L'article ci-dessous a été publié dans EP-INFOS n°8 (septembre 1999)

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-Introduction-

-Première période : 1944-1947-

-Seconde période 1981-1984-

-Troisième période : 1997...-

-Conclusions-

-Note et Références-

-Commentaires sur l'article-

 

Le P"C"F au(x) gouvernement(s)

 

Des couleuvres, les militants du P"C"F en avalent chaque jour un peu plus (dernier fait en date: Robert Hue gesticulant contre la guerre dans les Balkans mais restant complice de cette intervention impérialiste en ne quittant pas le gouvernement de Jospin-la-guerre). Après la " mutation " et la participation gouvernementale, c'est Karl Marx, le visage couvert de concombre qui fait la " pub " pour la nouvelle " Humanité " (sans faucille ni marteau) qui passe d'ex-journal du P"C"F en simple quotidien d'actualité. Le choix de la date de ce calamiteux changement est à souligner : un 18 mars, jour anniversaire de la proclamation de la Commune de Paris. Il est des symboles qui en disent long sur la volonté de leurs auteurs.

 Il en est de même pour la liste conduite par Robert Hue aux prochaines élections européennes qui n'ose même pas se référer et s'intituler " communiste ". Trouver sur cette liste, à la fois Geneviève Fraisse, sociale-démocrate partisane du " Oui " à Maastricht et Philippe Herzog, serviteur zélé du patronat participatif (au sein de l'association " Confrontation " avec Rocard du PS, Guillen et Gandois du CNPF) , qui avait quitté les instances dirigeantes du P"C"F parce que ce dernier restait encore trop marqué " communiste ", cela fait beaucoup. De nombreux militants chavirés par ce reniement supplémentaire s'abstiendront d'aller voter pour " leur parti " ou se tourneront vers la liste des trotskistes Laguiller et Krivine qui prétendent de plus en plus fortement remplir le rôle de " gauche " aux côtés du PS. Rôle que le P"C"F est de moins en moins capable d'assumer tant le discrédit est grand.
Exit, le parti de la classe ouvrière ? Certainement, mais ce coup de poignard dans le dos des travailleurs est-il le premier, le second ou le dernier d'une longue série de trahisons ?
Les participations gouvernementales du P"C"F commencent réellement à la sortie de la Seconde guerre mondiale, il n'est pas utile de remonter le cours de l'histoire de ce qui fut la Section française de l'Internationale communiste (S.F.I.C.), même si pour de nombreux camarades marxistes-léninistes, le P"C "F n'a jamais été un parti léniniste mais a continuellement subi le feu de la critique de l'Internationale Communiste (applications des directives de l'IC de façon social-chauvines ou tronquées...par exemple). Pour d'autres camarades, sa dégénérescence réformiste date du Front populaire....mais cela n'est pas l'objet de cet article.

 

Première période : 1944-1947

1943, Stalingrad, les aigles nazis sont ébranlés, l'Armée Rouge, sous les ordres du maréchal Joseph Staline, met un coup d'arrêt aux victoires remportées par les armées hitlériennes. Stalingrad raisonner comme un signal fort pour toute la résistance antinazie.
Mai 1945, le drapeau rouge est hissé sur Berlin.
Des millions de morts soviétiques, des milliers de morts communistes dont Guy Mocquet, Jean-Pierre Timbault et tant d'autres...
C'est auréolé de la gloire de ces martyrs et des faits de résistance communiste que Maurice Thorez, " Fils du Peuple " mais surtout secrétaire général du PCF peut faire rendre les armes aux milices patriotiques, aux valeureux combattants FTP.
Beaucoup ne comprennent pas et n'acceptent pas que Maurice Thorez ferme ainsi les portes d'une éventuelle " révolution socialiste ". Si rien ne permet d'affirmer que la guerre civile aurait prolongé la guerre antifasciste de libération, rien ne dit non plus que cela aurait été un échec. Par contre, il est clair que le nouveau cours du PCF empêche la classe ouvrière de profiter au maximum de l'affaiblissement de la bourgeoisie française qui dans sa majeure partie avait fait de la collaboration avec les nazis, son pain quotidien. Ainsi, alors même que les impérialismes allemand, japonais et italien qui ont eu recours au fascisme s'effondrent, le PCF continue à appeler la classe ouvrière à ne lutter que pour " extirper les racines du fascisme en France et dans le reste du monde " (Cahiers du Communisme, mars 1945). Pas question pour la classe ouvrière, débarrassée du joug fasciste, d'engager directement la lutte pour la destruction de l'impérialisme français, en alliance avec les peuples colonisés. Non : " Présentement il ne s'agit pas de choisir entre le capitalisme ou le socialisme, mais entre le fascisme et la démocratie " (Cahiers du Communisme, juin- juillet 1945). Il y aurait, en France, d'une part, " la Nation, c'est-à-dire la quasi totalité des français, aspirant (...) à la démocratie, et d'autre part, les " trusts " et leurs agents (...), une infime minorité (...) qui cherche à restaurer le " régime idéal " pour elle : le fascisme ". C'est au nom de la lutte pour une " vraie démocratie ", que le PCF, Thorez en tête, collabore activement avec les représentants de la bourgeoisie (MRP, SFIO) pour consolider dans tous les domaines, les positions de l'impérialisme français. A commencer par la pièce maîtresse de son système d'oppression, son appareil d'Etat : armée, police, administration.

Thorez au Comité central de janvier 45, déclare " Pour faire la guerre, il nous faut une grande armée ". Le soutien du PCF à la reconstitution du potentiel militaire de l'impérialisme français est très clair en ce qui concerne les troupes coloniales. Ainsi, avec l'encouragement du PCF, de jeunes résistants, qui avaient combattu le nazisme, sont embrigadés par la bourgeoisie française, pour ses massacres coloniaux. A l'Assemblée, début avril 1946, un député PCF, Larribère, fait un discours " pour une armée coloniale démocratique " et propose servilement des améliorations à " notre armée coloniale ".

Dans plusieurs régions (Sud-Ouest, Centre-Ouest), cette politique d'intégration dans l'armée bourgeoise rencontre pas mal de résistances.

Dans son discours au Comité central de janvier 45, Thorez revenu depuis peu, exige et appuie totalement le désarmement des Milices patriotiques comme il appuie l'élimination des Comités Départementaux de Libération.

 Thorez précise, dans une interview accordée le 2 février 1945 à " Temps Présent " : " Il y a un gouvernement, il doit y avoir une armée, une seule ; il doit y avoir une police, une seule. Dans la lutte contre l'ennemi ou contre ses agents, contre les traîtres et saboteurs, il appartient à tous les français de faire entendre leur voix, en particulier par le truchement des groupements ou mouvement de résistance. A l'usine ou au village par l'intermédiaire des Comités patriotiques (C'est à dire chargés de développer la production NDLR) mais tous les groupes armés doivent disparaître. De même, les Comités départementaux de Libération (CDL) ne doivent pas se substituer aux administrations et les Comités Locaux de Libération ne doivent être que des Comités patriotiques ".

 Des hommes comme Guingouin, Marty paieront cher leur désobéissance du moment et seront parmi les premières victimes du crétinisme parlementaire et de la stratégie électoraliste qui remplacent toute volonté révolutionnaire de renversement de la société capitaliste. L'acceptation par la classe ouvrière d'une telle ligne ne put se faire que parce que le PCF encouragea l'illusion électoraliste et parlementaire.

La collaboration de la bourgeoisie française avec l'occupant nazi avait été active et avait permis une exploitation féroce des travailleurs, ce qui n'empêcha pas qu'elle sorte de la guerre considérablement affaiblie. Afin de reconstituer ses forces, la bourgeoisie ne peut compter que sur un parti non discrédité par la collaboration. Ce qui n'est pas le cas de ses propres partis et seul le PCF, de par sa résistance antifasciste, peut remplir pleinement ce rôle.

Ces années d'après-guerre, de " redressement national " voient le PCF au secours de la bourgeoisie française et un renforcement de l'exploitation capitaliste sur toute la ligne. C'est l'époque du fameux " Gagner la bataille de la production ".

Ainsi Thorez à Waziers (21 juillet 45) : " ...Je voudrais vous faire comprendre, je voudrais que ce que nous pensons au Comité Central puisse passer dans la tête, dans le coeur de chacun d'entre vous ici, militants communistes, secrétaires des organisations, délégués mineurs, délégués les plus responsables, chez-vous d'abord puis chez tous les mineurs, que produire, produire, et encore produire, faire du charbon, c'est aujourd'hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. Hier, l'arme c'était le sabotage, mais aujourd'hui l'arme du mineur, c'est produire... ".

Ou bien Benoit Frachon à Lens le 17 septembre 45 :

" (...) Mais il faut aussi l'élan collectif de tous : de la Direction, des Ingénieurs, de la maîtrise et des mineurs eux-mêmes, pour ce but commun. Nous faisons partie d'un même attelage qu'il faut sortir du bourbier et il faut que nous le tirions ensemble... ".

" Au nom de la " Bataille pour la production ", les dirigeants révisionnistes jouent un rôle d'avant-garde au service de la bourgeoisie pour faire accepter à la classe ouvrière une dégradation incroyable de ses conditions de vie et de travail. Le prolétariat voit sa situation empirer dans tous les domaines :

-Les heures supplémentaires : la semaine de 40 heures arrachée en 36 par les luttes et interdite par Vichy est définitivement abandonnée à la Libération. La loi du 25 février 1946, mise au point par le ministre " communiste " Ambroise Croizat indique " Les heures supplémentaires de travail peuvent être effectuées dans la limite de 20 heures par semaine ". En fait, c'est la semaine de 60 heures qui est encouragée.

-Des primes de rendements combinées avec des salaires trop faibles accentuent les cadences de travail de plus en plus élevées, au mépris de l'hygiène et de la sécurité : Le nombre d'accidentés du travail (invalidité temporaire, permanente ou la mort d'ouvriers mineurs fut égal au double de celui de 1938).

-Réduction des temps de repos (travaux le dimanche et pendant les jours de congés annuels).

-L'exploitation féroce des travailleurs immigrés : Espagnols, Italiens, Arabes sont soumis aux conditions de travail les plus dures, logés dans des conditions innommables...pour la " grandeur de la France ".

-Le salaire réel : après un relèvement à la Libération, le blocage des salaires, acceptés par le PCF, combiné à la hausse des prix fait que la baisse des salaires réels est de près d'1/3.

Les nationalisations de la Libération (sans spoliation mais complètement et grassement indemnisé) sont décidées uniquement en fonction des intérêts de la bourgeoisie impérialiste française à cette période. Elles doivent jouer essentiellement deux fonctions :

-Assurer le relèvement rapide, ainsi que la modernisation, dans les branches-clés de l'économie.

-Duper la classe ouvrière, lui faire croire qu'elle ne travaille plus pour des capitalistes, mais pour " l'intérêt général ", " pour la Nation " et l'amener à participer activement à la " Bataille pour la Production ".

L'union sacrée, du PCF avec la bourgeoisie française sert à bâillonner la classe ouvrière. Après les discours de Thorez sur " les fainéants ", " le sabotage ", viennent ceux contre la grève, considérée comme un véritable crime contre " l'intérêt national " !

Quelle aubaine pour la bourgeoisie ! L'Humanité du 23 mai 1945, sous la plume du secrétaire général de la CGT, mettait en garde les ouvriers : " Nous comprenons parfaitement nos camarades, qui excédés, engagent des actions allant jusqu'à la grève. Nous leur demandons cependant de ne pas se laisser aller dans tous les cas à leur première impulsion... les ouvriers se laisseront entraîner à aucune action inconsidérée... Avec le calme et la sérénité de ceux qui ont raison, ils poursuivront l'action pour obtenir satisfaction dans l'intérêt de la renaissance française elle-même... Plus que jamais nous disons à la classe ouvrière : Vigilance ! ".

A Waziers, condamnant les grèves de mineurs de Lens et de Béthune qui viennent d'avoir lieu pour exiger l'épuration des agents de maîtrise collabos, l'amélioration des conditions de travail, grèves auxquelles des militants de la CGT et du PCF participent activement, Thorez tranche sans nuances : "Ici, chers camarades, je le dis en toute responsabilité au nom du Comité Central, au nom des décisions du Congrès du Parti, je le dis franchement : il est impossible d'approuver la moindre grève. ".

Le PCF et la CGT mettent systématiquement en avant leur participation à tous les niveaux de l'appareil d'Etat. Au gouvernement, la bourgeoisie leur avait confié tous les postes liés à la production et au travail:

- Ministère de la Production industrielle
- Ministère de l'Economie nationale
- Ministère du Travail
- Ministère de la reconstruction
- Ministère de l'Armement.

Cette période de 1944-1947 (1947 : date de l'éviction des ministres " communistes " qui ne servent plus à rien) n'a été qu'une étape dans le renforcement de l'exploitation capitaliste (les mines en 44-47 : un bagne pour les ouvriers), dans la paupérisation de la classe ouvrière et dans la défense de l'impérialisme français sur le marché mondial.

Contre la classe ouvrière, en défense des intérêts de la bourgeoisie française (la Nation), le P"C"F répondra toujours " Présent " !

Le P "C "F avance l'idée d'un processus long (de plus en plus en long), par étapes (avec de plus en plus d'étapes) pour une voie pacifique de passage vers le socialisme. Nul besoin de rupture brutale et donc de violence. Si le P"C"F veut " briser " le " pouvoir des monopoles ", cela doit se faire sans porter atteinte au capitalisme ! Le P"C"F n'est pas à une contradiction près.

Ce qui est plus gênant pour le parti révisionniste c'est le maintien théorique de la notion de " dictature du prolétariat " et celle-ci maintenue, ne permet pas aux dirigeants révisionnistes de participer pleinement au cirque électoral bourgeois. Pour le P"C"F, il devient urgent d'accorder son programme avec sa pratique pour qu'enfin, il puisse jouer dans la cour des grands et gérer, de nouveau, les affaires de l'Etat.

En 1976, lors du XXIIème Congrès, la dictature du prolétariat disparaît et est remplacée par la bouillie du " socialisme démocratique et autogestionnaire ". S'en suit qu'au XXIIIème Congrès, " le marxisme n'est plus " fondement " mais " point d'appui " de la politique " du P"C"F. Il suffira au XXIVème Congrès d'affirmer que " la rupture révolutionnaire ne saurait être un moment où tout bascule, mais un processus qui se déploie à travers toute une période historique de luttes ". La boucle est bouclée et le P"C"F est de nouveau prêt à assumer un rôle plus officiel au sein de la bourgeoisie (non plus celui de petit casseur de luttes mais celui d'agent direct, de gestionnaire pour le compte de la bourgeoisie).

Le P"C"F reprend à son compte, une vieille lune socialiste : la théorie de la fusion du capitalisme avec le socialisme (les choses peuvent changer dans l'ordre social, économique, culturel, politique sans toucher aux rapports de production, c'est-à-dire à la base économique du capitalisme).

Ce qui donne " le socialisme pas à pas ", " la décentralisation et la diffusion du pouvoir ", " appliquer la lutte de classe " dans la gestion "... Cette supercherie est un rejet de la théorie marxiste de l'Etat.

C'est ce que s'appliquent consciencieusement à faire les révisionnistes en participant de nouveau au gouvernement en 1981. Selon eux, l'Etat dépérit peu à peu, pour faire place à un nouveau type d'Etat : " l'Etat autonome " (...) " cet Etat autonome qui nationalise sans être pour autant l'Etat des travailleurs, n'est pas non plus au service direct du patronat " (Cahiers du Communisme n° 11, 1983). Le P"C"F est en route pour la démocratie " nouvelle " qui deviendra " vraie ", puis " véritable ", " rénovée ", " réelle ", " avancée "....

Fini la révolution, le renversement du Capital, vive les réformes longues mais indolores !

 

Seconde période 1981-1984

Dans l'euphorie de l'arrivée de la " gauche " à l'Elysée, 4 ministres " communistes " participent pour la seconde fois depuis la fin de la guerre à un gouvernement bourgeois. " Nous entrons au gouvernement pour appliquer la politique de François Mitterrand... dans une solidarité sans faille, y compris dans les entreprises " (Accord Jospin-Marchais du 23 juin 1981).

Devant la déception et le mécontentement des premiers mois de gouvernement, Georges Marchais monte de nouveau au créneau dans un entretien avec l'Humanité (10 mai 1982) : " Mais ces faits aussi réels soient-ils, doivent-ils nous aveugler ? Devons-nous prendre nos distances, voire même quitter le gouvernement ? Je l'ai dit lors de l'assemblée des secrétaires de cellules de Paris et je le répète. S'il advenait que des communistes pensent ainsi, ils se tromperaient lourdement, totalement. Non seulement une telle éventualité ne serait pas favorable mais elle serait désastreuse pour notre peuple et, c'est une certitude, désastreuse pour le Parti Communiste Français lui-même ".

 Au Comité Central de janvier 1984, Georges Marchais affirme : " Nous y avons insisté à maintes reprises, l'oeuvre d'ores et déjà réalisée par la gauche est importante, encourageante, outre les mesures sociales prises dans les premières années de la législature, des réformes, qui recèlent de grandes potentialités transformatrices, ont été décidées. Nous avons dit dans la déclaration commune du 1er décembre qu'il y avait là un bilan supérieur aux grandes conquêtes du Front populaire et de la Libération ". Mais il ne peut pas cacher que : " Pour la première fois, les capacités matérielles de production ont baissé en 1982. Les investissements ont chuté de 9% en deux ans (...) la courbe du pouvoir d'achat des salaires et des retraites est négative. (...) le pouvoir d'achat du SMIC a stagné en 1983. (...) le pouvoir d'achat des salaires nets, est à la fin de 1983, inférieur de 0.1% à ce qu'il était en 1978. (...) les inégalités de fortune et de revenus s'approfondissent au lieu de se réduire. " (l'Humanité, 19 janvier 1984). Et Georges Marchais de constater que les chiffres du chômage sont en constante augmentation...

Roland Leroy dans le " Nouvel Observateur " (10 février 1984) explique : " Nous ne sommes pas au gouvernement pour consolider notre influence. Notre présence correspond à notre vocation et à notre stratégie : utiliser chaque possibilité de faire même le plus petit pas en avant pour construire, par la voie démocratique, un socialisme original ".

Et quand, beaucoup plus tard, André Lajoinie reconnaît qu' " il fallait, même à cette époque, en 1981, une certaine dose de crétinisme pour penser que, avec 4 ministres sur 44, nous allions pouvoir peser sur le cours des choses " (Le Monde 3 octobre 1993), il est trop tard. Les travailleurs ont payé chers, très chers leurs illusions envers le P"C"F.

-Restructurations industrielles
-Plans de licenciements
-Déréglementation du Code du travail
-Attaques sans précédent de la Sécurité Sociale
-Lois Auroux de co-gestion des affaires du Capital
-Mise en place des SIVP, des TUC...
-Desindexation des salaires, plans d'austérité

En échange de cette participation, les révisionnistes ont empêché l'essor du mouvement révolutionnaire (Mai 68 en marquait déjà une étape cruciale, le " Programme commun, une autre). Si le P"C"F peut encore se montrer capable de " contrôler " le mouvement ouvrier, de larges pans commencent à s'en écarter.

 Le 28ème Congrès du P"C"F (1994) renonce à toute idée de " Mouvement Communiste International ", c'est l'abandon du " centralisme démocratique " ( jamais appliqué si ce n'est déformé par toutes ces années de révisionnisme) c'est le remplacement du terme " travailleur" par " les gens ", on ne parle plus du Capital mais de " l'argent-roi ", et puis c'est un alignement complet sur les thèses antisoviétiques prônées par Furêt et autres historiens révisionnistes...
Ce congrès entérine la liquidation du P"C"F.

 Le 29ème Congrès (17-21 décembre 1996) n'aura plus qu'à jeter ce qui pouvait encore rester de " l'identité communiste " aux orties et adoptera un " nouveau communisme " sans contenu de classe, tout en continuant à s'attaquer au léninisme (condamnation du modèle soviétique).
La "
faucille et le marteau " sont abandonnées... " La mutation ne connaîtra pas de pause " peut affirmer tranquillement Robert Hue.
Aucune analyse critique de la politique du PS, pas un seul mot sur les désastreuses années "
Mitterrand " et sur la politique d'austérité menée de 1981 à 1984.
Ces deux derniers congrès sonnent comme la fin du P"C"F.

 En mai 1995, Jacques Chirac, élu Président de la République ne rencontrera qu'une " opposition constructive " du P"C"F ! Robert Hue le répète sur tous les tons: " Le PCF aspire à être au gouvernement de la France " (Université des Verts, le 30 août 1996).

 

Troisième période : 1997...

Et quand en juillet 1997, trois ministres communistes entrent dans le gouvernement Jospin, les thèses du renversement de l'état bourgeois pour instaurer un état de transition révolutionnaire vers une société communiste sans classe, sont définitivement rangées aux placards, c'est uniquement sur le programme électoral du PS que se fait cette participation gouvernementale.

Si ce gouvernement de la " gauche plurielle " (PS- P"C"F-Verts-MDC) a été porté au pouvoir par les grandes luttes de l'hiver 95 contre le plan Juppé et par les luttes contre les lois Pasqua-Debré, le peu de promesse électorale sera bientôt oubliée :

-Premier symbole de la " réal-politik " menée par la " gauche plurielle " : la Fermeture de Renault-Vilvorde alors même que Jospin manifestait quelques mois auparavant contre la fermeture de cette usine.

-Aucune augmentation sérieuse des minimas sociaux comme du SMIC pendant que la Bourse se permet d'enregistrer une progression de 40% en six mois

-Les lois Pasqua-Debré ne sont pas abrogées mais au contraire, renforcées par la sinistre loi Chevènement.

-Les Sans-papiers conduits par les promesses du PS à déclarer leur présence dans les préfecture sont rejetés dans la clandestinité pour plus de la moitié d'entre-eux.

- " Privatisation mieux que Juppé " peuvent titrer différents journaux. Après les privatisations de France-Télécom, de Thomson, d'Air France, c'est le démantèlement de la SNCF (avec le Réseau Ferré Français -RFF), l'EDF-GDF et les PTT sont livrés au Capital privé....

-Les " emplois-jeunes " se veulent avant tout participer à la casse des statuts. C'est la suite des CES et des TUC.

-La loi Aubry de flexibilité du travail et de racket des cotisations sociales qui, en aucun cas, n'est une réduction du temps de travail.

Décidément, la " gauche plurielle ", dont le P"C"F (et le poids qu'il possède encore au sein de la CGT) répondent en tout point à ce que peut attendre la bourgeoisie :

- par sa participation gouvernementale, il aide à faire passer beaucoup de mauvais coups et Martine Aubry peut dire : " Les organisations syndicales ont quand même considérablement évolué. Reconnaissez avec moi que les discours sur les avantages acquis sont beaucoup moins importants aujourd'hui : 85% des embauches se font en précaire, il n'y a plus d'autorisation administrative de licenciement, le travail de nuit ou le week-end est possible. Rappelez-vous le blocage et la désindexation des salaires, c'est la gauche qui a réussi à les faire passer. ", un discours devant le patronat qui rejoint ce que disait Laurent Fabius en 1986 sur le " sale boulot " réalisé par les gouvernements de " gauche " depuis 1981.

- par la présence de militants P"C"F, malheureusement souvent sincères, dans les luttes, il sert de contre-feux, de tampon face au mécontentement populaire tout comme Jean-Claude Gayssot, ministre des transports, s'oppose ouvertement à toute grève dans son secteur : " J'espère qu'on ne prendra pas le Mondial en otage " !!!

 

François Hollande, secrétaire du PS peut dire lors du 150ème anniversaire du Manifeste Communiste au Palais des Sports : " Le PC est utile au pays, à la gauche. Vous transformez une radicalité en un débouché, vous évitez son dérapage dans la violence et ce n'est pas rien " (en clair, vous évitez l'explosion sociale ! ).

Le P"C"F c'est fini, quelque soit le temps que dure son agonie. Ce ne sont pas les quelques oppositions internes qui permettront de reconstruire de l'intérieur un véritable parti léniniste.

De la " Coordination communiste " à la très trotskisante " Gauche communiste ", ils sont tous révisionnistes à 100%. Le XXème Congrès du PCUS est passé par là et aucune de ces fractions ne prétend en faire la critique. Au mieux, elles défendent un P"C"F des années " Brejnev ", au pire elles s'allient avec les trotskistes du Parti des Travailleurs, anticommunistes notoires.

L'histoire du P"C"F l'a démontré et les marxistes-léninistes exclus en sont la preuve: le P"C"F ne peut plus être redressé de l'intérieur; électoralisme et crétinisme parlementaire le marquent de façon indélébile. Le seul service que peut encore rendre Robert Hue aux authentiques communistes, est de passer avec armes et bagages au PS (pourquoi faudrait -il deux partis réformistes ?) ou transformer le nom de son parti. Après avoir supprimé toute référence léniniste, qu'il supprime ce qualificatif de " communiste " depuis trop longtemps usurpé. Cela ne pourra qu'aider la classe ouvrière, les travailleurs à y voir clair.

Le drapeau rouge ne peut être relevé que par un parti s'appuyant sur le marxisme-léninisme et cela de nombreux camarades s'y emploient, différentes organisations marxistes-léninistes travaillent à la renaissance d'un Parti Communiste, le chemin est semé d'embûche mais il n'y a pas d'autres choix, pas d'autres alternatives à la barbarie dans laquelle nous entraîne le capitalisme et ses valets de " gauche ".

 *** 

Note: Plutôt que d'effectuer des rappels par de petites notes et d'utiliser les guillemets qui alourdissent, un renvoi général aux documents utilisés pour écrire cet article:

- " Octobre " n° 1, février 1973, revue théorique des Communistes marxistes-léninistes de France (Sur l'histoire du révisionnisme en France : 1944-1947 le P.C.F. au gouvernement)

- " La voie du Socialisme " N° 1, mars 1984, organe pour l'édification du Mouvement marxiste-léniniste

- " La nouvelle orientation du PCF depuis son XIIIème Congrès où la voie de l'union avec le diable "
(Six articles de LA FORGE (1979-1980), organe central du PCOF)

- " Le P.C.F. : parti de gouvernement "
(Recueil d'articles parus dans LA FORGE de juillet 1981-Mars 1982)

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S. BUQUET, correspondant Editions Prolétariennes Le Havre 

  

Commentaires sur l'article: Le P"C"F au(x) gouvernement(s)

 

Au sujet de la guerre dans les Balkans, le camarade relève avec justesse que " Robert Hue gesticule contre la guerre dans les Balkans mais reste complice de cette intervention impérialiste en ne quittant pas le gouvernement de Jospin-la-guerre ". Cependant il importe de préciser quelques points importants qui illustrent parfaitement le rôle du P"C"F sur cette question.

Quand l'OTAN intervient fin mars 1999 en bombardant la Yougoslavie, le P"C"F fait entendre une voix " différente " au sein de la majorité plurielle, il se présente comme " opposant à la guerre " etc... Mais son opposition reste très silencieuse sur le caractère impérialiste de l'intervention de l'Otan, le retrait des troupes françaises des Balkans n'est pas demandé...

Le P"C"F insiste sur la " guerre des Etats-Unis-qui-n'ont pas-demandé-l'autorisation-à-l'ONU ", le rôle et la décision de l'impérialisme français de participer à cette guerre sont de ce fait minimisés...

C'est surtout sur le registre " pacifiste " que Robert Hue et le P"C"F forge son opposition, entretenant les pires illusions sur les structures internationales (ONU, UE, OSCE...).

 

C'est à la mi-avril que le P"C"F se fait " remonter les bretelles " par Jospin qui trouve que les manifs contre la guerre ça fait désordre dans la majorité, et qu'il faut choisir.

Depuis, plus aucune mobilisation d'ampleur nationale sur cette question, le P"C"F restera au gouvernement coûte que coûte, quoi qu'il arrive... car il partage l'ensemble des orientations réactionnaires de celui-ci.

 

Contrairement à ce que l'on entend parfois dans la bouche de militants sincèrement écoeurés, ce n'est pas parce qu'il reste au gouvernement que le P"C"F devient réactionnaire, social-démocrate..., c'est parce qu'il a abandonné depuis longtemps le marxisme, que les mesures contre les travailleurs que prend le gouvernement ne le gênent absolument pas.

 

Dans son article le camarade dit " Trouver sur cette liste, à la fois Geneviève Fraisse, sociale-démocrate partisane du " Oui " à Maastricht et Philippe Herzog, serviteur zélé du patronat participatif... " précisons que Fraisse, Herzog, Sylla, Ralite ce sont prononcés... pour l'intervention de l'OTAN dans les Balkans.

D. ( juin 1999)

 

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