FRONT ROUGE n°156 -15 mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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  Pourquoi Giscard décide de ne plus
commémorer l'anniversaire du 8 mai 45

      Prenant prétexte de la construction d'une Europe unie et pacifique, Giscard vient de décider, à l'occasion du 30ème anniversaire, de ne plus commémorer la défaite de l'Allemagne nazie. Sa proposition de célébrer à la place le jour de la fondation de l'Europe vise en fait à estomper tout le rôle qu'a joué la Résistance dans la lutte contre le nazisme.

      La décision de Giscard qui fait le pendant à l'attitude de la bourgeoisie allemande depuis 30 ans de vouloir " oublier " et de faire le silence sur cette période de l'histoire, est également dans la lignée de Pompidou qui ne cachait pas son " aversion " pour la Résistance, en prêchant " la réconciliation nationale ".
      Cette décision apparemment surprenante (puisque A. Bord, ministre des Anciens Combattants lui même n'était pas au courant la veille), semble également contradictoire avec la présence de Giscard remarquée en juin 74 aux cérémonies du Mont Mouchet, haut lieu de la Résistance en Haute-Loire. En fait, un mois après les présidentielles, Giscard avait besoin de se concilier l'UDR ; il le faisait notamment en célébrant la Résistance à la manière des gaullistes. Aujourd'hui il n'est plus gêné par ces considérations vis à vis de l'UDR, ou d'ailleurs les réactions hostiles à la décision de Giscard sont marginales.
      Le 8 mai 45, ce n'est pas l'anniversaire chauvin d'une guerre entre impérialistes comme l'est celui du 11 novembre. C'est celui d'une guerre de résistance, de lutte armée du peuple de France pour défendre son indépendance contre l'occupant nazi et ses collabos français.
      Dans cette lutte nombreux sont les résistants qui sont morts pour que naisse un monde nouveau, pour des " lendemains qui chantent ". Le P"C"F qui s'élève aujourd'hui contre la décision de Giscard ne peut pas faire oublier qu'il a été le premier à dénaturer la Résistance, en faisant rendre les armes des FTP et aidant la reconstruction de l'économie capitaliste et le maintien de l'ordre bourgeois, avec les gaullistes.
      Par sa décision, Giscard cherche à empêcher les jeunes générations de puiser, dans le passé glorieux de la Résistance, la force et l'exemple de la lutte pour l'indépendance nationale.
      Mais le peuple de notre pays doit rester vigilant : en 1940 une très large partie de la bourgeoisie avait capitulé devant les nazis et collaboré avec eux. Aujourd'hui, Giscard d'Estaing affirme à Mourmelon lors de l'exercice militaire qu'il a dirigé : " Dans un monde où chacun lutte durement pour son indépendance... la France doit assurer elle même complètement sa sécurité ". Mais dès le lendemain il raye l'anniversaire de la victoire de la lutte contre le nazisme pour l'indépendance menée il y a 30 ans, il tourne délibérément le dos à ce qui dans le passé de notre peuple rappelle le plus clairement cette nécessité de préserver l'indépendance.
      Il n'est pas possible de faire confiance à notre bourgeoisie impérialiste pour sauvegarder l'indépendance nationale, particulièrement dans une époque où elle est soumise aux pressions des 2 superpuissances. En décembre 74, aux Antilles, Giscard rencontrant Ford, faisait des concessions sensibles à l'impérialisme US. Récemment à Moscou, Chirac signait un communiqué avec Brejnev, concédant que la " Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (projet particulièrement cher au social impérialisme soviétique) constitue un élément essentiel du processus de détente sur le continent " et que la France s'engage " à assurer à bref délai, le succès total de cette conférence ".
      Mais Giscard ne parviendra pas à faire oublier le sens de la lutte armée menée par les résistants, pas plus qu'il ne peut s'opposer à la volonté croissante des masses à construire une société socialiste.

 

 

COMMUNIQUÉ DE L'ASSOCIATION
DES ANCIENS RÉSISTANTS POUR
LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE

      La décision de Giscard de ne plus commémorer le 8 mai 45, date de la victoire des peuples d'Europe sur l'envahisseur nazi, constitue un nouveau pas dans la campagne menée par la bourgeoisie pour effacer et dénaturer le souvenir de la Résistance de notre peuple contre l'occupant hitlérien et les collabos français. Giscard ne fait en cela que poursuivre l'œuvre de Pompidou qui exprimait publiquement son aversion pour la Résistance et graciait le collabo tortionnaire Touvier. Sa décision s'inscrit dans toute une campagne visant, à travers divers films et publications, à dénigrer les résistants et à absoudre ou menu glorifier les criminels nazis ; n'a-t-on pas vu récemment à la télévision le chef SS Skorzeny s'exprimer en toute liberté !
      Ce que tente d'effacer la bourgeoisie, c'est le sens et la portée de la Résistance pour le peuple de France. C'est la lutte victorieuse d'un peuple en armes, contre le fascisme et pour l'indépendance nationale. Ce que la bourgeoisie voudrait faire oublier, c'est aussi qu'elle s'est largement compromise, sacrifiant l'indépendance au maintien de l'ordre bourgeois.
      Nous appelons tous ceux qui ont contribué au combat de la Résistance à riposter à ces manœuvres de la bourgeoisie, à s'organiser pour préserver le souvenir de la Résistance et en expliquer le sens et la portée, dans la lutte que nous menons aujourd'hui pour la révolution prolétarienne et pour l'indépendance nationale. 

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