.... Dans son chapitre, traitant du "parti de type nouveau ", le "manifeste
" donne son point de vue sur
ce parti communiste qu'il faut pour la révolution et
le socialisme.
....
Pour fonder son argumentation, le
chapitre débute par une analyse de l'histoire du
mouvement ouvrier dans notre pays.
la construction
du parti de type nouveau
.... De l'avis du "manifeste",
"trois fois la révolution prolétarienne a
frappé à la porte de l'histoire : 1871, 1936,
1945.
....
Si l'assaut victorieux n'a pu
être donné, si l'initiative décisive n'a
pu être prise, c'est bien qu'à chaque fois, ou
le parti de la classe ouvrière n'existait pas, ou il
a fait obstacle au développement du processus
révolutionnaire. "(21)
....
Pour chaque période, le
"manifeste " décrit un même schéma :
en 1871, c'est "le
caractère devenu caduque de la société
bourgeoise "(22), en 1936, "la
bourgeoisie est aux abois "
(23) , en 1945 "l'impérialisme français
considérablement affaibli " (24), en 1968, " le
révélateur de l'usure de la
société ".
....
Deuxième temps du
raisonnement, " l'issu
révolutionnaire ouverte
", en 1936 " la voie ouverte
par le mouvement de masse ",
en 1945 " l'immense
espérance ouverte à la
libération "…
....
Puis le final montre l'absence du
parti communiste ou un parti communiste qui ferme la voie
révolutionnaire en 1936 " le PCF ne trace pas fermement la voie de
l'offensive, ne prépare pas l'alternative
révolutionnaire " en
1945 " le PCF ne prépare
pas les masses à l'issue révolutionnaire
" en 1968, " le prolétariat ne parviendra pas
à s'organiser en force politique ".
....
Ainsi le " manifeste "
sous-entend qu'une bourgeoisie condamnée
ajoutée à un mouvement de masse, cela
crée une situation
révolutionnaire.
....
Pour faire un bilan du
passé, il nous semble qu'il faut être plus
prudent et moins unilatéral.
....
Il faut examiner avec soin les
conditions historiques passées, les
possibilités révolutionnaires effectives et la
ligne politique idéologique du parti du
prolétariat.
....
Un tel bilan reste à faire
pour l'histoire du PCF et des luttes révolutionnaires
dans notre pays, mais les premiers éléments
que nous possédons n'autorisent pas à notre
avis les conclusions du " manifeste
".
....
Qu'on nous comprenne bien : en
1936, en 1945, il y a eu des erreurs graves, voire une ligne
opportuniste de droite qui a triomphé au sein de la
direction du PCF pour la direction du mouvement de masse.
Pour 1936 et 1945 on peut sans exagérer, parler
dès aujourd'hui de " situations non
exploitées ", par
contre les conclusions du " manifeste " sur
les " révolutions
manquées " nous
semblent excessives et non fondées sur une analyse
concrète du passé, vraiment
matérialiste historique.
....
Ces divergences
d'appréciation seraient, somme toute, secondaires, si
le " manifeste " n'en tirait pas une thèse contestable
: celle de la négation de l'existence du parti du
prolétariat depuis 50 ans dans notre pays
(25).
de
tours...
|
Le 29 décembre
1920,
le congrès de
Tours
décide
l'adhésion
à l'Internationale.
------------------------------------
La salle du
congrès
|
Le 30 décembre 1967
à
Puyricard,
les 104
délégués du
M.C.F.
fondent le P.C.M.L.F.
----------------------------------------
La
délégation
d'Auvergne
(où l'on peut
reconnaître le camarade
ROUSTAN)
autour des camarades F.
MARTY et J. JURQUET.
|
...à
puyricard
|
la
nécessité d'un
parti
indépendant
pour la classe
ouvrière
.... Au fond, le " manifeste " qui
comptabilise avec facilité un nombre important
d'occasions révolutionnaires manquées, nie
l'existence et le rôle joué par le parti
communiste pendant tant d'années et cela, c'est en
dernière analyse, nier le rôle historique de la
classe qui se reconnut en lui et mena des assauts victorieux
sous sa direction !
....
Cette référence
à l'histoire le " manifeste " la
fait dans le but de présenter sa conception de la
construction du parti de type nouveau ; ce qui se
résume assez bien dans la citation qui suit que nous
commenterons :
....
" Espoirs déçus, amertume de la
défaite qui appellent avec d'autant plus de force, la
nécessite de construire en France le parti de type
nouveau.
....
Mais pourquoi cette
nécessité aujourd'hui dans notre pays ? Au
lendemain de la première guerre mondiale était
crée le PCF. Parti qui devait s'édifier pour
élaborer les tâches de la révolution
propres à la situation dans notre pays. Cela exigeait
de lui, à l'image du parti bolchévik, une
rupture radicale avec les orientations et pratiques des
partis de la IIe internationale, qui détournaient la
classe ouvrière de la préparation de la
révolution et voulaient la mettre à la
remorque de la politique bourgeoise. Même s'il y a su
mener des actions révolutionnaires importantes, le
PCF s'est montré incapable, dès 1936, de faire
prévaloir dans la situation de crise ouverte, les
intérêts autonomes de la classe
ouvrière. En 1945, c'est la ligne
révisionniste qui l'emportait, ligne de capitulation.
Avec la scission opérée au sein du mouvement
communiste international par les révisionnistes
khrouchtchéviens, le PCF devient
irrémédiablement un parti bourgeois. C'est en
tous points contre ce parti que doit se construire
aujourd'hui, se développer le parti de type nouveau
"
....
l
D'abord le " manifeste "
exprime implicitement son refus de l'héritage
communiste et révolutionnaire du PCF, sans oublier
l'importance des luttes de lignes qui l'ont traversé,
en 1945 notamment. Cela le PCMLF le revendique, car ainsi il
exprime que les principes idéologiques et
organisationnels du " parti de
type nouveau " n'ont pas
été mis en œuvre pour la première fois
en 1967 (26).
....
l
Le " manifeste " ne
prend pas en compte l'importance au sein du mouvement
communiste international (ce passage est la seule
référence à cette question dans le "
manifeste "). Comment envisager la lutte contre le
révisionnisme moderne sans se référer
à cette gigantesque bataille des années 60 ;
bataille qui est de même nature et connut la
même ampleur que celle menée par Lénine
contre les sociaux-chauvins de la II é internationale
?
En évoquant pour le PCF
cette première bataille des années de la
première guerre mondiale et en escamotant la rupture
de 1963, on retire de la lecture du " manifeste " que le PCF
est révisionniste, plus ou moins depuis sa
création !
.... l Du même coup, l'analyse du "
manifeste " escamote l'importance de la naissance de la
" Fédération des
cercles marxistes-léninistes " qui aboutiront en décembre 1967
à la création du PCMLF. Jamais il n'est
question des marxistes-léninistes à cette
époque, qui ont relevé le drapeau communiste
foulé aux pieds par les révisionnistes
modernes dirigeant le PCF.
....
Le " manifeste " en
arrive alors à cette conception d'une rupture
progressive d'avec le révisionnisme qui doit
être approfondie de jour en jour.
....
(" Le
parti de type nouveau se développe en étroite
liaison avec le recul du PCF "
p.91, " c'est en construisant
une démarcation nette avec le projet du PCF… que la
classe ouvrière réussira à forger son
autonomie " p.43)
....
L'un, le PCF, devient de plus en
plus bourgeois (" qui lui,
recueille toutes les idées qui détournent le
prolétariat de sa mission historique " p.93), et l'autre, " le parti de type nouveau " qui recueille les idées justes et
devient de plus en plus révolutionnaire.
....
C'est à nouveau, ce point
de vue qui réapparaît de la rupture
inconséquente et incomplète d'avec le
révisionnisme qu'aurait manifesté la
création et l'existence du PCMLF, vieille
thèse qu'il dut combattre lors des scissions de
1970.
....
Que le PCF perde de sa force et de
son influence, en même temps que grandit et
s'édifie le parti du prolétariat, c'est
là une réalité qui n'est que le
résultat de la lutte acharnée menée
sous la direction du parti, au sein de la classe
ouvrière pour que domine et dirige la ligne
idéologique et politique
prolétarienne.
....
C'est une lutte entre deux voies,
entre deux lignes sur chaque question décisive, dans
chaque situation nouvelle et non une rupture de plus en plus
effective d'avec le révisionnisme, qui serait
liée à la plus grande compréhension par
les masses de ce qu'est le révisionnisme.
....
C'est bien là ce qu'entend
Lénine, lorsqu'il dit " contre les social-traitres, contre le
réformisme et l'opportunisme ! Cette ligne politique,
on peut et on doit la mener sur tous les terrains de lutte,
sans exception. C 'est alors que nous gagnerons à
nous la masse ouvrière, l'avant garde du
prolétariat, le parti marxiste centralisé,
conduira le peuple dans la voie juste, vers la dictature
victorieuse du prolétariat… "
(27).
....
Le PCF de parti du
prolétariat qu'il était (quelles que soient
les erreurs et les luttes de ligne qui l'ont
traversé), change de qualité et devient un
détachement de la bourgeoisie dans les rangs ouvriers
et cela depuis 1956. Le PCMLF par contre, est
d'emblée à sa création, si petit et si
peu expérimenté soit-il, le parti
authentiquement communiste qui développe la ligne
idéologique politique et organisationnelle du
prolétariat dans les rangs ouvriers.
.... La rupture idéologique, politique et
organisationnelle est acquise dès 1963, dès
avant la création du parti, avec l'existence de la "
Fédération des
cercles marxistes-léninistes " puis du " Mouvement communiste français
marxiste-léniniste ".
....
Voilà le point de vue
matérialiste sur la continuité
révolutionnaire de l'histoire de notre classe
ouvrière et de son parti. De nombreux fats
historiques en attestent, ne serait-ce que les violences de
classe contre lui déchaînées par l'Etat
bourgeois et par les Révisionnistes.
....
La démarche du "
manifeste " est à l'opposé de cette ligne
matérialiste dialectique, une citation de la p.44 est
sans ambiguïté à ce sujet :
....
" Les
premières démarcations apparues dans le cours
de la crise politique actuelle, à l'occasion de
telles ou telles actions ont été
tracées sur la base de l'expérience de
propositions révisionnistes faites par les
travailleurs… La perspective concrète du socialisme
en rupture nette avec le capitalisme d'Etat que le PCF
prétend imposer, contribuera à tracer cette
ligne de démarcation entre le projet bourgeois du PCF
et le socialisme pour lequel se battent les
travailleurs. "
....
D'où il ressort que la
ligne juste, clairement démarquée et en
rupture totale d'avec le révisionnisme ne peut
exister que lorsque les masses dans leur ensemble auront
compris à 90 ou 100% la nature du
révisionnisme.
....
Cette conception de la
construction de l'édification du " parti de type nouveau " que décrit le " manifeste " est
au fond une conception spontanéiste et
défaitiste (puisque le " manifeste "
estime que les travailleurs doivent faire
l'expérience du révisionnisme). Le "
manifeste " méconnaît ce principe
léniniste de la nécessité historique,
du combat pour la fusion enter le parti
révolutionnaire prolétarien, avant-garde de la
classe ouvrière et le mouvement spontané
révolutionnaire des masses.
Le rôle
dirigeant du parti communiste
.... Sans schématiser, il apparaît que
ce " parti de type
nouveau " est des plus
discrets :
....
Quasiment absent de la lutte
révolutionnaire précédant la
révolution, il réapparaît rapidement
pour conduire l'insurrection, puis apparaît de temps
en temps dans l'édification de la
société socialiste.
....
Outre qu'on ne sait pas ce qui est
" ce parti de type
nouveau " aujourd'hui ou s'il
s'agit du " parti
marxiste-léniniste unique " que l'on veut construire, son rôle
semble des plus vagues et anodins :
....
" rôle d'éclairage, de resituation
du moment présent dans le chemin à
parcourir " (28).
....
Il " éclaire ",
il " trace la
voie ", mais jamais il n'est
présenté comme organisateur, éducateur,
dirigeant.
....
C'est pourtant là le
rôle fondamental assigné au parti communiste,
ainsi que l'enseigne Lénine (29).
....
" Seul le parti politique de la classe
ouvrière, c'est-à-dire le parti communiste,
est en mesure de grouper d'éduquer et d'organiser
l'avant garde du prolétariat et de toutes les masses
laborieuses… et de diriger toutes les activités du
prolétariat, c'est à dire le diriger
politiquement et par son intermédiaire, diriger
toutes les masses laborieuses ".
....
En mettant presque uniquement en
avant le mouvement spontané des masses et en limitant
le rôle du " parti de
type nouveau " à donner
ce petit coup de pouce pour éclairer au bon moment,
le " manifeste " oublie cette leçon de l'histoire, que
jamais un mouvement de masse ne se " politise "
spontanément sur une ligne révolutionnaire
conséquente et durable et dans ce cas finit toujours
par être récupéré par la
réaction.
....
C'est ce que critiquait
Lénine dans la conception spontanéiste des "
économistes
" incapables de comprendre les
rapports dialectiques qui unissent le parti, la classe et
les masses dans le combat
révolutionnaire.
....
L'une des thèses de
l'Internationale communiste à son deuxième
congrès, rédigée par Lénine
exprime bien ces rapports :
....
" La victoire sur le capitalisme exige une
corrélation adéquate entre le Parti dirigeant
( le Parti communiste) la classe révolutionnaire ( le
prolétariat) et les masses c'est-à-dire tous
les travailleurs exploités. Le Parti communiste seul,
s'il est vraiment l'avant-garde de la classe
révolutionnaire, s'il comprend vraiment les meilleurs
représentants de cette classe, s'il est
composé de communistes pleinement conscients et
loyaux qui ont été éduqués et
durcis par l'expérience gagnée dans
l'opiniâtre lutte révolutionnaire, si ce Parti
a réussi à se lier inséparablement avec
toute la vie de sa classe, et à travers elle, avec
toute la masse des exploités, et s'il est parvenu
à gagner entièrement la confiance de cette
classe et de cette masse, seul un tel Parti est capable de
diriger le prolétariat dans le combat le plus
impitoyable, décisif et final, contre les forces du
capitalisme. D'autre part, ce n'est que sous la direction
d'un tel Parti que le prolétariat peut
déployer pleinement la puissance de son assaut
révolutionnaire et neutraliser l'inévitable
apathie et parfois, la résistance d'une petite
minorité de l'aristocratie ouvrière, les vieux
dirigeants des trade-unions et des coopératives,
etc., qui ont été corrompus par le capitalisme
- et c'est alors seulement que le prolétariat pourra
déployer toute sa puissance, qui est
immensément plus grande que la proportion de la
population qu'il représente, étant
donné la structure économique même de la
Société capitaliste. "
....
Ce parti, est le " parti de type nouveau ", conçu et édifié par
Lénine. Mao Tsé-toung, quant à lui,
l'appelle " le noyau dirigeant
" de la cause
révolutionnaire.
Charléty
27 mai 1968.
" …l'absence de
direction unique du mouvement a constitué un
inconvénient majeur pour la conduite des
luttes révolutionnaires " J.
Jurquet
|
.... Le parti de type nouveau,
présenté par le " manifeste "
chargé " d'éclairer le moment actuel et de le
rapporter à la perspective stratégique " paraît tout autre, retiré
au-dessus de la mêlée, comme un sage, qui
conseille les masses en mouvement.
....
Pourquoi ce parti saura-t-il "
tracer la voie de la
révolution prolétarienne et être entendu
par les masses ? " Parce qu'il
" CONCENTRE LES IDEES JUSTES
DES MASSES ". C'est le fin mot
de l'existence et de l'édification du parti, que le "
manifeste " développe dans ses quatre
dernières pages, sous couvert d'appliquer la ligne de
masse, du centralisme démocratique… Et du coup, se
glisse de nouveau la même conception
spontanéiste critiquée plus haut !
....
Le " manifeste " donne
pour axe au parti de type nouveau la tâche de
recueillir les idées justes des masses (et nous
l'avons vu, la tâche de recueillir les fausses au PCF
!)
....
Or que nous apprend Mao
Tsé-toung dans son célèbre texte "
D'où viennent les
idées justes ? "
:
....
Que " ces idées justes des
masses " n'existent pas toutes
prêtes dans les masses, mais que ces idées
justes, qui sont le propre de la classe d'avant garde, le
prolétariat, viennent de la pratique sociale ; pour
s'élaborer, elles passent les deux stades de la
connaissance : d'abord de l'expérience à la
pensée et alors, il n'est pas encore possible de
savoir si elles sont justes ou non. Puis c'est le creuset de
la pratique (d'une signification plus grande encore) qui
permet seul d'éprouver la justesse des
idées.
....
Les idéalistes classiques
ont toujours cru que les idées justes étaient
" innées ", issues de leur propre cerveau. Le
" manifeste " les situe " dans
les masses ", en
liberté et déjà élaborée
et il rejoint en quelque sorte la conception
idéaliste classique… car qui va choisir l'idée
juste à recueillir et concentrer et finalement… faire
dire aux masses ce qu'on veut bien leur faire dire
!
....
Ce "
parti de type nouveau " qui
rejette l'héritage communiste du PCF, qui ignore le
mouvement communiste international et sa scission de 1963,
qui prétend qu'une ligne de démarcation claire
d'avec le révisionnisme n'existera que le jour
où la quasitotalité de la classe
ouvrière en sera déjà convaincue, ce "
parti de type
nouveau " ressemble à
du déjà vu.
....
Il reprend par de multiples
aspects, les thèses du vieux courant "
économiste
" et " anarchiste ",
mais aussi les thèses du " parti de l'époque de la
révolution culturelle "
de la défunte UJCML de 1968.
|