OUVRIERS
FRANÇAIS ET IMMIGRÉS
TOUS UNIS POUR
FAIRE
LA
RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE EN
FRANCE
|
L'IMPORTATION DE
TRAVAILLEURS: UNE NÉCESSITÉ
VITALE POUR
L'IMPÉRIALISME FRANÇAIS.
A partir du moment où la France
capitaliste est devenue une métropole
impérialiste (fin du XIXème siècle),
elle a organisé à grande échelle
l'importation d'ouvriers étrangers.
L'immigration est un
phénomène propre à
l'impérialisme. Il ne disparaîtra qu'avec la
destruction de l'impérialisme. En asservissant et en
pillant les peuples du monde, une poignée
d'États impérialistes ont créé,
à l'échelle mondiale, une gigantesque
armée de chômeurs, où ils puisent selon
leurs besoins.
Ainsi, aujourd'hui
l'impérialisme français importe des
travailleurs venus non seulement des colonies (Antilles,
Guyane, Réunion), de plusieurs néo-colonies
d'Afrique (Mali, Mauritanie, Sénégal), et de
sa sphère d'influence en général
(Maroc, Tunisie). mais aussi de pays dépendants d'un
ou plusieurs autres impérialismes (Portugal, Turquie,
Yougoslavie).
Pour l'impérialisme
français, l'importation d'ouvriers étrangers
est une importante condition de sa survie :
--C'est, avant tout, un moyen
d'augmenter le volant de chômage, d'aiguiser la
concurrence entre ouvriers, sur le marché de la force
de travail en métropole même. Et donc, de
renforcer globalement l'exploitation de la classe
ouvrière. La France qui vient en tête des
grands pays européens, pour l'importation d'ouvriers
immigrés, tient aussi la première place pour
la longueur de la journée de travail, et le bas
niveau des salaires ouvriers.
--C'est un moyen, face
à l'anarchie, aux à-coups de la production, de
réduire, au besoin, l'ampleur du chômage en
métropole et donc les risques d'explosion, de
révolte: en refoulant, en expulsant d'abord les
ouvriers étrangers.

Français -
immigrés, une seule classe ouvrière !
--C'est un moyen de disposer, à
côté des jeunes, des femmes et des
paysans-ouvriers, de contingents entiers d'ouvriers
chassés de leur pays par la misère, contraints
de subir l'exploitation la plus féroce: allongement
de la journée de travail (bâtiment),
intensification du travail (automobile), usure
accélérée {peinture, fonderie,
cardage), travaux meurtriers (chantiers, chimie), salaires
les plus bas.
--C'est un moyen, pour
l'état impérialiste, d'extorquer une masse
supplémentaire de plus-value : en vertu de la "loi",
il vole aux ouvriers étrangers l'essentiel de la
partie du salaire qu'il se charge normalement de verser
(allocations familiales, de logement, de maternité,
de salaire unique, sécurité sociale,
retraites, pensions, etc...). Alors que les salaires des
ouvriers étrangers sont, bien entendu, amputés
au même titre que les autres de diverses "retenues" et
"cotisations".
--Le surcroît de
plus-value extorqué aux ouvriers étrangers,
tout comme les sur-profits coloniaux, accentue le
parasitisme de la société française,
contribue à mieux graisser la patte à toute
une série de couches de la petite bourgeoisie,
à corrompre une frange supérieure de la classe
ouvrière, à acheter les appareils politiques
et syndicaux du mouvement ouvrier .
--Enfin, c'est, pour
l'impérialisme français, un moyen de pression,
de chantage, vis-à-vis des pays d'émigration.
Car, pour les classes dirigeantes de ces pays, l'exportation
des travailleurs est un trafic avantageux: afflux de
devises, diminution temporaire du chômage. D'où
les "accords" négociés par la France: tant de
travailleurs importés contre tels ou tels
privilèges militaires ou économiques dans le
pays (accords avec l'Algérie, le Portugal, la
Turquie, entre autres).
LA NOUVELLE POLITIQUE DE
L'IMMIGRATION
L'impérialisme français
a de plus en plus recours à l'immigration: le rythme
annuel d'embauche d'ouvriers étrangers, dans la
période 62-68 a doublé par rapport à la
période 54-62. Le sixième plan prévoit
pour la période 70-75 d'accroître chaque
année de 75000 à 80 000 immigrés la
population ouvrière de France.
Mais, tout en ayant un besoin vital de
poursuivre l'importation de travailleurs étrangers,
la bourgeoisie a aussi besoin de pouvoir la doser selon les
branches d'industrie, selon les régions, selon les
périodes, c'est à dire, d'organiser de la
façon la plus "souple" le chômage.
D'autre part, le nombre de plus en
plus élevé de travailleurs immigrés,
leur exploitation féroce, leur concentration dans
quelques régions-usines, inquiète de plus en
plus la bourgeoisie, surtout depuis que se
développent leur combativité, leur
solidarité avec les ouvriers français, et que
s'expriment leurs aspirations révolutionnaires.
Elle cherche donc tous les moyens pour
mieux diviser, mieux encadrer, mieux réprimer en
général les travailleurs immigrés :
-- diviser : diversifier la provenance des immigrés
(accords avec divers pays) ; dispersion de leurs zones
d'habitation (soi-disant résorption des bidonvilles)
.
-- réprimer
: logement forcé dans
des foyers-prisons, contrôle policier, sans cesse
renforcé (circulaire Fontanet).
Cette "nouvelle politique" de
l'immigration a été consciemment,
progressivement mise en oeuvre surtout depuis 68, par la
bourgeoisie: accords d'immigration, loi sur les bidonvilles,
qui a été consacrée par la circulaire
Fontanet, prête dès février 72, mise en
application en septembre.
Cette nouvelle politique
réclamée et soutenue en coeur par le C.N.P.F.,
les organisations révisionnistes, les syndicats
réformistes et jaunes, s'intitule: contrôle de
l'immigration.
LE P"C"F, PARTISAN
DÉCLARE DU
"CONTRÔLE DE L'IMMIGRATION
"
Le programme commun est très
discret sur la question comme sur tous les problèmes
vitaux de l'impérialisme français. Cinq lignes
en tout (p. 57-58) : " Le plan prévoira le nombre de
travailleurs immigrés accueillis chaque année
afin de définir les mesures économiques et
sociales à prendre. Les travailleurs immigrés
bénéficieront des mêmes droits que les
travailleurs français. La loi garantira leurs droits
politiques, sociaux et syndicaux.". Mais ces cinq lignes, si
on les rapporte à l'activité du P"C"F et de la
CGT, à leur programme de gouvernement, contiennent
l'essentiel de leurs positions :
1- contrôle de
l'immigration
2- "droits politiques, sociaux
et syndicaux ".
Monopole d'État du
trafic. "Prévoir le
nombre des travailleurs immigrés accueillis chaque
année", cela veut dire d'abord poursuivre
l'importation en France d'esclaves salariés. C'est
adopter sans restriction le point de vue de
l'impérialisme français : "notre"
économie a besoin d'importer de la main d'oeuvre
étrangère. Et G. Gosnat, chef en vue du P"C"F,
de réclamer dès septembre 71, "que
l'immigration soit organisée harmonieusement en
raison de l'intérêt national".
Le P"C"F et la CGT reprochent
seulement au gouvernement de ne pas la contrôler assez
étroitement. Le Programme de Gouvernement et " la
Plate forme revendicative CGT/CFDT" réclament un
système plus draconien de contrôle de
l'immigration. En voici les grands traits :
-l'Office National
d'Immigration (O.N.I.) étroitement associé
à l'Agence Nationale pour l'Emploi, ont le
monopole du recrutement de la main d'oeuvre
étrangère: les capitalistes en quête de
main d'oeuvre étrangère à exploiter
passeront par l'ANPE qui se charge, grâce au
réseau de bureaux d'embauche à
l'étranger de l'ONI, de leur en fournir.
-Avant d'entrer en France,
tout travailleur étranger serait donc tenu d'avoir un
contrat d'embauche tamponné par l'ONI.
-Il est prévu
évidemment que les "organisations syndicales
représentatives" participeront directement à
la gestion de l'ONI et de l'ANPE "aux côtés des
représentants de l'État et des industries
concernées".
Derrière ce rêve
petit-bourgeois de huiler à la perfection le
système d'importation de main d'oeuvre, se dissimule
une réalité: la "gauche unie" une fois au
gouvernement renforcera encore le contrôle de l'ONI.
C'est ce à quoi tend l'État bourgeois depuis
68: l'ONI qui dans les années 60, contrôlait
à peine 20% du flux d'immigrés, en
contrôlerait depuis 68 plus de 50%.
Mais pour les ouvriers, que
signifie un tel contrôle de l'immigration ?
-Pour ceux qui sont
recrutés par l'ONI, cela veut dire qu'ils sont pieds
et poings liés par leur contrat de travail à
telle entreprise et pour une durée
déterminée.
S'ils ne peuvent supporter les
conditions de travail imposées, s'ils se
révoltent et qu'ils sont licenciés, ils se
trouvent de fait en situation "irrégulière" et
susceptibles d'être expulsés.
-Pour ceux qui se trouveront
en France sans avoir été recrutés par
l'ONI, comme pour ceux qui continueront à y entrer en
dehors de l'ONI (car l'État bourgeois ne peut ni ne
veut stopper complètement l'immigration
"clandestine"), ce sera en permanence la menace d'expulsion,
donc la surexploitation.
L'encasernement. Quant au logement des travailleurs
immigrés, le P"C"F, la CGT ainsi que la CFDT
réclament "que tout employeur qui emploie ou recrute
un travailleur immigré soit mis dans l'obligation de
lui assurer un logement décent, cette exigence devant
être formulée dans le contrat de travail et
respectée" ( Lanternier au Conseil
Général des Hauts-de-Seine). Cela signifie la
généralisation des foyers-prisons sous le
contrôle et pour le profit directs des capitalistes.
Fontanet a repris intégralement cette proposition
dans sa circulaire du 15-9-72.
Cette politique va de pair
avec la destruction des grands bidonvilles,
inquiétants pour la bourgeoisie et la multiplication
des foyers-prisons et des "micro-bidonvilles". Les
municipalités P"C"F ne sont pas les dernières
à raser les bidonvilles
-par exemple celui de Las
Campas à la Courneuve, pour laisser le champ libre
à la grande foire de l'Humanité-. Les
élus P"C"F de la région parisienne vont plus
loin: ils réclament vigoureusement une dispersion
systématique de la population immigrée de
façon à ce que chaque commune ne
dépasse pas "un pourcentage normal de population
immigrée" (Lanternier) .
On comprend pourquoi le P"C"F
reconnaît les "aspects positifs" de la circulaire
Fontanet (Huma 15-9-72) et le bonze CGT Apostolo la commente
en gros de cette façon: "Ce serait bien si elle
était vraiment appliquée". (Huma 27-9-72). La
circulaire en effet renforce encore l'assujettissement des
travailleurs immigrés à la classe des
capitalistes et à son appareil policier. C'est bien
là le "contrôle de l'immigration"
réclamé par les révisionnistes: plus
l'immigration est planifiée,
réglementée, harmonisée, etc... plus il
y a contrainte, encasernement, pour les immigrés
"réguliers", plus il y a chantage, persécution
pour les "irréguliers".
CONSTRUISONS
L'UNITÉ
RÉVOLUTIONNAIRE
DU PROLÉTARIAT DE FRANCE
Toutes les déclarations
démagogiques du "programme commun" sur
"l'égalité des droits" entre travailleurs
français et immigrés dissimulent mal la
volonté du P"C"F et du PS de rationaliser
l'exploitation des ouvriers immigrés, pour le plus
grand profit de la bourgeoisie française.
Mais les travailleurs immigrés
font partie intégrante de la classe ouvrière
de France. Ils ne sont pas une partie distincte du
prolétariat, condamnée à lutter pour
les libertés démocratiques bourgeoises. La
lutte du prolétariat en France, pour renverser la
bourgeoisie impérialiste française, doit
être unifiée et avoir une direction unique.
Rien n'empêchera les éléments
conscients, communistes, parmi les travailleurs
immigrés, de s'organiser dans le Parti du
Prolétariat, pour faire la révolution en
France !
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