10 ANS DE MAOÏSME
UNE HISTOIRE
UN BILAN
UNE POLITIQUE

(pages 14 à 24) LE MARXISTE-LENINISTE n°50-51 -printemps 1981-

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Suite è

.2.

UNE POLITIQUE

DE PARTI

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Faire exister la classe ouvrière :
LES NOYAUX COMMUNISTES
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          A l'usine, où règne dans sa sauvagerie civile la contradiction capital/travail, nous soutenons la naissance et la croissance de noyaux communistes ouvriers, forme spécifique de l'organisation d'avant-garde, dans une rupture complète avec toute la pseudo-tradition syndicalisante du "mouvement ouvrier". Dans une conscience à nouveau tranchante, et immédiatement dirigeante, de ce qu'un ouvrier marxiste concentre en lui non pas les exigences limitées et circonstancielles de la lutte revendicative, mais les exigences illimitées et permanentes de la politique communiste.
          De là qu'aujourd'hui les noyaux communistes définissent avant tout une charte du juste comportement de classe, une manière d'être, individuelle et collective, sans quoi la classe, comme réalité consciente, n'existe pas, ni dans l'usine, ni hors de l'usine. Faire exister le prolétariat dans le réseau pratique des comportements ouvriers, voilà la première exigence des noyaux.
          Nous publions ici l'intervention d'un noyau ouvrier, chargé de diriger un forum à notre meeting central du 28 Février 1981.

- I -

      De quoi parlerons-nous aujourd'hui ? Nous parlerons du prolétariat, du communisme, de la question du parti communiste de type nouveau, de son édification dans les noyaux communistes ouvriers.
      Pourquoi ? Et bien parce qu'aujourd'hui dans les usines, chacun doit choisir le chemin qu'il prend, chacun doit dire ce qu'il est et ce qu'il veut.
      Dans ce grand moment de réflexion politique, de tempête dans les têtes, d'affrontement des projets politiques au sein des ouvriers, nous sommes ceux qui avons choisi la voie de la reconstitution d'un authentique prolétariat en France, la voie de l'organisation de son parti communiste.
      Nous sommes à un tournant dans l'histoire de la classe ouvrière en France. Et c'est cela qu'il faut bien comprendre. Pourquoi ? Parce que c'est la crise économique ? Qu' il y a des licenciements ? Qu'il y a des mauvais coups anti-ouvriers ? Que "ça va mal" comme on l'entend souvent ? Une fois qu'on a dit cela, on n'a rien dit car on ne peut pas comprendre pourquoi il n'y a pas de riposte de masse à ces mauvais coups; pourquoi "les patrons font ce qu'ils veulent" comme disent beaucoup d'ouvriers.
      Ce qu'il y a à comprendre, c'est que la classe ouvrière est en crise politique, qu'elle n'a plus de perspectives, que son mode de pensée ne fonctionne plus, qu'elle se sent sans appuis et incapable de faire face à la situation. C'est cela que la bourgeoisie a compris et qui lui permet de " faire ce qu'elle veut".
      Ce qu'il y a à comprendre, c'est que la pensée ouvrière française, le mouvement ouvrier ont fait faillite, et qu'il faut le digérer. Cette pensée complètement métaphysique regardait les places: l'ouvrier qui se fait une place, qui veut l'améliorer dans le capitalisme, les bourgeois qui sont en place et sont toujours les plus forts et qu'on laisse conduire la politique.

     
1936 : un des aspects de ce mythe, l'électoralisme.

      Ce mouvement, c'était celui des ouvriers mécontents de leur sort, disant au patron: "on est là, ne nous oublie pas! ". On le disait parfois en criant très fort dans les luttes revendicatives où existait un minimum d'unité parce qu'"on est tous des ouvriers". Et l'horizon politique, c'était 1936, cet espèce de mythe qui colle aux semelles des ouvriers: la grande unité revendicatrice dans les usines, l'unité de la gauche aux élections donnent conquêtes sociales.
      C'est encore ce mythe là qui a été brandi de 73 à 78 à travers le programme commun pour fourvoyer la révolte de Mai.Juin 1968.
      Et tout le monde se camouflait derrière cette unité sans aucun principe de classe: le P.C.F. sous la grosse casquette C.G.T. pour promettre plus de beurre sur les tartines, la C.F.D.T. de la coordination des luttes qui amenait en chantant les révoltés dans les bras de Marchais.
      TOUT CELA EST FINI. L'idée très répandue dans les usines " les grèves ne marchent plus" montre que la grande masse des ouvriers en a conscience.
      Fini l'ouvrier stable, l'ouvrier garanti avec ses acquis, à qui le capitalisme rappelle brutalement la réalité: l'usine est un lieu sauvage d'extorsion de la plus-value, où la force de travail est une marchandise. Maintenant intérim, chômage technique, jeté, pris.
      Finie l'union de la gauche, l'union syndicale. Aujourd'hui on voit poindre le gros bâton social-fasciste du P.C.F. pour développer ouvertement son projet politique dans les usines; crachant sur les intérimaires, sur les O.S., sur les ouvriers qui ne sont pas " de valeur" comme ils nous l'ont expliqué à Creusot-Loire Chalon. Nous l'avons rencontré ce "bon ouvrier de valeur" estampillé P.C.F.: raciste, fayot, mouchard, arriviste, corrompu, prêt à tout pour sa place au soleil. Le bleu de chauffe sur le dos, mais les idées de nouveau bourgeois dans la tête et les bras d'un fasciste pour agir.

      Et vraiment, il n'y a plus que les groupes de pleureuses style "union dans les luttes", C.F.D.T et Cie pour nous vendre encore la camelote avariée du " mouvement ouvrier uni", de l'"union de la gauche et de l'unité syndicale"; ceux pour qui la politique, c'est le beefsteak plus l'autogestion ! Rêve du 36 éternel.
      Alors, maintenant dans les usines, il faut choisir sa classe, son camp, sa politique, son parti. C'est un choix incontournable.
      C'EST LA UN GRAND TOURNANT: organisation d'une nouvelle bourgeoisie arrogante, haineuse, ou organisation du prolétariat international de France ? Parti social- fasciste ou parti communiste de type nouveau ? L'heure est aux mouvements politiques, aux grèves politiques. Nous avons une réponse à cette question que nous allons développer maintenant.

-II-

      Aujourd'hui, dans les usines, l'heure est à la réflexion; réflexion sur les grandes questions actuelles de la politique, c'est-à-dire quel comportement avoir, quel camp choisir face à la crise de l'impérialisme, face aux manoeuvres et aux attaques incessantes de la bourgeoisie contre les ouvriers et le peuple. Mais aussi réflexion sur le bilan que les ouvriers font d'eux-mêmes, de leur histoire, de leurs illusions et de leurs désillusions.
      Cette réflexion est profonde, plus profonde qu'il n'y parait. Il faut savoir la saisir, la comprendre, sinon on ne voit qu'une masse d'ouvriers qui ne "veulent rien faire", d'ouvriers écrasés. Evidemment, ce n'est pas en appelant tous les jours les ouvriers à la lutte ( comme le font les syndicats, sur des objectifs complètement vagues), ni en ayant à l'esprit de "faire bouger" les ouvriers, qu'on peut comprendre et analyser ce qui se passe dans leur tête. Mais c'est en discutant, en menant le débat, en le provoquant même, en donnant son propre point de vue sur les problèmes politiques aussi bien que sur les situations concrètes locales. En un mot, c'est en pratiquant ce que nous appelons l'enquête maoïste.
      Cette période de réflexion, elle ne vient pas seulement d'un constat d'échec, d'impuissance de la lutte revendicative traditionnelle face à la crise, ce que nous appelons la course aux miettes organisée par les syndicats quand l'impérialisme va bien. Cela, ce n'est que l'aspect objectif, c'est-à-dire que quand les ouvriers boycottent en masse les appels syndicaux aujourd'hui, ils n'obéissent qu'à un réflexe de bon sens, de ne pas s'aventurer dans des luttes perdues d'avance.
      Mais ce qui est le plus important, pour expliquer le pourquoi de cette réflexion, c'est ce qui en fait la démarche subjective. Nous, au noyau, nous partons d'un principe, qui peut paraître simpliste: c'est que les ouvriers pensent, qu'ils ont un point de vue, même confus, même contradictoire, sur les évènements, sur le présent et sur le passé.
      Nous parlons d'attaques et de manoeuvres incessantes des patrons et des bourgeois contre les ouvriers. Le problème, ce n'est pas seulement que des coups de bâton, ça fait mal. Mais c'est surtout de comprendre d'où ils viennent, de comprendre la vraie nature de l'impérialisme qui donne ces coups de bâton.
      Nous parlons de questions politiques. C'est que c'est difficile de comprendre pourquoi les ouvriers réagissent différemment, pourquoi cette apparente solidarité revendicative d'antan n'existe plus. Ce n'est pas évidemment non plus d'avoir les idées claires sur telle ou telle question, sur tel ou tel concept, sur le sens même des mots, quand on voit par exemple la propagande quotidienne du P.C.F. pour tout embrouiller, pour attaquer les immigrés au nom de l'anti-racisme, pour crier victoire après 200 licenciements dans une usine, pour soutenir les russes en Afghanistan au nom de l'internationalisme et du communisme.

      Et puis, ce n'est pas facile non plus, pour des ouvriers de 50 ans, de dire, comme plusieurs d'entre eux nous l'ont dit, qu'ils sont vidés, que l'usine leur a tout enlevé, qu'elle a nivelé leur façon de penser comme leurs actes quotidiens, que les luttes ne leur ont rien apporté.
      Voilà quelques éléments qui permettent de mieux comprendre pourquoi les ouvriers sont dans une période de réflexion. D'ailleurs nous le constatons tous les jours, dans notre travail politique. Je ne vous citerai que 2 petits exemples, parmi d'autres, mais qui sont révélateurs:
      A CREUSOT-LOIRE, depuis le début du processus des licenciements, on s'est rendu compte que les tracts du noyau étaient beaucoup plus lus que ceux des syndicats et du P.C.F. Notamment les tracts qui posaient des problèmes politiques de fond. Il y a encore 2 ou 3 ans, un tract qui ne parlait pas que des questions concrètes de la boîte, c'était un tract qui n'était presque pas lu. On le mettait dans la poche. Aujourd'hui, beaucoup d'ouvriers les lisent (même quand c'est des pavés où on remet en cause les ouvriers eux-mêmes, par exemple le tract de bilan des licenciements).
      DANS UNE AUTRE USINE, une boite d'O.S. et d' O.P. déclassés, à notre dernière diffusion de tracts contre le P."C"F., parti raciste, parti mouchard, on a vu pas mal d'ouvriers s'arrêter au bout de quelques mètres, dans la cour de l'usine, pour lire le tract plus à fond.
      Réflexion politique donc, c'est-à-dire en fait la question de l'unité politique des ouvriers. C'est là le coeur du travail des noyaux.
      L'unité politique, cela ne veut pas dire être ensemble, être le plus nombreux possible. Nous, au noyau, nous n'appelons pas les ouvriers à s'assembler pour lutter, disons pour lutter dur, en faisant de la surenchère sur ce que proposent les syndicats. Nous ne les appelons pas à nous suivre.
      Le travail quotidien du noyau, c'est d'intervenir à partir de ce qu'on appelle les formes de conscience ouvrières, c'est-à-dire à partir des façons, des schémas de pensée que l'on peut rencontrer dans les usines, en provoquant le débat sur les questions de dignité ouvrière, de comportements de classe, au fond de "Qu'est-ce que cela signifie d'être du prolétariat aujourd'hui", et "Qu'est-ce que cela signifie d'être une force ? ".
      Par exemple, il nous arrive de renvoyer aux ouvriers d'une usine, sous forme de tract, l'analyse qu'on fait des réflexions, des différentes choses que disent les ouvriers sur un point précis (licenciements, mutations, sanctions, etc...) et de mettre le doigt sur tout ce qu'il y a de contradictoire. Car, la politique, c'est sur des points concrets qu'elles se mène, des choses qu'on fait ou qu'on ne fait pas. Et l'unité politique, c'est de savoir pourquoi on décide de faire cela, et de le faire... et ensuite d'en faire le bilan.
      C'est pourquoi, dans notre travail politique, nous lions toujours 2 choses, qui sont indissociables.
    -- l'intervention sur des situations concrètes en faisant des propositions.
    -- l'éducation marxiste et les écoles ouvrières.
      Il est évident que le travail politique du noyau n'a d'effets que s'il se mêle des situations concrètes dans lesquelles sont engagés les ouvriers. Mais il y a un écueil sur lequel se sont échoués bon nombre d'ouvriers révolutionnaires sincères et combatifs dans les années d'après-68, c'est de tomber dans un apolitisme plat au nom de la satisfaction de revendications immédiates.
      Nous, au noyau, nous voulons rompre avec le débat stérile que ces gens-là avaient en tête, c'est-à-dire la contradiction entre la revendication immédiate, qui serait l'aspect tactique (la lutte) et l'idéologie révolutionnaire (la révolution, le communisme) qui serait l'aspect stratégique.
      Non pas qu'il n'y ait pas de contradiction entre ces 2 termes, mais quand dans le travail politique, on passe de l'un à l'autre, comme on saute d'un pied sur l'autre, c'est toujours le premier aspect qui l'emporte. Et on finit par dire les mêmes choses que les syndicats, en plus dur.
      Nous, au noyau, avons un fil conducteur pour guider nos interventions dans les situations concrètes. C'est d'être vigilant dans toute forme d'action ou tout élément de programme, à ce qui fait la force ou la faiblesse, l'unité politique ou la division, le caractère de classe, l'autonomie ouvrière ou la dépendance par rapport aux forces syndicales. C'est de savoir si de faire telle chose contribue à renforcer la classe ouvrière pour après, ou non.
      C'est pourquoi nous avons élaboré, avec des ouvriers de différentes usines de notre région, et en bilan des grèves qui ont eu lieu en 78 et 79, la CHARTE EN 16 POINTS. Cette charte, ce n'est pas le programme de l'U.C.F.M.L. pour les ouvriers, ni des recettes d'agitation.
      Dans cette charte, il y a 16 points; non pas que la liste soit exclusive, mais parce que ce sont des points que l'on rencontre fréquemment dans les usines aujourd'hui, ce sont des points de la lutte de classe quotidienne à l'usine, dans les ateliers.

      Dans cette charte, il y a 2 aspects importants: la question des comportements de classe dans les situations concrète, et la question de la résistance quotidienne à l'usine. Nous avons élaboré cette charte en réponse à la corruption, à l'individualisme, au défaitisme. Nous l'avons envisagé non pas comme un programme qu'il faut faire aboutir, mais comme une réponse politique immédiate, en terme de débats et de pratiques, dans la lutte des classes quotidienne. Le but de la charte, c'est de constituer dans les usines le camp de ceux qui veulent résister aux mesures anti-ouvrières: ce camp, c'est ceux qui veulent appliquer la charte, ou ceux dont le comportement quotidien relève de l'esprit de la charte.
      La charte, c'est un moyen d'interpeller les ouvriers à partir d'éléments concrets et réalisables. Elle rompt totalement avec la vision quantitative des choses, qui fait dire à tant d'ouvriers " il faut être nombreux pour faire quelque chose", ou "l'union fait la force". Mais ça, ce n'est qu'un alibi, car en fait on n'est jamais assez nombreux, donc on ne fait jamais rien. De plus, les ouvriers qui disent cela, ce sont les mêmes qui disent aussi "ce sont les autres qui ne veulent pas bouger, ce sont les autres qui ont une sale mentalité". A ce sujet, la charte insiste sur le fait que c'est chacun qui est porteur de l'unité ou de la division, que c'est à partir de l'attitude de chacun qu'il y a possibilité de transformer la situation ou pas.
      La charte rompt aussi avec la conception complètement syndicaliste qui est celle de "seule la lutte paye". Parce qu'une fois la lutte passée, qu'est-ce qui reste ? Chacun retourne dans son atelier. Et si la lutte a été un échec, on est encore plus divisé qu'avant. La grève, ce n'est pas le seul moyen de se battre. Elle n'est un moment privilégié que si avant, le débat a été largement mené et que si un début d'unité politique s'est constitué dans les ateliers.
      Le gros travail, il est à faire tous les jours, sur des choses qu'il ne faut pas laisser passer (un licenciement individuel, un chef qui fait chier un ouvrier, etc...). C'est cela qui fait de l'ouvrier un acteur de la lutte des classes, et non pas un client pour un programme revendicatif. C'est cela aussi qui assure une autonomie politique des ouvriers par rapport aux forces bourgeoises dans l'usine et à leur façon de penser. C'est cela enfin qui donne aux ouvriers la confiance dans la possibilité de transformer les choses d'abord là où ils sont.
      Nous avons comme principe de faire de tout acte une démarche collective, donc un débat entre les ouvriers. C'est là que s'assume le refus de la répression et de la corruption dans l'usine, c'est là que s'enclenche le processus qui mène à la transformation des rapports entre ouvriers.
      C'est là qu'on rompt avec le système de la "délégation des pouvoirs" si chère aux syndicalistes. Dans la lutte de classes, il n'y a pas d'avocats du peuple. Dans la lutte de classes, on ne fait pas semblant: on la mène ou on ne la mène pas. C'est à partir de cela qu'on se compte dans l'usine, qu'on a une première idée de ce qu'est notre camp.
      Savoir qui est qui dans l'usine aujourd'hui, c'est quelque chose de primordial. Nous sommes dans une période où il y a des grèves, des actions menées par le P.C.F. qu'il faudra contrecarrer, dont le refus aura un enjeu de classe. Nous ne parlons pas ici des "grandes journées nationales bidons" qui sont désertées depuis longtemps par les ouvriers. Mais nous prévoyons une offensive politique du P.C.F. en direction de la classe ouvrière pour les mois à venir, offensive dont on entend déjà les bruits de bottes en ce qui concerne la question de l'intérim et la question des O.S.


Avant les élections présidentielles de 1981, un exemple de
la politique d'embrigadement du PCF, (démentie de manière
cinglante par les pourcentages obtenus).

      Car pour mener sa politique d'embrigadement, le P.C.F. a besoin dans les usines d'une certaine stabilisation, d'un certain monolithisme des ouvriers, sa tactique, c'est l'intégration de tout ce qui est différent, c'est la suppression en tant qu'acteurs de la lutte des classes de tous ceux qui n'entrent pas dans les structures de corruption de l'usine impérialiste, tous ceux qui ne sont pas des ouvriers maison ( c'est pour cela qu'il demande la suppression de l'intérim et des O.S.). D'ailleurs, sur le terrain, sa pratique c'est: soit l'intégration (par exemple par rapport à l'embauche de l'intérim ou de la qualification des O.S.) soit la mise à l'écart pure et simple.

      Nous, au noyau, nous partons au contraire de cette diversité objective de la classe ouvrière, pour en appuyer la diversité des mobilisations subjectives (par exemple: la résistance des intérimaires et leur point de vue spécifique par rapport à l'usine). Tout cela pour en faire une unité qui soit agissante, une unité politique, donc une force.
      D'ailleurs, aujourd'hui, l'unité politique dans l'usine peut se faire sur des éléments qui ne sont pas directement liés à l'usine (exemple, la grève de 10 minutes lancée par un noyau parisien dans 2 usines contre un crime raciste de la police).
      C'est dans ces débats, ces prises de positions, ces comportements de classe qu'est à l'oeuvre le marxisme militant. Et c'est donc en soutien à ce travail et à partir des différentes formes de pensée et de conscience ouvrière que nous menons des campagnes d'éducation marxiste:
    -- Des tracts portant sur des thèmes comme la révolution, la lutte des classes, le socialisme et le communisme, la conception bourgeoise des choses et la conception prolétarienne, sur l'impérialisme et ses fausses richesses.
    -- Des écoles ouvrières liées à cela, qui sont un lieu de débat et d'échange d'expérience entre ouvriers, et dans lesquelles nous mettons l'accent sur l'importance d'avoir une pensée politique communiste (marxisme, matérialisme dialectique, etc...).

-III-

      Tous les partis, tous les bourgeois affirment la nouveauté de leur politique; affirmer la même chose nécessite donc quelques explications.
    1) Notre politique est nouvelle parce qu'elle se réfère au quotidien. Depuis 68, on oppose la volonté de changer la vie dans la quotidienneté à la politique politicienne et spectaculaire.
      Mais ce qu'expriment au travers de la politique quotidienne de l'usine les noyaux, c'est l'affirmation qu'il n'y a pas d'acquis autres que politiques.
      Dire que les acquis, la défense des acquis, etc... n'existent pas, peut paraître d'une part surprenant, d'autre part peu nouveau.
    2) Notre affirmation en s'opposant aux acquis, combat une conception métaphysique de l'usine où l'ouvrier est toujours l'ouvrier et le patron idem.
      Les acquis statu quo et leur défense prétendent que rien ne se transforme quant au fond quant au devenir historique des classes.
      L'acquis et sa défense prônent comme seules transformations possibles des péripéties du consensus, en fonction de la situation politique de la bourgeoisie face à une classe ouvrière masse de manoeuvre pour des négociations.

      Dire: il y a une transformation de la société en général et de la classe ouvrière en particulier est banal, sur la forme que revêtent l'exploitation et les classes exploitées. Cela l'est moins si on affirme qu'il y aune voie sinueuse qui mène au communisme et qui affirme contre vents et marée qu'il y a une rime à la lutte des classes et que cette rime est le communisme.
      La transformation n'est pas tant le mode d'exploitation qui est passé de l'esclavage au travail salarié. Beaucoup d'ouvriers nous répondent face à cette affirmation que l'esclavage existe toujours. Leur répondre qu'y compris dans le cas de l'intérim l'ouvrier loue sa force de travail, ce qui est différent de l'esclave, ne sert pas à leur prouver que l'évolution est notoire.
      Ce qui par contre est notoire, c'est que le combat que menaient les esclaves et que mènent les ouvriers aujourd'hui, est un long apprentissage des classes opprimées de la politique qui mène au communisme.


A Longwy en 1979, échec de la voie syndicaliste CFDT

LE SEUL ACQUIS EST L'EXPÉRlENCE DE LA LUTTE DES CLASSES.

      Mais alors, s'il n'existe pas d'acquis autres que politiques, que signifie de dire que la politique des noyaux est quotidienne ?
      Après 1968, l'expression quotidienne de la politique était jusqu'à présent une affaire du peuple et des ouvriers comme éléments du peuple; mais pas de la classe ouvrière dans les usines.
      Si l'on dit que changer la vie, la politique au quotidien dans les quartiers, au sein du peuple, entre hommes et femmes, etc... n'a pas d'acquis autre que la volonté de transformation de ces rapports, que cela ne constitue jamais un acquis, tout le monde est d'accord .
      Si l'on dit la même chose de l'usine, des rapports entre ouvriers, de la lutte de classes à l'usine etc... bien des ouvriers se sentent agressés quant à leur passé de battants. Voyons de quoi il retourne:
    ** Les acquis économiques (garantie de l'emploi...) ne durent que tant que les patrons considèrent qu'ils n'ont pas à restreindre le champ de la corruption impérialiste. Si la classe ouvrière n'a pas de force politique, il n'y a pas d'acquis.
    ** L'acquis relevant de l'expérience de la lutte des classes de la période de l'impérialisme jusqu'à la crise, c'est le néant dû à l'économisme syndical que nous combattons.
      Les formes nouvelles que recherchait la classe ouvrière après 1968, ce qui s'est appelé la gauche ouvrière avec l'expérience des comités de lutte, etc... a disparu.
      D'acquis dans les usines aujourd'hui, il ne reste rien, excepté l'expérience des révolutions et de l'évolution du marxisme et à travers elles, ce dont nous sommes porteurs.
      Aujourd'hui, il n'y a plus non plus de combats dignes de ce nom. Pas de levée de masse face aux licenciements... La bourgeoisie semble jouer gagnante sur tous les tableaux.

      C'est précisément parce qu'il n'y a plus d'acquis; que la classe ouvrière aujourd'hui doit mener la lutte des classes au quotidien afin de se reconstituer en reconstituant son unité politique.
      Qu'entendons-nous par là ?

      Prenons un exemple: nous sommes connus par les ouvriers de Chalon comme étant de bons lutteurs intègres, mais aussi comme étant contre tout, y compris s'ils lisent nos tracts et écoutent nos propositions. Beaucoup n'arrivent pas à nous définir. A Creusot-Loire par exemple, nous sommes passés de 1975 à 1981 d'une usine sous hégémonie syndicale et social-fasciste à une situation où les ouvriers réclament nos tracts anti-syndicalistes et anti-social-fascistes. Malgré cela et le courant d'opinion favorable, les ouvriers arrivent mal à cerner ce que nous sommes.
      Cela signifie deux choses:
    -a- qu'ils sont, et nous avec eux, dans une phase de recherche politique; de bilan.
    -b- qu'il est difficile de bien cerner notre politique dans les usines dont l'apparence est d'être opposée à tout un bilan du passé relevant du syndicalisme et de l'anarcho-syndicalisme. Que cela recouvre le moindre détail. Dans cette phase il est de notre rôle d'éclairer ce que nous entendons par politique nouvelle, par politique communiste.
      Exemple: le tract sur les 2 heures d'arrêt où nous sommes opposés à faire 2 heures de grève C.F.D.T. Au noyau nous avons discuté pendant 2 heures et au bout de ce temps, il nous est apparu que ce tract était indispensable. La C.F.D.T. appelait à faire 2 heures de grève la veille de Noël et du 1er de l'an pour finir à 19 heures au lieu de 21 heures. Nous avons appelé à prendre des bons de sorties, non par opposition formelle au syndicalisme, mais par divergence profonde. Cette grève C.F.D.T. était l'unité sans principe, sans politique, où la grève est conçue comme passe-droit, comme couverture du "sauve qui peut". Nous y avons opposé une démarche collective: discuter ensemble pour prendre ensemble un bon de sortie.
      Conclusion: ce qui importe plus encore que la forme politique que prend le combat quotidien, c'est la transformation qui en résulte sur les formes de conscience où chaque ouvrier trouve sa place, où l'unité est perçue comme quelque chose impliquant chaque ouvrier et non comme une masse de manoeuvre syndicale ou une masse militarisée qui caractérise les conceptions révisionnistes et trotskystes d'un soi-disant mouvement ouvrier.

      Notre politique est nouvelle parce qu'elle implique un rapport nouveau à la classe ouvrière, aux ouvriers.
      La classe ouvrière est bouleversée par une multitude de statuts différents: immigrés, femmes, intérimaires, etc... Cette dimension peut être pour certains une faiblesse; quelque chose de navrant et comme il n' y a rien à faire pour ressouder les morceaux, comme on le faisait dans l'usine de l'impérialisme florissant, on pleure.
      Et bien, pas nous; il s'agit plutôt de transformer le point de faiblesse apparente en point de force; parce que c'est là la seule voie qui mène à la constitution de la classe ouvrière en classe politique.
      Les nostalgiques de l'usine impérialiste de naguère sentent tout ce qui n'a pas le statut maison du bon ouvrier modèle comme une faiblesse, et à la fin, sous couvert de combattre l'intérim, c'est l'ouvrier intérimaire que l'on combat.

      Quand les noyaux écrivent la charte, il ne le font que parce que la situation nouvelle des temps de crise, d'effondrement des acquis, nécessite une politique de chaque instant où toute pensée et tout acte doivent être combattus s'ils sont réactionnaires et approuvés s'ils sont révolutionnaires. Dans ce cadre, il est bien évident que notre rapport aux ouvriers n'est pas principalement référé à des questions globales telles que le rapport général des ouvriers au capitalisme, mais aux actes quotidiens entre ouvriers qui affirment ou non l'existence de la classe ouvrière.
      L'existence d'ouvriers révolutionnaires et communistes est indispensable et il est indispensable que ces ouvriers affirment des comportements de classe face aux chefs, aux racistes, au travail dangereux, etc...
      Ce travail est sans doute difficile, en tout cas, c'est celui de l'étape ouverte par l'existence des noyaux ouvriers communistes, pour reconstituer la classe ouvrière, pour constituer un parti communiste de type nouveau.
      Il nous faut créer des noyaux; il nous faut être des ouvriers de noyau afin d'affirmer que la voie au communisme est ouverte et que nous en sommes porteurs.

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LES CPAC,
FORCE POLITIQUE DU PEUPLE
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      Nous, les Comités Populaires Anti-Capitalistes, quels sont nos buts ? Pourquoi dénonçons-nous publiquement le P.C.F. ? Pourquoi existons-nous contre tous les partis bourgeois ?
      En voyant agir et parler les partis politiques qui présentent des candidats à l'élection présidentielle, la plupart des gens disent: "Ce sont tous des menteurs. Nous en avons marre de leur politique". Nous en disons autant. Mais doit-on se replier sur soi-même en disant: "Moi, je ne m'intéresse plus à la politique" ? Non, au contraire, c'est le moment de penser à une autre politique, la politique du peuple.
      Pour expliquer tout ce qui ne va pas aujourd'hui, on dit souvent "Il y a la crise". Oui, c'est vrai, mais de quelle crise s'agit-il ? Il s'agit d'une crise du capitalisme et de l'impérialisme qui s'étend au monde entier. C'est pourquoi on entend parler non seulement de crise, mais de la possibilité d'une guerre. Faut-il se décourager et dire "alors, c'est la fatalité, nous n'y pouvons rien" ? Non! Face à cette crise, il y a une planche de salut, c'est de compter sur la force de tous ceux qui sont opprimés et exploités par le capitalisme, c'est-à-dire de compter sur le peuple lui-même, sur vos propres forces.
      Le but des C.P.A.C., c'est que le peuple de France, français et immigrés, se redresse contre le capitalisme en crise.

LE PEUPLE PEUT-IL EXISTER AUJOURD'HUI ?

      En France, à l'heure actuelle, le peuple n'est pas une force politique. Il est divisé. C'est un fait. Quand nous disons que nous, les C.P.A.C., nous comptons sur le peuple, beaucoup de gens nous répondent avec amertume qu'ils ne croient pas qu'un peuple révolutionnaire peut exister dans ce pays: " On n'a jamais vu cela en France" disent-ils.
C'est vrai depuis fort longtemps. Mais, de le reconnaître, de le dire, c'est déjà une nouveauté. Cela prouve:
    -1) Que chacun pense aujourd'hui à cette question d'un peuple révolutionnaire. On se souvient de la grande révolte de Mai 68, et peut-être aussi d'évènements plus anciens: la guerre en Algérie, la résistance au nazisme, 36... et tous les mouvements révolutionnaires des peuples du monde entier.
    -2) Que les faux révolutionnaires du parti de G. Marchais sont déconsidérés. Plus personne ne croit qu'ils sont des communistes. Le régime d'U.R.S.S. est lui-même un capitalisme d'Etat et un impérialisme féroce -et ceux qui le prennent pour modèle en France sont des nouveaux bourgeois sociaux-fascistes. (Voir article suivant).
      Oui, il y a la crise dans le peuple même. Dans l'immédiat, c'est l'inquiétude et la division qui prédominent. Mais c'est aussi le moment où chacun fait le bilan du passé. Les vieilles illusions tombent. Le monde change. Il ne faut pas regretter le passé. Ce passé capitaliste et impérialiste n'était pas bon. Il a fait en France beaucoup de promesses: progrès, aisance, sécurité... mais il est incapable de les tenir parce qu'il repose sur l'exploitation et le pillage. Il faut regarder l'avenir et choisir la meilleure voie pour le peuple. Le capitalisme est malade, les faux communistes sont démasqués: on voit se profiler une possibilité d'avancer vers le communisme véritable. Pour cela, il faut que le peuple commence à exister comme une force politique indépendante des partis bourgeois: il faut donc être lié à un projet de vrai Parti Communiste et permettre au peuple de prendre en main lui- même la politique.
      Voilà nos buts politiques. Ils se résument à une phrase: VIVE L'UNITÉ POLITIQUE DU PEUPLE CONTRE LE CAPITALISME EN CRISE !


Le 14 Février 1981, le CPAC, local organise avec des habitants de Vitry, un rassemblement pour poser une
plaque à la mémoire de Kader, jeune immigré assassiné par un gardien de cité raciste un an auparavant.

      LES MOTS D'ORDRE DES C.P.A.C.
      Concrètement, que faut-il faire ?
      Face au P.C.F., face à toutes les politiques de division, de racisme et d'aggravation des tensions, lutter pour une conception nouvelle, révolutionnaire, du peuple. Nos mots d'ordre sont:
    *I) DÉFENDRE LE PEUPLE TEL QU'IL EST, composé de français et d'immigrés, de travailleurs fixes, d'intérimaires et de chômeurs, de familles, de célibataires, de femmes seules et de jeunes... Ne laisser attaquer personne sans le défendre. Faire de chaque attaque contre quelqu'un du peuple l'affaire de tout le monde. Ne jamais faire appel à la police, à l'Etat, aux Mairies, au P.C.F., aux gardiens de toute nature lorsqu'il se présente une contradiction entre les gens; au contraire, organiser la discussion pour résoudre cette contradiction. S'opposer à toute expulsion hors des cités, quel que soit le problème.
    *II) S'OPPOSER FERMEMENT A TOUS LES RACISMES: combattre la "répartition" du P.C.F. comme les lois racistes BARRE-BONNET-STOLERU et les attentats des fascistes. Combattre toutes les idées et pratiques de ségrégation qui visent les immigrés, les Antillais, les gens qui sont catalogués "cas sociaux" etc... Faire respecter le principe de l'ÉGALITÉ COMPLÈTE DES DROITS et du RESPECT DES COUTUMES de chaque groupe particulier. S'opposer à toute expulsion hors de France. Faire afficher les logements libres, faire inscrire toutes les demandes et contrôler qu'elles sont satisfaites par ordre d'inscription.
    *III) DÈS MAINTENANT, AVEC NOS FORCES ACTUELLES, faire face à la crise. Prendre en main les problèmes réels qui se posent. Et d'abord connaître ces problèmes: se réunir pour en discuter. Que chacun connaisse concrètement la situation des autres.

            LES AXES DE LA POLITIQUE NATIONALE DES C.P.A.C.s
      Pour faire face à la crise, il faut en effet une politique unique: rassembler toutes nos forces, à travers le pays, sur les questions les plus importantes, les plus urgentes. C'est pour cela que les C.P .A.C. sont une organisation nationale. Leur but est de mener une politique à l'échelle nationale. Voici les axes que nous proposons pour cette politique:
    -A) LES JEUNES IMMIGRÉS: QUELLE PLACE POUR EUX DANS LE PEUPLE ?
      C'est-à-dire: pour quelle réalité nouvelle du peuple faut-il lutter pour que les jeunes immigrés y trouvent leur place sans être soumis ni à la ségrégation ni à l'assimilation forcée.
      Contre les campagnes de l'Etat, des fascistes et du P.C.F. qui disent: "jeunes immigrés = jeunes délinquants" et veulent les chasser des cités et des écoles, nous disons, nous: au lieu de donner les jeunes aux flics, faisons l'unité politique entre les jeunes révoltés et le reste du peuple contre le capitalisme. Agissons contre le racisme anti-jeunes. Mettons-nous d'accord sur des règles de conduite à respecter par tous les habitants des cités: pas de racisme, pas de violence...
    -B) LES CHOMEURS:
      Qu'ils ne soient pas mis en marge, mais qu'ils aient les droits de travailleurs à part entière: droit au logement, droit à être soigné. Faisons l'unité entre chômeurs et non-chômeurs.
    -C) LA CRISE DE L'ÉCOLE:
L'école est en crise. L'Etat laisse une grande partie de l'école à l'abandon, se concentrant sur la formation de 1'"élite". Parents et professeurs sont inquiets, les élèves sont souvent laissés à eux-mêmes. Le racisme anti-immigrés se développe, poussé par le P.C.F.: renvois non justifiés, filières interdites aux enfants d'immigrés.
    -D) LA CRISE DU SYSTÈME DE SANTÉ.:
      La prise en charge de la santé par l'Etat diminue de plus en plus. Les arrêts-maladie sont surveillés et punis.
École, santé, il faut comprendre les raisons de cette crise et trouver les ripostes populaires.

            PARTICIPEZ AUX C.P.A.Cs !
      Nous vous appelons à devenir des militants des C.P. A.C.s !
      Nous ne disons pas, comme les anciens partis: .Adhérez, prenez la carte et suivez-nous... Dans ces partis là, P.C.F., P.S tout est réglé d'avance, on ne peut que suivre.
      Dans les C.P.A.Cs au contraire, c'est une nouvelle façon de faire de la politique qu'il s'agit de faire avancer: une politique contrôlée et mise en pratique par le peuple lui-même. D'une part, nous voulons un parti, pour que le peuple soit fort et d'autre part, nous voulons que ce parti ne puisse pas se retourner contre le peuple, comme a fait le P.C.F.
      Comment faire ? Nous avançons pas à pas, en discutant à fond l'ensemble des questions, à l'aide du maoïsme. Le maoïsme, c'est le marxisme, la théorie de la classe ouvrière, à l'époque actuelle où elle a deux ennemis: les anciens bourgeois au pouvoir, et les nouveaux bourgeois du P.C.F. Nous respectons ce principe: le C.P .A.C. met en pratique, lui-même, ce qu'il a discuté lui-même, jusqu'à ce que tous soient d'accord au fond. Par nos interventions dans les cités, dans les marchés... nous rendons compte de tout ce que nous avons discuté et fait.
      Pour nous, la situation du peuple est difficile aujourd'hui. Pas seulement la situation économique: chômage, vie chère, expulsions, contrôles policiers... Mais à l'intérieur même du peuple: c'est la division, le chacun pour soi. Il y a des points de vue contradictoires, chacun a tendance à se voir plus attaqué que les "autres".
      La situation est difficile, mais il y a aussi des points d'appui pour transformer cette situation: résistance des gens aux attaques racistes, aux divisions de toutes sortes. Pour aller plus loin, travailler à avancer sur ce point des chômeurs, comprendre comment dépasser la situation actuelle de tension, d'isolement entre les chômeurs et les autres servira l'ensemble du peuple pour avancer dans toutes les divisions qu'il a à résoudre pour être une force réelle contre les attaques de la crise.
      Si nous, C.P.A.C., intervenons sur cette question, comme sur d'autres, ce n'est pas par "assistance", pour "aider". C'est pour qu'une nouvelle politique existe (une politique révolutionnaire du peuple). Une politique qui aujourd'hui a pour condition que dans le peuple se lèvent ceux qui vont travailler avec nous à comprendre d'où viennent ces divisions du peuple, comment les combattre ?
      CE QUE NOUS VOULONS ? NOUS C.P.A.C
    * nous sommes CONTRE:
      -L'ÉTAT ACTUEL, CETTE SOCIÉTÉ IMPÉRIALISTE (de crise, d'oppression d'autres peuples, de misère et divisions dans le peuple en France).
      -LA POLITIQUE DES PARTIS BOURGEOIS (de l' U.D.F. au P.C.F.) et des syndicats qui veulent organiser un peuple écrasé, uniforme, pour défendre des projets bourgeois et racistes...
      -LE RACISME, l'individualisme... tous les effets de la crise dans la tête des gens qui développent le chacun pour soi contre les autres...

    * nous sommes POUR:
      -TRAVAILLER A UN PROJET PROLONGÉ: avoir la volonté de développer les C.P.A.C. comme organisation nationale. Et s'appuyer sur le projet de création d'un Parti Révolutionnaire, vraiment nouveau, où l'unité du peuple avec la classe ouvrière soit une réalité.
      -LE DROIT DES PEUPLES, dans le monde, contre des oppresseurs impérialistes, pour leur indépendance: résistance du peuple Cambodgien, du peuple Afghan, pour le peuple Iranien, les ouvriers Polonais...
      -LE DROIT DU PEUPLE, LE DROIT DES GENS EN FRANCE: la diversité du peuple en France est une richesse pour construire son unité. Pour l'égalité complète des droits entre français et immigrés, pour le respect de l'identité de chacun (par exemple la révolte des juifs contre l'antisémitisme). Nous avons ainsi soutenu la révolte des bretons au moment de la marée noire ou de Plogoff, nous avons soutenu la lutte des foyers en grève, la révolte des juifs contre l'antisémitisme.
      -QUE CES RÉVOLTES SERVENT A L'UNITÉ POLITIQUE du peuple, et pas à sa dispersion, chacun dans son coin, regardant avec méfiance et sans comprendre la révolte d'autres que lui.
      -UNE NOUVELLE FAÇON DE COMPRENDRE ET FAIRE LA POLITIQUE, d'ETRE ORGANISÉS. Cela veut dire en même temps:
    .prendre en main nous-mêmes ce qu'on peut prendre en main, même si ce ne sont encore que des combats limités (contre une expulsion, contre une discussion raciste, anti-populaire à l'école, l'hôpital, à l' A.N.P.E. ou à l'intérim...). Et les tenir. Ne pas attendre que "d'autres" (l'État...) nous donnent des miettes.
    .discuter de toutes les questions, pour, pas à pas, constituer un point de vue du peuple contre tous les points de vue bourgeois, s'appuyer pour cela sur le maoïsme, sur toutes les leçons de peuples qui se sont affrontés aux différents bourgeois.

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L'ART ET LA CULTURE : un groupe
maoïste. Le groupe FOUDRE (1)
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      1) De la nécessité d'un tel groupe :

      L'art est doté d'une autonomie relative par rapport au champ social et aux formes politiques de la lutte des classes. Quoi qu'inscrit dans les propagandes idéologiques, il n'est pas transitif à la politique. C'est qu'il a une histoire propre, sédimentée: l'histoire des formes.
      L'art est au croisement de l'histoire idéologique et de l'histoire des formes. La seconde tire sa particularité (reconnue par Mao) de n'avoir pas de caractère de classe transparent. Il n'y a pas de "formes prolétariennes" opposées à des " formes bourgeoises". Prises dans le mouvement d'ensemble des contradictions, les formes ne connaissent au bout du compte que l'opposition de l'ancien et du nouveau. La forme est destinée à susciter l'émotion pour le contenu. Les moyens de cette émotion doivent toucher des sujets ACTUELS, des formes de conscience existantes. De là que, pour anticiper ( et rallier) sur des contenus nouveaux, la forme est astreinte à une modernité, à une inscription vivante dans l'actualité de l'histoire des formes. C'est pour avoir méconnu ce principe que le cinéma militant des années 60, utile pour la lutte politique, n'a pas pris place dans la sphère de l'art (à la différence, par exemple, du "Cuirassé Potemkine" , branché sur Octobre 17, mais formellement en rupture avec tout ce qui précédait, et devenu de ce fait une référence artistique universelle ).
      Tenir sur ce point (qui est présent dans "Les causeries de Yénan", et dont Brecht avait une conscience aigüe) oblige à revenir quelque peu sur la doctrine léniniste de l'art (et plus encore sur Jdanov). Pour Lénine, l'art est "une petite vis dans le mécanisme général de la révolution" .Ce rapport de la partie au tout, et de la très faible importance à la grande, ce rapport pris dans une métaphore mécanique et de juxtaposition des pièces ne peut nous convenir. Son aboutissement a toujours été:
    - Dans les périodes d'activité révolutionnaire, de faire de l'activité artistique une variété de l'agit-prop, un petit fragment de l'activité partisane.
    - Dans les périodes d'édification, d'étatiser l'art, avec ce que cela comporte toujours de conformisme et d'imitation des formes " classiques" héritées du monde bourgeois à son apogée.

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(1) Il existe deux autres groupes culturels maoïstes: le groupe Eugène Pottier à Reims. Le groupe Degeyter, à Lille.
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      Le fait même qu'il y ait un groupe Foudre, spécifique, militant, s'adressant à ceux pour qui les questions de l'art sont centrales pour la transformation des formes de conscience, dépasse la vision "3ème Internationale". Nous avons dès le début critiqué l'idée d'un "secteur culturel" que le groupe Foudre viendrait occuper, case vide définie objectivement. Nous avons aussi critiqué l'idée d'un "front culturel" fédératif, reliant, sans aucune référence au processus du parti, des groupes autonomes de créateurs ou de critiques. Nous avons enfin lutté contre la tendance " techniciste" : le G.F. au service de l'agit-prop, fonctionnaire du projecteur. Nous posons que toute intervention du groupe Foudre exige un débat et une activité menée en son nom propre.

      Affirmer qu'il faut un groupe politique maoïste sur les questions de l'art, c'est:
    - reconnaître la spécificité de l'art comme PHENOMÈNE COMPLET, qui fait système (formel et idéologique) des contradictions de l'époque.

    - pratiquer notre conception du parti: il faut ramifier nos organisations de telle sorte que toutes les formes de conscience antagoniques, progressistes, communistes, puissent être concentrées et unifiées dans la politique de classe.
      Quelle est la contradiction particulière sur quoi le groupe Foudre travaille ? Quel est le champ des formes de conscience et de leurs transformations pour lequel son intervention organisée est nécessaire ?
      Les noyaux communistes ouvriers s'édifient au regard de la contradiction capital/travail. Les C.P.A.C.s s'édifient au regard de la contradiction peuple/Etat. Nous avançons que le groupe Foudre s'édifie au regard de la CONTRADICTlON DES PROPAGANDES, telle qu'assignée à l'art, dans son historicité propre. Sa tâche est de discerner la façon dont cette contradiction, à travers des complexes forme/contenu, participe des transformations subjectives.
      A cet égard, le groupe Foudre, inspiré par les orientations très générales de Mao, a été "post-léniniste" sans le savoir quasiment dès son origine. S'il ne l'avait pas été, il aurait cherché ses appuis du côté des concepts de l'héritage: le réalisme socialiste, le romantisme révolutionnaire, l'agit-prop, le réalisme épique, la littérature prolétarienne, etc... Il ne l'a jamais fait, parce que son propos était militant et lié à la vie immédiate des courants d'opinion, des propagandes, des remaniements formels. Sa matière a toujours été les formes de conscience réelles, les antagonismes subjectifs, et les données actives du progressisme. II n'a jamais eu de programme artistique, mais un mode de présence, un point-de-vue de classe, sur l'histoire artistique en cours. Son arme décisive a été de produire des analyses de conjoncture -ce qui en fait un cas unique dans toute la critique artistique existante. Tous ses concepts (courants, retour culturel, art marxiste) vont dans ce sens.
      Toute oeuvre d'art typifie des formes de conscience, organisant par son sujet un point-de-vue sur une contradiction. Son effet actif vise à modifier le rapport subjectif à cette contradiction. Foudre capte la conjoncture où cet effet se déploie, en étudie les ressorts, la nouveauté, et sanctionne l'ensemble par une prise de parti, à laquelle il s'agit de rallier. Adossée sur la conjoncture d'ensemble (le groupe Foudre s'unifie en permanence à l'U.C.F.M.L. sur ce point), cette entreprise fournit aux intellectuels, et à tous ceux (qui ne sont pas forcément des intellectuels) pour qui l'art est un principe subjectif important, une référence organisée autour de la question: qu'en est-il aujourd'hui du point-de-vue de classe au regard de la contradiction des propagandes ?
      Cette tâche, n'en doutons pas, contribue au rayonnement de notre politique de parti, et lui donne des forces neuves.
      Cette entreprise -qui étend à l'art la ligne de masse et la logique de structuration des formes de conscience- est incontestablement maoïste. II y a une proximité nouvelle entre le marxisme (de notre temps) et l'art. Ceci a été empiriquement démontré dans les épisodes initiaux de la Révolution Culturelle. La mise en relief de la dimension subjective de la politique communiste va dans ce sens.


La Feuille FOUDRE, revue du G.F.

      2) Les tâches actuelles du groupe Foudre :

      Foudre se propose d'organiser, directement ou indirectement, tous ceux pour qui trouver une issue subjective dans la situation de crise passe de façon très importante par l'effet artistique sur les formes de conscience. Il s'agit d'une partie importante des intellectuels, mais pas seulement.
      Notre point d'appui est l'existence de contre-tendances (éthiques au départ) contre l'avilissement, la solitude, le règne terrorisant et nul du journalisme et de la valeur marchande.
      Les intellectuels se sentent attaqués, et ils ont raison. La société impérialiste, qui a liquidé les paysans pauvres, qui s'efforce d'atomiser et de réduire au lot commun les femmes (féminisme bourgeois), ne peut que s'en prendre à l'héritage national que constitue, depuis le 18ème siècle, l'existence d'intellectuels progressistes, critiques, indépendants, et d'artistes novateurs liés au mouvement démocratique-révolutionnaire. Elle veut enterrer Sartre UNE FOIS POUR TOUTES.
      Le P.C.F. contribue activement à cette entreprise. Son activité social-fasciste frappe vivement les intellectuels, et si beaucoup sont grognons et peureux, d'autres voient bien qu'il faut se lever et agir.
      Foudre a son rôle à jouer pour -au regard de l'art - ouvrir un nouvel espace démocratique contre les deux bourgeoisies.
      Comme toujours, montrer que la force politique marxiste est l'ultime garant de cet espace est nécessaire, surtout pour débrider complètement l'abcès social-fasciste. Les médiations de cette démonstration, pour Foudre, dans sa sphère d'activité, sont précisément l'art marxiste d'une part, d'autre part l'existence ORGANISÈE de Foudre dans sa liaison interne à l'U.C.F.M.L.

      Nos tâches sont dès lors:

    -a) De discerner et soutenir les contre-tendances à l'oeuvre dans la production artistique, avec la finesse d'analyse exigée, et un esprit d'ouverture pour tout ce qui, ayant une crédibilité artistique (formelle) acceptable, cherche une issue contre le cours des choses de la société impérialiste, et contre les deux bourgeoisies.
    -b) Attaquer les productions fascisantes ou social-fascisantes que la crise finira nécessairement par engendrer.
    -c) Soutenir la re-politisation, le bilan des années écoulées, par des interventions (type St Séverin), des participations aux débats, l'appel direct à des "réunions Foudre".
    -d) Dessiner notre propre histoire de l'art, faire courant dans la division du retour culturel. Ceci sera fait en particulier par des brochures (Hollywood, Mizoguchi, etc...).
    -e) Mener plus avant la discussion avec les artistes progressistes, voire hésitants, en particulier dans la forme de l'interview longuement préparé.
    -f) Faire analyse et propagande sur le thème de l'art marxiste.

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Les Permanences Anti-Expulsion :

une organisation démocratique révolutionnaire
une politique anti-raciste
sur des positions de classe.
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            Nous publions ici l'introduction des Permanences Anti-Expulsion au forum sur l'anti-racisme aujourd'hui qui se déroulait dans le cadre de notre meeting central du 28 Février 1981 à la Mutualité.
            Les P.A.E. sont une organisation anti-raciste dont nous soutenons le développement dans toute la France. Créées à l'initiative des maoïstes de l'U.C.F.M.L. en Novembre 1977 pour se battre contre les mesures Stoléru, contre le développement du racisme civil lié au racisme d'Etat (attentats, pratiques discriminatoires...) et en soutien au mouvement des foyers Sonacotra, les P.A.E. sont aujourd'hui une organisation indépendante dont le journal "L'Anti-Raciste" rend compte de leurs analyses et de leurs orientations de travail. Leur politique se développe actuellement sur deux fronts: contre l'Etat raciste et les fascistes et contre le P.C.F.
            Le texte qui suit a fait l'objet d'une édition spéciale de 1'"Anti-Raciste".


Les PAE dans la manifestation du 16 juin 1979.

      Certaines personnes viennent souvent voir les militants des Permanences Anti-Expulsion pour leur poser toute une série de questions sur leur travail, leur engagement politique.
      Les uns nous disent: " mais finalement, pourquoi avez- vous développé depuis Novembre 77 une nouvelle organisation anti-raciste ? Il en existait d'autres ! Il en existe: le MRAP ou la F ASTI; il existe des Comités de soutien locaux à telle ou telle personne ! Finalement qu'est-ce qui vous différencie de ces organisations ? ".
      D'autres nous disent, d'un ton souvent un peu paternaliste: "c'est bien d'être anti-racistes; mais vous savez, il y a beaucoup d'autres problèmes: il y a l'écologie, le nucléaire, ...il y a les luttes des jeunes, celles des femmes, celle des homosexuels, ...il y a bien entendu les luttes au travail. Vraiment, on n'a pas le temps; on pense que c'est bien ce que vous faites, mais vous savez on est pris par autre chose".
      D'autres, nous disent encore: " L'antiracisme, c'est de la bouillie pour chat ! Organiser un camp populaire anti-raciste c'est impossible; c'est rétro! Aujourd'hui, il faut seule ment se révolter: les chômeurs, les sans-travail, les étudiants en marge... n'ont qu'à se révolter chacun à leur manière... Faire de la politique: pas pour nous ! Seule la révolte paye: un jeune révolté, c'est ça le prolétaire ! ".
      D'autre enfin sont plus agressifs: "Mais qu'est-ce que cela veut dire l'anti-racisme ? C'est de l'humanisme bourgeois !". Ils ajoutent souvent d'un air arrogant: "Il ne s'agît pas de construire une organisation populaire d'unité français/immigrés; avec les syndicats, nous avons une organisation de travailleurs ! ".

UN COMBAT POLITIQUE CENTRAL

      Pour nous, membres des Permanences Anti-Expulsions, le combat politique pour l'égalité des droits, pour l'unité français/immigrés, est un combat central dans la lutte des classes. Et tout particulièrement aujourd'hui, à l'heure des lois de rafles et d'expulsions Bonnet-Stoléru et des attaques racistes aux méthodes fascistes du P.C.F.
      Pour nous, le combat pour l'unité français/immigrés est en fait au coeur des problèmes politiques de cette société. Au-delà de leur caractère discriminatoire, anti-immigrés, les politiques racistes, tant de l'Etat que du P.C.F., sont des POLITIQUES REACTIONNAIRES QUI CHERCHENT A CONSTITUER SUR TOUTES LES QUESTIONS IMPORTANTES EN FRANCE, UN CAMP RACISTE, BOURGEOIS, PRO-IMPERIALISTE.
            Quelques exemples:
      * Quand l'Etat refuse de renouveler la carte de séjour de Sow Kadama, lorsqu'il refuse de régulariser les immigrés sans-papiers, lorsqu'il traite d'Etat à Etat le retour de dizaines de milliers d'ouvriers immigrés qu'il considère comme de vulgaires marchandises que l'on négocie, et ceci au nom du trop fort chômage qu'il y a en France, il tente d'accréditer aux yeux des ouvriers, des gens du peuple, y compris même des immigrés, l'idée que si il y a trop de chômage, c'est qu'il y a trop d'immigrés; en d'autres termes que le chômage provient de la présence des immigrés. Ainsi, au delà de la mesure discriminatoire, parfaitement injuste et insupportable, l'Etat tente d'organiser un camp réactionnaire autour de sa politique sur les questions que pose le chômage.
      * Quand l'Etat déploie son arsenal policier dans le métro, mais surtout dans les quartiers populaires, les cités de banlieue, il vise principalement les jeunes immigrés qu'il veut contrôler, terroriser. Mais au-delà de la mesure répressive, parfaitement bouleversante et révoltante, l'Etat tente d'accréditer l'idée que les jeunes immigrés sont des délinquants, des gens dangereux dont il faut se méfier, qu'il faut isoler et mater. Il faut dire qu'aujourd'hui, l'Etat a trouvé dans le P.C.F. un véritable concurrent: en effet, le P.C.F. reprend à son compte ce type de politique, tout en la jugeant un peu molle; il préfère la compléter, la durcir, par ses campagnes de calomnies, de mouchardage, de délation, sur "l'insécurité", "la drogue"; il préfère la compléter par ses manifestations réactionnaires, pratiquant la violence directe contre des gens du peuple, comme à Montigny.
      En fait, tous deux, Etat et P.C.F., tentent d'accréditer l'idée que ce sont les jeunes immigrés qui sont responsables des difficultés de vie dans les cités et les immeubles populaires. Ils cherchent ainsi à organiser autour d'eux, chacun à leur manière, un véritable camp réactionnaire de "bons français", à la mentalité de "petits blancs".
      * Quand le P.C.F. réclame à cor et à cri de répartir les enfants d'immigrés dans les écoles, quand il dit: 12 à 20% d'immigrés, c'est trop, il développe le point de vue que cette institution est en crise à cause de la présence des immigrés; pour le P.C.F., c'est le trop grand nombre d'enfants d'immigrés qui fait baisser le niveau des classes et empêche les bons petits enfants français d'apprendre sagement. Quelle argumentation ignoble! Quelles inepties pour tenter de camoufler le fait que la crise de l'école est due à la crise de la société impérialiste française, au désintérêt croissant qu'ont les jeunes, FRANÇAIS COMME IMMIGRÉS, pour l'enseignement qu'on leur dispense. La crise, c'est celle des valeurs de la société impérialiste; les jeunes aujourd'hui ne veulent plus travailler comme avant; ils ont un dégoût profond pour cette école qui les prépare à être... chômeurs ou exploités ! Et qui pendant des dizaines d'années les prépare à accepter cette société telle quelle. Le P.C.F. tente de masquer ce fait; il refuse de le prendre en compte pour sauver les privilèges d'une poignée. La politique du P.C.F. n'est pas seulement raciste, elle s'inscrit dans un projet de société profondément anti-populaire, profondément réactionnaire.

      Ce ne sont là que quelques exemples, d'autres auraient pu être choisis. TOUS AURAIENT MONTRÉ QU'AUJOURD'HUI LE RACISME EST PROFONDÉMENT UNE POLITIQUE, une politique de classe, celle de la bourgeoisie au pouvoir ou celle de la bourgeoisie du P.C.F.
      C'est si vrai que même les immigrés sont divisés, certains ralliant l'Etat ou le P.C.F.
      Ce qui nous est posé à tous français comme immigrés, c'est: quel camp choisir ? Dans quelle société veut-on vivre ? Cette question interpelle tout le monde; nous sommes sommés de choisir.

ÊTRE INDÉPENDANT DES FORCES PARLEMENTAIRES

      Si l'anti-racisme est pour les P.A.E. un combat central, c'est aussi un combat qui ne se négocie pas. Pour nous, il n'est pas question de dire: "combattons cette politique raciste, mais pas celle là". Pour nous, il n'est pas question de dire seulement "A bas la politique raciste de l'État ! ", comme si celle du P.C.F. pouvait être considérée comme excusable !
      Ceux qui disent: "les méthodes du P.C.F. sont critiquables, mais les dossiers sont plaidables", ceux qui disent: "c'est vrai qu'il y a trop d'immigrés et qu'il faut les répartir", ceux là nous l'affirmons sont intégralement alignés sur des positions racistes. C'est le cas en particulier du MRAP. POUR NOUS, L'ANTI-RACISME NE SE NÉGOCIE PAS. ON EST ANTI-RACISTE OU ON NE L'EST PAS. C'EST UNE QUESTION DE POLITIQUE, MAIS AUSSI D'ÉTHIQUE.
      La politique de répartition est une politique en soi raciste.

      Les méthodes employées par le P.C.F. ne font que la confirmer et la mettre en oeuvre et elles conduisent au racisme ouvert, à un nouveau fascisme.
      Quand à la politique du P.S., il faut le souligner au passage, il a emboîté frileusement le pas au P.C.F. Quel beau Parti d'hypocrites que celui-là ! C'est un Parti au racisme bon ton, aux sourires complices, aux clignements d'yeux approbateurs. Même si le PS a une rose à la bouche, la politique de répartition que développe ce parti est une politique raciste en tant que telle. N'ayons pas de complaisance à son égard.
      Le MRAP lui, de son côté, est un mouvement complètement englué, pour ne pas dire plus, dans ses rapports au P.C.F. et au P.S. Des organisations comme le MRAP n'ont aucune indépendance politique vis-à-vis des forces parlementaires. Elles l'ont montré tout au long des années 75/ 79 en ne soutenant pas le grand mouvement des foyers Sonacotra et le Comité de Coordination. Aujourd'hui encore, leur faiblesse, voire leur complicité, sont flagrantes. Il est impossible de compter sur eux pour mener une réelle politique anti-raciste face à l'Etat et au P.C.F.
      Il est absolument nécessaire qu'une organisation comme les P.A.E. existe et se développe, car aujourd'hui on a besoin d'une organisation indépendante des forces parlementaires et impérialistes, d'une organisation qui s'appuie résolument sur la mobilisation du peuple français/immigrés, qui construise un véritable camp anti-raciste.

LES PERMANENCES ANTI-EXPULSION : ORGANISATION DÉMOCRATIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

      Les Permanences-Anti-Expulsion développent une politique anti-raciste sur des positions de classe. C'est une organisation démocratique révolutionnaire.
      Pour les P.A.E., une politique démocratique anti-raciste est une position de principe qui constitue une position de force. Quiconque avance l'idée que les différences de cultures, de nationalités, PRIMENT sur l'unité français/ immigrés, l'unité du peuple, est amené à rallier les camps réactionnaires.
      Au contraire, partir de l'idée que le peuple en France est multinational, et s'y tenir, est une position de force.
      Affirmer une telle position démocratique, c'est ce qui permet d'engager des batailles politiques, des campagnes d'opinion, qui prennent pour cible toutes les politiques de division entre français-immigrés, toutes les politiques de discrimination.
      C'est d'ailleurs cette capacité à se mobiliser contre les expulsions, contre les attentats racistes, contre toute application des mesures Stoléru, CETTE VOLONTÉ DE NE RIEN LAISSER PASSER, qui ont fait la dynamique des P.A.E. dans la période Novembre 77 à 1980.
      Aujourd'hui, en 1981, à l'heure de l'application des lois de rafles et d'expulsions de l'Etat, de l'offensive raciste du PCF, se placer sur une position démocratique, c'est oser s'opposer tant au P.C.F. qu'à l'Etat, c'est oser le dire et s'organiser pour le faire savoir largement, c'est oser engager des campagnes contre ces deux types de forces racistes.
      Mais, tenir bon sur la position démocratique de l'unité français/immigrés, au delà d'une identité politique et sociale qu'elle permet à chacun d'entre nous d'acquérir, conduit aujourd'hui à développer pas à pas une conception nouvelle, révolutionnaire, de la société.
      Pour les PAE, l'engagement des français et des immigrés n'est pas seulement un fait de solidarité, c'est aussi la volonté de participer activement à un combat prolongé, qui commence à transformer cette société, d'une manière fondamentale. Le combat pour l'égalité des droits transforme bien entendu la vie des immigrés, mais pas seulement celle des immigrés.
      C'est aujourd'hui le combat pour une autre vie dans les villes, une autre vie dans les cités de banlieue, de nouveaux rapports dans les quartiers entre foyers et immeubles, écoles et cités; c'est aussi la possibilité pour les étudiants de réfléchir et de commencer à s'engager concrètement dans une autre voie que celle que représente "l'université impérialiste", à vivre de nouvelles pratiques étudiantes en liaison avec les luttes du peuple, celle pour l'unité français/ immigrés. C'est la possibilité pour les médecins de commencer à réfléchir et pratiquer une nouvelle forme de médecine, de nouveaux rapport aux malades, ..., aux employés de ne plus succomber aux tâches répétitives et au poids hiérarchique bureaucratique, mais de réfléchir le sens de leur travail, leur rapport au peuple dans leur rapport aux immigrés; c'est la possibilité pour les enseignants d'avoir de nouveaux rapports à leurs élèves; c'est la possibilité de travailler à une nouvelle unité des jeunes et des familles.
      C'est dans ce sens là que nous parlons d'une politique démocratique révolutionnaire.

NOUVELLE CONJONCTURE: NOS AXES DE TRAVAIL

      Aujourd'hui, nous le constatons, la situation est nouvelle. Elle est nouvelle pas simplement parce que l'Etat est passé dans l'étape des lois Bonnet-Stoléru, pas simplement parce que le P.C.F. déploie avec violence et hargne sa politique de répartition, mais parce qu'il y a de nouvelles révoltes qui portent en elles la question de l'unité français/immigrés.
      Ce sont les révoltes des jeunes et des familles dans les cités populaires contre les contrôles de police, contre les expulsions de logement du P.C.F., contre les campagnes racistes.
      Ce sont de nouvelles révoltes dans les foyers; on n'est plus à l'époque du mouvement des foyers Sonacotra, celle de la plate-forme du Comité de Coordination contre le système des foyers-prisons. Aujourd'hui dans les foyers, il y a de nouveaux problèmes:
   -les contrôles de police et les rafles.
   -les renouvellements des cartes de séjour et la protection des immigrés sans-papiers.
    -les politiques de répartition en matière de logement - comme le refus de reloger le foyer Pinel à Saint-Denis ou les attaques violentes à Vitry .
    -le refus des municipalités de "gauche" de loger les ouvriers immigrés et leur famille.
    -de nouvelles divisions des résidents entre chômeurs et non-chômeurs, entre réguliers et clandestins et sans-papiers, ...et pas seulement la division entre nationalités.
      Ce sont les nouvelles révoltes des jeunes dans les lycées, mais aussi dans les facultés, contre les attaques fascistes, contre le racisme dans les lycées et les universités... Un mouvement contre les politiques de répartition à l'école qui commence à se lever.
      Mais pour être victorieuses, toutes ces révoltes posent le problème de l'existence d'une véritable politique d'unité français/immigrés, qui unifie le peuple contre l'Etat et le P.C.F.
      Les P.A.E. se proposent de servir d'appui comme force organisée, pour que la révolte devienne force et que les batailles politiques aboutissent à des victoires; les P.A.E. proposent aux français et aux immigrés de s'organiser avec elles autour de quatre grands axes:
    -CONTRE LE RACISME CIVIL, les attentats, la propagande raciste, les initiatives de type fasciste: réaction immédiate et mobilisation prolongée. Entretenons la mémoire populaire sur le fascisme d'avant-guerre, le racisme pendant la guerre d'Algérie.
    -CONTRE LES POLITIQUES DE RÉPARTITION,
libre choix du lieu d'habitation; respect et unité de toutes les communautés historiques, nationales et culturelles; à bas les expulsions de logement.
    -A BAS LE RACISME A L'ÉCOLE. A bas les contrôles de flics, les expulsions hors de France des jeunes immigrés, les campagnes racistes et calomnieuses sur les jeunes immigrés, la délinquance et la drogue; débats et unité avec les jeunes immigrés; unité français/immigrés vaincra !
    -CONTRE LES RAFLES ET LES REFOULEMENTS:
Régularisation et protection des immigrés sans-papiers; à bas les rafles et les refoulements; renouvellement automatique des cartes de séjour.  


Le journal "L'Anti-Raciste" des PAE lance une souscription pour devenir mensuel: adressez vos contributions à l'adresse : Librairie "Soleil d'Encre" 6, place du marché Ste-Catherine 75 004 (chèques libellés à "L'Anti-Raciste"
 

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