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L'HUMANITÉ ROUGE n°871- Mercredi 19 avril 1978
Quotidien des communistes marxistes-léninistes de France-

page 2 - rubrique : Le monde en marche

l Kampuchea démocratique

Trois ans après, une société
socialiste en marche

Interview du camarade Pol Pot (2) 

    - Q : Au cours de notre bref séjour dans votre beau pays, nous avons eu des preuves que votre révolution coupe radicalement avec le passé. Quel modèle de société êtes-vous en train de construire ?

R : Nous n'avons pas de modèle pour bâtir notre nouvelle société. Le Congrès national spécial qui s'est tenu à la fin du mois d'avril 1975 a bien précisé que le rôle déterminant dans la révolution, dans la guerre de Libération nationale, est tenu par le peuple ouvrier et paysan qui constitue l'écrasante majorité de la population. C'est ce peuple ouvrier et paysan qui a supporté le plus lourd fardeau dans la révolution, aussi c'est ce peuple ouvrier et paysan qui doit bénéficier le plus des acquis de la révolution, à présent comme à l'avenir. Le préambule de notre Constitution a également stipulé ce point. Notre aspiration est de construire une société où règnent pour tous le bonheur, la prospérité, l'égalité, où il n'y a pas de classe exploiteuse ni de classe exploitée, ni exploiteurs ni exploités, et où tout le monde participe aux travaux de production et à la défense nationale. C'est sur ces bases et dans ce but que nous édifions la nouvelle société. Ainsi, l'édification de la nouvelle société est entreprise conformément aux aspirations de l'ensemble du peuple, et notamment celles du peuple ouvrier et paysan qui constitue la majorité écrasante de la population.
Si le peuple estime que la voie suivie pour l'édification de cette société est bonne, il poursuit dans cette voie. Si au contraire, il n'en est pas satisfait, il en décidera autrement. Il appartient au peuple de décider. Selon nos expériences, nous nous appuyons totalement sur notre peuple, dans la révolution comme nous l'avons fait dans la guerre de Libération nationale.

    - Q : D'après ce que nous avons vu dans cette phase de votre révolution, vous avez mis toutes vos forces nationales pour développer l'agriculture. Auriez-vous l'intention de développer aussi l'industrie et comment comptez-vous créer la base technique, c'est-à-dire comment allez-vous former les cadres nécessaires pour cette orientation, car pour le moment, à notre connaissance, vous n 'avez ni universités ni écoles techniques ?

R : Nous avons des objectifs et des plans pour développer rapidement l'industrie. En nous basant sur l'agriculture, nous nous efforçons de développer l'industrie. Nous estimons que pour avoir une économie indépendante, nous devons développer l'agriculture, l'industrie, l'artisanat et les autres secteurs. Aussi, c'est une orientation sur laquelle nous portons beaucoup d'attention. Mais pour édifier l'industrie, où trouver des capitaux ? Nous nous appuyons pour cela sur l'agriculture. Par exemple, nous avons établi des relations commerciales avec les camarades yougoslaves. Nous exportons des produits agricoles et nous importons des produits industriels, à la fois pour les besoins de l'agriculture et pour ceux de l'industrie. Parallèlement à cela, nous avons une politique pour former rapidement de nombreux techniciens nationaux.

     Si nous parlons de facultés, d'enseignement supérieur et secondaire comme auparavant, ils peuvent vous paraître inexistants, mais nous formons des techniciens à partir de la base. Dans les coopératives, il y a plusieurs ateliers spécialisés où les études sont étroitement liées au travail de production. Il en est de même dans les usines, à Phnom Penh comme dans les provinces (...). Nous formons nos techniciens à partir de la base et nous élevons leur niveau technique au fur et à mesure. Ils participent aux travaux de production, et ils acquièrent des expériences concrètes, positives et négatives, qui les font progresser.


Des débris d'avions US sont transformés en objets à usage courant.

     Avant la Libération, certains parmi vous sont déjà venus plusieurs fois au Kampuchea. A ce moment-là, il y avait très peu de techniciens nationaux. Il y avait beaucoup plus de techniciens étrangers. Maintenant, nous attachons une grande importance à la formation de techniciens nationaux. (...)

    Nous portons beaucoup d'attention à ce problème de développement industriel et à la formation de techniciens nationaux. Nous élèverons le niveau de nos techniciens nationaux par nos propres moyens. Nous estimons pouvoir le faire à un certain degré. En alliant étroitement les études à la pratique concrète, ils acquièrent progressivement des expériences. Ensuite, ils iront en stage dans des pays amis où ils étudieront et accroîtront leurs connaissances scientifiques et techniques. Ce sont là les principes sur lesquels nous nous basons. Mais nous n'enverrons nos stagiaires que dans des pays amis. 

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Suite de l'interview dans HR n°872 è

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