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PROLETARIAT n°6
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Prolétariat n°6 -3è trimestre 1974-
Luttes de lignes dans l'édification en France
d'un parti révolutionnaire prolétarien APRES LE 12 JUIN 1968
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Extraits d'un rapport de police concernant le P.C.M.L.F. transmis à la justice
(2e trimestre 1971 )
...

II. LE " P.C.M.L.F. " ET LES JOURNEES DE MAI 1968.
SA DISSOLUTION

I. Les journées de mai et juin 1968
...

2. La dissolution et la clandestinité

..... le décret de dissolution du 12 juin 1968 a mis fin à l'existence légale du "P.C.M.L.F.". Toutefois, après une courte période de flottement, les responsables de l'ex-" P.C.M.L.F. " se sont ressaisis et ont relancé leur mouvement sous le même sigle.
..... Malgré la dissolution. l'ex-" P.C.M.L.F."s'est enfoncé dans la clandestinité, en ajoutant le qualificatif de clandestin à son sigle.
..... De nouveaux adhérents issus des journées de mai ou transfuges de l'ex-"Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes" seraient alors venus grossir les effectifs de l'organisation du "P.C.M.L.F".
..... Par ailleurs "l'Humanité nouvelle ", organe de presse de "l'ex-P.C.M.L.F. " disparaissait de la vente officielle, mais n'en continuait pas moins à être diffusée sous le manteau.
..... Dans son numéro d'octobre-novembre 1968, elle précisait formellement "Notre parti est donc obligé de poursuivre son combat dans des conditions nouvelles, celles de l'illégalité et de la clandestinité ".
..... L'hebdomadaire "Clarté ", organe central du. P.C.M.-L.F. " en Belgique, dans son n° 45 du 19 décembre 1968, a consacré un article à l'ex. " P.C.M.-L.F." et à " l'Humanité nouvelle". Reproduisant la première page de ce journal, daté d'octobre-novembre 1968, il précisait que ce numéro était tiré sur quatre pages " ce qui marquait une extension importante ".
..... A la fin de 1968, "l'Humanité nouvelle" est devenu le mensuel du " P.C.M.L.F clandestin".
A l'échelon du quartier ou de l'usine, divers bulletins de caractère local ont paru, sous l'impulsion de militants de l'ex-" P.C.M.-L.F.": "la commune" à Issy- les-Moulineaux, "la Touraine rouge" à Tours, " Voix rebelle du Sud-Ouest" à Bordeaux, "le travailleur" à Marseille. "l'Est rouge" à Romainville, "La Lutte " à Beauvais.

III. LE PARTI COMMUNISTE
MARXISTE-LENINISTE DE FRANCE
CLANDESTIN JUSQU'EN OCTOBRE 1970

..... Vers la fin de 1968. l'ex-" P.C.M.-L.F." met en place des structures qui sont en harmonie avec son activité clandestine. Très averti des problèmes de vigilance et de sécurité, ce mouvement s'efforce d'échapper aux investigations policières traditionnelles, grâce à une organisation occulte qui se veut imperméable à toute pénétration ou recherche de renseignements.

1. Les structures

..... En raison même du caractère clandestin du " P.C.M.-L.F." ses structures sont restées mal définies. Cependant, il ressort des renseignements en possession des divers services de Police que les responsables du mouvement ont alors cherché à adopter un système calqué sur celui du Parti communiste français sous l'occupation et ont décidé de retirer leurs responsabilités aux militants particulièrement marqués.
..... L'organisation d'alors aurait été conçue selon le schéma suivant :
..... -A l'échelon de l'usine ou du quartier, un "triangle de base" est constitué par 3 militants ignorant eux-mêmes la composition des autres "triangles" qui ne sont reliés entre eux que par un camarade " responsable politique ", chargé de la liaison avec l'échelon supérieur: "le triangle de direction de section" ;
..... -La pénétration et la liaison avec les travailleurs d'usine et les paysans constituent le premier objectif des militants. Quant au travail de pénétration du milieu étudiant, très important depuis mai 1968, il se concrétise par l'organisation des nouveaux éléments gagnés au Parti ;
..... -Tous les " camarades" doivent obligatoirement militer activement dans les organisations de masse légales déjà existantes (syndicats ouvriers, étudiants, paysans, associations de parents d'élèves, comités antifascistes, maisons de jeunes, associations culturelles ou sportives, etc.) ;
..... -Les triangles, autonomes quant aux formes d'action à employer (affichages, inscriptions, distributions de tracts, etc.) doivent être en mesure d'éditer leur matériel de propagande. Il leur est toutefois interdit, parce que plus dangereux que rentable, de procéder à des distributions massives de tracts ou journaux dans un quartier ou un village ;
..... -Pour les aider dans leurs actions, les " triangles" utilisent des " sympathisants " qui doivent tout ignorer de l'organisation. Par contre les " triangles " de base doivent tenir la section au courant de l'activité des " sympathisants ".
..... On distingue les " sympathisants actifs ", chargés des distributions de tracts, des ventes de journaux et du travail politique au sein d'une organisation de masse, des " sympathisants non actifs ", "éléments sûrs qui ne peuvent être utilisés que comme boite aux lettres, agents de liaison, relais, etc".
..... Les rapports directs entre " triangles de direction" sont rigoureusement interdits. Les " triangles de section" sont responsables devant le " triangle régional". Ils dirigent l'action politique dans les masses, impulsent et contrôlent le travail idéologique et pratique des " triangles de base ". Ils transmettent au " triangle régional " les suggestions et critiques émises dans les différents échelons, et prévoient la formation de cadres nouveaux, prêts à remplacer à tout instant la direction en place.
..... Cette structuration triangulaire aboutit, à l'échelon supérieur de commandement, à:
..... -La direction centrale clandestine (D.C.C.) -composée de 3 membres :
..... l 1 secrétaire national ;
..... l 1 secrétaire à l'agitation et la propagande ;
..... l 1 secrétaire à l'organisation.
..... Dès l'entrée dans la clandestinité, le" P.C.M.-L.F. " a totalement abandonné les locaux qui lui servaient de siège ou de lieux de réunions. Les nouveaux points de rencontre sont, depuis, demeurés inconnus des services de Police. Il s'agirait des domiciles de militants sûrs et, bien entendu, jamais les mêmes.
..... A cette époque-là, compte tenu de sa propagande et de l'implantation de ses structures de masse (comité de base) le nombre de ses militants s'élevait à environ 10 000.

2. La doctrine

..... Immuable, la doctrine est restée celle de l'ex-P.C.M.-L.F. premier profil d'une même organisation.
L'idéologie, la politique, la stratégie, la tactique et la ligne organisationnelle de la " Direction centrale clandestine" est toujours fondée sur les principes du marxisme, du léninisme et de la pensée de Mao Tsé-toung.
..... En conduisant la révolution socialiste mondiale à la victoire, sous les auspices du communisme chinois, le " P.C.M.L.F clandestin" a toujours pour but de "bâtir un monde nouveau ". La destruction de la "société bourgeoise" en est un postulat.
..... A l'occasion des conflits sociaux, locaux ou autres, cette formation révolutionnaire s'efforce d'exploiter les surenchères, afin de mettre le Parti communiste français et le syndicat C.G.T. dans l'obligation, soit de reprendre à leur compte les thèses révolutionnaires, soit de se présenter en "défenseurs du patronat ". En outre, le " P.C.M..L.F. clandestin" tend à créer des liens solides avec la classe ouvrière en implantant et en contrôlant les comités de base, d'entreprises ou de quartier .

3. La presse -Les moyens de propagande

..... " L'Humanité nouvelle ", organe clandestin du mouvement est toujours diffusé sous forme de bulletin intérieur. Sa diffusion est devenue l'une des tâches primordiale des militants.
..... A cet organe national, il convient d'ajouter quelques bulletins locaux d'entreprises et de quartiers, ainsi qu'un grand nombre de tracts ronéotypés diffusés sur toute l'étendue du territoire national.


Première page du n°1 de "l'Humanité Nouvelle" (publiée en ronéo sur 4 feuilles recto-verso fin août 1968)

Le 12 juin 1968, le gouvernement au service des intérêts de la bourgeoisie monopoliste a décrété la dissolution du Parti communiste marxiste-léniniste de France.
Cette mesure est un acte de violence décidée en violation de la légalité bourgeoise elle-même. Elle s'appuie sur un décret de 1936 destiné à mettre hors d'état de nuire des ligues fascistes armées, avec lesquels le Parti communiste marxiste-léniniste de France n'a évidemment rien de commun.
Elle témoigne de la faiblesse croissante du pouvoir capitaliste aux prises avec une crise économique et politique née de ses propres contradictions, en France comme sur le plan mondial.
Elle résulte du fait que la tempête révolutionnaire qui s'est déchaîner contre lui aux mois de mai et juin 1968, l'à contraint à recourir à des méthodes de caractère autoritaire. La dictature du capital ne s'exerce plus dans notre pays dans le cadre d'une république démocratique bourgeoise libérale, mais dans celui d'un tel système "en voie de fascisation".
Au surplus, la dissolution du Parti communiste marxiste-léniniste de France est intervenue à la suite d'une campagne de dénonciation et de provocations poursuivie contre les marxistes-léninistes depuis plusieurs années par les dirigeants révisionnistes du Parti "communiste" français. Elle constitue un "cadeau" à la clique de Waldeck-Rochet et Georges SEGUY en récompense des services éminents qu'ils ont rendus à la bourgeoisie capitaliste. Ils lui ont offert en effet, au moment le plus crucial, des solutions inespérés pour résoudre ses difficultés inextricables: le 22 mai 1968, à l'Assemblée nationale, le secrétaire général du parti révisionniste a préconisé de recourir à des élections générales, proposition qui fut retenue une semaine plus tard par De Gaulle lui-même; le 25 mai 1968, le secrétaire de la C.G.T., membre du bureau du Parti révisionniste 


Circulaire intérieure du PCMLF
concernant le ralliement
de militants issus de l'UJC (ml)
(février 1969)

..... Des militants étudiants représentant un certain nombre d'unités de la région parisienne de l'ex.-U.J.C. (M.-L.) ont eu des entretiens politiques avec des représentants de la Direction centrale du Parti communiste marxiste-léniniste de France, notre Parti ..

..... Ils ont rédigé un texte précisant leurs conceptions et leurs avis sur différentes questions fondamentales, ils ont posé plusieurs questions précises à notre parti..

..... La Direction centrale apprécie les discussions qu'elle a eue avec ces camarades et leur document comme positifs. Ce dernier définit une ligne juste du point de vue politique et tactique (notamment en ce qui concerne le processus de développement du Parti et ses rapports avec les masses). Il fournit du mouvement étudiant une première analyse susceptible de contribuer au développement de la discussion actuellement engagée dans l'ensemble des organisations du Parti, sur l'application à l'Université de sa politique.

..... Une certaine confusion pourrait toutefois subsister sur les questions d'organisation. Ces camarades parlent " d'unification " avec le Parti. Or il s'agit pour eux de le rejoindre sur la base des enseignements dégagés, par leurs propres efforts, de la critique (et donc aussi de l'autocritique) approfondies qu'ils ont pratiquées contre l'idéologie, la ligne politique et l'organisation du mouvement auquel ils appartenaient depuis 1966, l'U.J.C. (M.-L.). Il ne peut donc s'agir " d'unification ", mais plus justement d'une adhésion fondée sur une base idéologique, politique et organisationnelle conférant au P.C.M...L.F. sa qualité d'avant-garde révolutionnaire prolétarienne, même si, à l'heure actuelle, son importance quantitative et son influence encore limitée ne permettent pas de prétendre qu'elle joue déjà pleinement son rôle historique de direction de la classe ouvrière et des autres couches ayant des intérêts objectivement favorables à la révolution. Raison fondamentale d'ailleurs pour laquelle le P.C.M.-L.F. donne un caractère prioritaire à la lutte pour arracher la classe ouvrière à l'influence contre-révolutionnaire du révisionnisme moderne.

..... Ce sera seulement lorsqu'ils seront membres du Parti, totalement égaux en droits et en devoirs avec tous ses adhérents, révolutionnaires prolétariens sans distinction d'origines sociales, que ces camarades contribueront effectivement et efficacement à l'élaboration constante, démocratique et centralisée, du programme et de la tactique du Parti.

..... Ainsi la création à l'Université de "Cercles de sympathisants du Parti" ou "d'une organisation de masse indépendante organisationnellement du Parti, mais sous sa direction politique" ne peut résulter que des expériences et analyses de l'ensemble des militants, de la base au sommet du Parti, y compris de l'ensemble des camarades ouvriers, qui ont le devoir de connaître sérieusement la situation concrète à l'Université. Tout comme les étudiants ont le devoir de connaître aussi sérieusement la situation dans les usines. Les graves erreurs de l'U.C.J. (M,-L,), l'expérience révisionniste plus ancienne de l'U.E.C. contre-révolutionnaire n'inclinent pas pour l'instant à précipiter des initiatives organisationnelles, qui pourraient se révéler dangereuses en servant ultérieurement et objectivement la réapparition de l'idéologie petite bourgeoise, et tout simplement bourgeoise, parmi les étudiants et enseignants qui désirent se placer et se placent de manière conséquente sur les positions révolutionnaires de l'idéologie prolétarienne. Soyons tous ensemble très vigilants pour éviter comme la peste l'apparition de cercles de style " pétöfistes" !...

..... La Direction centrale accorde une grande importance au ralliement d'étudiants toujours plus nombreux au Parti. Et d'enseignants également bien entendu. C'est là un fait historique d'autant plus significatif que le mouvement étudiant joue un rôle capital pour l'éveil ultérieur du mouvement révolutionnaire dans son ensemble, en France comme dans le monde.

..... A ce sujet le président Mao nous enseigne :
"Le mouvement des étudiants fait partie de l'ensemble du mouvement populaire. L'essor du mouvement des étudiants entraînera inévitablement un essor du mouvement populaire."

..... Et, le 25 janvier dernier, l'organe central du Parti du travail d'Albanie, "Zéri i popullit " pouvait écrire :
"Dans la situation actuelle où le mouvement étudiant prend un élan impétueux les intérêts de la révolution commandent que les véritables marxistes-léninistes mobilisent, organisent et unissent leurs mouvements étudiants et qu'ils les rattachent étroitement à la lutte de la classe ouvrière..."

..... Enfin citons le camarade Enver Hoxha, Premier secrétaire justement de ce Parti frère :
"C'est ici, dit-il, dans ces moments et dans ces foules audacieuses de jeunes que doivent pénétrer les nouveaux Partis marxistes-léninistes pour travailler et lutter avec eux, pour les éclairer et les guider."

..... Le Parti communiste marxiste-léniniste de France peut et doit en effet se renforcer considérablement par le précieux apport du mouvement étudiant révolutionnaire qui a été à la pointe du combat depuis le mois de mai 1968 et a déclenché la grande tempête révolutionnaire, posant ainsi devant notre peuple la question de la révolution prolétarienne.

..... Le Parti communiste marxiste-léniniste de France, tout en s'édifiant activement en sa qualité d'avant-garde, doit fondre dans l'unité d'action et de pensée travailleurs intellectuels et manuels, les plaçant sous la direction idéologique de la classe ouvrière...

..... Le Parti communiste marxiste-léniniste de France ne dissimule pas les difficultés, parce qu'il est profondément convaincu de l'inéluctable victoire de la révolution en France comme dans le monde.

..... A cette oeuvre gigantesque il appelle ardemment tous les étudiants, tous les ouvriers et toutes celles et tous ceux qui veulent renverser le pouvoir du capitalisme monopoliste d'Etat en France, écraser l'impérialisme et le fascisme dans le monde, pour leur substituer le socialisme fondé sur la dictature du prolétariat !

..... En avant camarades, pour le renforcement du Parti communiste marxiste-léniniste de France !
..... En avant pour son édification impétueuse en avant-garde reconnue par le prolétariat révolutionnaire !
..... Participons avec enthousiasme et conséquence à sa mission historique, en appliquant aux conditions nationales spécifiques de la France les enseignements du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Tsé-toung !

..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... Février 1969.
.. La Direction centrale clandestine du Parti communiste marxiste-léniniste de France.

 


Quelques exemples des brochures innombrables diffusées en milieu universitaire en 1969 et 1970 contre le P.C.M.L.F et contre l'Humanité rouge sous le signe de la "grande critique" (dogmatique) contre la prétendue "ligne noire".

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