1969 - 1973
A travers des
épreuves
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D'autres affiches sur d'autres murs... Le PCMLF
continue en vérité...
Celle-là, entre autres, exprime
l'orientation des marxistes-léninistes à
l'échelle mondiale; collée sur les murs de
Clermont-Ferrand, elle date de 1971.
Les deux super-puissances, Etats-Unis et
Union soviétique sont les plus grands exploiteurs et
oppresseurs de ce temps ; ce sont les ennemis communs aux
peuples du monde.
Pour les marxistes-léninistes,
les choses se font de plus en plus claires. La clique
révisionniste de Khrouchtchev a pris le pouvoir en
Union soviétique et y a restauré le
capitalisme ; là-bas, ce ne sont plus les ouvriers et
les paysans qui dirigent, comme au temps de Lénine et
de Staline; une "nouvelle bourgeoisie" exploite la classe
ouvrière soviétique, réprime les
minorités nationales et emprisonne brutalement les
opposants. C'est le fascisme, ni plus, ni moins. La
politique d'expansion et d'agression a commencé,
redevenue capitaliste, l'URSS cherche à dominer le
monde. Elle a occupé la Tchécoslovaquie en
août 1968 ; sous sa houlette, les chars du Pacte de
Varsovie ont tiré sur le peuple
tchécoslovaque. Elle a agressé la Chine dans
l'île de Tchenpao en 1969.
Elle a pris solidement pied en Inde,
exploite honteusement la Mongolie; elle s'infiltre avec
"techniciens", roubles et espions aux quatre coins du globe
tout en distillant de splendides déclarations
"d'amitié" et de "coopération". Socialiste en
paroles, impérialiste dans la réalité
!
Les marxistes-léninistes, durant
cette période, examinent l'Union soviétique,
étudient les faits internationaux et prennent
conscience du caractère fasciste et
impérialiste de l'URSS. Les premiers, ils informent,
expliquent, argumentent, pour combattre cet ennemi
féroce, encore dissimulé car il
s'auréole d'un passé glorieux.
L'impérialisme américain, quant
à lui, est chaque jour démasqué
davantage. De 1969 à 1973 il s'efforce d'être,
comme par le passé, le seul, l'unique super-grand ;
il cherche à préserver les positions acquises.
Mais en vain. Il se débat
désespérément au Vietnam, étend
l'agression à toute l'Indochine en 1970, manipule au
Moyen-Orient, tente de garantir ses intérêts en
Amérique latine; et il reçoit des coups de
tous côtés. L'Indochine est un bourbier dont il
va sortir isolé, meurtri et diminué.
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La guerre du peuple se déploie dans
l'Indochine entière.
Le 18 mars 1970, Lon Nol a fait son coup
d'état pro-américain à Phnom Penh;
quelques semaines plus tard, les yankees ont foulé le
sol cambodgien... et bien vite ont pris le chemin du repli.
Le 25 avril, des représentants des trois peuples
cambodgien, lao et vietnamien unissent leurs volontés
et leurs efforts lors d'une Conférence au sommet,
tenue en terre chinoise, afin de jeter les
impérialistes américains hors d'Indochine.
"Peuples du monde, unissez-vous pour abattre
les agresseurs américains et leurs laquais". Le
Président Mao Tsetoung lance cet appel historique le
20 mai 1970, II sera entendu, comme sera comprise et
magnifiquement prouvée cette vérité
qu'il rappelle alors :
"Une cause juste
bénéficie toujours d'un juste soutien, tandis
qu'une cause injuste en trouve peu. Le peuple d'un petit
pays triomphera à coup sûr de l'agression d'un
grand pays s'il ose se dresser pour la lutte, recourir aux
armes et prendre en main le destin de son pays".
Sur le champ de bataille, les combattants
avancent sûrement. Dès septembre 1970, les
patriotes du Cambodge ont libéré les
deux-tiers de leur pays. En juin 1969, ceux du Vietnam ont
créé leur Gouvernement provisoire
révolutionnaire du Sud-Vietnam ; en octobre 1971,
puis en octobre 1972, leurs offensives prennent une ampleur
et une force grandissantes. En février 1973,
américains et saïgonnais sont acculés; le
cessez-le-feu est signé au Vietnam. Dès lors,
Washington s'acharne contre le Cambodge; en mai, jour et
nuit, des tonnes et des tonnes d'acier et de napalm sont
déversées sur le peuple khmer. Il tient
bon.
En France, les
marxistes-léninistes n'ont pas cessé leur
soutien. De nombreuses affiches évoquent leurs
initiatives : manifestations (1er mars 1969, 15 novembre
1969, 8 mai 1971...), meetings locaux et parisiens (26
février 1971, 31 octobre 1972...). En septembre 1969,
"l'Humanité rouge" a rassemblé 1500 personnes
pour honorer la mémoire de l'oncle Hô,
dirigeant bien-aimé du peuple vietnamien qui vient de
disparaître. En 1973, l'effort se porte sur le soutien
au Cambodge combattant, lors du meeting du 1er juin à
la Mutualité notamment. Les liens fraternels qui
unissent les combattants cambodgiens aux
marxistes-léninistes français se resserrent
plus encore.
Au Moyen-Orient, les luttes sont ardues.
Américains et soviétiques tentent d'imposer
leur loi aux peuples et pays arabes : le Résolution
242 du Conseil de Sécurité de l'ONU nie
purement et simplement l'existence du peuple palestinien.
Celui-ci a cependant relevé fièrement la
tête. La Résistance palestinienne s'est
considérablement renforcée; les camps de
réfugiés sont devenus des camps de
résistance et d'espoir. Pour liquider la
Résistance, américains, sionistes et
réactionnaires jordaniens montent un coup : c'est
"septembre noir". A Amman, en septembre 1970, les camps sont
pilonnés, les combattants palestiniens
assassinés. Le peuple palestinien a besoin de la
solidarité internationale.
Cette affiche a été
réalisée en 1976.
Depuis six années déjà, les
marxistes-léninistes expriment leur solidarité
avec la classe ouvrière et le peuple de Pologne. Le
13 décembre 1970, le dirigeant révisionniste
polonais Gomulka augmente les prix de 15 à 60%. C'est
la révolte dans les villes du Nord, Gdansk, Gdymia,
Sopot ; les chars mitraillent les ouvriers des chantiers
navals qui manifestent. Il y a vingt morts et des centaines
de blessés parmi les manifestants.
Après la Tchécoslovaquie... la
Pologne. Le voile se déchire alors que plus nombreux
sont ceux qui comprennent que "le révisionnisme au
pouvoir, c'est la bourgeoisie au pouvoir".
Le Parti communiste de Pologne
marxiste-léniniste, clandestin, a repris le drapeau
depuis 1966 et organise la lutte.
"Vive la juste lutte des peuples des colonies
pour leur indépendance". Cette affiche date de
1971. Cette année-là, les peuples de Guyane,
de la Réunion, de la Martinique et de la Guadeloupe
portent des coups sévères à
l'impérialisme français. Le 19 janvier, c'est
la grève générale en Guyane. La veille,
20 000 ouvriers agricoles et d'usine se sont mis en
grève en Guadeloupe ; des petits planteurs de la
canne les ont rejoints. La grève, suivie à
100%, dure de nombreuses semaines. Les CRS et les
"képis rouges" répriment férocement; en
mars, les ouvriers du bâtiment et les postiers
apportent leur appui ; il y a des manifestations à
Basse-Terre. Dans cette affaire, le parti
révisionniste guadeloupéen se fait le chien de
garde du colonialisme mais la lutte contre la misère
et l'oppression coloniale grandit. En Martinique, cela bouge
aussi. En mai 71, 9 000 manifestants à Fort de France
pour la venue de Messmer ; un jeune lycéen de 17 ans,
Gérard Nouvet est tué et la colère
monte dans l'île. En France, les
marxistes-léninistes s'efforcent de briser le mur du
silence et d'apporter l'aide maximum aux peuples
opprimés par l'impérialisme français.
Un même sentiment internationaliste les
anime pour dénoncer l'intervention française
au Tchad. En octobre 70, il y a plus de 2000 soldats
français au Tchad; le gouvernement parle de
"pacification" et traite le FROLINAT -Front national de
libération du Tchad - de "bandits". Un langage de
triste mémoire !
En 1972, une campagne active est menée
contre la venue en France de Suharto, bourreau sanglant du
peuple indonésien.
Le 11 septembre 1973, c'est le coup
d'état au Chili.
Les faits sont connus. Le
Président Allende est assassiné, une
répression sanglante s'abat sur le peuple chilien :
40 000 morts, 2 500 disparus, un million d'exilés...
Pendant trois années, le gouvernement d'Unité
populaire s'est attaqué à
l'impérialisme américain et s'est
efforcé de développer une économie
nationale indépendante. Ce n'était pas le
socialisme pour autant.
D'aucuns le prétendent et crient à
tout-va au succès du passage pacifique au socialisme
au Chili : ce sont les révisionnistes chiliens. Ils
vantent les mérites "démocratiques" de
l'armée chilienne "pas comme les autres", les vertus
"démocratiques" de la bourgeoisie chilienne "pas
comme les autres". Ils désarment totalement le peuple
chilien qui se bat mains nues contre les
impérialistes et les fascistes. La thèse du
"passage pacifique au socialisme" a conduit tout un peuple
à la défaite et au désespoir ; c'est
une thèse criminelle. Lors de la scission de 1963,
les marxistes-léninistes l'ont combattue farouchement
; dix ans plus tard, le peuple chilien en fait la tragique
expérience, pleine d'enseignements pour les peuples
du monde entier.
C'est la CIA qui a préparé
le coup d'état en septembre 73. L'URSS de Brejnev
n'est pas étrangère à l'affaire ;
depuis des mois, elle pousse à la roue pour
s'infiltrer dans ce pays-clé en Amérique
latine. Septembre 73 au Chili manifeste la rivalité
qui oppose les deux super-puissances pour la domination du
monde. Deux ans plus tôt, elle a éclaté
au grand jour dans l'Océan indien ; en
décembre 1971, l'Union soviétique a
ouvertement encouragé l'agression indienne contre le
Pakistan (guerre du Bengla-Desh). Pakistan, Chili, Soudan...
la rivalité s'aiguise entre les deux grands.
Pour se dédouaner de l'affaire
chilienne, les révisionnistes font grand tapage ; il
leur faut dissimuler les manœuvres de
pénétration soviétique! Eux qui ont
semé les sanglantes illusions sur le "passage
pacifique au socialisme", se prétendent les meilleurs
défenseurs du peuple chilien. En France, leur
propagande hypocrite et défaitiste est
particulièrement odieuse. On ne saurait alors
soutenir le peuple chilien sans dénoncer fermement
leur responsabilité; c'est ce que font alors les
marxistes-léninistes.
Les choses ont changé au Moyen-Orient
depuis 1967. Pour la quatrième fois en quelque vingt
ans, les sionistes israéliens agressent les pays
arabes voisins; mais ce jour, le 6 octobre 1973, la riposte
égyptienne, syrienne et palestinienne survient du tac
au tac ; la tactique éclair sioniste a
échoué face à des armées
efficaces, disciplinées, déterminées
à recouvrer les territoires occupés par les
israéliens :
- "Le Golan aux Syriens
- Le Sinaï aux Egyptiens
- La Palestine aux Palestiniens"
Les peuples et les pays arabes ont repris
confiance en eux-mêmes. L'état sioniste,
création de toute pièce de
l'impérialisme destinée à garder prise
sur le Moyen-Orient, sa position stratégique et son
pétrole, n'est pas invulnérable. C'est la
première leçon de la "guerre
d'octobre".
C'est une gifle pour les deux
super-puissances qui inspirent et soutiennent Israël.
L'une lui envoie des dollars : 36 milliards de 1948 à
68, autrement dit 1400 dollars par an et par habitant.
L'autre la fournit en immigrants juifs. Toutes deux comptent
bien sur l'état sioniste pour maintenir la situation
de "ni guerre, ni paix" au Moyen-Orient qui convient tout
à fait à leurs intérêts : dans
cette situation de tension permanente, l'une et l'autre ne
peuvent-elles pas se disputer à l'aise les
sphères d'influence, les ressources
pétrolières et les bases stratégiques ?
Le 6 octobre 1973 démolit leurs plans; il leur faudra
multiplier les manœuvres et les pressions pour revenir
à la situation antérieure ; Brejnev refuse des
armes offensives et des pièces de rechange, exige un
paiement cash des pays arabes. Le cessez-le-feu est
signé le 22 octobre. Dans cette affaire, les deux
super-puissances ont révélé leur jeu
impérialiste, celui de deux gangs de racketteurs qui
pillent, rançonnent, contrôlent le plus grand
nombre possible, luttent à mort pour
l'hégémonie ... mais font le "front des gangs"
si leur racket est menacé.
Octobre 73 les a menacées : c'est
aux peuples arabes de décider de leur destin ; ils le
savent désormais et en définitive le dernier
mot leur appartient.
A preuve, la solidarité
concrète que manifestent les pays arabes producteurs
et exportateurs de pétrole à cette occasion.
Ils décident d'un commun accord de réduire de
5% leurs exportations de pétrole... tant que les
légitimes exigences de leurs frères ne sont
pas respectées; ils relèvent les prix
maintenus ridiculement bas par les trusts pétroliers
depuis vingt ans. Eux aussi éprouvent leur force et
leur unité ; eux aussi entendent disposer pleinement
de leurs richesses nationales. En Europe, qui achète
60% de son pétrole au Moyen-Orient, c'est "la crise
du pétrole" : aux Pays-Bas, on circule à
bicyclette le dimanche, on éteint les néons le
soir et on baisse le chauffage ! Et la presse
réactionnaire occidentale s'en prend
fébrilement aux pays arabes ; on ne peut donc plus
les exploiter en paix !
Quelque chose a changé dans le
monde en effet. La grande voix des pays pauvres se fait
entendre dans l'arène internationale; en septembre
1973, 75 pays se sont retrouvés à Alger pour
la IVe Conférence au sommet des pays
non-alignés. Nombre d'entre eux, en termes clairs et
vigoureux, ont manifesté leur volonté de
disposer pleinement et librement de leurs richesses
nationales. Un courant irrésistible anime les peuples
et les pays du tiers-monde pour s'opposer à
l'impérialisme et à la volonté
d'hégémonie des deux super-puissances. A
Alger, Fidel Castro a parlé des bienfaits de l'URSS
pour le compte de Brejnev, il s'est trouvé
isolé. Le tiers-monde grandit en force, en
unité et en conscience; il est la force motrice
principale dans le combat contre l'impérialisme et
l'hégémonie des deux super-puissances, pour la
révolution mondiale.
En France, en octobre 1973, les choses
ont changé elles aussi. La cause des peuples
palestinien et arabes est mieux comprise et plus largement
soutenue; le 11 octobre, puis le 26 octobre, rassemblent
nombre de leurs amis dans les rues de Paris ; de nombreuses
initiatives locales sont prises. Les
marxistes-léninistes y sont très actifs; le 12
octobre, "l'Humanité rouge" organise un meeting de
solidarité à la Mutualité.
L'usine-poing levé : c'est le beau
symbole de 1968 que reprend cette affiche. Nous y avons
ajouté deux de nos mots d'ordre :
- "Unité à la base et dans
l'action
- Classe contre classe"
Que signifie classe contre classe, mot d'ordre
défini en 1927 par le Parti communiste
français ? Il indique la contradiction fondamentale
de notre société, classe ouvrière
contre bourgeoisie, classe ouvrière contre classe
capitaliste. De l'aiguisement de cette contradiction
naîtront la révolution prolétarienne et
l'instauration du socialisme dans notre pays; il n'y a pas
d'étape intermédiaire. "La mission
historique de la classe ouvrière, c'est de conduire
à la révolution non seulement les travailleurs
mais aussi les petits-bourgeois et les paysans ayant
intérêt à la destruction du
système et de l'Etat capitalistes. Mais dans cette
voie il ne peut pas y avoir d'autre classe dirigeante que la
classe ouvrière". (Arracher la classe
ouvrière, page 407).
La classe ouvrière est la force
principale; et la force dirigeante de notre
révolution.
Encore faut-il réaliser son
unité de classe, autour de son parti. Le parti
révisionniste détient une influence certaine
sur la classe ouvrière il la divise, oppose OS et OP,
français et immigrés, hommes et femmes, jeunes
et moins jeunes... Aussi la ligne "classe contre
classe" exige-t-elle que soit réalisée
"l'unité à la base et dans l'action"
des travailleurs. "Dans l'action" contre les patrons
et leur état capitaliste, "à la base"
contre les manœuvres des dirigeants embourgeoisés
infiltrés dans les rangs ouvriers.
"La tactique du front unique classe
contre classe consiste à faire passer la ligne de
démarcation entre les communistes
marxistes-léninistes unis à tous les ouvriers
acceptant la lutte de classe conséquente, membres ou
non de la CGT et du P"C"F d'une part, et la bourgeoisie
comprenant ses commis infiltrés au sein de la classe
ouvrière, les dirigeants révisionnistes du
P"C"F et de la CGT d'autre part.
Voilà pourquoi les
marxistes-léninistes soutiennent tout responsable ou
militant CGT où membre du P"C"F quand il
développe et poursuit une action sous le signe de la
lutte de classe. Voilà pourquoi les
marxistes-léninistes démasquent sans
ambiguïté tout responsable ou militant CGT ou
membre du P"C"F quand il pratique la collaboration de
classe". (Arracher la classe ouvrière, pages 405
- 406).
- "Unité à la base et dans
l'action"
- "Classe contre classe".
concluent la brochure du camarade Jacques Jurquet
intitulée "Classe contre classe", publiée en
décembre 1971 (cf " Arracher la
classe ouvrière au révisionnisme", page
396). Cette brochure a été
rédigée après la Conférence
nationale d'édification prolétarienne
organisée le 12 juin 1971 par le PCMLF, dont nous
savons qu'elle a réaffirmé avec force la
nécessité vitale de l'édification du
parti du prolétariat au coeur même de la classe
ouvrière, au sein des entreprises, par
l'intermédiaire de ses cellules
d'entreprises.
Dans bien des entreprises, au cours de
bien des luttes, ouvriers et ouvrières,
français et immigrés, nos compagnons de
travail et de combat, se sont emparés de ces mots
d'ordre qui font merveille s'ils sont appliqués avec
justesse et détermination.
On retrouve ces mêmes mots d'ordre au
cours des grèves qui ponctuent les années 69,
70 et 71. Faut-il en rappeler quelques unes : grève
à Peugeot Sochaux, occupation des Câbles,
grève à Vitho St Ouen, à la CAFL de
Saint Chamond, des traminots de Marseille, à la
CIFTE, aux blanchisseries de Grenelle, à
Batignolles-Nantes...
Autant de luttes... autant d'affiches.
En voici quatre :
-- en février 1970, seize mineurs sont
tués par un coup de grisou, à
Fouquières-les-Lens; c'est le capitalisme qui a
tué, comme il tue quotidiennement les mineurs
atteints de silicose, les gars du bâtiment sur les
chantiers, tous ceux qui sont exténués de
labeur. Le gouvernement a dépêché ses
ministres et ses évêques pour les
obsèques... et aussi ses flics car il craint la
colère des "gueules noires" ;
-- en 1971, les travailleurs du Mammouth
d'Aubière, soutenus par les
marxistes-léninistes, appellent à la
solidarité populaire : cadences infernales pour les
caissières, instabilité de l'emploi pour les
manutentionnaires et salaires de misère. Un
travailleur est licencié en septembre ; c'est la
grève. Elle échoue assez vite mais tout n'est
pas négatif : c'était la première
grève et la combativité n'est pas
brisée;
-- en 1972, toujours à Clermont-Ferrand,
les ouvriers "occupent" à la SCPC, alors que les
dirigeants révisionnistes s'efforcent de briser leur
combat, calomnient la grève et sabotent la
solidarité financière, à Michelin
notamment.
-- Les marxistes-léninistes participent
aux batailles pour les logements des travailleurs. En 1970
et 1971, dans une cité dortoir du nord de Marseille,
au parc Kallisté, 1500 habitants,
ménagères, ouvriers, étudiants et
lycéens se mobilisent contre les expulsions et pour
la construction d'une école.
Le 28 février 1972, l'ouvrier Pierre
Overney est assassiné, de sang froid, par balles, par
un responsable des milices patronales de Renault,
André Tramoni. Il diffusait des tracts devant l'usine
de Boulogne-Billancourt.
Pierre Overney : fils d'ouvriers
agricoles, il entre en apprentissage à l'âge de
14 ans. Il travaille chez Citroën, puis à
Renault, d'où il est licencié en juin 1970
pour activités "maoïstes" ! C'est un ouvrier
combatif, un ouvrier révolutionnaire.
Son assassin, André Tramoni, a
été chef des services de
sécurité au Ministère de
l'Intérieur de 1956 à 58, puis a fait partie
des troupes de choc de Massu. Il est membre du SAC depuis
1956.
Une vague de colère
soulève aussitôt la classe ouvrière. Le
4 mars, nous sommes 200 000 dans la rue pour les
obsèques de Pierrot Overney. On n'avait plus vu cela
depuis mai 1968. La foule est compacte, tendue,
profondément atteinte par cet assassinat : Pierre
Overney symbolise ses espoirs et ses luttes que la grande
peur des possédants tente de briser brutalement
depuis 1968.
La foule est indignée de
l'attitude des dirigeants du parti communiste
français : "Marchais menteur, complice des
tueurs", s'écrie-t-elle à mainte reprise.
Marchais n'y est pas allé de main morte en effet ;
à Strasbourg, attaquant ouvertement la classe
ouvrière et le peuple de notre pays, n'a-t-il pas
honteusement déclaré :
"Est-ce qu'on va recommencera nouveau
comme en mai 1968 ? Je réponds non cela ne doit pas
recommencer ! ".
Et d'essayer d'accréditer la
thèse de la provocation gauchiste ! C'est un peu
fort... alors que chacun a pu voir - de ses yeux - la photo
de Tramoni, bras tendu, revolver pointé sur Pierre
Overney mains nues ! C'est un peu fort... alors que la
répression brutale continue chez Renault : ouvriers
licenciés, d'autres maintenus en prison.
La réplique ouvrière se
développe contre les dirigeants révisionnistes
dans la rue et aussi dans les syndicats, y compris dans des
sections CGT. Une journée nationale est
organisée le 17 mars pour contrer la propagande
forcenée de la radio et de la télé. A
Paris, à Marseille, à Toulouse, dans d'autres
grandes villes, nous expliquons, nous manifestons. On ne
saurait assassiner l'un des nôtres sans que survienne
notre riposte !
Quelque cinq ans après, Pierre
Overney reste vivant au cœur de la classe ouvrière de
notre pays. Quand son assassin, vite relâché,
est tué au printemps 77, personne, dans les ateliers
et les bureaux n'a oublié Pierre Overney et ce
pourquoi le capital l'a assassiné.
--
(Notes des EP : il s'agit de Jean-Antoine
Tramoni et non d'André)
Le printemps 1972 est un printemps chaud.
Le 8 février, 200 métallos se
mettent en grève chez Girosteel au Bourget.
Après 10 semaines, c'est la victoire. "Les ouvriers
qui se battent ont toujours raison de le faire" ; c'est la
leçon que tire l'assemblée
générale des grévistes.
Le 9 février a commencé aussi la
lutte à Pennaroya. Pennaroya, c'est de nombreuses
usines et mines de par la France. Pennaroya, c'est, dans
l'usine de Lyon notamment, des conditions de travail
scandaleuses, aucune hygiène, aucun examen
médical, alors que les ouvriers, presque tous
immigrés, sont au contact du plomb à longueur
de journée. Pennaroya, c'est Rotschild en sous-main !
Les usines de Saint-Denis et de Lyon sont occupées
par les travailleurs immigrés unis et
décidés. La solidarité populaire, celle
des étudiants et des lycéens, celle d'un
groupe de médecins, celle des autres boites du trust
et de nombreuses usines du pays, vient conforter le combat
de ceux de Pennaroya. Là aussi c'est une victoire.
Le 10 mars, les ouvriers du Joint
Français occupent leur usine à
Saint-Brieuc ; ils gagnent 30 à 40% de moins que
leurs collègues de Bezons, dans la banlieue
parisienne. Aussitôt, la lutte se fait dure, unie pour
la victoire ; le 17 mars, les gardes mobiles occupent
l'usine mais on tient bon à Saint-Brieuc ; les
paysans du coin apportent leurs produits pour aider les
grévistes; le 18 avril, une manifestation jamais vue
à Saint-Brieuc prouve assez que le mot d'ordre :
"La lutte du Joint est celle de tous les
travailleurs", n'est pas un vain mot. Le Joint devient
un symbole et un exemple pour d'autres luttes à Paris
(Nantes), à Creusot-Loire...
Les luttes se ressemblent en ce printemps 1972 ;
les grèves sont dures et longues : on "occupe", on
séquestre les patrons, on va jusqu'au bout pour
vaincre. Le plus souvent aussi il y a intervention brutale
des CRS et des gardes mobiles, provocation de "jaunes" ou de
groupes fascistes. Presque toujours enfin, les dirigeants
révisionnistes s'efforcent d'isoler les luttes,
s'opposent à la solidarité ouvrière,
sabotent les souscriptions de solidarité ("Paris"),
calomnient les grévistes
"pénétrés d'éléments
troubles" (Pennaroya) ; de fait, ils trahissent ceux
qu'ils prétendent représenter ! Nombre de ces
grèves sont des victoires cependant. Ainsi, la classe
ouvrière de notre pays accumule des forces et des
expériences, reprend confiance en elle-même,
apprend à distinguer ses amis et ses ennemis.
"Suivons leurs exemples", c'est le mot
d'ordre des marxistes-léninistes, largement
partagé parmi tous les travailleurs. Pour vaincre, il
faut oser se dresser comme à Pennaroya et au Joint,
il faut s'organiser dans l'unité de classe, il faut
frapper fort, tous ensemble et en même temps ! Le 5
mai, lors d'un meeting sur le thème "Classe contre
classe", à Paris, le camarade Jurquet tire ainsi les
leçons des derniers mois, dont nombre d'entre elles
restent vraies aujourd'hui.
Un an plus tard, à la fin du printemps et
à l'été 1973, LIP cristallise un
temps la lutte et les espoirs de la classe ouvrière
tout entière.
Le patron LIP a fait faillite et des
licenciements sont prévus dans l'usine de Patente
à Besançon. L'objectif des ouvriers de Lip est
clair : c'est "Non à tout licenciement". Pour gagner,
les "Lip", comme on les appelle bientôt, usent de
toutes les formes de combat : ils ralentissent les cadences,
séquestrent les administrateurs, enlèvent le
stock de montres comme "trésor de guerre", occupent
l'usine et la remettent en route, puis vendent les montres
pour "tenir" le plus longtemps possible. La lutte sera
longue en effet, fertile en péripéties et en
rebondissements, faite d'efforts tenaces, de victoires
certaines et aussi d'espoirs déçus. Elle dure
encore aujourd'hui.
Pendant l'été 73, les
"Lip" s'organisent : assemblées
générales quotidiennes, répartition des
responsabilités par commissions, effort intensif de
popularisation. C'est gagné. On vient de toute la
France pour voir et pour aider les "Lip". Unité et
combativité caractérisent la lutte des "Lip"
cet été 73. Ils affrontent les agressions
policières, les perquisitions, l'acharnement
affirmé de l'état capitaliste; ils se heurtent
aussi aux "crocs en jambe" de la direction de la CGT, aux
pressions et aux manœuvres révisionnistes.
Pourtant, le soutien populaire leur est
acquis. En septembre, la "marche sur Besançon"
réunit 100000 personnes venues sous la pluie et dans
le froid, prouver leur solidarité. Il y a là
des délégations du Joint Français, de
Pennaroya, des paysans du Larzac, de nombreux jeunes venus
de partout. Tout cela se tient encore en dehors de la CGT.
Les marxistes-léninistes participent activement au
soutien des "Lip" : en septembre, il y a un cortège
de "l'Humanité rouge" à Besançon; dans
leurs entreprises, dans leurs syndicats, les camarades
s'emploient à développer et à organiser
la solidarité ouvrière.
Pour autant, jamais, ni à
Besançon, ni ailleurs, n'avons-nous cherché
à nous approprier cette lutte ni à lui
attribuer la vérification de thèses
"nouvelles" autogestionnaires ou autres; certains groupes,
trotskistes notamment, l'ont fait ; ils ont voulu faire dire
à la lutte des Lip leurs propres illusions et leurs
propres rêves. Le "Lip" idyllique qu'ils ont construit
- parfois galvaudé avec complaisance par la
bourgeoisie - n'est pas le véritable "Lip", celui
qu'a retenu la classe ouvrière. Car "Lip" y a fait
des émules, à Cerisay où les filles de
chez Cousseau se sont battues des mois durant pour faire
réintégrer l'une d'entre elles, à
l'usine Kelton de Besançon et dans bien d'autres
entreprises encore.
Comme "Le Joint" ou "Pennaroya", Lip a
montré l'exemple de la lutte résolue, sans
concessions, l'exemple de l'unité
réalisée de la classe pour l'action. N'est-ce
pas là, déjà, une leçon
extrêmement importante ?
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