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DE LA CRISE
POLITIQUE
EN PLEIN BOULEVERSEMENT
.....
L'ère des années
70, voit depuis son début, un approfondissement
saisissant de la crise générale de
l'impérialisme. Elle est marquée par deux
grands mouvements, de nature contradictoire, qui modifient
avec rapidité les traits du monde
contemporain. ..... Le second mouvement qui s'est accentué dans les années 70, c'est la division du camp impérialiste en impérialismes secondaires d'une part, en super-puissances d'autre part. L'achèvement de la transformation de l'URSS en nouvel impérialisme qui pousse des pions non seulement dans l'Europe de l'Est dominée, mais aussi dans toutes les régions et les mers du monde, particulièrement en Méditerranée, en Afrique, au Moyen Orient, fait de cette puissance, une véritable super-puissance qui rivalise dans tous les domaines avec la super-puissance américaine. Profitant du déclin accentué de l'impérialisme américain du fait de ses défaites en Indochine, et semant la confusion grâce à son passé de pays socialiste, l'URSS sous couvert de "soutien" aux peuples et aux pays en butte à l'impérialisme américain, tente de s'infiltrer et d'établir des positions dans de nouvelles régions. La rivalité exacerbée des super-puissances est mal masquée par le thème de détente des pseudo-accords d'Helsinki. Chacune des super-puissances s'arme à outrance et prépare la guerre pour arracher la suprématie dans le monde. Dans cette situation les métropoles impérialistes secondaires sont soumises à des pressions extrêmement renforcées de la part de l'une et de l'autre des deux super-puissances. l'impérialisme US, qui au sortir de la deuxième guerre mondiale avait sous sa dépendance noué des liens extrêmement serrés avec les impérialismes européens et japonais, tente depuis sa défaite en Indochine de resserrer ces liens distendus depuis les années 60 du fait du développement inégal des pays capitalistes de l'Ouest. Aux pressions économiques de tous ordres que la super-puissance américaine fait peser sur l'Europe de l'Ouest pour assurer sa domination, s'ajoutent les ingérences politiques et militaires qui visent à mettre en place une Europe atlantiste dont le potentiel de défense serait pleinement contrôlé par les états-majors US qui l'utiliseraient au profit exclusif des USA dans leur confrontation avec l'autre super-puissance. L'URSS; pour qui la domination sur l'Europe de l'Ouest et son potentiel humain, technologique, industriel assurerait une suprématie nette, multiplie les pressions sur ces pays pour en obtenir des concessions: désarmement qui laisserait l'Europe sans défense; accords économiques transférant à l'Est la technologie qui manque à cette super-puissance; politique extérieure de chaque pays s'abstenant de critiquer la dictature terroriste qui sévit, en Russie, et couvrant toute les manoeuvres d'ingérence des dirigeants du Kremlin... .....
Le second monde, formé
de l'ensemble des puissances impérialistes
secondaires se trouve comme entre l'enclume et le marteau,
soumis à deux pressions de natures très
différentes: la pression du Tiers-Monde, la pression
des deux super-puissances. Cette double pression qui ne peut
aller historiquement qu'en s'accentuant, aiguise dans chaque
métropole impérialiste secondaire ses
contradictions internes. La situation propre de notre pays,
son histoire, font que plus que pour toute autre
métropole impérialiste secondaire, les grandes
modifications intervenues dans la situation mondiale
trouvent une résonance particulière, et
agissent directement sur la contradiction qui oppose les
masses populaires au pouvoir capitaliste. Chapitre 2 ..... Jamais la situation dans notre pays n'aura été aussi parlante, n'aura aidé à démontrer de manière aussi nette que la société actuelle est incapable d'organiser la satisfaction des besoins des travailleurs, sans parler de leur élargissement. ..... D'un côté, un million et demi de chômeurs, de l'autre des centaines d'usines qui ferment, un potentiel industriel orienté souvent vers la production de biens de consommation qui se meurt. ..... D'un côté, des millions de travailleurs qui gagnent moins de 2 000 F par mois, sans parler des retraités et des chômeurs aux allocations dérisoires ou inexistantes, de l'autre côté une superproduction agricole qui tantôt est détruite, tantôt est bradée, mais toujours soustraite à ceux qui en ont besoin. ..... D'un côté une campagne et des régions qui se dépeuplent à une vitesse accélérée contraignant les jeunes à s'expatrier à des centaines de kilomètres, de l'autre des villes gigantesques où s'entassent des centaines de milliers, voire des millions de gens déracinés de leur région d'origine. ..... D'un côté des millions de travailleurs, de l'autre des milliers de constructions neuves au loyer exorbitant restent complètement vides, voisinant avec des immeubles de bureaux gigantesques eu aussi mal occupés. ..... D'un côté une production industrielle que ses dirigeants veulent orienter toujours plus vers l'exportation, de l'autre l'invasion de produits manufacturés et de biens d'équipement venus d'autres pays impérialistes créant une sorte de dépendance. ..... D'un côté une dépendance énergétique persistante, de l'autre côté des mines de charbon qu'on ferme, des énergies nouvelles qu'on laisse dormir... ..... La grave crise économique qui secoue le monde capitaliste depuis le début de l'année 74, aura permis de révéler l'exacte situation de l'économie capitaliste française, permis de la situer par rapport aux économies des autres pays et révélé comment l'interpénétration et l'entrelacement des économies européennes interdisent le moindre espoir de redressement, favorable aux travailleurs, de la situation en France. ..... Pour défendre ses profits qui constituent la base de son existence, la bourgeoisie a remonté à bloc tous les ressorts de la production qui permettent de faire suer des bénéfices par les travailleurs. l Elle a
accentué après la deuxième guerre
mondiale les transformations de l'agriculture dans le but de
se soumettre le travail des paysans. L'exode rural qui en a
résulté est venu renforcer la vieille tendance
à la concentration des travailleurs dans quelques
grandes agglomérations urbaines, transformant la
moitié de la France en désert, creusant
l'écart entre villes et campagnes et
débouchant sur l'asphyxie (au sens propre et
figuré) des villes. Si la population en est la
victime directe par la dégradation du cadre de vie,
par l'allongement démesuré des temps de
transport lié au rejet des travailleurs dans la
périphérie, par la fatigue accrue, par la
triste réalité du cycle infernal
"métro-boulot-dodo", la bourgeoisie elle-même
est prise à son propre piège sur le plan
économique. En effet le développement
monstrueux des villes, du réseau de transport qui y
correspond a absorbé une masse importante des
capitaux disponibles dans des investissements qui ne sont
productifs d'aucune richesse. Un même
phénomène s'est produit avec la croissance
parasitaire du tertiaire qui regroupe bon nombre
d'activités purement parasitaires. l De
même le capital dans sa soif de profit a largement eu
recours à la division du travail qui fait de
l'ouvrier l'exécutant d'une tâche de
détail, soumis à la cadence de sa machine.
Associée à la constitution de gigantesques
usines, véritables bagnes modernes pour les
prolétaires, cette division du travail a permis
pendant un temps de rationaliser l'exploitation. Mais
aujourd'hui la généralisation de cette
méthode se heurte à une résistance
déterminée des travailleurs qui neutralise
pour une bonne part son efficacité; au point que les
capitalistes tentent de faire marche arrière, parlent
d'enrichissement des tâches et s'emploient à
limiter la taille des usines pour entraver l'organisation
des travailleurs que favorisent les grandes concentrations
ouvrières comme dans l'automobile ou la
sidérurgie. ..... Toutes les tentatives de redressement économique et les multiples plans gouvernementaux de la bourgeoisie, ne sauraient résoudre toutes ces contradictions qui assaillent la production capitaliste. D'ailleurs un tel "redressement", bien hypothétique, outre ce qu'il signifierait pour les travailleurs de restructurations et de travail intensifié ne contribuerait qu'à internationaliser un peu plus la production, la rendant de ce fait plus sensible et dépendante encore des secousses futures inévitables; loin de conjurer la crise, cela rendrait ses effets à venir encore plus violents. ..... Parce qu'elle frappe ensemble les différentes couches du peuple, de manière grave et prolongée, la crise économique du capitalisme aide à rassembler ceux que la bourgeoisie avait tenté, de tout temps, de séparer, de diviser entre eux. La classe dominante a moins de moyens de corrompre, à l'aide de surprofits coloniaux, une couche d'aristocrates ouvriers issus de la classe ouvrière, limitant par là-même un des moyens de pénétration de son idéologie dans la classe ouvrière. Des couches jadis considérées comme privilégiées parmi les travailleurs, comme le secteur du Livre, sont en butte à de brutales attaques de la part du patronat. La tendance générale et accélérée à la déqualification, le chômage total ou partiel qui frappe indistinctement ouvriers professionnels et OS, suppriment les manoeuvres de divisions que tentait le patronat dans le passé. Tous ces facteurs contribuent objectivement au renforcement de l'unité de la classe ouvrière. ..... L'alliance séculaire que la bourgeoisie avait nouée avec la paysannerie au lendemain de la Commune de Paris est en train de se briser à grande vitesse. Fini le mythe de la paysannerie unie, sans clivage regroupant indistinctement le capitalisme agraire et le petit-paysan. Fini le mythe du marché commun agricole qui allait résoudre les difficultés des paysans. Fini le mythe du ministre de l'agriculture, représentant des paysans à la table de négociations de Bruxelles. Le corporatisme réactionnaire, clef de voûte du syndicalisme agricole officiel, ne domine plus aujourd'hui sans partage, et est combattu ouvertement par des paysans qui réclament l'alliance avec les ouvriers, et la mettent en oeuvre en se solidarisant avec les mouvements de grève, en organisant des ventes directes à la porte des usines ou dans les quartiers populaires... La bourgeoisie a vidé les campagnes, et organisé l'exode, accéléré la pénétration du capitalisme agraire, ouvert les frontières sans restrictions, acculant nombre de petits paysans à la ruine. Elle a ainsi contribué à ouvrir les yeux du petit paysan qu'elle presse à la mort ! ..... Aussi significatif, le rapprochement des couches d'employés avec la classe ouvrière et son combat. Quand la situation économique le lui avait permis, la bourgeoisie maintenait ces couches dans une situation assez nettement différenciée de celle de la classe ouvrière: salaires, conditions de travail, congés... Mais avec la croissance numérique assez spectaculaire de ces couches, avec l'apparition de la crise, la bourgeoisie, en rognant considérablement sur les salaires, en rationalisant et intensifiant le travail, a considérablement rapproché les conditions de vie et de travail de ces couches de celles du prolétariat, créant ainsi, à son corps défendant, les bases d'un combat solidaire des ouvriers et des employés. .....
Mais au-delà des
conséquences directes de la crise économique,
ce qui fait la particularité, dans notre pays, de la
crise actuelle, c'est son caractère fondamentalement
politique. Car il ne s'agit pas d'une simple crise qui
affecterait de manière durable les mécanismes
économiques, mais d'une crise qui, combinant les
effets internationaux et intérieurs, agit directement
sur la question du pouvoir, sur la manière dont la
classe dominante impose son pouvoir aux classes
dominées, au peuple: c'est en cela qu'il s'agit
aujourd'hui d'une crise politique qui peut demain
mûrir en crise révolutionnaire, où cette
question du pouvoir serait directement posée par les
masses de notre pays. En quoi la question du pouvoir
est-elle posée aujourd'hui ? Les moyens de domination
habituels de la bourgeoisie dans notre pays, qui
conféraient une certaine stabilité à
son pouvoir, sont aujourd'hui moins assurés que par
le passé, et pour certains, carrément
vacillants. En même temps les questions que fait
surgir le mouvement des masses aujourd'hui, dépassant
largement le cadre revendicatif traditionnel, posent
nettement le problème de la société
périmée dans laquelle on vit, et de la
nouvelle société, le socialisme qu'il faut
construire. Ces deux aspects concourent à former le
caractère profondément politique de la crise
actuelle. ....l Faillite du modèle de collaboration de classes d'abord. Ne pouvant pas faire reposer son pouvoir sur la seule action de son appareil d'Etat et de la violence qu'il exerce, la bourgeoisie de tout temps a cherché à instaurer un consensus social, à maintenir la collaboration de classes, en diffusant un certain nombre d'illusions. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, c'est fondamentalement en s'appuyant sur "le modèle de la consommation" qu'elle a tenté de maintenir la collaboration de classes. Semant l'illusion que l'amélioration du sort des couches travailleuses dépendait avant tout de l'expansion économique, laissant croire qu'une extension de la consommation des masses était forcément synonyme de l'amélioration de leur niveau de vie, la bourgeoisie espérait imposer la paix sociale de manière durable. Mais si l'acquisition dans une proportion notable de familles ouvrières, de produits tels l'automobile, le frigidaire, la machine à laver, constitue une réalité, cette acquisition est mal arrivée à combler l'usure et la détérioration accélérée des conditions de reproduction de la force de travail. Multiplication du travail posté, des cadences, allongement de la journée de travail par des temps de transport démentiels, repos rendus impossibles dans les logements modernes... Avant même que la crise économique jette à bas ce modèle de collaboration de classes, les travailleurs l'avait rejeté, multipliant leurs luttes sur les conditions de travail, de logement, de santé... La crise apparue, le gouvernement a tenté un moment d'instaurer le consensus autour du thème de la solidarité nationale qui devait mettre à contribution toutes les couches sociales pour surmonter les effets de la crise. Ce modèle de collaboration de classes a été vite impuissant à instaurer le consensus social recherché, et il est symptomatique aujourd'hui de constater que le discours gouvernemental actuel ne cherche plus à innover pour établir ce consensus. ....l Usure rapide et prématurée d'un personnel politique sans perspective. La stabilité que la bourgeoisie était arrivée à conférer à son pouvoir pendant l'ère gaulliste, elle la devait en particulier à l'alliance d'un personnel politique influent et d'un projet politique suffisamment cohérent. Les notables bourgeois issus de la Résistance qui formaient l'ossature des gouvernements gaullistes, contribuaient à donner une certaine assise au pouvoir bourgeois, qui était renforcée par l'existence d'un projet offrant la perspective d'une France ayant rejeté la tutelle américaine, indépendante des Tiers-Monde. L'échec de ce projet capitaliste, l'ouverture de la crise économique mondiale en 74, ont laissé les successeurs de De Gaulle sans projet, avec pour seule perspective de gouverner au jour le jour en tentant de ménager à la fois le Tiers-Monde et les deux superpuissances, à la fois l'URSS et les USA. D'affaire Amalrik expulsé de l'Elysée en Concorde condamné au chômage partiel, d'affaire Abou Daoud en conférence Nord-Sud ratée, le résultat est catastrophique parce qu'il révèle chaque fois un pouvoir hésitant à s'orienter, incapable de dégager une perspective claire. Le résultat pour le personnel sans envergure qui assume ces changements de caps successifs, c'est évidemment une usure rapide de son image de marque, qui accélère ses instabilités. ....l Cette instabilité se trouve particulièrement accrue par la division durable et profonde qui s'est installée dans le camp de la droite. Les institutions que la bourgeoisie s'est forgées sous la 5e République et qui visaient justement à assurer la stabilité de son pouvoir, exigeaient l'existence d'un parti dominant qui assure au Parlement une majorité automatique au gouvernement et au président de la République. Sans personnel politique allié à un projet cohérent, l'actuel chef de file ne peut espérer construire un parti dominant qui empêcherait le Parlement d'entraver son action. Au contraire, il se trouve prisonnier des majorités parlementaires successives qui peuvent se former, en contradiction avec la politique qu'il entend définir. Déjà divisées sur les orientations à suivre en matière de politique étrangère, les composantes de la coalition gouvernementale le sont aujourd'hui et bien plus gravement, sur la politique intérieure à suivre, achevant la paralysie de l'action gouvernementale. C'est un nouveau facteur d'instabilité. ....l Mais cette instabilité, ce manque de cohésion manifeste n'affectent pas seulement les sphères dirigeant notre pays, mais plus largement ce qui constitue habituellement les remparts, les piliers du pouvoir d'une classe dominante: la justice, l'armée, la police. D'une part, la rivalité des différents clans de la bourgeoisie s'y fait sentir de manière plus aiguë, chacun cherchant à s'y créer son domaine réservé, et cette division ouverte joue à contre-sens de l'efficacité que ces troupes doivent avoir et de la neutralité qu'elles sont censées afficher. D'autre part, dans un secteur comme celui de l'appareil judiciaire, on voit se développer des mouvements de juges qui refusent d'effectuer la besogne pour laquelle ils ont été formés et enrôlés, et qui dans un certain nombre d'arrêts se mettent du côté des travailleurs: ce qui ne s'était jamais vu se voit enfin: patrons responsables d'accidents du travail inculpés, sociétés de crédit déboutées de leurs actions contre ces travailleurs... Ces premiers signes, car il ne s'agit que de signes annonciateurs, indiquent toutes les difficultés que rencontre la classe dominante pour imposer sa propre loi à ses propres juges. Et en même temps que se manifestent ces difficultés accrues pour ceux d'en haut, ceux d'en bas manifestent aussi qu'ils commencent à ne plus vouloir continuer comme avant. Parce que dans les luttes aujourd'hui, les débats que mènent les travailleurs ne portent pas seulement sur le meilleur moyen d'endiguer les effets de la crise économique, et de résister aux attaques sans précédent sur le pouvoir d'achat et l'emploi. Non, ces luttes, ces débats vont beaucoup plus loin et dressent un véritable réquisitoire contre cette société actuelle qui a fait son temps, qui a fait plus que son temps. ....l Quand, à
l'image de ce qu'avaient réalisé les ouvriers
de LIP en 1973, dans des dizaines d'usines occupées
les travailleurs ont entrepris de remettre en route la
production et de disposer du produit de leur travail pour
tenir et prolonger leur grève, ce ne sont pas
seulement de nouvelles formes de lutte qui voient le jour,
mais c'est bien aussi la démonstration exemplaire,
répétée maintenant des dizaines de
fois, qui est faite que la classe ouvrière peut
diriger en tout, qu'elle n'a pas besoin d'exploiteurs pour
diriger son travail et lui en extorquer le fruit. C'est bien
comme cela que de telles expériences ont
été vécues par les ouvriers qui les ont
mises en oeuvre. Chapitre 3 LE CAPITALISME .....
Mais fidèle à
son rôle, la gauche est là, qui a ses
solutions, ses remèdes pour conjurer la crise. Aux
travailleurs qui croyaient que cette crise était
grosse du socialisme parce qu'elle mettait à nu les
faiblesses de l'adversaire et rendait possible et
nécessaire une issue révolutionnaire qui
balaierait cette vieille société et jetterait
les bases de la France socialiste, PS et PC répondent
ensemble: faisons l'économie d'une révolution,
replâtrons ce vieux système, la France n'est
pas encore mûre pour le socialisme. Et chacun avec le
langage qui lui est propre, PS et PC tiennent aux
travailleurs le discours suivant: le socialisme n'est pas
pour demain mais de nombreuses choses peuvent changer; la
condition: la victoire de la gauche aux élections,
élisez-nous et puis faites-nous confiance ! le
maÎtre-mot est lâché, mais faire
confiance pour faire quoi ? Chapitre 4 LA RÉVOLUTION SOCIALISTE ..... Une telle situation de crise politique dans notre pays, ne peut connaître de dénouement en dehors d'un affrontement massif entre le camp du peuple et celui des classes dominantes. La bourgeoisie ne peut espérer voir s'alléger les multiples pressions qui déterminent sa situation de faiblesse et de crise politique dans laquelle elle est plongée. Inéluctablement, les antagonismes de classe qui se manifestent aujourd'hui avec une particulière acuité, vont connaître un développement qui va porter la crise politique actuelle à un stade supérieur ouvrant ainsi une crise nationale, une crise révolutionnaire. ..... Crise nationale et révolutionnaire; à la fois parce qu'elle mettra aux prises dans un gigantesque affrontement toutes les classes et couches sociales de notre pays qui doivent choisir leur camp entre les deux classes irréductiblement antagoniques, la bourgeoisie et le prolétariat; à la fois parce que l'enjeu de cet affrontement sera clairement et nettement aux yeux de tous la question du pouvoir. Mettant en marche toutes les couches du peuple, et avant tout les ouvriers et les paysans, qui affirmeront leur volonté de ne plus continuer à vivre comme avant, la crise les verra se dresser contre les classes dominantes marquées par la faiblesse, l'hésitation et la division, et qui ne pourront à cause de cela plus continuer à gouverner comme avant. Cette contradiction entre ceux d'en bas qui ne veulent plus être gouvernés comme avant, et ceux d'en haut qui ne peuvent plus gouverner comme avant ne peut être dénouée que par un affrontement révolutionnaire. ..... Sachant cet affrontement inévitable, et sachant que de son issue dépend la possibilité ou non d'engager la construction d'une société sans exploiteurs, la classe la plus révolutionnaire, le prolétariat se doit d'organiser toute son activité dans cette perspective et précisément celle-là : la prise du pouvoir. Mettant à profit la crise pour forger son autonomie face aux détachements de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, le prolétariat noue en même temps avec les autres couches du peuple une alliance qui crée les conditions de l'isolement des classes exploiteuses, accentue leur crise et rend possible à terme l'assaut décisif contre la bourgeoisie. ..... Le développement de ce processus d'accumulation des forces pour la révolution socialiste, s'accélère considérablement dans cette période de crise révolutionnaire, parce que cette dernière fait apparaître nettement aux yeux de tous les travailleurs, ce qui était jusqu'à présent latent, sous-jacent, enfoui. Véritable école accélérée pour les masses populaires, la crise révolutionnaire leur révèle la vraie nature des différentes forces politiques, qui ne peuvent plus masquer la réalité de leur projet derrière des comportements ambigus, mais doivent prendre franchement position pour l'un ou l'autre camp. Les forces sociales hésitantes doivent aussi se déterminer, ou adopter une attitude neutre qui leur interdit de peser sur l'issue de l'affrontement qui se prépare. Par la netteté du tableau qu'elle dresse des antagonismes de classes, des intérêts de chacune d'elles, et du programme qu'elles veulent réaliser, la période de la crise révolutionnaire permet progressivement à chaque travailleur d'oeuvrer de manière consciente pour le renversement de la bourgeoisie. ..... Le processus de développement de la crise révolutionnaire, conduit progressivement au renforcement de la détermination et de la cohésion du camp du prolétariat qui en vient à saisir avec clairvoyance qu'il ne peut espérer d'amélioration durable de son sort sans la conquête du pouvoir et l'évincement, pour lequel il est prêt à se battre, de la bourgeoisie en tant que classe dominante. En même temps le camp de la réaction hésite, se divise, tergiverse sur le meilleur moyen de reconstituer son pouvoir qu'il sent lui échapper. Quand ces conditions politiques sont remplies, la crise nationale est mûre, et l'assaut doit être donné à la bourgeoisie : c'est le moment de l'insurrection prolétarienne. ..... L'insurrection est nécessaire parce que la classe capitaliste qui depuis des décennies exploite des générations de travailleurs, fait reposer son pouvoir sur des corps spéciaux répressifs placés au dessus de la société et qui sont avant tout destinés à être le dernier rempart de la bourgeoisie, à écraser le mouvement populaire s'il réclame le pouvoir. L'exemple tragique du Chili est là pour rappeler aux travailleurs ce qu'il en coûte de laisser en place les instruments que la bourgeoisie a forgés pour la contre-révolution. Croire que la bourgeoisie, même affaiblie, divisée, hésitante serait prête à renoncer pacifiquement à son pouvoir et à céder, non pas à des exigences partielles du mouvement révolutionnaire des masses, mais à cette exigence là précisément, celle du pouvoir, c'est se tromper lourdement. ..... 36, 45, 68, et toute l'histoire de notre peuple sont là pour nous rappeler que, confrontée à la croissance des exigences du mouvement révolutionnaire, la bourgeoisie affaiblie est prête à faire des concessions, à louvoyer, à reculer même nettement, mais pour autant que la question du pouvoir, de son pouvoir soit éludée, et non remise en cause, parce que c'est justement ce qui lui permet ensuite de profiter d'un certain essoufflement du mouvement des masses, pour contre-attaquer et réimposer sa dictature sur toute la ligne. C'est pourquoi le prolétariat, loin de se laisser abuser par la faiblesse et les hésitations de la bourgeoisie, doit au contraire les mettre à profit pour consolider son camp, assurer son autonomie et ses alliances en se fixant pour objectif précis, la conquête du pouvoir par l'insurrection prolétarienne. La préparation consciente des masses populaires à cet objectif, la capacité des ouvriers les plus éclairés rassemblés dans le parti d'avant-garde, de faire parvenir toute la classe ouvrière, à travers le processus de la crise révolutionnaire, à la compréhension de la nécessité de l'insurrection prolétarienne, et à la détermination de tout faire pour la conduire au succès, c'est de cela que dépend en définitive l'issue de la crise révolutionnaire, et la possibilité d'entamer enfin la construction du socialisme dans notre pays. ..... Cette insurrection prolétarienne est tout le contraire d'un putsch, ou d'un grand soir comme le propage complaisamment la bourgeoisie, pour discréditer cette perspective. Ce n'est pas un complot fomenté pas un groupe de conspirateurs ou même un parti, mais une offensive déclenchée par une classe et prenant appui sur tout l'élan révolutionnaire d'un peuple. Ce n'est pas un complot fomenté dans le secret et qui prendrait par surprise à la fois les adversaires de cette révolution en même temps que le peuple lui même, au contraire, c'est le point d'aboutissement de tout un processus où progressivement les travailleurs ont pris conscience de la nécessité d'abattre par la violence révolutionnaire la bourgeoisie qui prépare la contre révolution armée. Enfin ce n'est pas un acte déclenché un peu au hasard, où une sorte de va-tout serait joué, mais cette insurrection se situe à un moment particulier au moment où culmine la crise révolutionnaire, que la classe ouvrière doit déterminer en appréciant à la fois ses propres facteurs de cohésion, de détermination, d'esprit d'offensive et les facteurs d'indécision, d'hésitation sur la voie à suivre qui habitent la classe bourgeoise. Et une fois ce moment favorable déterminé, l'insurrection doit être conduite par l'avant-garde de la classe ouvrière, le parti communiste, en mobilisant toute la classe ouvrière de manière centralisée, avec fermeté, et décision, suivant un plan préétabli, permettant de détruire rapidement la résistance de l'ennemi de classe en s'appuyant sur la décomposition partielle des propres forces militaires de la bourgeoisie. ..... La condition pour que la classe ouvrière apporte cette issue favorable à la crise révolutionnaire, est que, dans le cours même de cette crise, elle ait fait l'expérience de la nature bourgeoise des propositions du PCF. S'il a rompu récemment avec toute référence formelle à la dictature du prolétariat, le PCF a rompu depuis bien plus longtemps déjà avec toute stratégie révolutionnaire. Déployant toute son énergie à dévoyer à son profit l'énergie révolutionnaire du prolétariat, le PCF s'est acharné à colporter dans la classe ouvrière l'illusion stupide, démentie par toute l'histoire du mouvement ouvrier, que le passage pacifique au socialisme était possible, et qu'une simple mobilisation populaire suffirait à dissuader la bourgeoisie d'utiliser ses armes contre les travailleurs. Toute progression de la classe ouvrière vers la prise du pouvoir exige une rupture effective avec cette illusion bourgeoise, aussi vieille que le mouvement ouvrier. Plus largement c'est en construisant une démarcation nette avec le projet du PCF non seulement du point de vue de la manière de prendre le pouvoir, mais aussi du point de vue de la société qui en résultera et de la nature du pouvoir instauré, que la classe ouvrière réussira à forger son autonomie, autonomie indispensable pour faire avancer son projet révolutionnaire. Les premières démarcations apparues dans le cours de la crise politique actuelle, à l'occasion de telles ou telles luttes ou de telles ou telles actions ont été tracées sur la base de l'expérience des propositions révisionnistes faite par des travailleurs; demain dans le cours d'une crise révolutionnaire, c'est massivement que les travailleurs feront l'expérience du comportement du PCF et de la manière dont il tentera de manipuler le mouvement des masses pour faire progresser son projet de capitalisme d'Etat au détriment d'une partie de la bourgeoisie actuelle et avant tout au détriment des travailleurs. ..... C'est cette expérience directe qui permettra à la classe ouvrière, dans sa masse, de saisir la nature réactionnaire du projet du PCF et de s'opposer avec conséquence aux tentatives de ce parti de détourner à son profit le combat révolutionnaire qui sera engagé. La perspective concrète du socialisme en rupture nette avec le capitalisme d'État que le PCF prétend imposer, contribuera à tracer cette ligne de démarcation entre le projet bourgeois du PCF et le socialisme pour lequel se battent les travailleurs. |
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