la lutte idéologique au sein du PCML de 1985 à 1986

1- PREMIÈRE DÉCLARATION DU CAMARADE JACQUES JURQUET -12 JANVIER 1985-

 

..... Des camarades de la base ou cadres intermédiaires de notre Parti s'adressent à moi depuis quelques mois, en ma qualité de membre du Comité central, du Bureau politique et du Secrétariat politique, pour me demander de prendre position plus ouvertement et plus activement sur l'idéologie, la ligne politique et le style de travail de nos organismes dirigeants.
..... J'ai déjà montré sans aucune ambiguité lors du Vème Congrès ainsi qu'à l'occasion d'autres instances (conférences nationales ou sessions du Comité central) que je suis en désaccord et donc en opposition avec certains points fondamentaux de la ligne mise en oeuvre par une partie de nos dirigeants depuis la 3ème session du Comité central issu du IVème Congrès. A vrai dire il ne s'agit pas d'une ligne continue, mais au contraire d'une ligne qui a varié à plusieurs reprises en fonction de la pression des événements politiques survenus dans notre pays. Des interprétations plus que discutables ont été avancées par exemple à propos de la Résolution générale issue des travaux du Vème Congrès, et j'y reviendrai de manière approfondie dans une contribution ultérieure. Toutefois je dois indiquer que je suis en général pleinement d'accord avec la ligne exprimée sur les problèmes internationaux ainsi, quoique avec d'avantage de réserves dans certaines circonstances, avec la ligne exprimée sur les problèmes de l'immigration et de la lutte contre le racisme.
..... En tout état de cause je rapelle que j'ai voté contre le rapport d'activité présenté devant le Vème Congrès pour de multiples raisons qu'il ne m'était pas possible d'exposer dans leur détail, si j'entendais que ce Congrès aborde en temps voulu le débat de fond à l'occasion de la Résolution générale.
..... Actuellement, notre direction réduit, de manière dogmatique, l'interprétation de la cible fixée par notre dernier Congrès, en refusant d'y inclure le Parti socialiste, dont les activités politiques globales sont indissociables de la politique que nous prétendons condamner. A cet égard, tout en déplorant sa démission, j'exprime mon entière solidarité avec le fond de la position exprimée par le camarade Robert Kissous, militant ouvrier d'Alsthom Saint-Ouen, profondément lié à la classe ouvrière.
..... Quand j'apprend ensuite, dans une réunion de CPR, d'un membre du Comité central que lors de la dernière session à laquelle je n'ai pas pu assister, on est allé jusqu'à qualifier de "gauchistes" les positions actuelles du PCF, je reste stupéfait. Je discerne dans cette appréciation que notre direction situe notre Parti à la droite du PCF !
Or les responsabilités historiques des dirigeants du PCF dans la situation politique présente découlent de la ligne électoraliste et opportuniste de droite qu'il a mise en oeuvre depuis la fin de l'année 1952, de suite après la manifestation puissante contre le général américain Ridgway, bourreau du peuple coréen.
Le PCF a impulsé l'Union de la gauche et mis sur orbite François Mitterrand, et nous avons justement dénoncé ces positions en leur temps de manière tout à fait juste. Le PCF a renfloué le PS, puis il a participé au gouvernement Mauroy, ce que nous avons refusé de dénoncer au niveau de nos organismes dirigeants, en dépit de la demande que j'ai réitérée ainsi que d'autres camarades sur ce point.
Actuellement le PCF affiche des positions parfois correctes, du moins dans sa presse, dans ses discours et autres déclarations et dans les intentions proclamées par les dirigeants PCF de la CGT. Mais dans la pratique son attitude est différente. Les cadres intermédiaires du PCF demeurent toujours aussi sectaires et obtus. Nous pensions trouver des forces dans ses rangs. Il faudrait faire le bilan des résultats acquis depuis le IVème Congrès à ce sujet. Il est quasiment nul.
Ce n'est pas avec le PCF, en tant que tel, encore moins avec le PS évidemment, que pourra apparaitre ce que nous entendons par "renouveau du communisme". Sur cette expression d'ailleurs, il y a entre membres du Comité central des points de vue très différents, et une clarification fondamentale s'impose.
Allons nous enfin une bonne fois pour toutes condamner sans équivoque la politique contraire aux intérêts des travailleurs, du gouvernement (nous le faisons), mais aussi du Parti socialiste et du Parti communiste français (ce que nous ne faisons pas de manière claire et dénuée d'ambiguité).
Je condamne l'attitude aux graves conséquences du PS et du PCF vis-à-vis des agissements classiquement fascistes de Le Pen et de la droite fascisante.
..... En ce qui concerne le style de direction de notre Parti vis-à-vis des camarades qui militant dans des organisations de masse (AFC, MRAP et même SYNDICATS) je la tiens pour inopérante, inexistante et contraire à toutes les pratiques, consacrées avec les succès historiques que l'on sait, des partis communistes authentiques.
Chacun est abandonné à sa seule réflexion individuelle et à ses propres initiatives, souvent contradictoires avec celles du camarade militant dans la même organisation !
..... Enfin j'ai refusé de prendre part au vote engageant le Parti dans la voie d'un changement de ses références fondamentales, sous le prétexte plus que léger d'un changement de sigle. Quelles que soient les intentions des camarades qui l'ont adoptée, cette initiative ne peut qu'aboutir à la liquidation du Parti tel que nous l'avons fondé et développé depuis 1963, à travers des luttes parfois très dures contre les reniements et trahisons des travailleurs tant par la social-démocratie que par les dirigeants du Parti communiste français, et, naturellement, contre les forces réactionnaires qui nous ont rejetés dans l'illégalité en juin 1968.
Pour moi, il ne sera absolument pas concevable ni acceptable de parler de changement de sigle, sans qu'auparavant ait eu lieu un vaste débat d'orientation, portant sur les références fondamentales de notre Parti, et ce sur la base des principes préservés par la dernière instance statutaire de notre Parti, la Résolution générale du Vème Congrès.

12 janvier 1985

..... ( Note manuscrite de JJ : Notre Parti ne survivra que s'il fonde sa ligne sur les acquis du marxisme, du léninisme, de la pensée maotsétoung en les appliquant aux conditions spécifiques de notre pays. )

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