainsi, dans quel cadre politique d'ensemble cela
         s'inscrit, en quoi ce sont des ennemis politiques de la
         classe ouvrière qu'il faut combattre avec vigilance
         et détermination.
 .....,.Soutenir le
         développement de la grève, la mise en place du
         C.C., sa sécurité, … soutenir les
         premières initiatives publiques des résidents
         comme le meeting du 29 Novembre 75 à la cité
         Floréal derrière R. Rolland.
 .....,. Engager une grande
         campagne politique dans l'ensemble des couches du peuple
         pour l'égalité des droits politiques entre
         français et immigrés. Un moment fort de cette
         campagne sera la manifestation contre l'expulsion d'Arfaoui
         Béchir le 5 décembre 75 de la Bastille
         à Gambetta. 1ère manifestation contre les
         expulsions, regroupant 500 personnes. Elle lancera une
         campagne d'explication des objectifs politique du mouvement,
         par la diffusion du numéro spécial du
         "Marxiste-Léniniste" sur la grève des foyers
         (Voir document No
         4).
 ..... * Cette première
         phase du mouvement, de luttes politiques contre la C.G.T. et
         le P.C.F., de constitution et de
         représentativité du C.C. sera tranchée
         le 21 février 76 lors du 1er grand meeting des
         foyers.
 ..... Il sera salué par
         un tract de l'U.C.F.M.L. Intitulé "un grand
         évènement historique" ( document No
         5 ). Cela en fut
         un effectivement. 47 foyers en grève, des milliers
         d'ouvriers de toutes les nationalités acclamant leur
         organisation, le Comité de Coordination,
         indépendant des syndicats et du P.C.F., acclamant les
         mots d'ordre d'égalité des droits, y compris
         celui de droit de vote, grand moment de combativité
         ouvrière, d'unité politique contre la
         Sonacotra et la CGT.
 ..... Dans une période
         où se développait l'opération
         "programme commun " d'embrigadement du peuple, les
         résidents des foyers faisaient la preuve par ce
         meeting de leur volonté d'organiser et de diriger
         eux-mêmes leur combat contre les foyers-prisons,
         l'égalité des droits dans le logement. La
         présence de plus de 3000 ouvriers immigrés au
         coeur de Paris, à la Mutualité, unis
         politiquement autour du C.C. était un
         "évènement historique"; car, pour la
         première fois s'affirmait l'importance de la fraction
         immigrée de la classe ouvrière ET sa
         volonté de s'inscrire dans l'ensemble du combat du
         peuple en France contre la société
         impérialiste.
 négociations foyer par
         foyer.
   La contre-attaque du P.C.F. et de
         l'État. ..... ** Le jour même
         du meeting du 21 Février, l'Humanité devait
         durcir le ton de ses attaques contre le C.C. et le
         mouvement: "La Sonacotra et le gouvernement viennent de
         trouver un renfort imprévu dans un 'comité de
         coordination' qui décrète représenter
         47 foyers en lutte et qui par ses revendications
         démagogiques et son intransigeance a contribué
         à faire échouer les négociations avec
         la direction de la Sonacotra. Ce comité dirige
         l'essentiel de ses coups contre la C.G.T. et le Parti
         Communiste. M. Dijoud a une fois de plus trouvé dans
         les gauchistes un facile moyen de diversion" ...... Ces déclarations
         vont être suivies d'effets. Descentes de commandos
         P.C.F. dans les foyers pour intimider les résidents,
         les forcer à négocier foyer par foyer.
         Pressions, en collaboration avec l'amicale des
         algériens en France, pour "inviter" les camarades
         immigrés à ne pas faire de politique, mais
         à faire confiance aux municipalités P.C.F.
         pour négocier à leur place.
 ..... ** Cette attaque des
         révisionnistes va s'articuler à une violente
         attaque de l'Etat. Le 10 Avril 76 à Champigny, le
         vendredi 16 avril à Pierrefitte, St-Denis, Sevran,
         Nanterre, Bagnolet, Bobigny, Gennevilliers, les flics vont
         pénétrer à 6 heures du matin en force
         dans les foyers. Armés d'une cinquantaine de noms sur
         une liste, mais sans mandats d'amener et
         d'arrêtés d'expulsion, ils vont chercher
         à expulser l'ensemble de la direction du C.C. 18
         délégués seront expulsés de
         France. Mais l'objectif ne sera pas atteint. La majeure
         partie du C.C. ne sera pas trouvée dans les foyers.
         Loin d'être découragés, les
         résidents réagiront avec force et organiseront
         la grande manifestation du 24 Avril 76 de Barbès
         à Ménilmontant. 15 000 personnes
         répondront à l'appel du C.C., autant de
         français que d'immigrés, criant des mots d'
         ordre sur le soutien au mouvement, sur
         l'égalité des droits...
 Les répercussions politiques de ces attaques
         surl'unité du mouvement:
 ..... De 52 foyers en
         grève en Mars 76, le mouvement va passer à
         douze foyers à la fin de l'été. Deux
         difficultés politiques majeures: -Comment ne pas
         s'isoler, comment développer un véritable camp
         populaire autour des foyers dans une situation objective de
         repli; -Comment mener une politique sur les
         négociations...... /1/ Les attaques du
         P.C.F. et de l'État vont poser de nouvelles questions
         politiques aux résidents. Les immigrés ont-ils
         le droit de faire de la politique en France ou non ? Ce
         très important débat idéologique a
         profondément divisé l' ensemble des
         résidents. Finalement, trois types de comportements
         devant ce nouveau problème ont constituées la
         base de l'existence de trois courants dans le mouvement.
 ..... -UN PREMIER refusait aux
         immigrés la possibilité de faire de la
         politique. Ce courant désarmait complètement
         les résidents face aux attaques de l'Etat et du
         P.C.F. Objectivement, il servait les négociations
         foyer par foyer, brisant toute capacité d'organiser
         des répliques politiques, de mobiliser politiquement
         résidents et soutien populaire.
 ..... -A L'OPPOSÉ, un
         courant important de résidents pensait
         nécessaire de faire l'unité des
         français et des immigrés, d'être
         armé idéologiquement pour comprendre ce
         qu'était le P.C.F. et l'État, approuvait
         l'importance de la participation des immigrés
         à la lutte de classes en France.
 ..... -UN TROISIEME entre les
         deux hésitait, cherchait à trouver un "espace
         propre" aux immigrés, n'osait pas affronter de face
         la question du P.C.F. et de l'État. Il affirmait "
         nous ne faisons pas de politique, nous réclamons nos
         droits".
 ..... /2/ Ces trois courants
         vont choisir des comportements également
         différents vis à vis des négociations.
         D'un côté le P.C.F. organisait des
         négociations foyer par foyer, mais de l'autre, du
         côté du C.C., il y avait une réelle
         difficulté à fixer une stratégie
         politique quant aux négociations.
 ..... Le premier courant
         acceptait souvent le 1er protocole venu de la Sonacotra et
         ne tenait absolument pas compte du point de vue d'ensemble
         du mouvement. Il rejoignait objectivement le camp du P.C.F.
         Ce fut le cas de délégués de Colombes,
         de Bagnolet...
 ..... Un deuxième
         courant cherchait à imposer les points de la
         plate-forme qui lui semblaient les plus importants, en
         particulier tout ce qui touchait au règlement
         intérieur, aux gérants; mais il proposait de
         négocier la baisse de 100 f et les formes de
         reconnaissance explicite ou non du C.C. Pour lui, le fait
         que les négociations se passent avec le C.C.
         était une reconnaissance de fait de la direction de
         la grève.
 ..... Le troisième
         courant, hésitant quant à la politique
         à mener, préférera rejeter en bloc tout
         projet de négociation. Il s'en remettra au mot
         d'ordre: "la lutte, la lutte, jusqu'à la victoire
         finale" sans analyse des rapports de force réels.
 Le mouvement de masse d'Avril 76 à
         Août 76: ..... "" Après la
         manifestation du 24 Avril, le mouvement va connaître
         une période d'instabilité et d'à-coups.
         Certes, cette initiative centrale avait marqué un
         coup d'arrêt contre les offensives de l'Etat - il n'y
         aura plus d'expulsion de délégués hors
         de France. Mais face aux nouveaux problèmes
         politiques apparus, les différents courants qui
         traversent le C.C. prendront des initiatives
         dispersées et parfois contradictoires...... - Une réplique sur
         le plan juridique. Le C.C. va tout d'abord faire un recours
         en Conseil d'Etat pour obtenir l'annulation des
         décisions d'expulsion des 18 camarades. Par ailleurs
         trois de ses membre vont déposer une plainte contre
         la Sonacotra pour pratique de prix illicites. Mais il y a
         aura des divisions entre résidents pour savoir si
         l'argent des loyers doit être rassemblé et
         être versé à un huissier, ou s'il
         fallait faire la grève sans versements
         particuliers.
 ..... - Des initiatives de
         "portes ouvertes., seront prises dans de nombreux foyers,
         Romain Rolland, Nanterre-deux- tours, Argenteuil Av. du
         Parc, Bagnolet, ...mais elles n'arriveront pas à
         constituer un véritable courant de soutien. Les
         problèmes politiques qui se posaient étaient
         la plupart du temps évacués au nom de "les
         résidents ne font pas de politique". Il y eut bien
         entendu certains endroits où les débats
         s'engageaient mais ils n'en restèrent qu'au niveau
         des discussions, sans effets pratiques.
 ..... Le tract d'appel à
         la porte ouverte de R. Rolland le 22 Mai 75 indiquait bien:
         "Aujourd'hui, face au développement des luttes
         ouvrières et populaires, la bourgeoisie ne peut plus
         répondre que par la répression: elle tue les
         viticulteurs, envoie ses flics contre les ouvriers en lutte,
         comme à l'usine Cisatol, matraque les
         étudiants et expulse les travailleurs immigrés
         ", mais l'intonation n'est qu'anti-répressive et sera
         sans suite.
 ..... -Certaines
         initiatives sont prises pour briser le coup de force P.C.F..
         En particulier le rassemblement du 7 Juillet à 15
         heures à la préfecture de Bobigny. Le tract
         d'appel du C.C. explique: " Or le faux parti communiste, en
         s'avançant à faire le recours en Conseil
         d'Etat pour faire revenir un des
         délégués expulsés, Moussa
         Konaté, prétend être le champion de la
         "victoire", ce qui est effectivement la seule vraie victoire
         des résidents, par leur courageuse lutte. La
         manifestation du 24 Avril où ces traîtres
         à la classe ouvrière ont brillé par
         leur absence, n'a pas eu le moindre écho dans leurs
         journaux"... Mais ce tract du C.C. suscita quelques
         réprobations parmi certains
         délégués liés aux syndicats.
         L'appel fut limité aux membres du C.C. et non
         à la masse des résidents.
 ..... -Après les
         échecs des négociations du C.C. avec la
         Sonacotra les 12/12/75, 14/1/76, 31/1/76 et 14/2/76, le C.C.
         décide d'organiser une 5ème négociation
         le 11 Juin.
 Mais la convocation est lancée de telle
         manière que la Sonacotra choisit de se
         rétracter. Dans un communiqué elle prend le
         prétexte du "caractère de manifestation que la
         coordination entend donner aux négociation..." pour
         les repousser.
 ..... En fait, le C.C.
         n'était pas unifié sur cette rencontre;
         certains voulaient lui donner un caractère de
         délégation massive où la Sonacotra
         acceptait ou bien refusait la plate-forme telle quelle;
         d'autres désiraient lui donner un caractère de
         véritable négociation. Cette division va se
         reproduire en Juillet aux négociations de
         Colombes.
 Par une initiative scissionniste, l'ex-coordination des
         foyers Nord-Ouest de Paris (Colombes, Nanterre-maisons,
         Bezons...) avait convoqué la Sonacotra à une
         négociation le samedi 24 Juillet à Colombes.
         Le C.C. a pu reprendre au dernier moment cette
         négociation en son nom propre; mais ce fut un nouvel
         échec. Il suscita de violentes discussions; certains
         arrêtèrent la grève, d'autres voulaient
         poursuivre, mais avec un plan de relance du mouvement et une
         prise de contact avec la Sonacotra; d'autres enfin
         rejetèrent toute forme de négociation,
         refusèrent de verser les loyers à un huissier
         et restèrent en grève sans perspectives
         particulières autres qu'attendre la fin de
         l'été pour relancer un meeting. C'est
         finalement le troisième courant qui s'imposa et prit
         la direction du C.C.
 La politique de l'U.C.F.M.L. ..... * Dans cette phase
         difficile du mouvement, la politique de l'U.C.F.M.L. se
         déploya suivant 3 axes:....-poursuivre les campagnes
         d'explication de la grève, de sa portée
         politique et des enseignements qui s'y rattachent.
         Contribuer à l'organisation du camp du peuple autour
         du mouvement.
 ....-soutenir les initiatives
         du .C.C., sa sécurité... l'aider à
         mettre sur pied des Comités de Soutien.
 ....-intervenir sur les grands
         débats politiques internes au mouvement, tout en
         respectant les décisions du C.C., et le C.C.
         lui-même comme direction de la grève.
 ..... -1) Tant dans la suite du
         meeting du 21 février que pour l'appel à la
         manifestation du 24 Avril, l'U.C.F.M.L. et les C.P.A.C. vont
         développer une intense campagne de propagande autour
         des thèmes de l'égalité des droits
         politiques entre français et immigrés, de
         l'importance de l'autonomie du mouvement face à
         l'Etat et au P.C.F. L'U.C.F.M.L. cherchera à lier la
         lutte des foyers à d'autres combats politiques du
         peuple. En particulier dans les quartiers populaires,
         l'U.C.F.M.L. va articuler le mouvement des foyers aux autres
         problèmes de logement dans les cité, au
         problème de lutte contre la vie chère. Dans
         les facultés, elle animera dans les grèves
         étudiantes de 76 des débats sur l'importance
         au sein de la classe ouvrière du combat de classe
         pour l'égalité des droits. Elle organisera des
         comités d'étudiants pour
         l'égalité des droits qui seront à leur
         mesure, des forces importantes pour le soutien au mouvement.
         Ces étudiants affirmeront: " nous ne
         déserterons pas les facs, nous serons ceux qui dans
         les facs se battent contre l'idéologie bourgeoise au
         nom d'une autre force et d'une autre idéologie qui se
         construit, celle du peuple révolutionnaire" (Tract
         sur Jussieu le 20 Avril 76).
 ..... Contre les expulsions,
         l'U.C.F.M.L. prendra l'initiative de regrouper un certain
         nombre d'intellectuels dans un comité de vigilance
         contre les expulsions. Ce comité de vigilance lancera
         un appel pour organiser pendant tout l'été une
         "permanence de défense et de soutien au C.C. et aux
         grévistes des foyers Sonacotra". Ce texte sera
         signé par le Syndicat de la Magistrature, le
         mouvement des juristes démocrates, le Syndicat
         National de Psychiatries en formation, le groupe Information
         Santé, les architectes de "Places" et des
         personnalités comme Sartre, de Beauvoir...
 ..... Le comité de
         vigilance prit de nombreuses positions publiques reproduites
         dans la presse, et maintiendra des réseaux pendant
         tout l'été.
 ..... L'ensemble de ce travail
         se matérialisait par des appels à manifester,
         à répondre aux mobilisations du C.C. (24 avril
         à Barbès, mais aussi 7 Juillet à
         Bobigny et permanence d'été); mais il y eut
         également des échéances propres de
         l'U.C.F.M.L.: = meeting de mobilisation dans les
         facultés (Nanterre, Jussieu, Vincennes
         principalement) = rassemblement de riposte immédiate
         aux expulsions sur le marché de St-Denis la dimanche
         18 Avril, deux jours après l'intervention des flics.
         Ce rassemblement se joindra aux résidents venus en
         cortège du foyer, ce qui permit de former une
         manifestation de 1000 personnes qui parcourera le
         marché et les rues de St-Denis = meeting sur le
         thème de l'égalité des droits à
         Paris le 12 Juin 76 où un ouvrier maoïste
         expliqua l'importance du combat pour l'égalité
         des droits dans l'usine, une femme d'un C.P.A.C. celle du
         travail du comité de Reims au sein des quartiers
         populaires...
 ..... -2) Soutien au C.C.;
         soutien matériel, financier; prise en charge de
         planques, etc... prise en charge d'une partie de la
         sécurité des membres du C.C., participation
         massive au service d'ordre le 24 Avril.
 ..... .3) Mais l'U.C.F.M.L. est
         intervenue également du point de vue des grandes
         questions internes au mouvement en donnant un point de vue,
         en argumentant par rapport aux différents courants de
         pensée qui traversaient le mouvement. L'U.C.F. est
         principalement intervenue contre ceux qui voulaient
         interdire la politique aux immigrés, qui affirmaient
         " les immigrés doivent travailler en France et non se
         mêler de politique". Au contraire nous affirmions et
         expliquions l'importance du mot d'ordre "Qui travaille a des
         droits ! Français-immigrés, mêmes droits
         politiques ! " Nous sommes intervenus pour expliquer le plan
         politique de la C.G.T., du P.C.F. et de l'amicale des
         algériens en France, sur l'importance de les
         combattre. Nous sommes intervenus contre les
         négociations foyer par foyer et pour que se
         développe une force capable d'imposer la plateforme
         dans une négociation entre la Sonacotra et le C.C.
 Un épisode où
         s'exprimera une contradiction ouverte entre le C.C. et
         l'U.C.F.M.L.: le début du mois d' Août
         1976. ..... Après
         l'échec des négociations de Colombes du 24
         Juillet, l'U.C.F.M.L. pensa (et l'exprima) que le C.C. avait
         intérêt à re-convoquer en son nom propre
         de nouvelles négociations. Que, correctement
         préparées, et unis à l'avance, le C.C.
         pouvait obtenir certains reculs de la part de la Sonacotra,
         ou tout au moins garder le contact, ce qui lui permettrait
         de passer l'été sans trop de
         difficultés ni de pertes. Mais la question des
         négociations n'avait pas en elle-même de
         réalité politique de masse; dans les faits
         s'affrontaient seulement deux positions: poursuivre la
         grève ou reprendre le paiement...... Au contraire, dans la
         situation de fin Juillet 76, après les nombreux
         échecs des négociations, essayer une nouvelle
         fois de négocier représentait en fait pour les
         résidents une voie qui renforçait ceux qui
         voulaient l'arrêt de la grève. C' était
         une voie qui risquait d'être liquidatrice.
 ..... Les faits de masse et
         l'interpellation du C.C. le 9 Août 76, nous ont
         montré alors que nous nous trompions.
 ..... Nous avons à
         partir de là vigoureusement rectifié notre
         analyse et notre travail de masse. Nous avons très
         rapidement rétabli la situation. Ces
         évènements ont cependant
         nécessité un bilan critique et autocritique
         minutieux dont nous avons rendu publique les principales
         lignes dans une lettre ouverte envoyée au C.C. et
         à tous les membres des comités de
         résidents (voir
         document).
 ..... Ils furent par la suite
         l'occasion de campagnes mensongères, de
         contre-vérités flagrantes
         déployées pour tenter d'isoler l'U.C.F.M.L de
         la masse des résidents, de la discréditer.
         Mais, sans atteindre ces objectifs, ces
         évènements ont permis en fait à un
         courant du mouvement, le troisième décrit plus
         haut, d'asseoir sa direction en partie opposée
         à celui de l'unité
         français-immigrés.
 ..... Ceci dit, dès le
         mardi 10 Août, dans une réunion du
         Comité de Soutien central, le C.C. accepte des
         premiers éléments de notre autocritique et
         nous demande de trouver un lieu pour le rassemblement
         prévu à la rentrée, pour les aider dans
         leur déplacement. Dès cette date ainsi, le
         C.C. considère de son côté que
         même s'il est apparu des divergences entre nous, ces
         contradictions doivent être considérées
         comme secondaires.
 Suite è
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