FRONT ROUGE n°161 -19 juin 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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25 JUIN 1950 : IL Y A 25 ANS, L'IMPERIALISME US, AGRESSAIT LA COREE

    Depuis la libération du Sud Vietnam et du Cambodge, l'impérialisme US cherche à renforcer sa crédibilité en criant à qui veut l'entendre qu'il n'acceptera pas que le peuple coréen recouvre son indépendance nationale et puisse enfin réaliser la réunification de sa patrie.
   
Il y a, en effet, des similitudes entre le destin du peuple coréen et celui des peuples Indochinois : tous ont été victimes d'une agression US, et leur lutte héroïque a porté des coups très durs à l'impérialisme américain.
   
L'agression US, utilisant l'année fantoche de Syngman Rhee comme bouclier, a eu lieu le 25 juin 1950. Si la destruction de la République Populaire de Corée n'a pu se faire, grâce au revers infligés aux USA par l'armée populaire, il n'en demeure pas moins que le peuple du sud de la Corée est depuis 25 ans victime de l'agression US. Néanmoins, la libération de Saïgon et de Phnom Penh montre que Séoul à son tour sera libéré.

L'IMPERIALISME US ET L'APRES-GUERRE

    L'agression du nord de la Corée avait été préparée de longue date par les USA puisqu'elle demeurait une des pièces maîtresses de sa politique hégémonique de puissance impérialiste.
   
Sitôt la paix conclue, l'impérialisme US prenait la tète de l'agression impérialiste contre la lutte du peuple, qui connaissait de nouveaux développements.
o La guerre avait permis de développer le socialisme en Europe et bientôt en Asie, avec le triomphe de la révolution chinoise ; dans le même temps, les mouvements de libération nationale et coloniale se développaient, et avaient à cette époque l'URSS comme puissant soutien.
o La politique impérialiste répondait aussi à des besoins économiques. De sérieuses inquiétudes pesaient sur le développement du capitalisme américain qui avait connu avec la guerre un rythme soutenu. Au début de 1950, un journal US confessait : " Si rien de nouveau ne se produit, il est à craindre qu'une crise politique et économique éclate aux USA " . L'échappatoire fut trouvée dans la guerre et le développement de l'industrie qui l'accompagne, ce qui faisait dire en juin 1950 à Van Fleet : " La Corée est une bénédiction, IL FALLAIT qu'il y ait quelque part dans le monde une Corée ".

Bref historique

9 août 1945 :
   
Offensive de l'Armée Rouge et de l'Armée Révolutionnaire du Peuple contre les troupes japonaises de Corée.

février 1946 :
   
Formation par les comités populaires locaux issus de la résistance d'un Comité Populaire Provisoire de Corée du Nord, avec Kim II Sung à sa tête ; les troupe d'occupation US dissolvent les comités populaires du sud et emprisonnent leurs membres. Syngman Rhee est ramené des USA dans les fourgons américains.

23 mars 1946 :
   
Programme en 20 points du CPP présenté par Kim II Sung.

Courant 1946 :
   
Réunions de la commission conjointe URSS-USA pour " établir l'indépendance nationale " en Corée. L'URSS ayant vainement proposé le retrait immédiat des troupes américaines et de l'Armée Rouge, les USA, aidés de la Grande Bretagne, avaient obtenu la création de cette commission, dont ils exclurent systématiquement toutes les organisations ou partis coréens qui luttaient pour la réunification : ainsi, les syndicats furent écartés, avec les organisations paysannes, et certains partis de droite.

10 mai 1948
   
Après avoir enterré la commission, les USA font appel à l'ONU pour des élections unilatérales dans le Sud en mai 1948. Seuls appelèrent à voter les partis des propriétaires fonciers et des capitalistes (" Parti Démocratique ") et celui de Rhee. Ces deux partis étaient les seuls à n'avoir pas participé en avril à la convention de Pyongyang, qui décida d'organiser des élections au Nord et au Sud.

25 août 1948 :
   
Malgré les troupes US et la police de Rhee, les élections générales ont lieu dans tout le pays : 77,2 % de votants au Sud, pour 360 députés.

8 septembre 1948 :
   
Les députés du Sud et du Nord se réunissent à Pyongyang en Assemblée populaire et élisent Kim II Sung président de la République Populaire. L'URSS la reconnaît et retire l'Armée Rouge.

août septembre 1949 :
   
Premières provocations frontalières.
20/1. Pacte d'entraide et de défense mutuelle USA/"République de Corée" (auto-proclamée par Rhee) ; le Sud de la Corée est placé dans le " périmètre de défense " des USA - 25/6 : agression du nord par les troupes fantoches de Rhee - 28/6 : Elles n'existent plus, Séoul est libéré - 15/9 : Débarquement des troupes US sous le couvert de l'ONU sur les arrières des troupes de l'Armée populaire. Elles se replient en ordre ; 1/10 : A partir de cette date, le Nord de la Corée est soumis à une destruction systématique (objectifs militaires et civils) ; les USA déclenchent la guerre bactériologique - 2/11 : intervention internationaliste des Volontaires du Peuple Chinois, pour repousser les troupes US prêtes à s'attaquer à la République Populaire de Chine. Les troupes US sont repoussées loin vers le Sud par l'offensive coréenne, et devant cette situation les USA proposent des pourparlers.

10 juillet 1951 :
   
Les pourparlers commencent ; ils dureront deux ans les USA voulant laisser au général Van Fleet le temps de créer un rapport de force favorable sur le terrain.. Dans le même temps, l'aviation américaine bombardait par trois fois le campement sino-coréen en zone démilitarisée pour tuer la délégation aux pourparlers. Après leur désastre de la cote 1211 (août 1951), les troupes US subissent des revers qui les amènent à négocier.

27 juillet 1953 :
Armistice.

DES LENDEMAINS QUI NE CHANTAIENT PAS

    En fait, dès 1945 on vit paraître le refus US d'assurer au peuple coréen l'exercice de ses droits nationaux pour une vie nouvelle, après 40 ans d'occupation nipponne. La conférence de Potsdam avait décidé une opération conjointe soviéto-américaine pour ramasser en Corée, les troupes japonaises ; le 38ème parallèle limitant les régions respectives d'intervention.
   
Dans cette opération, qui eut lieu en août, l'Armée Rouge reçut l'appui militaire de l'Armée Révolutionnaire du Peuple, qui luttait, avec Kim II Sung à sa tète, depuis 1932 contre le Japon. La reddition du Japon permit la création dans tout le pays de comités populaires locaux - issus de la résistance - qui prirent en main l'administration et désarmèrent l'armée japonaise.
   
Au Nord, le Comité Populaire Provisoire décidait l'application des 20 points, qui synthétisaient les acquis politiques de la lutte de libération nationale : journée de huit heures, salaire minimum, amélioration des conditions de travail, égalité des sexes, élections libres à tous les échelons de l'administration, enfin, réforme agraire et nationalisation des grosses entreprises, des mines et des banques, ainsi que des propriétés japonaises. Dans le même temps, tout était fait pour mener à bien la lutte pour la réunification, avec l'appui des comités populaires existant a l'échelon national.
   
Au Sud, la libération devint pure et simple occupation par les troupes US : une des premières décisions des USA fut de maintenir à son poste l'ignoble général japonais Abe et tous les collaborateurs. Les USA se chargèrent de l'administration locale. Ils ramenèrent Rhee, et lui remirent les 24 industries de base prises aux Japonais - soit, au niveau de la production nationale, 80 % de l'économie sud-coréenne. Mais ils gardèrent la majorité du capital et le droit d'exploitation des mines, de distribution et de décision en matière de réserves et de prix pour le charbon et le pétrole.
   
Dans le même temps, ils déclenchèrent une vague de terreur nécessaire à l'installation de Rhee, dont le peuple coréen ne voulait pas et pour permettre les élections " libres " décidées par les USA, pour le Sud uniquement.
   
Face aux menées impérialistes, le peuple coréen réagit dans son ensemble, boycottant les élections de Rhee, et participant massivement aux élections nationales d'août 1948 qui se firent souvent au Sud dans la clandestinité. Néanmoins y prirent part toutes les organisations de droite et de gauche luttant pour la réunification, et qui représentaient alors, de l'aveu même des USA, près de 90 % des Coréens.
   
Le peuple du Sud, qui put un instant espérer sa libération, comprit vite que les impérialistes US ne la voulaient pas, mais que, bien au contraire, ils désiraient détruire la République Populaire de Corée.

L'AGRESSION ET LA DEFAITE US

    La République Populaire de Corée était le maillon principal dans la stratégie hégémonique de l'impérialisme US. En la détruisant, Washington espérait pouvoir du même coup s'attaquer à la RPC, donc affaiblir le camp socialiste en le prenant à revers sans avoir - théoriquement - à affronter sur le terrain l'Union Soviétique. Mais le retrait de l'Armée Rouge, du nord de la Corée obligeait les troupes US à se replier sur le Japon. Le général Roberts, dès cette époque, parlait des conseilleurs US auprès des divisions fantoches de Rhee comme étant " au front ". Ce fut le premier aveu qu'il existait un front, donc des batailles auxquelles prenaient part des officiers US.
   
Rhee attaquait le 25 juin. Quelques heures après le déclenchement de l'agression, il s'enfuyait au Japon, avec l'or du gouvernement. Les succès de l'Armée Populaire obligèrent les USA à intervenir pour sauver leur marionnette. Elles le firent sous couvert de l'ONU, violant ainsi la Charte de celle-ci, selon laquelle l'ONU n'a aucune compétence en matière de règlement d'après-guerre des problèmes relatifs à la seconde guerre mondiale. Mais les revers se firent toujours plus nombreux et cuisants : l'élite des troupes US fut décimée dans la bataille de la cote 1211, appelée aussi par les yankees " crête du désespoir ", où les soldats sino-coréens, menés par Kim II Sung, firent 15.000. morts parmi les troupes et officiers US.
   
Amenés à traiter, les impérialistes US reconnurent leur défaite. Clark, signant l'armistice, devait déclarer : " être le premier commandant US à signer un armistice qui ne soit pas précédé d'une victoire ".
   
Néanmoins, quelques jours plus tard, les USA violaient l'armistice en signant le Pacte de Sécurité Commune, prévoyant la présence illimitée de troupes US à Séoul, nécessaires au maintien des régimes fantoches contre les aspirations du peuple sud-coréen. Mais dans sa lutte pour la réunification, le peuple coréen se souvient de ce que déclarait Kim II Sung :
   
" Dans la guerre de Corée, les impérialistes américains ont subi la première défaite de leur histoire. Cela signifie qu'ils redescendent la pente. Leurs sérieuses blessures ne sont pas encore cicatrisées et déjà ils doivent passer sans cesse par les baguettes des peuples révolutionnaires, et ils s'enfoncent un peu plus dans le marais ".

Camille NOËL

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