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MALVILLE
1977 - 1997
TRISTE ANNIVERSAIRE

Les médias se sont fait l'écho à la mi-juin et début juillet 1997, d'une "mobilisation pour l'emploi" contre la fermeture de SUPERPHENIX (surrégénérateur nucléaire de CREYS-MALVILLE). Ironie du sort, ou clin d'oeil historique ? au mois de juillet 1977 nous étions des milliers à manifester contre ce "monstre nucléaire". Dénonçant déjà depuis des années, cette industrie (et d'autres...) particulièrement dangereuse, prévoyant les futures catastrophes nucléaires, qui auraient lieu.
Vingt ans sépare 77 de 97 et pourtant il est des souvenirs douloureux, qui laissent un goût amer, un goût de sang, un écoeurement complet. Le temps a-t-il totalement effacé, estompé ce qui s'est passé le 31 juillet 1977 à MALVILLE ?

MANIFESTATIONS :

Le 30 et 31 juillet 1977 (après un rassemblement de plus de 20.000 personnes en juillet 1976), une grande mobilisation contre la construction de SUPERPHENIX (surrégénérateur nucléaire) sur la commune de CREYS-MALVILLE est organisée et soutenue par des comités antinucléaires, des écologistes, des syndicats, des partis d'extrême-gauche etc...

Le Rassemblement de Malville 1977 :

Ce rassemblement organisé sur 2 jours, le samedi étant consacré aux débats, à la stratégie et aux choix du mouvement antinucléaire, se terminera le dimanche par une manifestation.
En effet, c'est plus de 60.000 personnes qui se retrouvent pour converger vers le site de la future centrale
SUPERPHENIX (dont les travaux sont déjà bien avancés). C'est une manifestation, multicolore, pacifique et internationale. Elle finira dans les larmes, la boue et le sang.

LES ENJEUX :

Face aux enjeux économiques, restructurations, ventes de centrales clés en mains..., politiques, poursuite du plan MESMER, le gouvernement GISCARD choisit d'imposer une défaite au mouvement antinucléaire qui se développe en France. Il choisit de s'opposer violemment et militairement à ce rassemblement. Le 30-31 juillet 1977, plus de 10.000 flics dont un régiment de PARAS débarqué fraîchement du TCHAD sont présents.
La décision politique d'apporter un coup d'arrêt à la contestation antinucléaire, se solde par la mise en place par le
POUVOIR d'une stratégie MILITAIRE pour écraser le mouvement d'opposition à sa politique nucléaire.

LE SANG :

Le bilan humain de la manifestation du 31 juillet, c'est 1 mort (Vital MICHALON dont l'arrêt cardiaque a été provoqué par le souffle d'une grenade), une centaine de blessés dont Michel GRANDJEAN (qui eut la jambe amputée) ou Manfred SCHUTZ (la main arrachée).

TENSIONS POLITIQUES :

Le pouvoir a choisit délibéré-ment l'affrontement et il y a mis les moyens, en hommes, (10.000 flics), en matériel (grenades offensives), en tensions politiques (interdiction du rassemblement, rumeurs sur la participation de la Fraction Armée Rouge « Bande à BAADER ») et en favorisant une propagande haineuse contre les manifestants.
Le journal fasciste
MINUTE titrera ''CASSEURS SANS FRONTIERES à Malville c'était le marché commun du terrorisme ''. Le climat politique est particulièrement tendus (nous sommes sous GISCARD), la GAUCHE traditionnelle se débat dans ses problèmes de PROGRAMME COMMUN (P ''C''F, PS, MRG).

LE MOUVEMENT ANTINUCLEAIRE :

Le mouvement d'opposition à la construction de centrales nucléaires, appelé aussi "ANTINUCLEAIRE" a souvent un caractére de MASSE, ou des travailleurs (y compris du nucléaire FRAMATOME - CREUSÔT-LOIRE...), des enseignants, des paysans, des jeunes etc... se retrouvent, pour contester les choix politiques en matière de production d'énergie, imposé par le GOUVERNEMENT, les multinationales, les trusts du nucléaire.
Le mouvement antinucléaire qui est
beaucoup plus large que les seuls écolos est véritablement POPULAIRE.
Il impulse débats, manifestations, analyses critiques de la société, alternatives énergétiques, critiques du modèle de consommation, du travail etc...

CONTRE LE MOUVEMENT :

Le P''C''F, qui à l'époque ''impose'' sa vision politique (pro-nucléaire nationaliste et réformiste) dans la CGT se retrouve très rapidement en ''décalage'' avec ce mouvement de masse. Sa position de soutien à l'impérialisme français, l'aménera à défendre les trusts du nucléaire, L'EDF, le CEA ...la COGEMA, NERSA, ou EURATOM etc...
Cette politique ne l'a-t-elle pas déja amené à confondre la défense des travailleurs de chez
RENAULT, avec la défense du trust impérialiste français Renault ? ou à la défense de DASSAULT au nom des "intérets" des ouvriers de l'armement...français ?
Cette politique «
pour l'emploi » mise en avant par la direction du P''C''F et de la CGT dans les ''luttes'', n'a fait qu'obscurcir les réalités de l'opposition entre les classes sociales, et désarmer complètement les travailleurs dans les luttes contre le chômage.
Ces ''
luttes'' étant subordonnées aux échéances électorales (crétinisme parlementaire, électoralisme).
Pour le P''C''F, il s'agit de masquer les enjeux politiques de choix de société, en utilisant quand il le peut, tout mouvement de masse (qu'il contrôle), pour faire pres- sion sur les gouvernants (de
DROITE) ou les postulants (de GAUCHE) au gouvernement (PS-MRG). Par là même renforcer les illusions réformistes, dans le but d'enfermer toutes contestations politiques dans le carcan de la GESTION du système capitaliste.

DES LUTTES CONTRE LE SYSTEME :

Pourtant de nombreuses luttes depuis 1968 ont dans leurs FORMES (comités de grèves, décisions en A.G. etc...) comme dans leurs FONDS, une optique nettement RADICALE. Elles contiennent en germes les aspirations et les prémisses d'une société DIFFERENTE, anticapitaliste. Des rapports hommes-femmes basés sur l'égalité, le contrôle démocratique des élus, la criti- que des ''experts'', le refus du scientisme et du productivisme, la critique du travail salarié etc...

ARRIVE MITTERRAND EN 1981 :

Beaucoup d'antinucléaires voyaient dans l'arrivée de la GAUCHE et de Mitterrand au pouvoir en 1981, la fin de leurs soucis.
Pour ce qui est de
MALVILLE, manifestations et campagne de remise de cartes postales réclamant l'abandon de SUPERPHENIX à MITTERRAND, resteront lettres mortes (comme beaucoup d'autres promesses d'ailleurs). La production d'électricité d'ori- gine nucléaire remplace petit à petit les autres types d'énergies, le nucléaire devient ''incontournable''. Le débat démocratique sur le nucléaire n'aura pas lieu.

DES ACCIDENTS :

Mais depuis 1977, des ACCIDENTS soit-disants ''impossibles'' arrivent dans des centres nucléaire, notons en 1979 à HARRISBURG (USA) la centrale de THREE MILE ISLAND, les nombreux ''pépins'' de l'usine de retraitement de déchets irradiés de la HAGUE (FRANCE), ou encore TCHERNOBYL (URSS).
Le danger que représente ce type de production d'énergie n'est plus à démontrer.
Les dangers de la filière ''
surgénératrice'' utilisée pour SUPERPHENIX ont été large- ment abordés depuis des années (fusion du coeur, feux de sodium etc...) SUPERPHENIX a été plus souvent en panne qu'en activité, et c'est un gouffre financier (on parle de plus de 35 milliards de Francs).

LE RETOUR DE LA GAUCHE EN 1997 :

Depuis le retour de la « GAUCHE » aux affaires en 1997, une des premières mesures du nouveau gouvernement JOSPIN, est la décision de fermer SUPERPHENIX, décision qui aurait dut être prise en 1981, merci Mitterrand ! ).
Le 18-19 juin 1997 (
soit 20 ans après la répression sanglante de Malville), la CGT organise avec la population de CREYS-MALVILLE (et son maire de DROITE) des mobilisations pour SUPERPHENIX (qui serait une merveille de l'industrie française, COCORICO).
Une manifestation à même lieu le 3 juillet 97 à Paris.
Que plus de 3000 personnes «
vivent» de ce centre et que sa fermeture pose des problèmes d'emplois est tout à fait réelle.
Seulement oser prétendre que la défense de l'emploi passe par le soutien à SUPERPHENIX,
c'est tout simplement crapuleux, c'est oublier toutes les études qui ont prouvé que le nucléaire n'a pas crée d'emplois (au contraire toutes les restructurations que sa mise en place à nécessitée ont largement contribué au chômage).

C'est faire l'impasse sur tous les problèmes de sociétés liés au nucléaire :

-Nucléaire et démocratie.
-Nucléaire et société marchande.
-Nucléaire et sécurité.
-Nucléaire et course aux profits.
-Nucléaire et santé.
-Nucléaire et précarité du travail.
-Nucléaire et "développement".
-Nucléaire et militarisation.....

BILAN ET TRISTE ANNIVERSAIRE :

Ce triste anniversaire des 20 ans de "Malville 77", nous ramène au bilan des 20 ans de ''mobilisations-syndicales-pour l'emploi'' effectuées par la CGT. Dont la direction principalement P"C"F, a systématiquement en- fermé, étouffé, écrasé toutes luttes "qui débordent du cadre syndical". Et c'est au nom de la défense du "court terme" que l'on a justifié le maintien "à long terme" d'un système qui nous condamne à "respecter" ses règles :

- économiques exploitation capitaliste, pillage des pays dominés, concurrence, nouvel ordre impérialiste mondial.
- politiques démocratie purement formelle, jeux parlementaires.

LA RANCON DU REFORMISME :

La désespérance, les "on n'y peut rien", l'absence de perspectives, de combat réel pour la réduction du temps de travail, sont bien le résultat et la rançon de toutes les "luttes" à dominantes réformistes, qui ne remettent pas en cause, l'oppression du salariat, de la marchandise et la domination du capital. Mais qui au contraire, s'acharnent à les cautionner.

Editions Prolétariennes Juillet 1997

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