CRITIQUE DE LA
LIGNE DU IIe CONGRÈS
AUTOCRITIQUE DU
COMITÉ CENTRAL
....... Répétons-le : le Comité
central de notre Parti qui a convoqué,
préparé et réuni le IIe Congrès,
est le principal responsable des graves erreurs
fondamentales qui ont favorisé le succès
temporaire de cette ligne bourgeoise. Au sein du
Comité central, cette responsabilité a
été inégale, bien entendu, mais du fait
qu'en définitive aucune voix ne s'est opposée
de manière catégorique à celles des
camarades qui ont commis les plus lourdes fautes, le
Comité central a décidé de supporter
dans son unité totale la responsabilité en
cause. Le Secrétaire politique a entièrement
partagé cette responsabilité dont il a
communiqué de manière autocritique les
principaux éléments au Comité central
du Parti communiste chinois, ainsi que devant le VIIe
Congrès du Parti du travail d'Albanie.
.......
C'est dans les conditions de cette
unité idéologique
délibérée que le Comité central
a publié un document autocritique approfondi
après avoir pris les mesures nécessaires pour
le rejet de la ligne bourgeoise, pour organiser une campagne
de rectification et préparer la tenue du nouveau
Congrès, celui qui nous rassemble aujourd'hui, qui a
seul le pouvoir statutaire d'annuler définitivement
le programme élaboré lors du Congrès
précédent.
.......
Etant donné que le IIIe
Congrès a été convoqué pour
condamner et rejeter la ligne bourgeoise du IIe
Congrès, il est indispensable d'intégrer dans
le rapport politique la critique de la ligne du IIe
Congrès et l'autocritique du Comité central.
Mais la discussion centraliste démocratique a
provoqué des questions, des remarques et des
suggestions de la part des cellules et des organismes
intermédiaires. Bien que le document autocritique ait
rencontré une très large approbation dans les
rangs du Parti, le Comité central a tenu à
examiner de près tous les points de vue
exprimés. Aussi a-t-il désigné en son
sein une commission chargée de présenter un
rapport de synthèse des avis exprimés par
l'ensemble des militants du Parti en vue d'enrichir
l'autocritique. Ce rapport de synthèse va vous
être soumis à la suite de la contribution
spécifique du Comité central. En
procédant ainsi, le IIIe Congrès peut et doit
s'emparer de l'autocritique du Comité central pour
l'élever au niveau d'une autocritique fondamentale de
notre Parti dans sa totalité.
.......
A la relecture de l'autocritique,
vous pourrez d'ailleurs remarquer quelques modifications du
document initial qui correspondent à des remarques et
critiques constructives avancées par des organismes
de base ou intermédiaires. La plus importante porte
sur l'appréciation des initiatives de notre Parti
pour entraîner dans des actions contre les deux
superpuissances des groupes et personnalités
politiques comme l'UJP, Olivier Germain-Thomas et Michel
Jobert.
Passons donc
immédiatement à cette autocritique.
*
* *
....... La pratique de l'autocritique a
constitué l'une des quatre qualités
fondamentales ayant permis au Parti communiste chinois,
dirigé par Mao Tsetoung, d'être l'une des armes
principales du peuple chinois pour vaincre ses ennemis en
vingt-huit années de luttes et de guerres
révolutionnaires.
.......
La pratique de l'autocritique est
une méthode de pensée et d'action dont
Lénine lui-même avait déjà
souligné la portée considérable:
"L'attitude d'un parti
politique en face de ses erreurs est un des critères
les plus importants et les plus sûrs pour juger si ce
parti est sérieux et s'il remplit réellement
ses obligations envers sa classe et envers les masses
laborieuses. Reconnaître ouvertement son erreur, en
découvrir les causes, analyser la situation qui lui a
donné naissance, examiner attentivement les moyens de
corriger cette erreur, voilà la marque d'un parti
sérieux... ".
.......
La pratique de l'autocritique
relève de l'idéologie prolétarienne et
sert la Révolution. Elle est indissociable d'une
conception matérialiste de l'erreur, dont elle
rejette toute définition idéaliste, notamment
toute qualification relevant de la morale bourgeoise.
L'idéologie prolétarienne incite à
découvrir les erreurs en vue de les corriger pour
servir les luttes révolutionnaires.
L'idéologie bourgeoise juge les erreurs d'un point de
vue moral réactionnaire; il peut arriver que tout en
se prétendant communiste, le petit-bourgeois ricane
des erreurs du révolutionnaire prolétarien
auquel il prétend donner des leçons, mais cela
ne reflète que sa position de classe et son
imposture. La pratique de l'autocritique se situe dans le
champ de bataille des deux classes antagonistes du
prolétariat révolutionnaire qui l'utilise, et
de la bourgeoisie contre-révolutionnaire qui la
rejette et tente de la discréditer.
....... Il y a eu
aiguisement de la lutte entre deux lignes et deux
idéologies dans nos propres rangs quand la 3e session
du Comité central issu du IIe Congrès de notre
Parti a résolu d'appeler tous les militants de base
et des organismes intermédiaires à critiquer
une partie du programme voté lors du IIe
Congrès, a décidé de pratiquer
l'autocritique jugée indispensable, a engagé
une campagne de rectification.
.......
Les partisans de la ligne
bourgeoise du IIe Congrès ont surtout avancé,
à ce moment-là, des arguments d'ordre
statutaire pour s'opposer à la décision du
Comité central. Ils ont invoqué que la ligne
d'un Congrès doit être systématiquement
et intégralement appliquée jusqu'à la
tenue du Congrès suivant ; ils ont proclamé
qu'elle constitue une loi obligatoire et immuable pour toute
la période considérée; ils ont
accusé le Comité central de violation des
statuts. En vérité, en rappelant le juste
principe de l'élaboration et de la fixation de la
ligne d'un Parti marxiste-léniniste dans le cadre de
ses Congrès statutaires, ils espéraient
pouvoir imposer au Parti leur ligne bourgeoise dont nous
examinerons de manière autocritique comment elle a pu
s'imposer au IIe Congrès.
.......
Le Comité central qui
exerce dans le respect du centralisme démocratique la
fonction statutaire de diriger le Parti se trouvait dans une
situation tout à fait exceptionnelle car, d'une part,
le programme du IIe Congrès comportait entre sa
première et sa seconde partie une contradiction
insoluble; d'autre part, cette seconde partie violait le
contenu de classe prolétarien de la ligne
fondamentale du marxisme-léninisme. Il suffit de
relire la partie du programme ayant pour titre
"Objectif stratégique
actuel" et la partie
intitulée "La voie de la
révolution prolétarienne en
France" pour constater
qu'elles sont en contradiction. Nous allons les examiner de
manière approfondie... Mais que pouvait donc et que
devait donc faire le Comité central quand il eut
constaté cette situation, sinon convoquer un nouveau
Congrès et prendre immédiatement les
indispensables mesures de rectification ? Certes, le
principe d'application de la ligne définie lors d'un
Congrès est un principe fondamental tout à
fait juste. Son respect est nécessaire dans le cadre
et dans le respect des principes idéologiques et
organisationnels du Parti. Mais si, phénomène
exceptionnel, la ligne issue du Congrès se trouve en
réalité constituée par deux lignes
différentes, voire opposées, qui sont
juxtaposées dans un même programme,
reflétant les luttes existant entre deux voies et
deux idéologies à l'intérieur du Parti,
comment donc ce juste principe pourrait-il être
appliqué ? Si, lors du Congrès, a
triomphé au moins partiellement une ligne bourgeoise,
quelle attitude doit adopter un Comité central
prolétarien ? L'une des deux lignes doit l'emporter
sur l'autre, il n'est pas possible qu'elles soient mises en
oeuvre en même temps. Le Comité central doit
engager la lutte de classe et mettre en oeuvre une vaste
campagne d'éducation et de rectification. Nous allons
voir qu'en cette circonstance notre Comité central a
rejeté la ligne bourgeoise et rallié la ligne
prolétarienne. Les arguments "juridiques"
invoqués par les tenants de la ligne bourgeoise
contenue dans le programme du IIe Congrès
revêtaient un caractère fallacieux et ne
pouvaient être appliqués. Sous prétexte
de respecter la ligne du IIe Congrès, ils visaient
à imposer au Parti la partie bourgeoise du programme,
tout en rejetant la partie prolétarienne qui s'y
trouvait juxtaposée.
|
LE
PROGRAMME DU IIè CONGRÈS
|
....... Voyons maintenant le programme du IIe
Congrès, en soulignant d'abord les positions justes
et les positions fausses, en expliquant ensuite le
caractère de classe de ces dernières, puis en
retraçant le processus chronologique du
développement idéologique et politique qui a
conduit à de telles positions.
1ère partie: Objectif final
....... Dans la partie intitulée
"Objectif final", nous ne trouvons pas d'erreur de principe.
Toutefois, sur la base de notre expérience
historique, pour définir le Mouvement communiste
international, nous pouvons juger aujourd'hui
préférable de retenir la
référence aux principes du
marxisme-léninisme et de la pensée maotsetoung
plutôt que d'affirmer que se trouvent dans ses
premiers rangs les Partis communistes chinois et albanais.
Au cours des derniers mois, nous avons vu, en Europe
notamment, lors de meetings internationaux
multilatéraux se réclamant du
marxisme-léninisme, que certains dirigeants
proclamaient à tue-tête que le Parti du travail
d'Albanie "est à la
tête" des partis
marxistes-léninistes du monde entier. Tel n'est pas
notre point de vue, ce qui n'infirme en rien la
considération historique que nous accordons au parti
frère en cause.
.......
D'autre part, le Parti communiste
chinois, qui n'a jamais cessé de nous traiter
d'égal à égal en dépit des
différences importantes quantitatives, historiques et
d'autres natures, a toujours rejeté explicitement la
conception qui ferait de lui un parti dirigeant les autres
partis marxistes-léninistes, disons pour être
clairs, le parti-père de tous les autres partis
communistes.
.......
Ce serait faire preuve
d'inconséquence que de condamner d'une part la
conception et les pratiques révisionnistes du parti
social-fasciste d'Union soviétique dans ses relations
avec d'autres partis, et de contribuer d'autre part à
recréer les conditions du développement du
même phénomène entre partis
marxistes-léninistes.
.......
C'est donc par une
référence fondamentale à la doctrine
d'ensemble que constituent les principes du marxisme, du
léninisme et de la pensée maotsetoung que nous
devons caractériser le Mouvement communiste
international.
2ème
partie: Objectif
stratégique actuel
....... Voyons
maintenant la partie du programme du IIe Congrès
intitulée "Objectif
stratégique actuel".
Ce qualificatif d'actuel a
été employé ici pour distinguer
socialisme et communisme, mais il ne nous paraît pas
que ce soit là une nuance vraiment utile et facile
à comprendre. Selon Marx et Engels eux-mêmes,
le socialisme n'est autre que la société
communiste dans sa première forme, ce qualificatif
risque seulement d'entraîner quelque confusion ou
ambiguïté, aussi proposons-nous de le supprimer
purement et simplement. Cette partie du programme ne
comporte aucune erreur sur les principes portant atteinte
à la ligne fondamentale du socialisme scientifique.
En particulier, elle réaffirme à juste titre
que le but de notre Parti est "la destruction violente de la
société capitaliste", que seule cette destruction permettra de
"substituer la dictature du
prolétariat à la dictature de la
bourgeoisie".
.......
Remarquons au surplus que cette
partie du programme se garde bien d'avancer une certitude
quant aux "circonstances
historiques de la Révolution", et notamment par rapport à
l'alternative du déclenchement de la
Révolution avant ou à l'issue de la guerre;
c'est là une position juste qu'abandonnera le
programme dans sa troisième partie.
....... Dans cette deuxième partie, nous pouvons
remarquer qu'elle a repris de manière complète
deux formulations du Parti communiste
chinois.
D'une part
"mettre l'édification
socialiste au service de la Révolution
prolétarienne mondiale et garantir le bien-être
du peuple travailleur",
d'autre part "garantir la
démocratie pour les masses populaires, exercer la
dictature à l'encontre des exploiteurs, des
contre-révolutionnaires et des
traîtres".
.......
Bien entendu, le contenu
idéologique de ces deux citations a une valeur
universelle pour tous les marxistes-léninistes, mais
il importe de le conjuguer avec les conditions
particulières de notre propre révolution.
C'est pourquoi notre programme doit éviter de
recourir ainsi à l'emploi de phrases ou de mots
d'ordre parfaitement valables dans un autre pays, pour un
autre peuple, dans la forme où nous les recevons,
mais qu'il est indispensable d'adapter aux conditions
historiques et spécifiques de chez nous. Même
si la deuxième formulation a un contenu
entièrement adaptable à notre propre
socialisme, il est préférable de l'exprimer
par nous-mêmes, avec des formules qui nous soient
propres.
.......
Mais ce ne sont là que des
remarques ne remettant pas en cause la ligne fondamentale
contenue dans cette partie du programme du IIe
Congrès intitulée : "Objectif stratégique
actuel".
3ème partie: La voie de la révolution
prolétarienne en France
....... Passons à l'étude critique de la
3ème partie intitulée "La voie de la Révolution
prolétarienne en France".
.......
Dès la seconde phrase
commence le glissement conduisant à une position
unilatérale et de ce fait nullement dialectique:
"La voie de la
Révolution prolétarienne en France
...dépend étroitement de la situation
internationale, caractérisée par l'existence
et les contradictions des trois mondes". Cette affirmation ne prend en compte que les
facteurs externes et va conduire directement à la
sous-estimation, puis à l'abandon et même enfin
au rejet délibéré de toute
considération accordée aux facteurs internes.
Des différentes circonstances historiques
éventuelles de la Révolution
prolétarienne en France, seule sera retenue celle
exclusivement déterminée par la situation
internationale, alors que depuis Lénine la preuve a
été apportée qu'une Révolution
socialiste peut triompher dans un seul pays. Les exemples
ultérieurs multiples en ont attesté
également. Mais voilà, notre programme, ici,
ne retiendra comme circonstances historiques
éventuelles de la Révolution que celles
offertes par la situation internationale. Celle
correspondant à la situation intérieure de la
France sera totalement éludée ou, plus grave
encore, elle sera explicitement écartée et
éliminée.
.......
Après un exposé
sommaire mais nullement erroné de la thèse des
trois mondes, le programme s'abandonne donc à un
point de vue unilatéral et, simultanément,
vide de tout contenu de classe prolétarien la notion
d'indépendance nationale qu'il ne conçoit que
sous un seul aspect: "c) le
second monde composé par les pays capitalistes
développés (dont la France) .. (est
amené) à s'opposer chaque jour plus au
contrôle et aux tentatives de contrôle des deux
super-puissances et, par là, à tenter de
préserver l'intégrité et la
souveraineté nationales".
.......
Si cette constatation n'est pas
fausse en elle-même, dans la mesure où elle
concerne la défense des intérêts propres
aux groupes monopolistes français, ce qui l'est par
contre et très gravement, c'est le caractère
exclusif de la déduction unilatérale qui suit
aussitôt: "C'est
pourquoi, la voie de la Révolution
prolétarienne passe par la lutte historique
indispensable contre l'hégémonisme des deux
super-puissances et notamment contre le danger principal que
constitue le social-impérialisme
russe".
.......
Ici, la voie de la
Révolution prolétarienne est située en
dehors de la contradiction fondamentale de notre
société pourtant mentionnée
explicitement dans la partie précédente du
programme.
.......
Un choix
délibéré est explicité et
justifié par la phrase qui suit: "La rivalité croissante des deux
super-puissances ...démontre que la guerre est
imminente", et, dans tous les
cas, la Révolution prolétarienne est
subordonnée au préalable d'une guerre contre
les deux super-puissances, ou tout au moins contre l'une
d'entre elles : "soit que les
peuples se dressent dans la Révolution, ce qui
entraînerait l'intervention des super-puissances, soit
que celles-ci engagent une guerre pour la domination de
l'Europe".
.......
Et comme le programme entend bien
convaincre ses adeptes et lecteurs, une affirmation
supplémentaire leur est assénée:
"...le Parti communiste
marxiste-léniniste de France estime que si les
conditions de l'existence d'un mouvement de masse
révolutionnaire peuvent exister rapidement en liaison
avec l'approfondissement de la crise du capitalisme, par
contre, cela ne suffirait pas à créer
l'ensemble des conditions favorables au déclenchement
d'une insurrection prolétarienne".
.......
En clair, cela consiste à
condamner par avance toute possibilité
révolutionnaire qui proviendrait des facteurs
internes, en invoquant de manière exclusive la
prédominance jugée inéluctable des
facteurs externes. En vérité, ce n'est pas du
tout du charabia que nous découvrons ici, mais c'est
une ligne très cohérente. Le programme
débouche du point de vue pratique sur cette
proclamation sinon explicite, du moins assurément
implicite: "Ne faites surtout
pas la Révolution parce que vous provoqueriez
l'intervention immédiate des super-puissances
!". Et de là à
abandonner le combat contre le capitalisme français
pour la Révolution prolétarienne en lui
substituant "la tâche
centrale actuelle de la Révolution en
France", il n'y a même
pas un pas à franchir, mais une simple
continuité immédiate: cette tâche
centrale consiste "à
lutter contre les deux super-puissances et leurs agents,
pour la défense nationale et contre la
capitulation". Bien entendu,
il s'agit de la défense
nationale dont on a
précisé plus haut que les pays capitalistes du
second monde tentent de préserver son intégrité et sa
souveraineté ! !
....... Voilà joué le tour, le mauvais
tour qui va conduire notre Parti sur des positions
bourgeoises, et la suite de cette partie du programme va
s'efforcer, non sans succès, d'en préciser et
consolider les causes et surtout les effets.
.......
Le programme du Parti communiste
marxiste-léniniste de France va alors définir
ses tâches les plus urgentes en fonction de cette
ligne d'indépendance nationale,
présentée comme inexorablement
préalable à la Révolution
prolétarienne.
.......
Alors qu'à cette
époque déjà, d'après l'analyse
du Président Mao lui-même, les facteurs de
révolution et les facteurs de guerre grandissent
simultanément, le programme ne retient que la
croissance des facteurs de guerre et lui subordonne
délibérément celle des facteurs de
révolution.
.......
Construit sur ces
considérations résultant de la mise au rancart
des facteurs internes, notamment de la contradiction
fondamentale et principale de notre société,
et conduisant à l'abandon du point de vue de classe
prolétarien, le programme s'exprime ensuite dans
l'énoncé péremptoire et comminatoire,
on va voir à l'égard de qui, des huit points
fixant les tâches immédiates et urgentes du
Parti.
.......
A l'égard de qui,
disons-nous ? A l'égard des militants qui
n'accepteraient pas ces huit points et que le programme du
PCMLF accuserait alors sans nulle réserve de
"condamner le
prolétariat et les masses populaires à se
mettre à la remorque du révisionnisme
moderne" et de
"favoriser, sous des apparences
révolutionnaires les visées
hégémoniques des deux super-puissances,
surtout du social-impérialisme russe".
|
Les huit points du
programme
....... Voyons
donc ces huit points. Que disent-ils, que signifient-ils
?
PREMIER POINT: "considérer que la cible centrale
actuelle est le capital monopoleur ouest-européen et
non pas les deux super-puissances ou considérer qu'il
s'agit d'une seule et même cible
immédiate...
".
.......
Voilà qui est d'une
gravité extrême. En effet, sera complice des
révisionnistes, non seulement celui qui lutte
seulement contre le capital monopoleur
ouest-européen, mais même celui qui lutte
simultanément contre les deux super-puissances et
contre les capitalistes français.
.......
Nous voici en vérité
bien loin des indications formulées en 1963 par le
Comité central du Parti communiste chinois, sous la
direction de Mao Tsetoung, dans le point 10 des
"Propositions concernant la ligne du Mouvement communiste
international" ( connues sous le titre de Lettre en 25
points, en date du 14 juin 1963). Que disait en effet un
passage de ce point 10 : "...Dans les pays capitalistes que les
impérialistes américains contrôlent ou
essaient de contrôler, la classe ouvrière et
les masses populaires doivent diriger principalement leurs
attaques contre l'impérialisme américain, et
aussi contre le capital monopoliste et les autres forces de
la réaction intérieure qui trahissent les
intérêts de la nation... ".
.......
Et l'on peut lire encore dans le
même point 10 : "...En
dirigeant la lutte révolutionnaire dans les pays
impérialistes et capitalistes, les partis
prolétariens doivent maintenir leur
indépendance sur le plan idéologique,
politique et de l'organisation. Ils doivent en même
temps unir toutes les forces susceptibles d'être unies
pour former un large front uni contre le capital monopoliste
et contre la politique d'agression et de guerre de
l'impérialisme... ".
(Les passages
soulignés le sont par nous, aujourd'hui, en raison de
l'intérêt qu'ils présentent par rapport
à notre sujet).
.......
Naturellement, il convient de nos
jours de lire ces lignes en tenant compte du fait que depuis
qu'elles furent écrites, à
l'impérialisme américain est venu s'ajouter,
sur le plan mondial, le social-impérialisme
russe.
.......
Dans le premier point de cette
troisième partie du programme voté par le IIe
Congrès de notre Parti, la contradiction fondamentale
entre bourgeoisie et prolétariat se trouve
rejetée non seulement en tant que contradiction
principale de notre société, mais en tant
que contradiction secondaire. De
fait, elle n'existe pratiquement plus !
.......
Aussi le programme prend-il ses
distances, et quelles distances !, avec le point de vue de
classe prolétarien auquel il substitue un point de
vue "national" dont n'est d'ailleurs pas
précisé le contenu de classe, et dont on sait
très bien dans ce cas qu'il ne peut que recouvrir le
point de vue de l'idéologie dominante, celle de la
bourgeoisie capitaliste.
DEUXIÈME POINT:
"dénoncer seulement en
paroles le danger de guerre sans mettre tout en oeuvre pour
préparer les masses populaires et le pays tout entier
en prévision d'une guerre de résistance
inévitable... ".
.......
L'idée ici contenue ne
serait pas fausse si elle n'était assortie de
manière comminatoire de l'implication d'être
assimilé aux révisionnistes en cas de non
application intégrale. De toute façon, elle
resterait unilatérale et incomplète, dans la
mesure où elle n'envisage qu'une seule issue pour les
masses populaires : la guerre de résistance
inévitable, la révolution étant exclue
de toute perspective éventuelle pour le peuple de
France. On est ici assuré que la guerre " imminente"
précèdera la Révolution. Aussi le
programme ne concentre-t-il les forces du Parti que dans les
luttes préparant la résistance en ne retenant
qu'une seule hypothèse, l'occupation du
pays.
.......
C'est là, pour le moins,
une vue figée, unique et particulièrement
pessimiste de l'avenir.
TROISIÈME POINT :
"Considérer que le
révisionnisme en France est avant tout agent de la
bourgeoisie monopoliste et ne pas mettre en évidence
sa nature fondamentale d'agent du social-impérialisme
russe, ne pas voir que sa collusion avec la bourgeoisie
monopoliste contre le prolétariat
révolutionnaire et les masses populaires est
elle-même au service des visées
hégémoniques du social-impérialisme
russe... ".
.......
Alors que quelques mois auparavant
notre Parti analysait correctement tous les
caractères du Parti communiste français,
retenant parmi eux celui de "bourgeoisie
révisionniste", ici on ne retient qu'un seul aspect:
il est fondamentalement l'agent en France du
social-impérialisme russe. Mieux, la
référence à son caractère
bourgeois est elle-même erronée: le programme
parle du révisionnisme comme " agent " de la
bourgeoisie monopoliste, l'assimilant de fait à une
domesticité politique de type social-démocrate
exclusivement chargée de la gérance ( et nous
ne disons pas volontairement " gestion " car il y a une
nuance importante entre les deux termes) du système
capitaliste.
....... Aussi, ignorant totalement la méthode
matérialiste dialectique, ce troisième point
rejoint, objectivement en tout cas, les positions classiques
des anti-communistes qui n'ont jamais vu dans le Parti
communiste français, aujourd'hui comme à
l'époque où il n'était pas encore
révisionniste, qu'un "parti de l'étranger". Nous reviendrons plus loin sur cette
question.
QUATRIÈME POINT :
"Spéculer sur le
caractère "capitulationniste" de la bourgeoisie sans
prendre en considération que ses
intérêts de classe sont en opposition avec les
visées hégémoniques des deux
super-puissances et refuser d'utiliser cette force politique
dans la lutte révolutionnaire contre les deux
super-puissances et en particulier contre le
social-impérialisme russe et ses
agents... ".
.......
Voilà encore qui est
très grave, car ce point de vue est celui qui fonde
le caractère de classe de cette partie du programme.
Il appelle sans ambage au soutien de la bourgeoisie
monopoliste tout en s'efforçant d'accroître la
confiance dans sa capacité de défendre... quoi
donc ?.. "ses
intérêts de classe" contre les entreprises
hégémoniques des deux super-puissances. Et si
l'on refuse cette opinion, c'est que l'on soutient le
révisionnisme moderne.
.......
Il y a ici une
incompréhension profonde de la stratégie et de
la tactique utilisées sur le plan mondial par nos
camarades chinois, qui interviennent au nom d'un Etat pour
diviser le monde capitaliste, en opposant les pays du second
monde aux deux super-puissances. Nos camarades chinois
soutiennent-ils les "intérêts de classe" des
bourgeoisies monopolistes du second monde ? En aucune
façon. Ils ne font que les inciter à s'opposer
au premier monde. L'Etat chinois conserve en cette
circonstance toute son indépendance et toute son
autonomie, fort de son peuple multinational comptant plus de
800 millions d'habitants.
.......
Comment notre Parti, qui ne
détient en France aucune parcelle de pouvoir
pourrait-il donc "utiliser la
force politique" de la
bourgeoisie monopoliste "dans
la lutte contre les deux super-puissances" ? Et, pour mieux faire passer l'amère
pilule de cette idée, le point 4 qualifie
allègrement cette lutte de "révolutionnaire".
.......
Sans nul doute est-ce donc bien
dans ce quatrième point qu'a été
abandonné de la manière la plus
conséquente le point de vue de classe de la classe
ouvrière.
CINQUIÈME POINT :
"Parler du front uni en
général et ne pas prendre en mains dés
maintenant son édification... ".
.......
Qu'est-ce donc le "front uni" en
particulier qu'incite à édifier ce
cinquième point, sinon celui réalisant une
alliance avec la bourgeoisie monopoliste que les
considérations du point précédent
rendent effectivement indispensable pour la "lutte révolutionnaire contre les deux
super-puissances"
?
.......
Ici, nous sommes bien parvenus au
bout du processus que nous avons vu commencer au
début de cette troisième partie du programme:
nous sommes dans le camp de la bourgeoisie capitaliste
monopoliste qui, sans nul doute, n'en espérait pas
tant de notre part ! !
SIXIÈME POINT: "Se prononcer pour l'union décisive des
peuples d'Europe sous la direction de leurs partis
marxistes-léninistes sans lutter, dès
maintenant, pour le renforcement de l'unité
européenne sur tous les plans... ".
.......
La conséquence
immédiate de ce qui précède dans cette
troisième partie du programme apparaît ici fort
nettement. Il faut choisir. Quelle sera la tâche
centrale, prioritaire, pour agir contre la guerre "
imminente" et construire le "front uni" avec les "patriotes"
? Le point 6 répond qu'avant même l'union des
peuples d'Europe sous la direction de leurs partis
marxistes-léninistes, cette tâche consistera
à renforcer "l'unité européenne sur tous les
plans". Or, cette unité
européenne dont on a tant parlé ces derniers
temps, c'est l'unité d'Etats capitalistes
monopolistes "sur tous les
plans", c'est à dire
sur les plans politique, économique, militaire,
etc.
.......
Ainsi, le programme nous
propose-t-il de confier aux groupes monopolistes
européens la fonction implicitement dirigeante,
préalable en tout cas, pour le renforcement de la
lutte "sur tous les
plans" conduite sous le
drapeau de l'unité européenne.
SEPTIÈME POINT :
"Développer la lutte
pour les intérêts immédiats des masses
sans la lier à la tâche centrale actuelle de la
lutte révolutionnaire en France... ".
.......
S'il n'avait été
immédiatement combattu dans nos rangs, au niveau de
la pratique de nos cellules d'entreprise comme par les
réactions premières de certains de nos
camarades dirigeants, ce point attesterait d'une
méconnaissance profonde de notre Parti en ce qui
concerne les luttes de classe des
travailleurs.
.......
Il exige sans ambages que
celles-ci soient systématiquement rattachées
à la lutte contre la cible centrale fixée
à notre Parti, l'hégémonisme des deux
super-puissances. Il implique l'abandon
délibéré de ces autres cibles
indissociables et les plus sensibles aux ouvriers et autres
salariés: l'Etat et le patronat capitaliste en
France.
.......
La Conférence nationale
ouvrière a largement démontré la
nocivité et le contenu de classe d'une telle
injonction aux militants de nos cellules
d'entreprise.
.......
Ici encore est évident
l'abandon du point de vue de classe
prolétarien.
HUITIÈME POINT :
"Confondre les conditions
concrètes de l'existence d'un mouvement de masse
révolutionnaire spontané dû à
l'aggravation de la crise du capitalisme, avec les
conditions intérieures ou extérieures
favorables au déclenchement de l'insurrection
prolétarienne sous la direction du
Parti... ".
.......
La cohérence d'ensemble de
cette troisième partie du programme exigeait qu'il
exprime de manière non ambiguë qu'il substituait
à la Révolution prolétarienne la seule
et exclusive guerre de Résistance contre les deux
super-puissances, et particulièrement contre la plus
dangereuse d'entre elles, le social-impérialisme
russe.
.......
Quoique dans un discours confus,
ce point huit assume cette tâche et proclame
implicitement que notre Parti ne se laissera pas facilement
entraîner à la remorque d'un mouvement de masse
révolutionnaire spontané. Attention à
la provocation, camarades du PCMLF, tant que les "conditions
intérieures et extérieures (!!?) ne
permettront pas de déclencher l'insurrection
prolétarienne" !
.......
Autrement dit, comme le programme
a souligné que la Révolution en France
provoquerait l'intervention des deux super-puissances ou de
l'une d'elles, autant ne pas se lancer dans cette aventure
!
....... S'appuyant sur ce "Manifeste en huit points",
le programme lance ensuite cinq appels au peuple de France
au nom du PCMLF.
....... Tout n'est pas faux dans ces appels, mais
l'ensemble reste fondamentalement marqué par la ligne
non dialectique et bourgeoise.
.......
Il est juste d'appeler
"le prolétariat et le
peuple. ..à élever leur vigilance face aux
visées expansionnistes et agressives des deux
super-puissances et en particulier du
social-impérialisme russe"
.......
"à se préparer en prévision
d'une guerre...
"
.......
"à renforcer les liens et l'unité
des peuples européens sous la direction de leurs
partis marxistes-léninistes"
.......
"à s'unir toujours davantage avec les
peuples du tiers-monde et en particulier la
République populaire de Chine et la République
populaire d'Albanie".
.......
Mais il est faux d'insister
unilatéralement et exclusivement sur le
caractère de cinquième colonne des dirigeants
du Parti communiste français, présentés
comme de simples et authentiques agents ou
espions.
.......
Il est également faux et
dangereux d'appeler à subordonner les luttes de
classe pour les revendications immédiates comme pour
la Révolution prolétarienne au combat
préalable contre les super-puissances. Si nos
militants avaient essayé de répondre
concrètement à cet appel, notre Parti n'aurait
pas eu à attendre longtemps pour se couper
complètement des premiers liens qu'il a si
difficilement établis avec la classe
ouvrière.
.......
Le programme proclame enfin
:
.......
"Vive
la lutte contre les deux super-puissances pour
l'indépendance nationale !
.......
Vive la Révolution
prolétarienne en France ! Vive la Révolution
mondiale ! "
.......
Le moins qu'on puisse dire, c'est
que cette conclusion ne parvient pas à dissimuler ou
atténuer le caractère bourgeois de la
troisième partie du programme. La notion
d'indépendance nationale y reste conçue avec
le contenu de classe de la bourgeoisie, ne serait-ce que par
tout le contexte qui précède. Quant à
la Révolution prolétarienne en France, la
troisième partie du programme a bien montré
quelle est la voie unique et exclusive, disons même
obligatoire, ...elle passe par la réalisation du
front uni, non point révolutionnaire, mais avec la
bourgeoisie !! Les mots et la phraséologie ne sont
pas assez forts pour dissimuler le contenu de classe de
cette ligne que la 7 ème session de notre
Comité central issu du IIè Congrès
qualifia à juste titre de
"bourgeoise".
|
Les idées
fausses
....... Recensons maintenant de manière
abrégée les différentes idées
fausses que nous avons relevées.
PREMIÈRE IDÉE FAUSSE :
tout subordonner à la situation internationale, sans
accorder l'importance première à la situation
intérieure. Cela revint à ne prendre en
considération que la croissance des facteurs de
guerre et à ignorer le développement
simultané des facteurs de révolution.
SECONDE IDÉE FAUSSE : annoncer
que la troisième guerre mondiale
déclenchée par les deux super-puissances
était "imminente", alors qu'en réalité,
d'un côté comme de l'autre les deux
super-puissances n'étaient pu encore prêtes
à cet affrontement inévitable.
TROISIÈME IDÉE FAUSSE:
affirmer que le déclenchement ou la victoire de la
Révolution prolétarienne en France
provoquerait inéluctablement l'intervention des
super-puissances, ce qui conduisait à renoncer
à la préparation de la Révolution
prolétarienne.
QUATRIÈME IDÉE FAUSSE :
invoquer l'indépendance nationale sans
préciser son contenu de classe, ce qui revenait
à bavarder sur l'indépendance nationale de la
France capitaliste.
CINQUIÈME IDÉE FAUSSE:
ne voir dans le Parti communiste français qu'une
cinquième colonne au service essentiellement
militaire des forces agressives du
social-impérialisme russe, sans retenir la nature de
classe bourgeoise révisionniste et sans discerner les
contradictions réelles existant entre les dirigeants
révisionnistes russes et français.
SIXIÈME IDÉE FAUSSE :
refuser de comprendre dans la cible centrale du PCMLF le
capital monopoleur français, ce qui revenait à
ignorer volontairement la contradiction principale de notre
société qui oppose fondamentalement la classe
ouvrière et la bourgeosie.
SEPTIÈME IDÉE FAUSSE :
prétendre que le parti révisionniste en France
n'est, secondairement d'ailleurs, qu'une force au service
des intérêts de la grande bourgeoisie
capitaliste monopoliste détentrice du pouvoir et de
l'Etat capitaliste, alors que ce parti re- présente
des intérêts bourgeois bien précis
entrant en contradiction avec ceux de la fraction de cette
bourgeoisie monopoliste dominant actuellement l'Etat.
HUITIÈME IDÉE FAUSSE :
croire que te PCMLF doit et peut "utiliser" la force
politique de la bourgeoisie capitaliste monopoliste
d'Etat.
NEUVIÈME IDÉE FAUSSE :
parler de construire un "front uni" impliquant l'alliance
avec la bourgeoisie capitaliste monopoliste d'Etat ou
progressiste, comme s'il s'agissait d'une bourgeoisie
nationale et non d'une bourgeoisie réactionnaire
ayant déjà largement fait la preuve de son
esprit capitulationniste si se trouvent
préservés ses super-profits au
détriment de l'intérêt national de la
classe ouvrière et du peuple laborieux.
DIXIÈME IDÉE FAUSSE :
préconiser le soutien à l'Union
européenne, sans souligner les caractères
visant à l'exploitation capitaliste des peuples
européens tout en ne mettant en avant que l'aspect de
résistance et opposition aux entreprises des deux
super-puissances.
ONZIÈME IDÉE FAUSSE:
subordonner les luttes de classe revendicatives et
politiques des travailleurs à la lutte
préalable contre les deux super-puissances.
DOUZIÈME IDÉE FAUSSE:
inventer une rupture entre le développement
révolutionnaire spontané des masses et le
travail révolutionnaire conscient du PCMLF, alors que
la fonction même d'un Parti révolutionnaire
prolétarien consiste à éduquer et
diriger le mouvement révolutionnaire des
masses.
....... Précisons que, sous des formulations
différentes, plusieurs de ces idées fausses ne
faisaient que se
répéter.
Distinction des erreurs
fondamentales et superficielles
....... Après cette énumération
sommaire des principales idées fausses contenues dans
la troisième partie du programme du IIe
Congrès, il importe d'effectuer une distinction de
principe entre celles qui violaient la ligne fondamentale et
les principes du marxisme-léninisme, et celles qui ne
portaient que sur des questions plus superficielles,
essentiellement les erreurs d'analyse ou de tactique. Les
premières ont justifié la convocation du IIIe
Congrès, tandis que les autres pouvaient être
aisément rectifiées par le Comité
central dans le cadre du fonctionnement du centralisme
démocratique.
.......
Dans la pratique, le Comité
central et l'immense majorité du Parti ont
rectifié fort justement et légitimement toutes
ces erreurs, y compris celles portant sur les principes
fondamentaux, mais en ce qui concerne ces dernières,
l'intervention d'un nouveau Congrès était
à la fois indispensable et statutaire.
.......
Considérer la guerre comme
étant " imminente", ou ne pas discerner le
caractère simultané du développement
des facteurs de révolution et des facteurs de guerre,
engageait notre Parti à la fixation d'une ligne
tactique erronée, mais n'impliquait pas
forcément qu'il renonce à son caractère
de classe. De telles erreurs, comme celle concernant
l'analyse unilatérale du Parti révisionniste,
ne portaient pas atteinte à la ligne fondamentale si
demeuraient respectés les principes
marxistes-léninistes. Le critère de la
pratique de notre Parti allait rapidement
révéler ces erreurs par les échecs de
nos campagnes et de nos efforts.
.......
Mais préconiser, même
implicitement, une alliance avec la bourgeoisie monopoliste,
sous des prétextes patriotiques abstraits, en
assurant que ce serait là une voie
révolutionnaire, consistait à abandonner toute
prise en considération de la contradiction principale
de notre société entre la classe
ouvrière et la bourgeoisie capitaliste monopoliste
d'Etat. C'était confondre le "Front uni mondial
contre les deux super-puissances" avec le "Front uni" que
nous devons construire en France en tant que l'une des 3
armes nécessaires pour la révolution
prolétarienne. C'était là une erreur
portant une très grave atteinte à la ligne
fondamentale de notre Parti et à son caractère
marxiste-léniniste, c'était abandonner
délibérément le point de vue de classe
prolétarien pour se placer sur les positions de la
bourgeoisie, à sa remorque idéologique et
politique. C'était à brève
échéance la mort de notre Parti ou sa
transformation pure et simple en formation politique
bourgeoise.
.......
Ce phénomène doit
retenir notre attention critique et autocritique la plus
résolument vigilante. En effet, l'histoire du
mouvement communiste et ouvrier de notre pays, de notre
peuple, comporte l'exemple tragique de la mutation de forces
se proclamant communistes en forces ouvertement fascistes.
Qui ne se souvient ou qui ne connaît les processus qui
ont conduit des dirigeants, et à leur suite des
militants, comme Doriot ou Sabiani, des rangs du Parti
communiste français à la constitution de
ligues fascistes. Il ne faut pas croire que de tels
changements se sont produits avec cynisme et
brutalité soudaine, ils n'auraient
entraîné personne, ils se sont
développés progressivement sur la base de
processus idéologiques et politiques en s'appuyant
sur des idées et des programmes qui ne se sont pas
révélés sous leurs véritables
visages dès le départ, bien au contraire. Le
Parti édifié par Doriot ne s'appelait pas
fasciste, mais populaire et français, c'était
le Parti populaire français; il déboucha sur
l'alliance et même l'intégration les plus
complètes avec le Parti national socialiste allemand,
le nazisme hitlérien.
.......
Quand on connaît les
positions politiques hystériques
développées par certains des militants qui
étaient dans nos rangs au moment du IIe
Congrès, quand on sait de source assez
sérieuse que des éléments fascistes de
Versailles se sont vantés d'avoir efficacement
infiltré le PCMLF, quand on se souvient qu'à
une certaine période nous avions fréquemment
droit aux louanges de l'éditorialiste ou des
rédacteurs d'un hebdomadaire comme " Valeurs
actuelles", dirigé par un ancien collaborateur, nous
sommes portés à considérer d'un point
de vue extrêmement sévère les erreurs de
notre IIe Congrès et plus particulièrement
celle portant atteinte à la ligne fondamentale de
notre Parti, qui perd tout contenu de classe
prolétarien si elle s'écarte des principes du
marxisme, du léninisme et de la pensée
maotsetoung.
.......
Est-ce sans honte que nous nous
souvenons du changement d'attitude à notre
égard, pendant certes un très court laps de
temps, de la police de l'Etat bourgeois ?
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